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  • 2020-09-16 (xsd:date)
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  • Covid : les personnes sans symptômes peuvent bien transmettre le virus (fr)
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  • Une publication datée du 8 juin, et partagée des milliers de fois depuis, continue de circuler sur les réseaux sociaux, affirmant que l'OMS a assuré que "les personnes asymptomatiques ne transmettraient pas le virus" causant le Covid-19. Mais c'est trompeur : une responsable de l'organisation avait affirmé que les transmissions par asymptomatiques semblaient "rares", des propos qu'elle a clarifiés peu après, évoquant un malentendu. De plus, le 8 juin, des données montraient déjà que les personnes sans symptômes pouvaient être contagieuses, ce qui a été scientifiquement étayé et documenté depuis.Le texte du site "L'Observateur du Maroc et d'Afrique" est titré "Coup de tonnerre. Les personnes asymptomatiques ne transmettraient pas le virus (OMS)". Selon l'outil de mesure d'audience des réseaux sociaux Crowdtangle, il a été partagé plus de 26.000 fois sur des pages et groupes Facebook publics.Publié le 8 juin, il a continué à être  partagé durant l'été, notamment au mois d'août, et il l'est encore en ce mois de septembre sur cette page Facebook par exemple. Capture d'écran de l'article sur le site de l'Observateur et son analyse par Crowdtangle, faites le 16 septembre 2020Qu'a dit exactement l'OMS et quand ?La personne présentée sur la photo d'illustration du texte est Maria Van Kerkhove, responsable technique de la cellule chargée de la gestion de la pandémie à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle s'est effectivement exprimée (à 34' 23 "de cette vidéo) sur le sujet des asymptomatiques le 8 juin, en répondant à un journaliste."Nous essayons de recevoir de plus amples informations des pays pour répondre vraiment à cette question. Mais il semble rare qu'une personne asymptomatique transmette" la maladie, avait ajouté l'épidémiologiste lors d'une conférence de presse virtuelle de l'OMS. Cette phrase avait suscité la surprise de nombreux scientifiques car les données scientifiques n'allaient déjà pas dans ce sens, au point que Mme Van Kerkhove avait apporté une "clarification" ensuite, comme rapporté dans cet article.Au cours d'une discussion le lendemain, la scientifique avait alors invoqué "un malentendu". "Je faisais référence à un très petit nombre d'études, deux ou trois" suggérant l'idée d'une faible contagiosité des asymptomatiques, en réponse à un journaliste, et non pour exposer une position formelle de l'OMS, avait assuré Maria Van Kerkhove dans les premières minutes de cette intervention."J'ai utilisé l'expression 'très rare' mais c'est un malentendu de dire que les transmissions asymptomatiques sont globalement très rares, je faisais référence au petit groupe d'études", avait-elle ajouté.Après la déclaration initiale de Maria Van Kerkhove le 8 juin, le professeur Liam Smeeth de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, s'était par exemple dit "surpris"."Il reste des incertitudes au plan scientifique, mais les infections asymptomatiques pourraient tourner autour de 30 à 50% des cas. Les meilleures études scientifiques à ce jour suggèrent que jusqu'à la moitié des cas ont été infectés par des personnes asymptomatiques (qui ne développeront pas de symptômes, NDLR) pré-symptomatiques (qui en auront à un stade plus avancé de l'infection, NDLR)", avait-t-il expliqué dans un communiqué.Comme le Dr Van Kerkhove l'a reconnu elle-même, il était donc déjà à l'époque hasardeux de parler de cas "rares".A fortiori, elle n'a pas dit que les "asymptomatiques ne transmettraient pas le virus" comme le dit le titre de l'article et le début de l'article que nous examinons. Une fresque sur le Covid dans la bande de Gaza le 14 septembre 2020 (AFP / Said KHATIB)A noter que l'article est dans sa deuxième partie plus nuancé, affirmant que "selon l'OMS", "si une propagation asymptomatique peut se produire, elle n’est pas le principal moyen de transmission" et que le Dr Van Kerkhove avait ajouté que "davantage de recherches et de données sont nécessaires pour vraiment répondre à la question de savoir si le coronavirus peut se propager largement par le biais de porteurs asymptomatiques". Deux citations contenues dans cet article qui viennent au final quasiment contredire l'assertion accrocheuse selon laquelle l'OMS aurait affirmé que "les asymptomatiques ne transmetraient pas le virus".Que sait-on aujourd'hui sur les asymptomatiques ?Dérivée de cette déclaration de Maria Van Kerkhove, l'hypothèse que les asymptomatiques ne seraient pas contagieux a été largement utilisée plus récemment pour alimenter l'idée que les mesures de restrictions destinées à limiter la propagation du Covid sont exagérées.Sauf que cette idée, même si elle peut sembler logique (puisque tousser ou éternuer augmente le risque de passer le virus à quelqu'un), est largement battue en brèche. Les scientifiques pensent même que la contagion sans symptômes est fréquente.A la question "les personnes sans symptômes peuvent-elles transmettre le virus", la réponse de l'OMS sur son site est claire : "Oui, les personnes infectées peuvent transmettre le virus à la fois lorsqu’elles présentent des symptômes et lorsqu’elles n’ont pas de symptômes", d'où l'importance de respecter les mesures sanitaires, comme le port du masque ou la distance physique. Capture d'écran du site de l'OMS faite le 16 septembre 2020Déjà le 8 juillet, Santé Publique France publiait une synthèse d'études sur le sujet :  la littérature scientifique fournit "désormais une estimation convergente de la part des transmissions durant la phase pré-symptomatique autour de 50%"."La transmission en phase pré-symptomatique est avérée et semble importante peu avant (et encore quelques jours après) l’apparition des signes", dit encore l'agence sanitaire française."L'épidémie est en train de changer. Les personnes d'une vingtaine, trentaine et quarantaine d'années sont de plus en plus à l'origine de la menace", a indiqué le directeur de la région du Pacifique occidental de l'OMS lors d'un point de presse virtuel le 18 août."Beaucoup ne sachant pas qu'ils sont infectés, n'ayant que de légers symptômes, voire aucun", ajoutait-il.Plus récemment, le 9 septembre, Jose Vazquez-Boland, à la tête de la Chaire des maladies infectieuses de l'Université écossaise d'Edimbourg, affirmait que si une politique de tests "se focalise sur les confirmations des cas suspects (personnes avec des symptômes), (elle) rate ainsi le point essentiel, c'est-à-dire le fait que la plupart des transmissions communautaires [dans un groupe de personnes, NDLR] passe par les asymptomatiques". Une rue commerçante au Royaume-Uni le 16 septembre 2020 (AFP/ Oli SCARFF)L'OMS recommande par ailleurs que les personnes ayant été en contact avec un cas de Covid-19 soient testées qu'elles présentent ou non des symptômes.En résumé, cet article est trompeur pour plusieurs raisons : - la responsable de l'OMS n'a pas dit que les asymptomatiques ne transmettaient pas le virus, mais que selon deux ou trois études, ces cas seraient "rares"- elle est revenue sur ses propos quelques heures plus tard, parlant d'un "malentendu" et expliquant qu'elle ne répondait pas globalement à la question de la contagiosité des asymptomatiquesPar ailleurs l'article date du 8 juin : or, parce qu'il a -en plus de son caractère trompeur- été partagé récemment sur les réseaux sociaux, les internautes peuvent aisément croire que la déclaration est récente. Non seulement elle était déjà sujette à caution à l'époque mais en plus, les connaissances ont avancé depuis : la communauté scientifique estime que les transmissions par personnes sans symptômes sont bien un facteur important de la propagation de la maladie.De façon générale, il est toujours indispensable de vérifier de quand date la publication que l'on consulte, commente ou partage. En particulier dans le domaine scientifique. (fr)
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