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  • 2020-11-24 (xsd:date)
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  • Attention, certaines de ces photos ont été retouchées et ne montrent pas des manifestations anti-Ouattara aux Etats-Unis (fr)
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  • Des publications sur les réseaux sociaux affirment montrer des photos de manifestations organisées aux Etats-Unis contre la réélection du président ivoirien Alassane Ouattara à un troisième mandat. L’AFP n'a trouvé aucune trace de telles manifestations sur le sol américain. Il apparaît également que plusieurs d’entre elles sont des montages: il s'agit de photos prises lors de manifestations anti-Trump et antifascistes, dont les pancartes et slogans ont été modifiés."Ouattara dehors", "Non à un troisième mandat", "Alassane Ouattara n’est pas le président de la Côte d’Ivoire". Écrits en lettres capitales sur pancartes et banderoles, ces slogans auraient été brandis lors de manifestations aux Etats-Unis contre le troisième mandat controversé du président ivoirien Alassane Ouattara, selon de nombreues publications sur les réseaux sociaux. Ces publications ont été partagées plusieurs centaines de fois sur des Facebook (1, 2, 3, 4, 5, 6) et ont aussi été reprises par des sites ivoiriens (1, 2, 3, 4, 5). Selon certaines de ces publications, cette "manifestation monstre" se serait déroulée à Chicago.  Capture d’écran Facebook, réalisée le 19 novembre 2020 2.0,5.0,1.0,Faux (fr)
  • Des publications sur les réseaux sociaux affirment montrer des photos de manifestations organisées aux Etats-Unis contre la réélection du président ivoirien Alassane Ouattara à un troisième mandat. L’AFP n'a trouvé aucune trace de telles manifestations sur le sol américain. Il apparaît également que plusieurs d’entre elles sont des montages: il s'agit de photos prises lors de manifestations anti-Trump et antifascistes, dont les pancartes et slogans ont été modifiés."Ouattara dehors", "Non à un troisième mandat", "Alassane Ouattara n’est pas le président de la Côte d’Ivoire". Écrits en lettres capitales sur pancartes et banderoles, ces slogans auraient été brandis lors de manifestations aux Etats-Unis contre le troisième mandat controversé du président ivoirien Alassane Ouattara, selon de nombreues publications sur les réseaux sociaux. Ces publications ont été partagées plusieurs centaines de fois sur des Facebook (1, 2, 3, 4, 5, 6) et ont aussi été reprises par des sites ivoiriens (1, 2, 3, 4, 5). Selon certaines de ces publications, cette "manifestation monstre" se serait déroulée à Chicago.  Capture d’écran Facebook, réalisée le 19 novembre 2020Capture d’écran Facebook, réalisée le 19 novembre 2020Depuis l’annonce en août de la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat controversé (après avoir été élu en 2010 et réélu en 2015), des manifestations ont régulièrement eu lieu à l’appel de l’opposition, en Côte d’Ivoire mais aussi à l’étranger via la diaspora.L’opposition ivoirienne estime que le président n’avait pas le droit de se représenter, étant donné que la nouvelle constitution de 2016 limite à deux le nombre de mandats consécutifs. Mais sa candidature a été validée par le Conseil constitutionnel, qui a jugé que le changement de constitution avait remis à zéro le nombre de ses mandats.Après avoir récolté 94,27 % des voix lors de l’élection du 31 octobre, Alassane Ouattara a été officiellement déclaré vainqueur du scrutin le 9 novembre. L'opposition, qui avait boycotté le scrutin et appelé à la "désobéissance civile", a, elle, proclamé un "conseil national de transition", censé remplacer le président.Des manifestations ont donné lieu à des violences politiques et entre communautés. Depuis août, au moins 85 personnées ont été tuées et près de 500 blessées dans des troubles liés à l'élection.Mais les recherches menées par l’AFP n'ont pas permis de trouver trace de manifestations anti-Ouattara récemment aux Etats-Unis.Il s'avère par ailleurs que plusieurs de ces photos sont des images de manifestations contre le président américain Donald Trump aux Etats-Unis, dont les slogans ont été retouchés pour faire croire à une manifestation contre le président ivoirien.Trois photos de défilés anti-Trump assurément retouchées L’AFP a retracé intégralement trois des photos partagées par ces publications Facebook. Un de ces clichés montre une femme portant un masque "Alassane #OutNow" ("Alassane dehors maintenant"). Capture d’écran Facebook, réalisée le 19 novembre 2020En observant l’image, on distingue en haut à droite, un copyright : "Kelsey J Photos". Une recherche sur Google avec les mots-clés "Kelsey J Photos protest" (Kelsey J photos manifestation) nous conduit au site du photographe Julien Kouamé.En haut de sa page d'accueil, on retrouve le même logo que celui apposé sur la photographie ci-dessus. Capture d'écran du site Kelsey J Photos, réalisée le 20 novembre 2020Dans le menu déroulant qui liste les sites où se trouvent ses photos libres de droit, on tombe sur sa page sur le site Shutterstock, une banque d'images en ligne.On y retrouve une photo très similaire de la même femme portant un masque sur lequel il est écrit "Trump/Pence #OutNow" (carré rouge), et non "Alassane #OutNow" comme le montrent les publications que nous vérifions.  Capture d’écran de la page du photographe Julien Kouamé sur Shutterstock, réalisée le 19 novembre 2020La légende de la photo indique qu’elle a été prise le "28 août 2020, à Manchester (New Hampshire)", dans le nord-est des Etats-Unis. "Des membres de l'organisation 'Refuse Fascism' manifestent avant un meeting de Trump" dans cette ville, précise la légende. Une recherche dans la barre de recherche de Shutterstock avec les mots-clés "August 28 Manchester refuse fascism" (28 août Manchester refuse fascism) mène à la photo originale.Sur le masque noir de la manifestante, il est bien écrit "Trump/Pence #OutNow". La photo a été retouchée pour que le message mentionne plutôt Alassane Ouattara. Capture d’écran Shutterstock d’une photo créditée Kelsey J Photos, réalisée le 24 novembre 2020En parcourant la galerie d’images du photographe sur Shutterstock, nous retrouvons deux autres photos, qui prouvent donc deux autres clichés utilisés dans les publications virales ont été retouchées. La première est identique à l’une des photos montrant des manifestants brandissant des panneaux "Tyrants out now" et "Non au 3eme mandat".Selon la légende, la photo originale a été prise le 8 septembre 2020 à Boston (Massachusets), dans le nord-est des Etats-Unis. Il s’agit également d’une manifestation contre la présidence de Donald Trump organisée par le collectif "Refuse Fascism". Sur l’une des pancartes sont écrits les mots "End white supremacy" ("mettez fin à la suprématie blanche"), et pas le slogan en français "Non au 3eme mandat", comme veut le faire croire la photo virale. Capture d’écran d'une publication Facebook, réalisée le 19 novembre 2020 Capture d’écran Shutterstock d’une photo de Julien Kouamé, réalisée le 19 novembre 2020 Le second cliché qui se retrouve également dans la galerie d'images Shutterstock montre un panneau jaune fluo, accroché sur le toit d’une voiture. Sur cette photo, également prise le 8 septembre à Boston dans le cadre des manifestations du collectif "Refuse Fascism", la pancarte ne dit pas "Alassane is an evil menace" ("Alassane est une menace diabolique"), mais "Trump is an evil menace". Capture d’écran d'une publication Facebook, réalisée le 24 novembre 2020 Capture d’écran Shutterstock d’une photo de Julien Kouamé, réalisée le 24 novembre 2020    Trois autres photos très probablement détournéesD’autres images très similaires à celles que nous vérifions, sans qu’elles soient strictement identiques, figurent également dans la galerie photo de Julien Kouamé.Contacté par l'AFP, celui-ci a indiqué ne pas avoir connaissance de l'utilisation et du détournement de ces photos sur les réseaux sociaux.S'il a confirmé que les "originales (sont ses) oeuvres", il n'a pas souhaité les transmettre sans rémunération à l’AFP pour une vérification des métadonnées (informations donnant les dates et lieux d’une prise de vue), ni indiquer dans quelles circonstances, en quel lieu et à quelle date elles ont été prises.Plusieurs indices indiquent toutefois qu’elles ont très probabalement été elles aussi retouchées.Les publications virales diffusent ainsi un cliché d'un homme en t-shirt orange brandissant une pancarte sur laquelle il est écrit en français: "Alassane a tué plus de 100 morts en Côte d’Ivoire".L'une des photos estampillée "Kelsey J Photos" présente de nombreux éléments communs avec cette photo.  On reconnaît en effet le même homme portant une casquette rouge avec l’inscription blanche "Chicago" ainsi que des lunettes et un masque (cercle rouge). Le fond des deux photos est similaire: un grillage donnant sur une route (cercle bleu) et le bout d’une banderole orange avec un point d’exclamation en noir (carré rouge). L’homme tient dans sa main gauche des tracts bleus dans une pochette transparente (cercle vert).Mais la pancarte qu’il tient dans la main indique, elle, "un mort à Kenosha" (ville située dans le Wisconsin), théâtre de plusieurs nuits d'émeutes après qu'un policier y a tiré à bout portant le 23 août sur un Afro-Américain, Jacob Blake.   Capture d’écran d'une publication Facebook, réalisée le 24 novembre 2020 Capture d’écran Shutterstock d’une photo de Julien Kouamé, réalisée le 24 novembre 2020On retrouve également une autre photo très similaire à l’une figurant dans les publications sur laquelle un homme vêtu porte un écriteau "Alassane est un menteur, un criminel, un traître". Sur une photo, prise à Manchester (New Hampshire) le 28 août 2020 dans le cadre du rassemblement de "Refuse Facism" selon la légende, un homme porte le même chapeau, les mêmes lunettes, le même masque (cercle bleu) et les mêmes vêtements (cercles rouges). Sa position est légèrement différente de celle de la photo virale, mais l'endroit où les deux clichés ont été pris est identique (rectangles roses). Sur la photo originale, l’homme porte une pancarte sur laquelle est écrit "Vote him out, indict him, lock him". Là encore, aucune référence à Alassane Ouattara ou à la crise politique ivoirienne.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 24 novembre 2020 Capture d’écran Shutterstock d’une photo de Julien Kouamé, réalisée le 24 novembre 2020 Trois photos aux origines imprécises Trois photos n’ont pas pu être retracées précisément. Néanmoins, en réponse au courriel de l'AFP qui l'interrogeait sur le contexte de ces trois photographies, le photographe Julien Kouamé a assuré qu'il en était bien l'auteur.Sur deux d'entre elles figure le même copyright que celui utilisé pour ses autres photos, mais en l’absence de plus de détails de sa part, l’AFP n’a pas été en mesure de confirmer le contexte dans lequel ces photos ont été prises ou si elles ont bien été retouchées.Plusieurs indices laissent toutefois penser qu’elles l'ont été, à l’instar des photos précédemment évoquées.En observant la photo ci-dessous, nous constatons que le panneau orange barré du slogan "Ouattara Out Now !", situé à droite de l’image, comporte une petite inscription en orange sur fond noir. Capture d’écran d’une publication Facebook, réalisée le 20 novembre 2020 Capture d'écran de l'outil d'analyse InVid-WeVerify, réalisée le 20 novembre On devine les mots "fascism" et "org". En recherchant sur Google "x fascism.org" (X en remplacement du premier mot difficile à décrypter), on trouve des liens d’un site nommé refusefascism.org.Il s’agit d’une organisation qui affirme lutter, à travers "des manifestations non-violentes", contre le "régime Trump/Pence" (le président américain Donald Trump et son vice-président Mike Pence, ndlr) qui présente, selon elle, "un danger catastrophique pour l’humanité et la planète".Ce mouvement était cité dans les légendes des photos originales que nous avons retrouvées précédemment comme organisateur des manifestations de Boston (Massachusets) le 8 septembre et de Manchester (New Hampshire) le 28 août.En parcourant les photos publiées sur la page Facebook officielle de l’organisme, on remarque des pancartes et des banderoles sur le même modèle que celle visible sur la publication. Capture d’écran de la page Facebook de Refuse Fascism, réalisée le 20 novembre 2020Capture d’écran de la page Facebook de Refuse Fascism, réalisée le 20 novembre 2020L’AFP a contacté via les réseaux sociaux l’organisation Refuse Fascism, ainsi que ses antennes locales de Boston, Washington DC, Philadelphie, New York et Chicago afin de savoir si une marche avait été organisée pour dénoncer le troisième mandat d’Alassane Ouattara.Une porte-parole de Refuse Fascism Chicago a déclaré à l'AFP n'avoir "jamais organisé ou participé à des manifestations concernant la situation en Côte d'Ivoire".Les autres branches locales de Refuse Fascism n'avaient pas apporté de réponses au 24 novembre.Parmi toutes les photos publiées sur les pages Facebook et Twitter des différentes antennes locales de Refuse Fascism, aucune ne montre une manifestation, des banderoles ou des pancartes contre la réélection d’Alassane Ouattara.Comme indiqué précédemment, l’AFP n’a trouvé aucune trace d’une telle manifestation parmi les médias nationaux et locaux américains. Sur un autre cliché où l’on voit deux hommes tenir une banderole "Ivorians are against fascism" ("Les Ivoiriens sont contre le fascisme"), l'AFP a pu identifier le bâtiment à l’arrière-plan. On distingue sur la gauche du fronton les mots "Library of the City of Boston" (bibliothèque de la ville de Boston).  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 24 novembre 2020Grâce à Google Street View, cette indication permet de situer précisément où la photographie a été prise: à Copley Square, sur la pelouse en face du bâtiment principal de la bibliothèque de la ville de Boston.  Capture d'écran de Google Street View, réalisée le 20 novembre 2020En s’approchant du bâtiment sur Google Street View, on reconnaît en effet le liseret vert caractéristique sur le bord de la toiture, les mêmes mots qui s'étalent sur la façade et les mêmes lampadaires que sur la photo virale. Capture d'écran d'une photo dans une publication Facebook, réalisée le 20 novembre 2020Capture d'écran de Google Street View, réalisée le 20 novembre 2020On remarque également sur les bords extérieurs de la banderole figurant dans la photo virale le mot "solidarité" écrit en arabe, hébreu, anglais et espagnol.En cherchant sur Google une combinaison de mots-clés à partir des langues visibles sur la banderole ("Arabs against Fascism", "Spanish against Fascism"...), l'AFP a  retrouvé des éléments ressemblants sur le site d'une organisation juive, Jews for Racial and Economic Justice. Cette organisation a en effet lancé, lors de la campagne électorale de 2020 aux Etats-Unis, une opération intitulée "Jews against Fascism" avec une banderole très similaire à celle tenue par les hommes dans la photo virale. Les couleurs et l’inscription dans la partie supérieure sont toutefois différentes. Capture d'écran du site Jews for Racial and Economic Justice, réalisée le 20 novembre 2020Enfin, en combinant les mots-clés "jews against fascism" et "Boston", on trouve une photographie d'une de ces banderoles tenue lors d’un rassemblement devant la bibliothèque publique de Boston, publiée sur Facebook le 8 novembre 2020. Capture d'écran d'une photo d'une publication Facebook, réalisée le 20 novembre 2020L'AFP n'a pas trouvé la trace d'une quelconque organisation ou campagne américaine ou ivoirienne en ligne nommée "Ivorians Are Against Fascism".Le même bâtiment de la bibliothèque de Boston est également visible sur la dernière photo que nous vérifions ci-dessous, qui porte également le copyright de Julien Kouamé, laissant penser qu’elle pourrait avoir été prise lors du même événement.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 24 novembre 2020Une des jeunes femmes visibles porte une pancarte "Dissent is patriotic" ("La contestation est patriotique"), un slogan populaire chez les activistes américains. L’autre porte une pancarte, en français, disant "Ouattara dehors". L'AFP n’a pas été en mesure de trouver plus de détails sur cette photo.Mais ces derniers mois, Copley Square a été un point de rassemblement récurrent pour les manifestants anti-Trump et contre les violences policières (le 5 septembre, le 18 octobre dans le cadre d'une contre-manifestation et le 4 novembre par exemple). Enfin, l'AFP n'a pas pu retrouver une quelconque trace de la dernière photo relayée par ces publications, et n'a donc pas pu l'authentifier. (fr)
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