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  • 2021-12-17 (xsd:date)
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  • Non, cette vidéo ne montre pas le ravitaillement de "terroristes" par la France au Mali (fr)
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  • Une vidéo visionnée plus de 50.000 fois depuis le 10 décembre sur Facebook prétend montrer le "ravitaillement de terroristes par la France" par hélicoptère au Mali. Certains internautes mettent également en cause la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), à laquelle participe la France. Ces images circulent dans un climat de haute tension entre Paris et Bamako, notamment au sujet de la présence militaire française dans le pays. Mais attention : cette vidéo a en réalité été tournée lors d'une opération de ravitaillement par hélicoptère dans un parc national en Centrafrique début décembre.Dans cette vidéo de trois minutes, un hélicoptère blanc se pose au milieu de la brousse. Un homme en sort des sacs, qu’il remet ensuite à d’autres personnes sur place. Certaines d'entre elles portent des vêtements de travail marron striés par de larges bandes jaunes. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 décembre 2021Cette vidéo, visionnée plus de 50.000 fois et partagée plus de 3.000 fois depuis le 10 décembre, circule principalement sur Facebook au Mali (1, 2, 3, 4…). Elle suscite de très nombreux commentaires hostiles à la France et à sa présence militaire dans le pays, à l'image de nombreuses autres rumeurs vérifiées par AFP Factuel depuis plusieurs mois (1, 2, 3…). Les relations politiques entre la France et le Mali, gouverné par des putchistes depuis 2020, n'ont cessé de se dégrader, au risque de remettre en cause la légitimité déjà fragile de la présence française. Il y a deux principaux sujets de tensions: les contacts avec la société paramilitaire russe Wagner, et le calendrier politique de la transition sous l'égide de la junte au pouvoir.Un malaise accompagné de déclarations agressives du gouvernement malien et de campagnes anti-françaises sur les réseaux sociaux, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga lui-même n'ayant pas hésité récemment à accuser la France de former des jihadistes.Ravitaillement dans un parc national centrafricainPourtant, cette vidéo n'a rien à voir avec la situation sécuritaire actuelle au Mali. Plusieurs recherches sur Facebook permettent de comprendre ce que montre réellement ce clip. En combinant plusieurs termes au gré des publications rencontrées comme "france mali terroriste" puis "munisma (sic) ravitalle terroriste", puis enfin "munisma française terroristes", on parvient à retrouver le clip publié par un compte (non certifié) au nom d'Amina Fofana - une femme politique malienne membre du Conseil national de la transition.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 décembre 2021Comme les publications que nous avons précédemment citées, le ou la propriétaire de ce compte affirme que la vidéo montre "la Munisma française [Minusma, ndlr] (...) en train de ravitailler de (...) déplacer les terroristes par hélicoptère d'un point A à un point B". Sous la publication, plusieurs internautes émettent des doutes quant à la véracité de ces affirmations. L'un d'entre eux explique que ces images montreraient en réalité des "agents de sensibilisation" employés par African Parks, une organisation non gouvernementale de conservation de la nature, "dans les aires protégées de Chinko", une immense réserve naturelle située dans l'est de la République centrafricaine. Capture d'écran d'un commentaire sur Facebook, réalisée le 16 décembre 2021Contacté par l'AFP le 16 décembre, African Parks confirme que la vidéo n'a pas été prise au Mali mais bien lors d'une "mission de ravitaillement de routine" début décembre à "Chinko, en Centrafrique, qu'[African Parks] gère conjointement avec le gouvernement centrafricain", selon une chargée de communication de l'organisation.L'hélicoptère qui atterrit dans la vidéo "transportait des équipes de sensibilisation à la transhumance et leur matériel dans le parc (...), tout en récupérant une autre équipe sur le terrain", précise-t-elle. "[Elles] mènent des missions de sensibilisation prolongées sur le terrain pour s'engager auprès des éleveurs de bétail qui traversent la région de façon saisonnière", poursuit la chargée de communication d'African Parks. Ces employés ont pour but d'échanger avec les éleveurs et de les encourager à utiliser les routes établies autour du périmètre du parc. Ils ne sont "pas armés", souligne-t-elle encore, et sont "clairement identifiés et recrutés au sein de la communauté locale afin d'assurer un échange pacifique et culturellement respectueux avec les éleveurs et de garantir la pérennité du paysage". Cette mission est par ailleurs mise en avant par la page Facebook du parc, notamment dans cette photo de 2018. Les publications virales qui relayent cette vidéo, affirmant qu'elle montre une scène de ravitaillement par des soldats français au Mali, font circuler une "fausse information", conclut-elle, qui "présente [les faits] de manière inexacte". Deux indices décelables dans la vidéo permettent également de confirmer ces éléments. Premièrement, le logo que l'on entr'aperçoit sur la porte de l'hélicoptère: un cercle vert foncé, qui pourrait être celui d'African Parks.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 décembre 2021 Capture d'écran du site d'African Parks, réalisée le 16 décembre 2021  De plus, on retrouve parmi les photos illustrant le parc de Chinko sur Facebook une image montrant le même modèle d'hélicoptère, un MBB BK117 - un "hélicoptère très courant à la fois sur le marché civil et le marché militaire", selon Oliviert Fourt, journaliste pour le site d'actualités francophone d'actualité aéronautique et spatiale Air et Cosmos, contacté par l'AFP le 16 décembre.  "Une chose est sûre", affirme-t-il, "la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) et Barkhane", la force antijihadiste française intervenant au Sahel, ne possèdent pas ce type d'hélicoptères. "Cette version du MBB BK117 ne peut pas transporter un volume important nécessaire à un ravitaillement", ajoute le spécialiste. "Par contre, il peut être utilisé par des rangers dans la gestion d’un parc par exemple." Autre indice probant: les uniformes de certains hommes apparaissant dans la vidéo. Marron, striés de larges bandes jaunes, ils ressemblent fortement aux uniformes des gardes forestiers du parc de Chinko qui posent devant l'hélicoptère sur la photo ci-dessus.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 décembre 2021Cette information a également été vérifiée par le site de vérification malien Benbere Verif et par les Observateurs de France24. Accompagnée de messages en anglais, cette vidéo a a aussi circulé au Nigeria, sur fond d'affrontements meurtriers entre éleveurs peuls et agriculteurs à propos des terres, des pâturages et de l'eau qui durent depuis des années dans le centre du pays. Elle a été utilisée par des internautes nigérians (1, 2, 3, 4, 5...) pour affirmer que l'armée de ce pays fournissait des armes à des "bandits" peuls.Déploiement de 1.000 soldats supplémentaires au sein de la MinusmaLe Mali a donné son accord pour le déploiement supplémentaire de 1.000 soldats, venus du Tchad, au sein de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), dans un contexte de réduction des forces déployées par la France. Dans une lettre parvenue le 17 décembre à l'AFP, le représentant permanent du Mali auprès des Nations unies a indiqué au Conseil de sécurité que le gouvernement avait accepté "1.000 soldats supplémentaires" du Tchad pour renforcer la Minusma.Cette annonce survient alors que la réorganisation de la présence militaire française au Mali est en cours avec la fin programmée de l'opération Barkhane. Au terme de près de neuf ans de présence au Sahel, la France a entrepris en juin de réorganiser son dispositif militaire en quittant ses trois bases les plus septentrionales au Mali (Tessalit, Kidal et Tombouctou) pour se recentrer autour de Gao et Ménaka, aux confins du Niger et du Burkina Faso. Des soldats maliens dansent après la cérémonie de passation de la base militaire de Barkhane de l'armée française à l'armée malienne, à Tombouctou, le 14 décembre 2021 ( AFP / FLORENT VERGNES)Ce plan prévoit une réduction des effectifs au Sahel, de 5.000 actuellement, à entre 2.500 et 3.000 d'ici 2023. La junte au pouvoir au Mali a indiqué le 17 décembre avoir accepté le déploiement supplémentaire de soldats tchadiens au sein de la Minusma après "la reconfiguration" des forces françaises, "afin de faire face aux menaces".Le Mali est le théâtre depuis 2012 des opérations de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'organisation Etat islamique, ainsi qu'aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d'autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d'exactions.18 décembre 2021 L'article a été actualisé avec une nouvelle photo en tête et un changement dans le background à partir du 22e paragraphe après (1) l'annonce de l'annulation de la visite d'Emmanuel Macron au Mali et (2) du déploiement de 1.000 soldats supplémentaires au sein de la Minusma. (fr)
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