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Des publications présentant une supposée “fuite” provenant d’un membre du Parti Libéral du Canada ont été partagées des milliers de fois sur Facebook depuis le 14 octobre. Ce courriel, qui évoque des restrictions de mouvement ou le déploiement militaire dans le cadre de la pandémie liée au Covid-19, n’est pas authentique, selon le parti de Justin Trudeau, et bien que le gouvernement fédéral puisse s’octroyer des pouvoirs exceptionnels en vertu de la Loi sur la mise en quarantaine, il empiéterait sur l’autorité des provinces qu’en cas de “situation absolument catastrophique”, selon un expert en droit constitutionnel.“TRUDEAU SERAIT'IL UN TRAÎTRE À LA NATION CANADIENNE ?”, commence l’une de ces publications, qui circulent en français et en anglais. Capture d'écran d’une publication prise sur Facebook le 30 octobre 2020Cette publication est une traduction d’un message publié en anglais sur des sites web et repris sur les réseaux sociaux sur fond de reprise de l'épidémie depuis le mois de septembre. Capture d’écran prise sur le site thecanadianreport.ca le 30 octobre 2020“La publication à laquelle vous faites référence et d'autres ayant le même contenu ne sont pas authentiques, et aucun comité de ce type n'existe”, a déclaré à l’AFP Braeden Caley, Directeur principal des communications du Parti Libéral du Canada.L’Agence de la santé publique du Canada s’est concertée avec les autorités sanitaires provinciales et territoriales pour guider la levée des mesures restrictives via un Comité consultatif spécial (CCS) créé en janvier. Un comité similaire a été créé pour faire face à la crise des opioïdes touchant le pays, et un autre avait été créé en réponse à la pandémie de grippe H1N1 en 2009.“Le CCS a convenu d'un ensemble de 7 critères et de 14 indicateurs que les provinces et territoires peuvent utiliser pour évaluer leur état de préparation à la levée progressive des mesures de santé publique restrictives dans leur juridiction”, a déclaré dans un courriel à l’AFP André Gagnon, porte-parole de Santé Canada. Ceux-ci sont disponibles ici.“Ces critères et indicateurs fournissent une base de données et de preuves pour guider les décisions de levée ou d'ajustement des mesures restrictives de santé publique, et seraient également utilisés pour évaluer la nécessité de réintroduire des mesures spécifiques, si nécessaire”, souligne M. Gagnon.Plus de 228.000 cas de Covid-19 sont actuellement recensés dans le pays de près de 38 millions d’habitants, et le nombre d’infections continue d’augmenter depuis le mois de septembre.Mesures d’urgenceLes gouvernements locaux gèrent la plupart des mesures sanitaires face à la pandémie, dont les confinements, en coordination avec les autorités fédérales. Il est légalement possible pour le gouvernement de court-circuiter les pouvoirs octroyés aux provinces, mais uniquement dans des cas d’extrême urgence, selon Emmett Macfarlane, professeur de sciences politiques à l'université de Waterloo.“Au Canada, le gouvernement fédéral a adopté une politique d’intervention minimale appropriée, en permettant aux provinces d'édicter des restrictions dans le cadre de leurs compétences en matière de santé et de sécurité”, estime-t-il dans un courriel à l’AFP.“Le gouvernement fédéral a l'autorité de s’octroyer des pouvoirs extrêmes en vertu de la Loi sur les mesures d’urgence et de la Loi sur la mise en quarantaine”, précise cet expert en droit constitutionnel.“En effet, la Loi sur la quarantaine a été invoquée au printemps dernier à l'égard des personnes arrivant d'un pays étranger. Mais ce n'est que dans une situation absolument catastrophique que le gouvernement fédéral s'immiscerait volontairement dans les mesures de confinement des villes ou régions”, souligne-t-il.Les publications font mention de “l'acquisition (ou la construction) d'installations d'isolement dans chaque province et territoire”, en référence à un appel d’offre (en anglais) récemment publié qui a donné lieu à une campagne de désinformation prétendant que le gouvernement fédéral construirait des “camps d’internement”.Ces fausses affirmations, abordées par l’AFP ici (en anglais), ont été dénoncées par le gouvernement de Justin Trudeau.Remettre la source en question“L’une des plus importantes questions que doit se poser quelqu’un lisant ce genre de publication est: “d'où vient elle, et que savons-nous?”, estime dans une interview à l’AFP Jeffrey Dvorkin, professeur de journalisme à l'Université de Toronto, dont le livre sur la désinformation est sur le point d'être publié.“Le fait que cela vienne d’une seule source qui ne peut être vérifiée montre selon moi en quoi cette information est douteuse, voire dangereuse”, poursuit-il.Vous souhaitez que l'AFP vérifie une information? Contactez-nous E-mail
(fr)
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