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Des publications virales sur les réseaux sociaux depuis fin mars listent de prétendus conseils censés venir de l'Organisation mondiale de la santé pour prévenir le coronavirus et soigner l’apparition de sa maladie, le Covid-19. Ce texte compile en réalité divers posts de recommandations prétendument médicales qui ont circulé sur les réseaux sociaux, dont la majorité se sont révélés infondés ou faux. Symptômes, contagion, durée de vie du virus, dépistage… Depuis quelques semaines, de nombreuses publications prodiguent une série de recommandations contre le coronavirus.La plupart disent les tenir de l’OMS (1, 2, 3), de l’Unicef ou d’un "chercheur collaborant avec le groupe de travail qui lutte contre l'épidémie de coronavirus", d’autres affirment simplement diffuser des "conseils pour lutter contre le coronavirus" (1, 2). Une de ses publications cumule plus de 12.000 partages sur Facebook. Mais dans cette vaste liste, seuls quelques rares conseils (se laver les mains, tousser dans son coude) constituent des gestes barrière efficaces contre la propagation du coronavirus.Les autres sont sans fondement scientifique et ne sont pas recommandés, voire même démentis, par l’OMS, les autorités sanitaires nationales de nombreux pays ainsi que des scientifiques interrogés par l’AFP. CONTAGION Le virus ne résiste pas à la chaleur: INFONDÉ (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Il n’y a pour l’instant aucune preuve que le coronavirus est tué par la chaleur. "On ne sait pas, à l'heure actuelle, si le climat ou les températures ont un impact sur la diffusion du Covid-19", affirme ainsi le CDC, l’autorité sanitaire américaine sur sa notice d'informations concernant la pandémie."Les coronavirus survivent généralement moins longtemps à des températures élevées et à une humidité élevée que dans un environnement plus frais et sec. Toutefois, nous n’avons aucune donnée directe sur ce virus, ni sur un seuil de température qui l’inactiverait", souligne la CDC.A travers le monde, la communauté scientifique appelle à la plus grande prudence sur ce sujet. La température était en effet pour beaucoup d’internautes la raison pour laquelle l’Afrique était si peu touchée par le coronavirus.Mais ces dernières semaines, le continent est à son tour frappé par une vague de coronavirus, avec plus de 22.000 cas de contamination et 1.124 décès, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles au 2 avril 11H00 GMT. Dans la rubrique “en finir avec les idées reçues” de son site internet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme comme un "fait établi" que "s’exposer au soleil ou à des températures supérieures à 25 degrés N’EMPÊCHE PAS de contracter le coronavirus". ((Capture d’écran du site de l’OMS, le 17 avril 2020))Il est par ailleurs impossible d'affirmer que la chaleur printanière ou estivale "tue" un virus, expliquait l'AFP dans une vérification effectuée en février à la suite de déclarations de Donald Trump à ce proposMais les scientifiques assurent en tout cas que boire de l'eau chaude n'a aucune incidence sur le virus. "Pas de besoin de changer la température de l'eau que vous buvez. Boire de l'eau est toujours important, pas simplement pour le coronavirus", estime ainsi le professeur Brandon Brown, épidémiologiste à l'université de Californie.Trois mètres de distance permet d’éviter l’infection: TROMPEUR (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )La transmission par voie respiratoire se fait essentiellement dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse. C'est pourquoi l’OMS conseille de maintenir une distance d'au moins un mètre.Trois mètres est certes une distance protectrice mais, selon les recommandations officielles, on limite le risque d’infection à partir d’un mètre.Une gouttelette commence en effet à retomber par terre "au bout d'un à deux mètres, en moyenne, du fait de la gravité", observe Christophe Bécavin, chercheur au CNRS interviewé par l’AFP dans une dépêche datée du 16 avril. Mais les scientifiques s’interrogent aujourd’hui pour savoir si la transmission se fait uniquement par ces gouttelettes projetées directement sur le visage ou des surfaces, ou également par des particules qui resteraient en suspension par l’air (effet aérosol).Les Académies américains des sciences ont récemment fait part d'informations sur une transmission du virus par des bioaérosols. Dans une étude, des chercheurs de l'université du Nebraska ont notamment retrouvé des portions du code génétique du virus dans l'air expulsé par des malades Covid-19."Ils ont trouvé de l'ARN de virus au bout de deux heures. On ne sait pas en revanche s'il était encore infectieux. Cette question de la présence du virus dans les aérosols est primordiale, cela voudrait dire qu'il flotterait dans l'air et sortirait même par le nez; il faut attendre d'autres études scientifiques pour le savoir", souligne Christophe Bécavin. (Infographie réalisée par l'AFP)Tous les masques empêchent la contamination : TROMPEUR (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Ces chiffres sont faux. Selon un rapport publié en février 2020 par des chercheurs chinois dans The New England Journal of Medecine, le diamètre des particules du nouveau coronavirus varie entre 60 nm et 140 nm, loin des 400 à 500 nanomètres avancés par ces publications. Tous les masques ne protègent pas de la même manière. L’AFP a fait un billet de blog récapitulant les différents types de masques et leur utilité respective. Depuis le début de l'épidémie, l'OMS et de nombreux gouvernements répétent que les masques devaient être uniquement utilisés par les soignants, les malades et leur entourage proche.Mais pour les promoteurs du port généralisé du masque, ce discours était avant tout destiné à éviter que le grand public se rue sur ceux réservés aux soignants (les masques chirurgicaux et les FFP2, plus protecteurs) et aggrave une pénurie déjà existante.Les positions des gouvernements ont évolué ces dernières semaines.En France, les autorités ont ainsi infléchi leur position, en annonçant notamment avoir validé 85 prototypes de masques "alternatifs", autres que médicaux.Et alors que la Direction générale de la santé (DGS, qui dépend du ministère français de la Santé) avait affirmé à l’AFP le 17 mars que "les Français ne présentant pas de symptômes n'ont pas besoin de porter un masque", son directeur Jérôme Salomon déclarait le 3 avril: "Nous encourageons le grand public, s'il le souhaite, à porter (...) ces masques alternatifs qui sont en cours de production".Dans une allocution télévisée du 13 avril, Emmanuel Macron a également évoqué la possibilité que le port de masques puisse être "systématique" dans les transports en commun à partir du 11 mai, date envisagée comme étant celle du déconfinement en France. Cette hypothèse a été confirmée par Edouard Philippe lors d’une conférence de presse le 18 avril. Si la plupart des pays se contentent de recommander le port d’une protection sur le nez et le visage, certains l’ont rendu obligatoire dans l’espace public (République Tchèque, Luxembourg, Slovénie, Equateur, Maroc, Cameroun, Gabon, Guinée équatoriale…)De son côté, l'OMS, qui a dédié une rubrique de son site internet à ce sujet, se contente d’affirmer que "si vous êtes en bonne santé, vous ne devez utiliser un masque que si vous vous occupez d’une personne présumée infectée par le 2019‑nCoV".L’institution rappelle également qu’il n’est "efficace que s’il est associé à un lavage des mains fréquent avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon".Laver les vêtements réduit le risque d’infection: VRAI (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )La durée précise de vie du coronavirus sur les surfaces n’est pas encore établie. "On ne sait pas avec certitude combien de temps le virus responsable du COVID-19 survit sur les surfaces mais il semble qu’il se comporte comme les autres coronavirus. Les études (et les informations préliminaires sur la COVID-19) tendent à montrer que les coronavirus peuvent persister sur les surfaces quelques heures à plusieurs jours", détaille l'OMS sur son site internet.Concernant le vêtements, toutefois, Astrid Vabre, professeure de médecine en virologie au CHU de Caen, soulignait dans une précédente vérification de l’AFP que "le lavage, donc la désinfection, réduit considérablement les risques de propagation"."Un virus ne résiste pas à une température dépassant les 56 degrés, donc il meurt durant l’étape du séchage", ajoute-t-elle. En moyenne, un sèche-linge tourne entre 60 et 80 degrésUne exposition au soleil en revanche ne garantit pas d’atteindre de telles températures. SYMPTÔMES Le coronavirus se manifeste d’abord par une toux "sèche et rude": FAUX (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Cette affirmation est très réductrice. Le Covid-19, maladie causée par le nouveau coronavirus, "peut causer des congestions et écoulements nasaux et des crachats" car les "symptômes sont d'abord similaires à ceux d'un rhume classique", expliqué à l'AFP le professeur Brandon Brown, épidémiologiste à l'Université de Californie.Les symptômes "peuvent s'apparenter à ceux d'un rhume ou d'une grippe", confirment les autorités canadiennes.Selon les autorités sanitaires américaines (CDC) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les principaux symptômes demeurent la fièvre, fatigue et toux sèche.L’OMS précise également que certains patients présentent une "sensation d’essoufflement", "maux et des douleurs", "mal à la gorge" et, plus rarement "diarrhée, nausée et nez qui coule". Un autre symptôme peut également être une anosomie, perte d’odorat et de goût.Certains patients peuvent également être infectés sans le savoir: soit parce qu’ils n’ont pas encore développés des symptômes (malades présymptomatiques), soit parce qu’ils n’en présentent pas (malades asymptomatiques).La durée d'incubation varie de 1 à 14 jours et se situe le plus souvent autour de cinq jours, selon l'OMS.Le coronavirus provoque systématiquement une pneumonie: FAUX (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Tous les malades du Covid-19 ne développent pas une pneumonie. "Quatre fois sur cinq, le nouveau coronavirus provoque des symptômes ‘bénins ou modérés’", comme la fièvre, la fatigue et la toux, soulignait l’AFP dans une dépêche du 5 avril.La gêne respiratoire dégénère en syndrôme respiratoire aigu sévère dans les cas les plus graves."C'est le cas pour environ une personne sur cinq ou sur six qui nécessite une hospitalisation pour s'en sortir, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", expliquait cette dépêche, ajoutant que, toujours selon l’OMS, "une majorité des malades hospitalisés présente une pneumonie sévère avec atteinte bilatérale qui est la signature de la forme grave de la maladie". CONSEILS DE PREVENTIONSe laver les mains est essentiel : VRAI (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Un lavage régulier et soigneux des mains, avec du savon ou un gel hydro-alcoolique, est à ce jour un des gestes barrière les plus efficaces pour éliminer le coronavirus - comme le rappelle l’OMS dans ses conseils au grand public. "Se laver les mains avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon tue le virus s’il est présent sur vos mains", résume l’OMS.Des gargarismes avec des “solutions désinfectantes” élimine le virus: FAUX (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Aucune précision n’est donnée quant à la nature de ces "solutions désinfectantes".Des publications virales dans plusieurs langues, vérifiées par l’AFP, évoquent des gargarismes d’eau tiède avec de l’eau salée ou du vinaigre. Mais ni la température de l’eau, ni le sel, ni le vinaigre n’ont un effet sur le coronavirus, assurent les experts scientifiques. Les gargarismes ne figurent dans aucune des recommandations officielles de l'OMS, des autorités américaines, canadiennes ou françaises. Boire de l’eau toutes les 15 minutes pour ne pas tomber malade: FAUX (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Si l’hydratation est importante d’une manière générale pour le corps humain, il n’est pas nécessaire de boire à une telle fréquence.Comme l’AFP l’avait déjà expliqué dans de précédentes vérifications (1, 2), la consommation d’eau, quelle que soit sa température, n’a aucune influence dans le traitement ou la prévention du coronavirus. DEPISTAGE DE LA MALADIE Retenir son souffle permet de savoir si l’on est malade: FAUX (Capture d'écran Facebook datée du 20 avril )Cette affirmation a circulé dans le monde entier et dans une demi-douzaine de langues.Les informations véhiculées par cette publication n’ont aucun fondement, selon l’OMS et plusieurs autres experts contactés par l’AFP, qui a vérifié cette rumeur. L’OMS oppose un démenti catégorique à ces affirmations. (Capture d'écran du site de l'OMS datée du 20 avril)Contactée par l'AFP, la Dr Karla Ronchini, experte en maladies infectieuses basée à Rio de Janeiro (Brésil), exclut cette technique pour diagnostiquer la "fibrose" ou d'autres maladies pulmonaires. "Il n'y a rien que les gens puissent faire pour savoir s'ils sont infectés, sauf se faire tester" en laboratoire, affirme la spécialiste.
(fr)
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