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Le lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, plusieurs vidéos virales ont circulé sur les réseaux sociaux, où l'on voit un char écraser une voiture à Obolon, un quartier de Kiev, sans pour autant tuer le passager. L'événement stupéfiant a d'abord été attribué par beaucoup d'internautes à un char russe envahissant la banlieue nord de Kiev. Pourtant, aucune preuve ne permet de penser que le char est russe. Au contraire, plusieurs indices semblent prouver que le char est ukrainien. La scène est effroyable. Un tank roule à toute allure sur une route dans un quartier résidentiel, croise la route d'une voiture et roule par-dessus. Des vidéos d'amateurs, visiblement prises par des habitants des immeubles alentour, ont circulé sur les réseaux sociaux à partir du 25 février. Beaucoup d'internautes les ont partagées et commentées dans plusieurs langues, comme ici en français et en anglais, parlant d'un "char russe" qui "écrase une voiture civile" à Obolon, un quartier du nord de Kiev, la capitale ukrainienne. Un discours repris également par The Independant et The Telegraph, des médias britanniques. capture d'écran de Facebook, le 2 mars 2022Une autre vidéo, tournée plus tard, en bas des immeubles, révèle que le conducteur de la voiture a survécu. Des civils ukrainiens tentent de l'extirper de la voiture en ouvrant sa carcasse à coups de pied de biche. Un internaute a contacté l'AFP via WhatsApp pour savoir si cette scène est bien réelle.Sur place à Obolon ce jour là, l'AFP a pu constater l'arrivée d'ambulanciers venus secourir le passager de la voiture. L'homme aux cheveux blancs était donc bien vivant après que le char a écrasé sa voiture. Cependant, un faisceau d'indices concordants porte à croire à un accident causé par un soldat ukrainien à bord d'un char de l'armée ukrainienne, fuyant un camion militaire conduit par des saboteurs russes. Un char de l'armée ukrainienne…Tout d'abord, le véhicule a été identifié comme un char ukrainien. Il n'arbore pas de lettre peinte sur son flanc, comme la plupart des véhicules observés par les reporters sur place et les spécialistes d'armement. capture d'écran de Twitter le 3 mars 2022De plus, selon plusieurs journalistes et experts, il s'agit d'un 9K35 Strela-10, un ancien modèle de char soviétique utilisé par l'armée ukrainienne. capture d'écran de Twitter le 3 mars 2022Au premier abord, il pourrait s'agir d'un char conduit par un saboteur, un soldat russe qui aurait saisi le véhicule. Le jour même, le ministère de la défense ukrainien a fait état de combats dans Obolon avec une unité russe de "sabotage et de reconnaissance". Le maire de Kiev a mis en garde contre des opérations de sabotages russes et mis en place des points de contrôle dans la capitale pour empêcher les Russes de leurrer les Ukrainiens.Mais pour Rob Lee, membre du think tank américain Foreign Policy Research Institute et très suivi sur Twitter depuis son suivi de la guerre en Ukraine, un char russe n'aurait eu aucune raison de s'aventurer seul dans Kiev. capture d'écran Twitter du 3 mars 2022... suivi par un camion de saboteurs russesUne vidéo zoomée et une autre prise de plus loin ne montrent que le moment où le char paraît écraser la voiture. Des médias et internautes ont donc cru qu'un char russe envahissait Kiev en entrant dans le quartier d'Obolon. Mais des habitants du quartier ont tourné d'autres vidéos en amont de l'arrivée du char, qui donnent un tout autre éclairage.Le char semble en effet perturbé par l'arrivée d'un camion qui reçoit une salve de tirs par les soldats ukrainiens en poste au pied de l'un des immeubles. Avec plusieurs de ses roues crevées, le camion est forcé de stationner au bord de la route, à quelques mètres du char. Son conducteur et un passager, tous deux vêtus de tenues militaires ukrainiennes, sont criblés de balles. Sur place ce jour-là, l'AFP a pu photographier la scène et interroger les soldats ukrainiens. D'après l'armée ukrainienne, c'était un camion conduit par des saboteurs russes, peut-on lire dans la légende de la photo. Un soignant militaire ukrainien s'approche du corps de soldats russes vêtus d'uniformes militaires ukrainiens à Kiev, le 25 février 2022 ( AFP / SERGEI SUPINSKY)Comme le souligne l'équipe des Observateurs de France 24, les soldats ukrainiens en poste n'attaquent pas le char et continuent de tirer sur le camion. Après avoir écrasé la voiture, le char ne s'enfuit pas et s'arrête pendant que d'autres voitures continuent de circuler. Deux soldats ukrainiens continuent de tirer sur le camion, à découvert, à quelques pas du char.Le fait que les soldats ukrainiens ne semblent pas se soucier de la présence du char a poussé des journalistes et des spécialistes à pencher pour l'explication suivante : son conducteur n'est pas un saboteur, mais bien un soldat ukrainien, à bord d'un char ukrainien, qui aurait percuté la voiture par accident en fuyant les combats. captures d'écran Twitter du 3 mars 2022Pour la Conflict Intelligence Tea (CIT), un groupe de blogueurs d'investigation russes, le Strela-10 aurait percuté la voiture "par accident".Un internaute, ancien militaire américain, attribue l'accident à la fatigue d'un soldat ukrainien: "Il est beaucoup plus probable que le pauvre conducteur ukrainien ne dort pas, qu'il soit stressé et qu'il soit relativement nouveau dans la conduite de véhicules à chenilles", commente-t-il sur Twitter à la vue des vidéos.La veille au soir, le président ukrainien décrétait la mobilisation générale et invitait les volontaires à rejoindre les rangs de la défense territoriale, amenant des hommes et des femmes à participer aux combats sans expérience obligatoire de la guerre.Depuis, les combats continuent dans la périphérie de Kiev, selon l'administration régionale ukrainienne, notamment dans la périphérie à l'ouest et au nord de la capitale, pilonnée par l'aviation russe. Dans les villes de Bucha et Irpin, les habitants, d'abord résolus à rester, tentent de fuir depuis que des avions russes ont commencé vendredi 4 mars à larguer des bombes.D'après l'état-major ukrainien, les soldats russes "accumulent les ressources pour lancer un assaut" sur Kiev.
(fr)
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