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  • 2022-10-03 (xsd:date)
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  • Cette étude italienne assurant montrer "d'étranges particules" dans le sang après la vaccination anti-Covid à ARN ne respecte pas le protocole scientifique (fr)
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  • Depuis la fin du mois d'août, des publications alertent sur la dangerosité de la vaccination anti-Covid en s'appuyant sur une étude italienne expliquant avoir montré que 94% de personnes ayant reçu un vaccin à ARN messager présentaient une "agrégation de globules rouges et la présence de particules de formes et tailles diverses" dans le sang. Mais cette étude ne respecte pas de protocole scientifique et la revue en ligne dans laquelle ont été publiés ces travaux n'est pas reconnue comme une source fiable, ont pointé des spécialistes auprès de l'AFP. Si l'Agence européenne des médicaments avait reconnu un "lien possible" entre certains vaccins et de "très rares cas de caillots sanguins" l'an dernier, l'agence avait néanmoins conclu que les bénéfices de la vaccination continuaient de l'emporter sur les risques. A ce jour, il n'y a pas de nouvelle alerte à ce sujet. "Les conséquences de l'injection de Covid : une étude révèle que 94% des personnes ayant reçu l'injection présentent des formations de caillots sanguins et des particules étrangères", titre un article de blog publié le 24 août. Capture d'écran prise le 03/10/2022Cette publication a également été partagée plus de 1.000 fois sur Facebook en finnois. L'article de blog cite une étude publiée dans une revue intitulée "l'International Journal of Vaccine, Theory, Practice, and Research", le 12 août 2022.Cette étude assure avoir montré qu'"un mois après la vaccination à ARNm, il y avait 948 sujets (94%) dont le sang présentait une agrégation inhabituelle d'érythrocytes, ou globules rouges, et dans le sang on observait des particules de différentes formes et tailles montrant une tendance à se coller ensemble et à former d'énormes amas".Une revue à la crédibilité douteuseL'International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research, qui a publié l'étude, se présente sur son site comme "une revue en libre accès, revue par les pairs traitant du développement, de la distribution et de la réglementation des vaccins et de leurs composants". Dans ses archives, le numéro le plus ancien de la revue en ligne date de juillet 2020. L'AFP a transmis le lien vers l'International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research le 5 septembre au Dr Vesa Hytönen. Le professeur en biologie cellulaire et moléculaire au sein de l'université finlandaise de Tampere a regretté que des études qui y figurent ne respectent pas "le protocole scientifique".Le scientifique a ajouté que les qualifications du comité de rédaction sont inhabituelles pour une revue en ligne axée sur la vaccination.Le rédacteur en chef, par exemple, est présenté comme ayant des diplômes en langues. Bien que certains membres du comité de rédaction - chargé de la relecture par les pairs des articles soumis à la revue en ligne - ont bien une formation en microbiologie ou en chimie, d'autres sont linguiste, ostéopathe ou encore informaticien.Une recherche des archives de la revue a montré qu'elle se concentre uniquement sur les articles de recherche critiques envers les vaccins, plus particulièrement ceux développés contre le Covid-19.Dans son numéro de décembre 2021, L'International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research a publié un article de recherche initialement paru dans The Defender, une publication du Children's Health Defense, groupe anti-vaccins dont les contenus ont déjà été vérifiés à plusieurs reprises par l'AFP comme ici ou ici.L'AFP a cherché si d'autres travaux publiés sur L'International Journal of Vaccine Theory, Practice, and Research figurent dans la base de données de littérature biomédicale appartenant à la Bibliothèque américaine de médecine (NIH) et rattachée à l'Institut national de santé américain PubMed, sans obtenir de résultat.Lire aussi : "Selon une étude..." : comment faire pour s'y retrouver ?Pas de groupe de contrôle Les chercheurs interrogés par l'AFP ont également mis en cause les méthodes utilisées pour mener à bien l'étude italienne en elle-même."Le principal problème [de cette étude, NDLR] est qu'ils n'ont pas analysé de groupe témoin", a déclaré le Dr Vesa Hytönen. "Sans groupe contrôle, je ne peux donner de crédit à des données comme celles-ci".Le Dr Markus Vähä-Koskela, chercheur principal à l'Institut finlandais de médecine moléculaire, abonde : "Il ne s'agit pas d'une étude expérimentale avec un groupe témoin", a-t-il déclaré le 8 septembre.Un groupe contrôle, aussi appelé groupe témoin, est un groupe d'individus qui ne reçoivent pas le traitement testé lors d'une expérience scientifique. Cela permet d'établir une norme pour pouvoir par la suite effectuer des comparaisons avec le groupe qui teste un médicament ou vaccin.Sans groupe contrôle, il est impossible de déterminer si un traitement étudié a réellement un effet significatif sur un groupe expérimental, pointe l'encyclopédie Britannica. Des symptômes vaguesL'étude italienne indique avoir analysé "une goutte de sang périphérique [le sang qui circule dans le corps, NDLR], de 1.006 sujets symptomatiques qui avaient reçu une injection anti-Covid à d'ARNm", et avoir trouvé des amas de globules rouges et d'autres particules un mois plus tard chez 94 % d'entre eux.Cependant, la cause de ces symptômes n'est pas pas donnée. "Si les patients ont des symptômes vagues, il est à mon avis très difficile d'évaluer l'origine de ces symptômes en se basant sur la composition en particules du sang", a souligné le Dr Vesa Hytönen. Le Dr Susan Rudd Bailey ,de l'école de médecine Texas A&M, a expliqué à l'AFP le 21 septembre que "l'agrégation des érythrocytes [ou globule rouge, NDLR] signifie généralement que les produits chimiques utilisés pour préparer les échantillons sont vieux et/ou qu'une mauvaise technique est utilisée. Elle ne permet pas de diagnostiquer une quelconque maladie".Le Dr Vähä-Koskela est d'accord avec cette observation, notant que les formations d'amas de globules rouges ne constituent pas des diagnostics en eux-mêmes. "Pourquoi n'ont-ils pas analysé le contenu du vaccin en tant que tel avec cette technique ? Elle aurait montré si les vaccins contiennent ce qui est décrit dans l'article", a-t-il regretté.La fiabilité des images de microscope incluses dans l'étude est également peu fiable, a déclaré le Dr Vähä-Koskela : "On peut voir toutes sortes de déchets sur les images, ce qui soulève la question de savoir si les lames étaient propres." Il a également émis des doutes sur la nature des images : "Il n'y a aucune garantie par rapport aux échantillons à partir desquels les images ont été prises"."Non scientifique et subjectif"Le Dr Vähä-Koskela a en outre souligné le caractère non scientifique de l'étude italienne, affirmant que la position sceptique des auteurs sur la vaccination anti-Covid "transparaît". Un exemple de cette subjectivité est la référence aux "soi-disant 'vaccins'" et une déclaration selon laquelle les fabricants "doivent, à notre avis, être clairs sur ce que contiennent les injections et pour quelles raisons elles existent".Il a également relevé les références des trois auteurs de l'étude, qui sont des spécialistes en dentisterie, acupuncture, oxygénothérapie, oto-rhino-laryngologie et cytologie (biologie cellulaire)."Mon avis sur cet article est qu'il ne vaut rien, n'a rien de scientifique et est subjectif", a-t-il conclu.La technique de la microscopie en champ sombre contestéeLes auteurs de l'étude expliquent avoir utilisé la technique de"la microscopie en champ sombre" pour examiner le sang des échantillons prélevés. Cependant, l'utilisation de la microscopie à fond noir, aussi appelé microscope en champ sombre, de cette manière, est contestée par les scientifiques contactés par l'AFP.Cette méthode consiste à observer des échantillons sur un microscope avec un fond sombre, les zones optiquement denses apparaissant sous forme de lumière."L'analyse du sang en champ sombre est une technique de médecine alternative qui n'a jamais été documentée comme ayant une valeur en médecine", a déclaré le Dr Bailey.Selon un article paru en 2019 sur Quackwatch, la microscopie à fond noir est une méthode scientifique valable en soi, mais son utilisation pour l'analyse de cellules vivantes ne l'est pas.Quackwatch est un site spécialisé dans la vérification des "fraudes, mythes, modes, sophismes et inconduites en matière de santé".L'article de Quackwatch explique que "bien que quelques caractéristiques du sang (telles que la taille relative des globules rouges) soient observables [avec cette méthode, NDLR], analyser des cellules vivantes avec cette technique mène à une interprétation invariablement mauvaise d'autres éléments, tels que l'ampleur de l'agglutination des globules rouges, les changements de forme des cellules et d'autres éléments qui se produisent lorsque l'échantillon de sang sèche", et ajoute que la plupart des personnes qui utilisent la microscopie à fond noir de cette manière "ne sont pas qualifiés pour gérer les problèmes qu'ils prétendent diagnostiquer". Les caillots sanguins, un effet secondaire "très rare" des vaccins d'AstraZeneca et Johnson & JohnsonEn avril 2021, l'Agence européenne du médicament (AEM) a indiqué que les caillots sanguins devaient figurer sur la liste des effets secondaires "très rares" des vaccins Covid-19 d'AstraZeneca et de Johnson & Johnson (Janssen en Europe).L'AEM a reconnu "un lien possible" entre les vaccins d'AstraZeneca et Johnson & Johnson et "de très rares cas de caillots sanguins inhabituels associés à des plaquettes sanguines basses". Pour le vaccin AstraZeneca, l'agence estimait en avril 2021 le risque de tels caillots à 1/100.000.Le mois suivant, elle a déclaré qu'il n'y avait cependant "aucune indication à ce jour" permettant de suspecter un lien entre les vaccins à ARN messager de Moderna et Pfizer et les thromboses. Une thrombose est un caillot de sang qui se forme dans un vaisseau sanguin, une veine ou une artère.L'AEM et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommandent néanmoins de continuer à utiliser les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson, jugeant leurs bénéfices supérieurs à leurs risques."Aujourd'hui, aucune donnée ne constate un risque de thrombose avec les vaccins à ARN messager" et il n'existe "aucun nouveau signal" pour ces vaccins, a expliqué à l'AFP David Smadja, professeur d'hématologie à l'hôpital George Pompidou.Il expliquait déjà le 24 août dans ce précédent article de vérification que "les cas de thromboses très rares ne concernent toujours que les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson. La position de la science n'a pas changé, il n'y a rien de nouveau sur les vaccins à ARN messager mais au contraire, de très nombreuses études depuis un an et demi montrent qu'il n'y a pas le moindre signal thrombotique avec les vaccins de Pfizer et le Moderna, qui sont désormais quasiment exclusivement utilisés en France".L'infectiologue chilien Ignacio Silva soulignait également auprès de l'AFP que si les vaccins à adénovirus d'AstraZeneca et Johnson & Johnson, utilisés dans d'autres pays, peuvent présenter des effets indésirables liés à des caillots sanguins, ces cas restaient très rares."Les agences sanitaires étaient à l'époque très au fait de ce phénomène, faisant du suivi, de la pharmacovigilance, et allant jusqu'à restreindre son utilisation par mesure de très grande précaution, puisque le nombre de cas par rapport au nombre de personnes vaccinées était très faible. Heureusement, l'incidence de cet événement est très rare", a-t-il expliqué à l'AFP.Dans ce précédent article de vérification, des hématologues interrogés par l'AFP rappelaient en outre que le Covid-19 favorise les risques de thrombose veineuse cérébrale, une conséquence de la maladie souvent occultée. (fr)
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