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  • 2021-04-08 (xsd:date)
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  • Ni la salamandre, ni le gecko ne sont des animaux "très dangereux" pour les humains (fr)
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  • Des publications totalisant plusieurs dizaines de milliers de partages sur Facebook affirment que les geckos et les salamandres sont "très dangereux" pour l'être humain, leur toxicité entraînant "systématiquement la mort". Certaines de ces publications conseillent des méthodes traditionnelles afin de s’en "débarrasser". Pourtant, aucun de ces animaux ne constitue une menace pour les humains : les geckos sont en effet inoffensifs et seul un seul type de salamandre sécrète une substance toxique, si elle est ingérée. Il existe un animal "très dangereux vivant dans nos chambres", alertent plusieurs publications extrêmement partagées sur les réseaux sociaux en Afrique de l'Ouest. Il s'agit soit des "salamandres", soit des "geckos", selon les posts auxquels on s'intéresse.Leur passage "sur la nourriture ou dans l'eau que l'on consomme entraîne systématiquement la mort", s'alarme l’auteur de l’une de ces publications. "Ne les laissez jamais dans votre cuisine ni dans votre douche, encore moins dans votre chambre", met en garde un deuxième. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 7 avril 2021Les publications mettant en cause ces deux animaux cumulent plus de 21.000 partages sur Facebook depuis septembre 2020 (1, 2…). Certaines conseillent des remèdes traditionnels pour se "débarrasser définitivement" de ces bêtes, en insistant encore une fois sur leur dangerosité (1, 2, 3…). Des animaux peu dangereux pour l'humainPourtant, ni les salamandres ni les geckos ne représentent une menace pour l’être humain, a fortiori en Afrique, où ces publications sont partagées.Certaines espèces de salamandres sont "extrêmement venimeuses", mais elles ne représentent qu'une "toute petite partie du monde des salamandres", explique à l'AFP Jean Raffaëlli, herpétologue et auteur d'une encyclopédie consacrée à ces animaux, intitulée Les Urodèles du Monde (Ed. Penclen, 2013).Selon ce spécialiste des reptiles et des amphibiens, un genre de tritons, les Taricha, présents aux Etats-Unis, sont porteurs d’un "puissant venin" capable de tuer un être humain, la "tétrodontoxine". Cependant, ces situations sont relativement rares et ne sont possibles qu’en cas de contact important avec l'un de ces animaux. D’autres types de salamandres sécrètent des toxines "qui leur permettent de se défendre face à la prédation", ajoute M. Raffaëlli. Mais il ne s'agit "en aucun cas" d'une dose mortelle "pour un homme", insiste-t-il. Une observation confirmée par le docteur Marc Hermann Akaffou, herpétologue à l'Institut Pasteur de Côte d'Ivoire. Dans leur écrasante majorité, les salamandres ne peuvent pas "mettre en danger la vie d'une personne": elles n’entraînent au pire que "des irritations" ou des "petites allergies", souligne-t-il. Une salamandre tachetée marche sur des feuilles mortes, le 7 octobre 2019, à Schoenau am Koenigssee, dans le sud de l'Allemagne.(AFP / Matthias Balk)Quant aux geckos, ils ne sont absolument pas dangereux. Ils ne sécrètent tout simplement "pas de toxines", indique Marc Hermann Akaffou. "Ce sont des animaux complètement inoffensifs" même si, dans le pire des cas, ils peuvent "mordre un peu", abonde Jean Raffaëlli.En Afrique de l'Ouest, des geckos mais pas de salamandresLes inquiétudes des internautes au sujet des geckos peuvent se comprendre: ces animaux "sont très présents en Afrique centrale et tropicale", souligne Jean Raffaëlli. Ils se trouvent sur tous les continents, sauf en Antarctique, comme le précise cette fiche du magazine National Geographic. Capture d'écran du site de National Geographic, réalisée le 7 avril 2021En revanche, on ne trouve "pas de salamandres en Afrique de l'Ouest", c'est-à-dire dans les pays dans lesquelles ces publications circulent, assure Marc Hermann Akaffou. Leur présence sur le continent africain "s'arrête à l'Afrique du Nord", confirme Jean Raffaëlli, pour qui les salamandres "n'ont pas pris pied" en-dessous du Sahara. Confusion et croyances populairesCertaines des publications virales sur Facebook utilisent de manière interchangeable les termes "gecko" et "salamandre". Il s’agit en réalité d'une confusion: le gecko est un reptile, tandis que la salamandre appartient à la classe des amphibiens. Pourtant, en Afrique, les geckos sont souvent couramment appelés "salamandres", notamment "au Bénin, au Ghana, au Cameroun, au Togo" et "en Guinée", note Jean Rafaëlli.Salamandres et geckos ne sont pas seulement victimes de cette confusion lexicale: ces deux animaux sont également au centre de "nombreuses croyances populaires", comme l'a démontré Souley Fati dans une thèse soutenue à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto-Stomatologie de l'Université de Bamako (Mali) en 2005.Selon ces croyances, le gecko pourrait projeter des crachats venimeux et aurait une peau irritante capable de provoquer des ulcères. La salamandre, quant à elle, serait l’"animal le plus venimeux de la création", et serait à l’origine de pertes de cheveux chez les humains qui la toucheraient, souligne Souley Fati.  Karim Daoues, gérant de La Ferme Tropicale, montre un Rhacodactylus ciliatus, aussi appelé Gecko à crête, le 6 septembre 2013 à Paris (AFP / Jacques Demarthon)Des croyances encore fortement enracinées, selon la chercheuse, qui a constaté après une enquête de 8 jours menée auprès de 200 personnes majeures (en grande partie étudiantes) dans la capitale malienne que "la fréquence des sujets ayant des croyances populaires rattachées au Gecko (...) était de 73,5%" parmi les enquêtés. Des animaux utiles à l'humain mais menacésPourtant, ces animaux ne sont pas seulement globalement inoffensifs, ils sont même utiles à l'espèce humaine car ils agissent comme des "régulateurs d'insectes", détaille le docteur Marc Hermann Akaffou.Les salamandres, par exemple, "s'attaquent à tous les invertébrés qu'elles peuvent ingérer, y compris les insectes dits nuisibles", confirme l'herpétologue Jean Raffaëlli. Les geckos sont eux des "alliés de l'Homme", surtout dans les pays tropicaux, qui peuvent le "débarrasser des araignées et des moustiques", insiste-t-il.Il apparaît donc plutôt contre-productif d'utiliser les remèdes préconisés par les publications virales (café et tabac, oignons, ail…). Leur efficacité n'a pas par ailleurs pu être confirmée ou infirmée par les deux herpétologues contactés par l'AFP.De surcroît, ces espèces sont aujourd’hui "menacées", surtout les salamandres, selon Jean Raffaëlli, qui met en cause la déforestation en cours dans plusieurs pays tropicaux, responsable de la disparition de leur habitat naturel. (fr)
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