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  • 2020-09-25 (xsd:date)
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  • Non, ces produits ne sont pas des vaccins anti-coronavirus interdits de distribution aux Etats-Unis, au Canada et dans l’UE (fr)
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  • Des publications sur les réseaux sociaux prétendent montrer des boîtes de "vaccins" contre le Covid-19 qui ne seraient pas autorisés aux Etats-Unis, au Canada et dans l’Union européenne, sous-entendant qu’ils sont dangereux ou en cours de test dans des pays en développement. C’est faux. Ces produits ne sont pas des vaccins mais des médicaments génériques du remdesivir, un antiviral utilisé pour traiter le coronavirus. Cette molécule est utilisée dans les pays occidentaux, où elle est commercialisée sous un autre nom.Un vaccin contre le Covid-19 interdit de distribution aux Etats-Unis, en Europe et au Canada: c’est ce que prétendent montrer des publications largement partagées ces dernières semaines sur des sites et les réseaux sociaux (1, 2, 3, 4).Des publications sur Facebook présentent ainsi deux boîtes de médicaments, sur lesquelles est écrit "Remdesivir for injection" avec la mention "Not for distribution in US, Canada or EU".L’un de ces produits s’appelle Jubi-R et l’autre Covifor. L'une de ces publications exhorte les internautes à être "vigilant" et à “refuser d'être vacciné par ça". Un autre internaute s’interroge : “Ce vaccin contre le Covid est bien indiqué à ne pas être distribué au Canada et USA et en Europe ! Quelqu’un peut m’expliquer pourquoi? La maladie est elle différente en Afrique ou en Inde ?! Mal de crâne”.S’agirait-il d’un vaccin “spécial Afrique ?”, demande également un autre.   Capture d'écran Facebook, réalisée le 18 septembre 2020 Capture d'écran Facebook, réalisée le 18 septembre 2020 Ces publications reprennent une capture d’écran d’un post en anglais, au texte encore plus accusateur.“Et vous pensez toujours qu’ils veulent du bien avec le vaccin contre le Covid-19 en Afrique ? Réveillez-vous ! Pourquoi un remède serait-il uniquement utile dans une zone spécifique ?”, peut-on lire. “Réveille toi, Afrika, ce n’est pas un remède mais un piège pour vous tuer ou vous utiliser comme des 'rats de laboratoire'", poursuit le texte.Depuis le début de la pandémie mondiale en décembre, les rumeurs au sujet d’un vaccin qui serait testé sur les populations africaines circulent régulièrement sur les réseaux sociaux en Afrique.La méfiance atteint son paroxysme après l’intervention à la télévision française, en avril, de deux médecins évoquant des tests en Afrique, relançant les publications complotistes visant notamment l'OMS et la Fondation Bill et Melinda Gates.Ce ne sont pas des vaccins, mais des génériques du remdesivir Aucun de ces deux produits n’est un vaccin.A ce jour, malgré de nombreuses recherches et essais en cours dans plusieurs pays, aucun vaccin contre le coronavirus n’a été homologué. L’OMS a indiqué en septembre ne pas s'attendre à une vaccination généralisée contre la maladie avant mi-2021.Le Jubi-R et le Covifor sont des médicaments génériques conçus avec la molécule remdesivir, un antiviral développé et breveté par le laboratoire américain Gilead Sciences.Initialement utilisé pour traiter le virus Ebola, le remdesivir est la première thérapie à avoir démontré une relative efficacité chez les patients hospitalisés pour le Covid-19 dans un essai clinique de taille significative. Cette étude réalisée sur plus de 1.000 patients hospitalisés atteints du Covid-19 a démontré que les personnes traitées par du remdesivir se rétablissaient en moyenne quatre jours plus vite que les autres malades.La Haute autorité de santé (HAS) française a toutefois rappelé dans un avis la semaine dernière qu’il reste "encore beaucoup d'incertitudes sur l'efficacité et la tolérance du remdesivir". Le remdesivir utilisé aux Etats-Unis et en Europe Contrairement à ce qu’affirment les publications, le remdesivir est utilisé dans les pays occidentaux.Après en avoir autorisé l’usage en urgence au mois de mai, les Etats-Unis ont annoncé en juillet avoir acheté 92% du stock de remdesivir produit par Gilead, soit environ 500.000 traitements sur 550.000 (chaque traitement nécessite 6,25 flacons en moyenne).Le même mois, la Commission européenne a autorisé la mise sur le marché de cet antiviral, devenant ainsi le premier médicament autorisé au niveau de l’UE pour le traitement du Covid-19.Cette décision est intervenue dans un temps record, seulement une semaine après la recommandation de l‘Agence européenne des médicaments (EMA), contre 67 jours habituellement. Le 29 juillet, la Commission a annoncé avoir passé une commande de 30.000 traitements auprès du laboratoire américain Gilead, pour un montant de 63 millions d'euros.Le Canada a également annoncé une entente avec Gilead Sciences et le distributeur McKesson Canada pour obtenir jusqu’à 150.000 flacons de remdesivir.Dans ces pays, le remdesivir est commercialisé sous le nom de Veklury. Le coût par flacon fixé par Gilead pour les pays développés est toutefois assez élevé: 390 dollars (environ 340 euros) par flacon, soit 2.340 dollars (environ 2.000 euros) pour un traitement normal de six flacons en cinq jours.Licence pour des génériques dans les pays en développement Pour les pays en développement, Gilead a accordé des licences sans royalties à neuf fabricants de médicaments génériques en Inde, au Pakistan et en Egypte, afin qu’ils puissent fabriquer et distribuer des versions génériques du remdesivir dans 127 pays.Dans cette liste figurent des pays d’Afrique (Sénégal, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Mauritanie…), d’Asie (Inde, Indonésie, Bangladesh, Birmanie…), des Caraïbes (Cuba, Bahamas, Haïti, Trinidad-et-Tobago…), du Pacifique (Fiji, Samoa, Papouasie-Nouvelle-Guinée…), d’Amérique centrale (Panama, Nicaragua…) et également d’Europe (Arménie, Géorgie, Ukraine…). "Ces pays sont presque tous des pays à revenus bas ou intermédiaires bas, ainsi que plusieurs pays à revenus intermédiaires élevés ou élevés qui font face à des difficultés d’accès au système de santé", a expliqué Gilead.Le Jubi-R et le Covifor ont été élaborés dans ce cadre par deux groupes pharmaceutiques indiens, Jubilant Generics et Hetero Healthcare.  Selon le site Les Observateurs, qui a également vérifié ces publications virales, le prix d’une boîte en Inde se situe entre 5.000 et 6.000 roupies, soit une fourchette allant de 57 à 68 euros. Une mention obligatoireContacté par l’AFP, un porte-parole de la société Hetero Healthcare a expliqué que la mention "Pas de distribution aux Etats-Unis, Canada et Europe” a été apposée “en conformité avec la clause anti-détournement mais également pour protéger le produit contre les pratiques de marché noir”. “Ce produit est uniquement destiné à une utilisation d'urgence restreinte pour traiter les patients hospitalisés présentant des symptômes graves de la maladie à coronavirus et n'est disponible que dans les pharmacies hospitalières”, a-t-il détaillé, dans un mail le 17 septembre.“C’est une obligation générale de mettre ces mentions sur le produit”, a-t-il expliqué.Ces publications sont "une campagne malveillante qui a pour but de créer une confusion inutile autour de ce médicament", a-t-il souligné. Ni Gilead, ni Jubilant Generics n'ont donné suite aux sollicitations de l’AFP.Sur son site internet, la société Jubilant rappelle que le Jubi-R est distribué dans 127 pays, conformément à l’accord avec Gilead, et que le remdesivir a été “autorisé ou approuvé” pour le traitement de cas graves de Covid-19 par plusieurs agences de réglementations en Europe, aux Etats-Unis, au Japon, en Inde… Des restrictions courantes Des recherches sur Google et Google Images permettent de constater que ces restrictions sont courantes.Sur les boîtes de Covifor, l’inscription la plus fréquente mentionne “Pour usage en Inde uniquement. Pas pour l’export”, comme on peut le voir notamment sur le site de Hetero Healthcare. Capture d’écran du site Hetero Healthcare, réalisée le 18 septembre 2020L’AFP a également retrouvé une formulation identique à celle dénoncée sur les publications virales sur une image publiée sur un site spécialisé sur l’industrie pharmaceutique pour illustrer un article sur la vente du Covifor en République dominicaine.  Capture d'écran du site diaro.salud.De, réalisée le 18 septembre 2020Les images de boîtes de Jubi-R retrouvées sur internet portent également ce type de mentions.Il y est le plus souvent mentionné “For India only”, “To use in India only. Not for export” : pour usage en Inde uniquement, pas pour l’export.  Capture d’écran du site Jubilant Generics, réalisée le 24 septembre 2020Capture d’écran du site Jubilant Generics, réalisée le 24 septembre 2020Cette mention restrictive est également visible sur les autres génériques, comme on peut le voir sur le médicament élaboré par le fabricant égyptien Eva Pharma (ci-dessous). Capture d’écran du site d’Eva Pharma, réalisée le 24 septembre 2020Ces restrictions relèvent d’une logique économique de licences et de droits de commercialisation. Elles n'ont aucun rapport avec le caractère expérimental d’un médicament. (fr)
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