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  • 2022-07-26 (xsd:date)
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  • La moyenne des températures à Paris entre août et septembre 1895 était de 20°C - pas de 37°C (fr)
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  • La multiplication des canicules comme celles qui touchent une partie de l'Europe ce mois-ci est un signe du réchauffement climatique dû aux émissions humaines, expliquent les scientifiques. Dans des publications relayées plusieurs dizaines de milliers de fois, des internautes remettent cependant en question la singularité de ces vagues de chaleur en affirmant qu'en "1895 à Paris, de la mi-août à la mi-septembre, la moyenne des températures fut de 37°C". C'est faux: la température moyenne sur cette période était d'environ 20°C, a expliqué Météo France à l'AFP. Et si les vagues de chaleur ne sont pas nouvelles, le réchauffement les rend plus intenses et plus fréquentes. Une partie de l'Europe a connu mi-juillet une vague de canicule qui a touché plusieurs pays et a notamment favorisé de graves incendies dans le sud de la France.Les scientifiques expliquent que ces vagues de chaleur sont rendues plus fréquentes et plus intenses par le réchauffement climatique provoqué par les activités humaines. Sur Facebook, des internautes français et belges semblent questionner cette réalité scientifique en partageant une photo de la place de l'Opéra à Paris, accompagnée de cette légende ironique: "RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE MON PETIT CHOUX (sic). En 1895, à Paris, de la mi août à la mi septembre, la moyenne des températures fut de 37°C. Sans doute à cause des pots d'échappement des chevaux". Cette photo a été partagée plusieurs dizaines de milliers de fois depuis mi-juillet 2022. Capture d'écran réalisée le 25/07/2022 sur FacebookC'est faux, a expliqué Météo France à l'AFP: la température moyenne sur cette période était bien plus basse. Par ailleurs, les températures n'étaient pas relevées de la même façon à l'époque et certaines pouvaient être surévaluées.De fausses affirmations visant à minimiser l'existence du réchauffement climatique ou la responsabilité des activités humaines dans ce bouleversement circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, et l'AFP y a déjà consacré plusieurs articles, ici et ici par exemple.Une moyenne de 20,3°C entre le 15 août et le 15 septembre 1895Le 19 juillet 2022, Météo France a fourni à l'AFP la liste de toutes les températures relevées par la station de Paris Montsouris, la plus ancienne station météo de France, entre le 15 août et le 15 septembre 1895.Entre le 15 août et le 15 septembre 1895, la moyenne des températures dans la capitale était de 20,3°C, a expliqué Météo France, qui a réalisé ce calcul à partir des moyennes des températures quotidiennes enregistrées chaque jour par la station de Montsouris. Météo France a également envoyé à l'AFP un graphique sur lequel on peut observer les températures maximales observées entre le 15 août et le 15 septembre 1895 (la ligne plus foncée, qui dessine des vagues), ainsi que les "pseudo-normales quotidiennes", c'est-à-dire les températures maximales qu'il fait habituellement ces jours-là et qui sont relevées chaque année par Météo France, qui en fait ensuite une moyenne (la ligne plus claire, en légère descente). Graphique fourni par Météo France le 19 juillet 2022On y observe très clairement que la température entre le 15 août et le 15 septembre 1895 n'a quasiment jamais atteint 37°C. Comme l'explique le site meteo-paris.com, plusieurs villes de France ont toutefois bien connu des pics de température au mois de septembre 1895 : "Entre le 2 et le 9 septembre, la température atteint 37° à Auxerre, 36° à Rennes et Limoges, 35°5 à Paris (record absolu), 35° à Orléans et 31° à Brest". On observe ces pics pour Paris sur le graphique fourni par Météo France.Par ailleurs, jusqu'au début des années 1930, les thermomètres n'étaient pas normalisés, a expliqué à l'AFP Christine Berne, climatologue à Météo France: "A l'époque, les mesures de températures à Paris et ailleurs étaient faites dans des abris en bois, pas forcément normalisés. Soit ils n'avaient pas d'ouverture, soit ils avaient une ouverture qui laissait entrer directement le rayons du soleil", chauffant ainsi directement les capteurs.Or, "si on mesure la température dans une boîte fermée, on constate une surchauffe", a ajouté Christine Berne.Par ailleurs, les capteurs pouvaient être placés près d'un mur ou au-dessus d'une route, des conditions pouvant avoir un impact sur la mesure de la température ambiante: "On sait aujourd'hui que si la température est mesurée au-dessus d'un sol gazonné, elle sera différente de la température mesurée au-dessus du goudron". Ces éléments amènent les climatologues à penser que les mesures relevées à l'époque étaient parfois légèrement faussées: "On a fait des mesures et on estime que les erreurs pouvaient aller jusqu'à 5°C".A partir des années 1930, "tous les abris météorologiques ont été normalisés et ventilés", a poursuivi Christine Berne. "Aujourd'hui, ils sont placés dans des environnement comparables. On fait en sorte que nos stations météorologiques soient si possible au-dessus d'une surface gazonnée, pas sur du goudron et à une certaine distance d'un bâtiment, un certain nombre de critères qui doivent être respectés". Depuis 1947, Météo France utilise un Indicateur thermique national, calculé à partir de la moyenne des mesures quotidiennes de la température de l'air dans 30 stations météorologiques françaises. Cet indicateur permet une meilleure comparaison des températures sur le territoire national au fil des années. Des étés de plus en plus chauds, une conséquence du réchauffement climatiqueUn deuxième graphique communiqué à l'AFP par Météo France montre le nombre de jours avec des températures maximales supérieures ou égales à 35°C entre 1873 - date des premiers relevés de la station météo Montsouris - et 2022. Graphique fourni le 19 juillet 2022 par Météo France"On observe bien que ce nombre de jours augmente sur ces dernières années, et que ces séries de journées avec des températures supérieures à 35 se répètent chaque année. Ces trois dernières années, on a dépassé déjà deux fois les 40°C" à la station Paris Montsouris, a commenté le service presse de Météo France.L'AFP a également contacté le 20 juillet l'Institut royal météorologique de Belgique, qui a également décrit des températures de plus en plus élevées sur le territoire belge: "Des vagues de chaleur ont été enregistrées avant 2000, mais depuis 1981, le nombre de vagues de chaleur a augmenté, encore plus ces dernières années : depuis 2015, au moins une vague de chaleur a eu lieu chaque année - à l'exception de 2021. Les vagues de chaleur ont également tendance à être plus longues (+2 jours/décennie) et plus intenses (+1°C/jour par décennie)", a commenté le service presse de l'IRM."Toutes les vagues de chaleur ces dernières années sont rendues plus sévères par le réchauffement climatique, on le sait, tout cela est documenté dans la littérature scientifique et en particulier les derniers rapports du GIEC", a commenté Météo France auprès de l'AFP.Les experts climat de l'ONU - le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) - alertent depuis plusieurs années sur le réchauffement de la planète. Leurs travaux "s'appuient sur des mesures homogénéisées qui sont corrigées de façon à avoir les températures sur les points principaux de la planète, permettant de faire des statistiques. Ce sont des mesures qui peuvent être considérées comme très fiables", a expliqué Christine Berne.Dans le premier volet de son sixième rapport d'évaluation, publié le 9 août 2021, le GIEC écrivait qu'il est "incontestable que l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, les océans et les terres". Comme l'avaient détaillé plusieurs chercheurs à l'AFP en avril, les observations scientifiques permettent d'établir que le changement climatique est principalement dû à des émissions humaines de CO2, l'un des principaux gaz à effet de serre. Les voitures à moteur thermique, auxquelles les publications que nous vérifions font allusion en mentionnant ironiquement les "pots d'échappement des chevaux", constituent une source importante d'émissions de CO2 puisqu'en roulant, leur moteur émet des gaz à effet de serre. "Les automobiles, les camionnettes, les camions et les bus génèrent plus de 70 % des émissions globales de gaz à effet de serre du secteur des transports", explique l'Agence européenne pour l'environnement sur son site.Les voitures représentent au moins 12% des émissions de CO2 dans l'Union européenne. Une voiture brûlée dans la forêt ravagée par un incendie de forêt près de Pyla-sur-Mer, le 23 juillet 2022 ( AFP / Philippe LOPEZ)Le 4 avril 2022, le GIEC a publié le troisième volet de ce sixième rapport d'évaluation, alertant sur l'urgence de la prise de mesures immédiates.Les experts y proposent plusieurs transformations structurelles pour éviter un réchauffement de 3,2% d'ici 2100, qui pourrait rendre une partie du monde "invivable". Sont notamment suggérés un passage aux mobilités douces et aux véhicules électriques, le télétravail, l'isolation des bâtiments, un moindre recours à l'avion... L'objectif étant de baisser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, responsables de l'augmentation de la température.Selon les experts climat de l’ONU, les canicules extrêmes auraient 4,1 fois plus de risques d’intervenir à +1,5°C de réchauffement moyen de la planète par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015. Elles seraient 5,6 fois plus probables à +2°C et 9,4 fois plus à +4°C.Ces canicules ont de graves conséquences: sécheresses, incendies, baisse de la production dans l'agriculture et pertes de vies humaines. (fr)
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