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  • 2021-05-20 (xsd:date)
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  • Attention aux affirmations relayées par cette avocate sur l'origine du Sars-Cov-2 (fr)
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  • Dans une vidéo partagée plus de 8.000 fois en une semaine, l'avocate du pharmacien Jean-Bernard Fourtillan explique que cette figure des covido-sceptiques a été arrêtée pour avoir enquêté sur "les origines du Covid-19" et établi, grâce à une série de brevets, que l'Institut Pasteur a créé puis breveté le Sars-Cov-2. Mais ces documents ne prouvent rien et cette thèse, déjà vérifiée à plusieurs reprises par l'AFP, est fausse.Ces images, publiées par le compte Facebook du documentaire "Hold-Up", circulent de façon virale depuis le 11 mai sur Facebook, Twitter, Odysée ou encore le site Q-Actus. Elles sont extraites d'une prise de parole de l'avocate de Jean-Bernard Fourtillan, pharmacien de 77 ans connu pour ses positions anti-vaccins. Il est mis en examen depuis mars 2020 pour des essais cliniques qu'il est accusé d'avoir menés sans autorisation sur plus de 350 malades, notamment de Parkinson et d'Alzheimer.Le 10 mai 2021, Jean-Bernard Fourtillan, incarcéré à la maison d'arrêt de la Santé, était convoqué devant un juge d'instruction. A cette occasion, plusieurs des soutiens du pharmacien se sont réunis sur le parvis du palais de Justice de Paris et son avocate, Maître Maja Doumayrou, s'est exprimée. Capture d'écran prise sur Facebook le 20/05/21 Capture d'écran prise sur Twitter le 20/05/2021Elle a affirmé que Jean-Bernard Fourtillan aurait été arrêté pour avoir mené "un travail d'investigation concernant les origines du Covid-19", qui était "concomitant à l'affaire des patchs"."On a voulu m'éliminer car j'ai dit que le virus" responsable du Covid "a été créé par l'Institut Pasteur", avait également soutenu Jean-Bernard Fourtillan lors d'une audience au tribunal de Paris, le 20 avril. Il déclarait alors être convaincu que cette thèse, exprimée en novembre dans le documentaire "Hold-Up", était à l'origine de ses deux arrestations.L'avocate du pharmacien explique dans l'extrait viral que Jean-Bernard Fourtillan a "obtenu cinq brevets, qui sont déposés par l'Institut Pasteur dans l'Union européenne et aux Etats-Unis". Ceux-ci sont " publiés et publics", indique l'avocate, qui invite les internautes à se rendre sur un site pour les consulter. Capture d'écran prise le 19/05/21Des brevets qui ne prouvent rienLa rumeur selon laquelle le Covid-19 aurait été créé puis breveté par l'Institut Pasteur a circulé de façon virale sur les réseaux sociaux au début de la pandémie, mais a été réfutée de nombreuses fois depuis, y compris par l'AFP. Cette infox repose notamment sur le brevet EP 1 694 829 B1, déposé en 2004 par l'Institut Pasteur, que l'on retrouve listé en premier sur le site indiqué par l'avocate de Jean-Bernard Fourtillan. Mais le code génétique concerné dans ce brevet porte sur une souche du Sras (Sars-Cov), un autre coronavirus qui a touché 8.000 personnes dans 30 pays en 2002-2003 et fait plus de 700 morts, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Capture d'écran du brevet déposé par l'institut Pasteur en 2004Les deuxième et troisième brevets cités font, de la même manière, référence à des coronavirus apparus bien avant le SARS-CoV-2. Les quatrième et cinquième brevets ne font pas mention de coronavirus ou de vaccination.Le sixième brevet, déposé en 2015 par un certain Richard A. Rothschild, décrit des techniques d'analyse de données biométriques. La partie consacrée au nouveau coronavirus a été ajoutée lors d'une procédure de mise à jour de cette invention en septembre 2020. La famille juive des Rothschild, régulièrement ciblée par des rumeurs antisémites ou conspirationnistes, a par ailleurs expliqué à l'AFP n'avoir "aucun lien" avec la personne nommée dans le brevet.Enfin, le dernier brevet de la liste, déposé par Microsoft le 26 mars 2020, qui est disponible ici, ne traite pas de nanoparticules, contrairement au nom qui lui est donné sur la plateforme citée par l'avocate. Le brevet schématise un système de production de cryptomonnaie qui n'a aucun lien avec la vaccination ou le nouveau coronavirus.Breveter n'est pas créerDe plus, s'il existe bel et bien des brevets déposés sur des codes génétiques de virus, cela ne veut pas dire qu'ils ont été créés par les dépositaires de brevets, contrairement à ce que laisse entendre la vidéo. Les dépôts de brevets liés à des virus sont courants et souvent "juste des déclarations d'invention", comme l'a détaillé à l'AFP Vincent Enouf, directeur adjoint du Centre national de référence (CNR) des virus des infections respiratoires de l'Institut Pasteur."Il peut y avoir un brevet sur une technologie, sur un diagnostic, sur plein de choses", poursuivait-il en mars 2020, ajoutant qu'il s'agit d'abord de "protéger sa découverte", le temps de publier un article dans une revue scientifique par exemple."L'intérêt de breveter, c'est de protéger cette séquence pour pouvoir mettre au point des tests diagnostiques et des candidats-vaccins", a aussi expliqué Olivier Schwartz, directeur de l'unité virus et immunité à l'Institut Pasteur.L'avocate de Jean-Bernard Fourtillan affirme ensuite que la pharmacien a fait "un travail d'investigation financière exceptionnel" en montrant "comment ce virus brevet Covid-19  permet par un circuit fermé au laboratoire pharmaceutique Sanofi, Pasteur, qui est une filiale de Sanofi, et aux fabricants des vaccins de s'enrichir", poursuit l'avocate de Jean-Bernard Fourtillan dans la vidéo virale. Mais le laboratoire français Sanofi est très en retard dans la course à la vaccination contre le Covid-19, et son produit, qui doit encore passer par une étude de phase 3, n'est toujours pas autorisé sur le marché à la date du 20 mai.L'institut Pasteur a de son côté abandonné en janvier son candidat vaccin le plus avancé et qu'il développait avec le laboratoire américain Merck, après des résultats de phase 1 jugés décevants. Un internaute condamné pour "diffamation"Sous la vidéo de l'avocate, plusieurs internautes soutiennent pourtant la thèse de Jean-Bernard Fourtillan. "Si tout ce que le Pr Fourtillan à dit était faux de A à Z, pourquoi l'institut Pasteur ne porte pas plainte", s'étonne ainsi l'un deux.  Capture d'écran prise le 17/05/21 sur TwitterMais l'Institut Pasteur a bien déposé plainte contre l'internaute qui avait lancé le premier cette infox devenue virale. Ce dernier a même été condamné pour "diffamation publique" en novembre et écopé d'une amende de 5.000 euros ainsi que de l'obligation de publier son jugement sur sa page Facebook et dans trois journaux , après une décision du tribunal correctionnel de Senlis.Le mystère de l'origine du coronavirusA début juin 2021, il n’y a pas de preuves d'une manipulation ou d’une fabrication qui aient été mises au jour et ces théories restent très improbables, soulignent régulièrement scientifiques et autorités.Pour en savoir plus sur les enjeux autour des origines du Covid, les différentes théories et les enjeux politiques, à lire "Les origines du Covid : beaucoup d'hypothèses, peu de certitudes" publié le 31 mai 2021.L’hypothèse d’un virus naturel (prélevé dans la nature par exemple) mais échappé d’un laboratoire ne peut en revanche théoriquement être exclue à 100%, comme l’ont expliqué notamment les services de renseignements américains plusieurs fois. Un rapport publié fin mars 2021 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a pas percé définitivement le mystère de l'origine du virus responsable du Covid-19. Les experts de l'OMS, missionnés du 14 janvier au 9 février 2021 en Chine, où sont apparus les premiers cas de la maladie en décembre 2019, ont estimé que l'hypothèse d'une fuite d'un laboratoire était la moins probable. Cette hypothèse a été défendue avec force par l'administration américaine sous la présidence de Donald Trump. La Chine a toujours nié cette possibilité mais le patron de l'OMS lui-même, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ensuite réclamé une nouvelle enquête sur cette hypothèse, rejoint par de nombreux pays occidentaux.Le 14 mai 2021, des scientifiques ont également appelé à examiner sérieusement la possibilité d'un accident de laboratoire dans une lettre publiée par la revue "Science".Mise à jour le 01/06/2021 avec éléments concernant l’hypothèse d’une fuite de laboratoireEDIT le 01/06/2021 avec éléments concernant l’hypothèse d’une fuite de laboratoire (fr)
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