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  • 2022-04-21 (xsd:date)
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  • Dette, chômage, et TVA... Retour sur les affirmations contestées du débat Macron-Le Pen (fr)
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  • Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont ferraillé à coups de chiffres et d'accusations sur l'emploi, l'énergie, ou encore le bilan du président sortant lors du débat télévisé de l'entre-deux-tours tenu le 20 avril 2022. Retour sur une sélection d'affirmations contestées."600 milliards" de dette publique dont un tiers lié au Covid ? Plutôt vrai Selon Marine Le Pen, Emmanuel Macron serait responsable d'un gonflement de la dette publique de 600 milliards d'euros, dont un tiers seulement serait lié à la crise du Covid. Le président-candidat a assuré que c'était "complètement faux" mais il est contredit par les chiffres. D'après les données de l'Insee, la dette publique (Etat, Sécu, collectivités) s'est effectivement creusée de 558,8 milliards d’euros entre 2017 et 2021.Selon une estimation contenue dans le budget 2022, 165 milliards sont imputables "au quoi qu’il en coûte", mis en place pendant la crise du Covid, soit près de 30% de cette dette. La proportion évoquée par Marine Le Pen serait donc réaliste même si le ministre de l'Economie Bruno Le Maire chiffre aujourd'hui la "dette Covid" aux alentours de 145 milliards. Une question à laquelle Marine Le Pen n’a pas répondu : qu’est-ce qu’elle aurait fait pendant la crise Covid ? @EmmanuelMacron a protégé les salariés, les compétences et évité une vague de faillites grâce au fonds de solidarité, au chômage partiel et au PGE. #Les4Vpic.twitter.com/hl1SbLufm6 — Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) April 21, 2022 Emmanuel Macron a également assuré que seuls 200 milliards de hausse de la dette étaient imputables à l'Etat. Or, selon l'Insee, la dette de l’Etat a augmenté de 464 milliards entre 2017 et 2021. En retranchant la part de dette Covid, on arrive à 300 milliards, soit un montant bien supérieur à celui évoqué par Emmanuel Macron.Baisser la TVA sur les carburants ? Ce serait contraire à une directive européenne Marine Le Pen a redit vouloir abaisser de 20 à 5,5% –et de "manière pérenne"– la TVA sur l'ensemble de l'énergie et notamment les carburants. Ce serait toutefois contraire à une directive européenne qui liste une vingtaine de biens et services sur lesquels un Etat membre peut appliquer un taux réduit. Les carburants n’en font pas partie, comme expliqué dans un précédent article de vérification. Annexe III de la directive 2006/112/CE du Conseil de l'Union européenne du 28 novembre 2006 relative au système commun de taxe sur la valeur ajoutée : liste des livraisons de biens et des prestations de services pouvant faire l'objet des taux réduits visés à l'article 98 ( Journal officiel de l'Union européenne)La France pourrait passer en force mais s'exposerait à des sanctions de la Commission. L'équipe de Marine Le Pen assure, elle, qu'elle pourrait convaincre ses partenaires de classer les carburants parmi les produits de première nécessité. En revanche, le droit européen permet d'abaisser la TVA sur le fioul, le gaz et le chauffage à la seule condition de consulter pour avis un comité rattaché à la Commission.Une baisse du taux de chômage à relativiser, comme l'affirme Marine Le Pen ? Une question de définition Ce sont deux calculs qui s'affrontent. Marine Le Pen s'est montrée "dubitative" sur l'importance de la baisse du chômage revendiquée par Emmanuel Macron. La candidate RN a critiqué des chiffres "extrêmement contestés" du Bureau international du travail (BIT), invoquant plutôt ceux de Pôle emploi. "Personne ne compte les catégories B et C du chômage (de Pôle Emploi, NDLR) puisque ce sont des actifs partiels", lui a rétorqué le président sortant.De quoi parle-t-on ? Les chiffres au sens du BIT, régulièrement donnés par l’Insee, désignent les personnes totalement sans emploi. Les chiffres de Pôle Emploi sont quant à eux répartis en plusieurs catégories, notamment A (personnes totalement sans emploi), B (personnes ayant exercé une activité réduite de 78 heures par mois) et C (personnes ayant exercé une activité de plus de 78 heures), relate le site de l'administration française.Au sens du BIT, le taux de chômage est passé de 9,3% à 7,4% de la population active entre le premier trimestre 2017 et la fin d'année 2021.Si l'on se concentre sur la catégorie A de Pôle emploi, on recense 413.000 personnes de moins dans cette catégorie sur la même période, comme expliqué dans un précédent article de vérification.Mais si l'on choisit d'additionner les catégories A, B et C, on recense "seulement" 154.500 demandeurs d'emplois de moins. C'est l'argument de Marine Le Pen pour relativiser les chiffres. Emmanuel Macron, initiateur de la taxe carbone ? Faux "Vous avez fait le choix de mettre en place la taxe carbone, qui a aggravé le prix de l'essence", a lancé Marine Le Pen à Emmanuel Macron. Mais c'est une mesure qui remonte à 2009 et qui a vu le jour sous le quinquennat de François Hollande. Nicolas Sarkozy avait tenté de l'introduire pendant son quinquennat (2007-2012) pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais le Conseil constitutionnel l'avait rejetée, estimant que la loi allait créer une inégalité face à l'impôt et amener trop d'exemptions, ce qui aurait été "contraire à l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique".Elle sera finalement instaurée dans le budget 2014 sous François Hollande et devait augmenter progressivement chaque année jusqu'en 2022. Mais face au mouvement des "gilets jaunes", le gouvernement a fait marche arrière en décembre 2018 et gelé son augmentation.Le tableau ci-dessous atteste qu'il n'y a pas eu d'augmentation de cette taxe depuis 2018. Evolution de la composante carbone de la TICPE depuis 2014 en €/tCO2 ( Ministère de la Transition écologique / Guide 2022 sur la fiscalité des énergies / )Des fermetures de classe conditionnées à l'accord du maire en milieu rural ? A nuancer Emmanuel Macron a assuré avoir "mis fin à la fermeture des classes sans l’accord du maire" en milieu rural. "A chaque fois il y a eu consultation des maires et ça ça n'a jamais été le cas avant. Ça c'est depuis 2019", a-t-il détaillé. Cette affirmation, aussitôt contestée par Marine Le Pen, est à nuancer. A la rentrée de septembre 2020, le ministère avait imposé cette règle dans les communes rurales de moins de 5.000 habitants, pour tenir compte du contexte "exceptionnel" du Covid.Toutefois, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer avait relativisé la portée de cette "doctrine" devant le Sénat en février 2021, en indiquant que cette règle ne valait que pour la rentrée de septembre 2020 et qu’elle "ne pourrait pas s’appliquer les années suivantes", afin de ne pas mettre en place un "moratoire à jamais" sur les fermetures de classes.Contacté par l'AFP, le ministère confirme que cette règle n'est plus en vigueur depuis mais affirme que des concertations restent menées avant toute fermeture avec les maires et au niveau du conseil départemental.Emmanuel Macron semble avoir fait une confusion avec son engagement pris en 2019 de ne pas fermer d'écoles sans l'accord du maire. Il y a 50.000 travailleurs détachés en France : Faux "Sur le travail détaché il n'y a pas des centaines de milliers de travailleurs, il y a environ 500.000 tâches en France correspondant à environ 50.000 travailleurs détachés", a affirmé Emmanuel Macron, au sujet de ces salariés envoyés dans un autre Etat membre de l'UE que celui où ils travaillent habituellement pour effectuer une mission temporaire.Un rapport du ministère du Travail de juin 2021 estime pourtant que pour l'année 2019, 261.300 salariés ont été détachés au moins une fois en France, hors transport routier. Ces salariés, qui peuvent effectuer plusieurs missions au cours d'une même année, ont réalisé au total 675.300 détachements. En moyenne, ces travailleurs cumulent 101 jours de détachement sur l’année, avec des durées qui varient en fonction des secteurs : plus longues dans la construction avec 123 jours et plus courtes dans les services avec 68 jours.Plusieurs candidats à la présidentielle assurent que ce mécanisme permet de contourner le droit du travail des pays membres.Les eurodéputés RN ont voté contre l'aide financière à l'Ukraine : vrai L'aide financière apportée à l'Ukraine a été au cœur d'une passe d'armes entre les deux candidats : Emmanuel Macron lui a assuré que les eurodéputés RN se seraient "opposés" à cette aide financière, ce que Marine Le Pen a contesté.En réalité, huit jours avant l'invasion russe, le 16 février 2022, les eurodéputés RN ont voté à l'unanimité contre un prêt sur 12 mois de l'UE à l'Ukraine, d'un montant de 1,2 milliard d'euros, ce qui n'a pas empêché son adoption.En revanche, les élus RN au Parlement européen ont voté majoritairement en faveur des sanctions prises le 1er mars contre la Russie mais n'ont pas pris part au vote sur une résolution appelant à un embargo total sur les importations de pétrole, de charbon de combustible nucléaire et de gaz russes. Inflation et croissance, tout dépend de l’Ukraine Une proposition de Marine Le Pen a opposé les deux adversaires. La candidate du RN s’est prononcé pour "la suppression totale de la TVA sur un panier de 100 produits de première nécessité, d’hygiène ou alimentaire, tant que l’inflation est supérieure d’un point à la croissance".Marine Le Pen soutient ensuite que "dans les prévisions de la Banque de France la croissance est de 2.8%, et l’inflation de 4,4%". "Quand je regarde les chiffres de la Banque de France, le taux d’inflation de 2022, en moyenne annuelle, est de 3,7 et le taux de croissance de 3,4. Il n’y a pas un point de différence", lui rétorque Emmanuel Macron.Qui a raison ? Tout est question d’optimisme. La Banque de France a publié en mars des projections macroéconomiques selon deux scénarios : un "conventionnel", qui s’appuie sur des hypothèses figées au 28 février, au tout début de la guerre en Ukraine, et un "scénario dégradé", qui examine notamment l’effet d’une hausse encore plus importante des prix du pétrole, du gaz et du blé.Et chaque candidat s’en tient au sien : dans le conventionnel "la croissance du PIB en moyenne annuelle atteindrait 3,4 % en 2022" et l’inflation se situerait "à 3,7 % en moyenne sur l’année", selon les projections de la Banque de France, comme choisit de le souligner Emmanuel Macron. Dans le scénario dégradé la croissance en moyenne annuelle serait de "2,8 %", selon les projections de l’institution, et l’inflation serait à "4,4 %", ce que met en avant Marine Le Pen."Dans ces deux scénarios, les chocs subis par l’économie française sont importants même s’ils s’estompent progressivement à l’horizon 2024", souligne par ailleurs la Banque de France.21 avril 2022 Ajoute un point sur l'inflation et la croissance (fr)
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