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Une vidéo, partagée plus de 1.200 fois sur Twitter depuis le 23 février, prétend montrer une femme allongée sur le sol devant un hôpital en train de convulser après avoir été vaccinée contre le Covid-19. C'est faux: cette patiente n'avait pas reçu d'injection contre le Covid-19 mais avait déjà, par le passé, été atteinte de convulsions, a expliqué à l'AFP la direction de l'hôpital argentin devant lequel s'est déroulée la scène et qui a pris en charge cette femme."Argentine. Une personne s effronde apres la vaccination", indique en légende une internaute qui relaie cette vidéo sur Twitter. Durant un peu plus de deux minutes, les images montrent une femme allongée sur le sol prise de violentes convulsions. Capture d'écran prise sur Twitter le 02/03/2021En commentaires, de nombreux internautes dénoncent la campagne française de vaccination massive contre le Covid-19 lancée fin décembre par le gouvernement, et appellent à ne pas se faire injecter le sérum, qui serait "un poison" . Capture d'écran prise sur Twitter le 02/03/2021 Capture d'écran prise sur Twitter le 02/03/2021 Cette vidéo a également été partagée des dizaines de milliers de fois en espagnol, en anglais, en roumain ou encore en tchèque par des internautes assurant qu'il s'agissait d'une patiente atteinte d'effets secondaires après sa vaccination contre le Covid-19. Certains affirment également que la scène se déroulerait en Italie. Une vidéo prise devant un hôpital argentin Une recherche d'image inversée grâce à l'outil InVid-WeVerify permet de retrouver la vidéo dont est issu l'extrait qui circule sur Twitter. Cette vidéo, postée sur Facebook le 20 février 2021, dure 4 minutes et est accompagnée de la légende en espagnol : "ANOCHE HOSPITAL LARCADE DE SAN MIGUEL", qui signifie "la nuit dernière à l'hôpital Larcade de San Miguel". Capture d'écran prise sur Facebook le 02/03/2021Un hôpital du nom de Larcade se situe effectivement à San Miguel — une ville du Grand Buenos Aires, capitale de l'Argentine — et non en Italie comme le prétendaient certaines publications.Dans la vidéo, le nom "Hospital Raúl F. Larcade" est visible sur une porte vitrée, à l'arrière-plan, ce qui permet d'être certain que la scène se déroule bien dans cet établissement. Capture d'écran prise sur Twitter le 02/03/2021La municipalité de San Miguel expliquait dans une publication du 25 février 2021 que le personnel de santé du district, "public comme privé", est vacciné contre le Covid-19 à l'hôpital Larcade.Une recherche Google des termes hôpital Larcade et service hospitalier en argentin , "Hospital Larcade+guardia", restreinte aux résultats des 19 et 20 février, permet de retrouver une occurrence de la vidéo publiée le 20 février sur le compte Instagram "Trabajodores Larcade Unidos".Celui-ci regroupe des membres du personnel de l'hôpital réclamant de meilleures conditions de travail. Depuis plusieurs mois, le groupe diffuse sur les réseaux sociaux des vidéos pour dénoncer un manque de personnel ou demander une hausse des salaires (comme ici ou ici).En légende de la publication du 20 février, qui montre la vidéo virale, le groupe Trabajodores Larcade Unidos indique que ces images ont été tournées dans la nuit du 19 février alors qu'il n'y avait "qu'un seul médecin" et "un seul brancardier" de garde. La légende indique également que cette patiente a été soignée, et qu'elle était, à la date du 20 février, dans un état "stable" mais restait "hospitalisée". Capture d'écran prise sur Instagram le 02/03/21Sebastián Motrel, chirurgien de garde à l'hôpital Larcade a confirmé à l'AFP que la femme présente sur la vidéo "était une patiente avec un long historique de convulsions à l'hôpital". "Elle n'est pas vaccinée contre le Covid-19 ou quoi que ce soit de la sorte", a-t-il encore ajouté.Gladys Amantia, directrice de l'hôpital, a également confirmé à l'AFP que "la vidéo date du 19 février 2021, devant la porte d'entrée de la salle d'attente de garde" de l'établissement. Elle a précisé que cette femme, âgée de 28 ans, présentait des "antécédents de retards mentaux et de troubles du comportement". Toujours selon elle, la patiente avait reçu un traitement psychiatrique et consulté des médecins 48 heures avant la vidéo pour un motif très similaire, sans qu'aucune "altération" ne soit observée lors d'une "imagerie cérébrale". "La patiente fait la crise que l'on peut voir avant d'être enregistrée pour une admission et des soins aux urgences. L'infirmière de garde, un agent de sécurité et un brancardier lui viennent en aide", explique Gladys Amantia.Après cet épisode,"l'évaluation clinique a été complétée par des études en laboratoire et il a été décidé de l'admettre pour un suivi et une évaluation par le service de psychiatrie", précise la direction de l'hôpital. La patiente est restée hospitalisée jusqu'au 26 février, et a, durant son séjour, reçu des évaluations cliniques, neurologiques et psychiatriques. Son "traitement de base a été ajusté", précise par ailleurs Gladys Amantia. "Vaccinations VIP" en ArgentineEn Argentine, la campagne de vaccination a démarré le 29 décembre 2020. Depuis, selon les chiffres officiels, 1,12 million de doses du vaccin Spoutnik V ont été administrées, et 302.662 personnes ont reçu deux injections du vaccin contre le Covid-19 au 2 mars 2021. La stratégie de vaccination annoncée par le gouvernement argentin prévoit d'immuniser le personnel de santé, les plus de 70 ans et les établissements gériatriques, suivis des personnes âgées de 60 à 69 ans. Mais des fonctionnaires et des hommes politiques ont bénéficié de vaccins contre le Covid-19 sans appartenir à ces publics prioritaires. Ce scandale a coûté son poste au ministre de la Santé et provoqué des manifestations contre ces "vaccinations VIP" dans plusieurs villes d'Argentine fin février, comme l'expliquait l'AFP dans cette dépêche. Des manifestants protestent à Buenos Aires le 27 février 2021 contre le gouvernement du président Alberto Fernandez après le scandale des "vaccinations VIP". (AFP / Alejandro Pagni)Selon le dernier rapport de surveillance des vaccins, publié le 14 février par le ministère de la Santé argentin, 99,4 % des 19.014 événements signalés après la vaccination étaient "légers et modérés" (fièvre, maux de tête, douleurs à l'endroit de l'injection).Vaccination en FranceEn France, près de 3 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 à la date du 2 mars, dont 1,5 million ont été vaccinées avec deux doses, en majorité des personnes âgées et des professionnels de santé avec les vaccins de Pfizer/BioNTech et de Moderna. La campagne va s'accélérer avec l'ouverture aux 65-75 ans atteints de comorbidités (obésité, diabète, cancers, maladies cardiovasculaires), "soit 2,5 millions de Français en plus", qui pourront recevoir le vaccin d'AstraZeneca chez "leur médecin traitant, dans l'hôpital qui les suit" ou "dans quelques jours en pharmacie", a annoncé Olivier Véran le 1er mars, en s'appuyant sur une décision de la Haute autorité de santé (HAS).Depuis le début de la vaccination, "5.331 cas d’effets indésirables ont été analysés" et "la majorité des effets indésirables sont attendus et non graves à ce jour", indique l'Agence nationale du médicament (ANSM) dans son dernier rapport de pharmacovigilance publié le 18 février. Contrairement à ce qu'affirment plusieurs internautes français sous la vidéo virale, aucun lien de causalité n'a été établi entre ces vaccins et les décès recensés parmi les personnes ayant reçu une injection, comme l'expliquait l'AFP le 19 février.
(fr)
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