PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2020-09-10 (xsd:date)
?:headline
  • Les tests détectent bien spécifiquement la présence de Sars-Cov-2 (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Une publication partagée des milliers de fois depuis le 31 août sur les réseaux sociaux affirme, entre autres, que les tests ne savent pas détecter spécifiquement le Sars-Cov-2 et qu'en conséquence, nombre de cas positifs sont en fait atteints par d'autres pathogènes. C'est faux: les tests homologués sont bien spécifiques au nouveau coronavirus, selon plusieurs experts interrogés par l'AFP. Ce texte, on le trouve ici, sur le site Réseau International, partagé au moins 5 380 fois via des groupes et pages publics Facebook depuis le 31 août selon l'outil de mesure d'audience des réseaux sociaux Crowdtangle. On le trouve également là, partagé au moins 1 300 fois depuis la même date.Ils sont titrés "L'arnaque suprême du coronavirus dévoilée : le Covid-19 est indétectable".On le trouve aussi ici (plus de 300 partages depuis le 30 août) et là, daté du 10 avril (près de 6.000 partages au moins depuis).Suivant les sites, la pandémie de Covid est qualifiée de "menace fantôme", d'"escroquerie", de "mystification", d'"arnaque", relayant ainsi la théorie d'un "complot" mondial destiné à faire croire à une maladie qui n'existe pas ou à tout le moins dont la gravité serait sciemment exagérée. Captures d'écran de trois sites où l'on retrouve le texte, faites le 10 septembre 2020Comme l'indique Réseau international, le texte reprend – dans une traduction approximative – une publication datée du 27 mars d'un site en anglais, davidicke.com, du nom d'un ancien footballeur anglais, promoteur de théories complotistes. Ces sites affirment transcrire le témoignage "tiré d'un forum médical" de quelqu'un "préférant rester anonyme" qui "travaille dans le domaine de la santé".A travers ces publications, les auteurs cherchent à démontrer que –parce que les tests ne seraient pas en mesure de détecter le Sars-Cov-2 – les cas de Covid officiellement détectés seraient en réalité atteints par un autre type de coronavirus et qu'en plus, le pathogène serait de toute façon présent en quantité trop infime pour rendre malade.C'est inexact. Des allégations similaires ont déjà été décortiquées dans des articles de l'AFP en espagnol, ici et là. Des tests spécifiques au Sars-Cov-2Contrairement à ce qu'affirment ces publications, les tests utilisés pour détecter le Sars-Cov-2, nom du virus à l'origine de la maladie Covid-19, sont bien spécifiques à ce virus, ont expliqué plusieurs spécialistes interrogés par l'AFP.Les tests RT-PCR (ou "virologiques"), qui permettent via un prélèvement nasopharyngé de déterminer si un patient est porteur ou non du virus à l'instant T, cherchent "des régions du génome qui sont spécifiques" à ce virus, explique le 8 septembre 2020 Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence des virus des infections respiratoires de l'Institut Pasteur.Techniquement, il s'agit de transcrire du matériel génétique du virus (de l'ARN) en ADN puis de l'amplifier en plusieurs cycles – à des températures différentes – pour pouvoir détecter même de petites quantités de matériel génétique."Ce qu'elle détecte, c'est la présence du génome du virus et cela ne fait aucun doute", abonde Juan Carballeda, chercheur au Conicet (Conseil national de la recherche scientifique et technique) et membre de l'Association argentine des virologies, interrogé en juillet.Juan Sabatté, médecin et docteur en microbiologie, explique aussi que le test PCR "détecte des séquences d'ARN spécifiques présentes dans l'ARN du virus Sars-Cov-2".Il est donc faux de dire, comme le fait la publication, que les tests détectent tous types de coronavirus.Précaution supplémentaire pour les tests homologués en France, les tests doivent chercher deux "cibles moléculaires" du Sars-Cov-2, deux zones du génome, ajoute, le 9 septembre, Cédric Carbonneil, chef du service d’évaluation des actes professionnels de la Haute autorité de Santé (HAS). La capacité d'un test à bien identifier un virus en particulier et à ne pas le confondre avec un autre pathogène s'appelle la spécificité. Actuellement, "on estime que la spécificité des RT-PCR est de l'ordre de 99%", dit le Dr Carbonneil, ce qui rend rarissime les résultats "faux positifs".Pour vérifier la spécificité d'un test PCR, "on va prendre d'autres prélèvements, connus pour contenir d'autres virus comme la grippe ou le rhinovirus, et on va vérifier que notre PCR ne détecte pas les autres virus respiratoires et bien uniquement le Covid-19", ajoute Vincent Enouf, de l'Institut Pasteur.Il est donc faux d'écrire, comme le fait la publication, que "si vous vous sentez malade et que vous faites un test PCR, tout ADN viral aléatoire peut être identifié, même s’il n’est pas du tout impliqué dans votre maladie, ce qui conduit à un faux diagnostic". Les autres tests, appelés sérologiques, servent, via une analyse sanguine, à détecter des anticorps dirigés contre le virus Sars-Cov-2. Ils ne servent qu'à indiquer si le patient a développé des anticorps contre ce virus en particulier, signifiant qu'il a été en contact avec lui. Comme les tests RT-PCR, ils sont spécifiques à ce virus.En France, les tests sérologiques Sars-Cov-2 doivent avoir une spécificité d'au moins à 98%. L'autre critère de fiabilité des tests s'appelle la sensibilité, c'est-à-dire la capacité du test à détecter le virus, même présent en faible quantité. Les tests sérologiques Sars-Cov-2 doivent avoir une sensibilité d'au moins 90%. Un test PCR à Paris en septembre 2020 (AFP / Christophe Archambault)Quant aux tests RT-PCR, leur "sensibilité clinique" (c'est-à-dire en conditions réelles) est estimée à 70%, note Cédric Carbonneil, de l'HAS.  Cette moyenne tient compte de deux facteurs indépendants de la fiabilité de la technique elle-même, explique l'immunologiste : "les prélèvements mal réalisés" d'une part et "la migration" du virus de la zone nasopharyngée aux poumons lorsque la pathologie est avancée.Dans ces cas, cela peut aboutir à des "faux négatifs" : le patient a été détecté négatif alors qu'il est porteur, risquant alors potentiellement de transmettre le virus à d'autres personnes."En soi, la technique d’amplification de la PCR est très sensible", renchérit Jean-Paul Feugeas, président SNMB-CHU (Syndicat national des médecins et biologistes des Centres hospitaliers universitaires) le 9 septembre.Conséquence, quand le prélèvement a été bien fait, cette technique détecte des quantités de matériel génétique qui peuvent être infimes, comme le disent en effet les publications décortiquées dans cet article.Comme elles le disent aussi, les résultats de RT-PCR transmis par les laboratoires d'analyses ne précisent que si le patient est positif (du matériel génétique du Sars-Cov-2 a été décelé dans l'échantillon) ou négatif (pas de matériel génétique détecté) : on ne sait pas si la quantité de virus est élevée ou non.  A l'aéroport de Bordeaux en juillet 2020 (AFP / Philippe LOPEZ)Mais la publication affirme ensuite que cela pose problème car la quantité de virus "est la seule question qui compte vraiment lorsqu’il s’agit de diagnostiquer une maladie" car pour être malade, il faut une "quantité massive" de virus. Autrement dit, une charge virale importante serait forcément synonyme de symptômes.Ce raisonnement est erroné: d'une part, comme on l'a vu, le test PCR est bel et bien en mesure d'identifier le pathogène et donc de poser un "diagnostic" disant que la personne est infectée par le Sars-Cov-2.D'autre part, on ne sait pas à ce jour s'il y a une corrélation entre charge virale et gravité des symptômes. Une étude publiée en mars, dans le Lancet suggère un lien, mais il n'y a pas eu depuis de confirmation ni de consensus scientifique. D'ailleurs, une étude publiée début août dans la revue américaine Jama Internal Medicine, va plutôt dans le sens inverse.Comme rapporté dans cette dépêche AFP, sur 303 personnes étudiées en Corée du Sud, 29% des patients contaminés par le nouveau coronavirus n'avaient jamais développé de symptômes, mais portaient en eux autant de virus que les personnes symptomatiques.L'enseignement principal est que les concentrations de virus chez les asymptomatiques sont "similaires à celles des patients symptomatiques", rapportent les auteurs, ce qui semble exclure l'idée que les symptômes seraient forcément corrélés à la charge virale.Actuellement, on ne sait pas non plus à quel niveau de charge virale le patient serait ou non encore contagieux, rappelle le Dr Carbonneil, de l'HAS.C'est notamment à cause de ces incertitudes que les résultats de tests RT-PCR ne mentionnent pas d'estimation de la charge virale mais seulement si le patient est positif ou négatif.Pour arriver à la conclusion – inexacte – qu'une large partie des cas positifs de Covid sont en fait atteints par un autre coronavirus et de plus, présent en trop petite quantité pour rendre malade, le texte s'appuie donc sur plusieurs postulats erronés.Il est faux de dire que le Sars-Cov-2 est indétectable ou qu'il n'y pas de test fiable pour le détecter. Et s'il est exact que les tests PCR détectent des quantités très faibles de virus, on ne peut pas affirmer à ce jour que pour être malade, il faut nécessairement des quantités importantes de virus. Au 10 septembre 2020, le Covid-19 a fait plus de 900.000 morts selon les chiffres officiels compilés par l'AFP. (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url