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  • 2022-06-21 (xsd:date)
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  • Non, un enseignant stagiaire n'a pas fait tomber une vingtaine d'élèves enceintes dans une école du Ghana (fr)
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  • Une vingtaine d'élèves enceintes d'un enseignant stagiaire dans une école dans le sud du Ghana? C'est en tout cas la rumeur que des publications font circuler sur Facebook dans plusieurs pays d'Afrique francophone, du Sénégal au Gabon. C'est faux: deux responsables éducatifs ghanéens ont confirmé à l'AFP qu'il s'agissait d'une infox, tandis que la police du pays a déclaré ne pas avoir été saisie d'une telle affaire. Le blogueur à l'origine de cette histoire s'est également excusé d'avoir propagé une fausse information. "Pendant ce temps au Ghana, un enseignant enceinte 24 élèves, la directrice de l’établissement et 4 enseignantes" pendant son stage dans un "lycée de la municipalité d'Asokore Mampong", assurent plusieurs internautes sur Facebook.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 14 juin 2022Ces publications ont été partagées plus de 400 fois depuis le 7 juin dans plusieurs pays d'Afrique francophone (1, 2, 3...). "Absolument faux"Attention cependant: cette rumeur, bien qu'elle ait été reprise par plusieurs médias africains (1, 2, 3...) est complètement fausse, selon trois sources ghanéennes contactées par l'AFP. "Cette histoire n'est pas vraie", a commenté Cassandra Twum Ampofo, porte-parole du Service de l'Education du Ghana (GES) sollicitée par l'AFP le 16 juin, en faisant suivre un communiqué publié par le GES à ce sujet."L'attention de la direction de l'éducation de la municipalité d'Asokore Mampong a été attirée par une publication affirmant qu'un enseignant stagiaire effectuant son stage dans l'une des écoles relevant de la direction de l'Education a fait tomber enceintes 24 écolières, quatre enseignantes et la directrice de l'école en question", résume ce document."La Direction de l'éducation de la municipalité d'Asokore Mampong informe le grand public que cette publication est totalement fausse", poursuit-il, affirmant que "depuis sa création, la direction de l'éducation n'a pas incité les universités à envoyer des enseignants stagiaires dans nos écoles". Par ailleurs, le GES rappelle dans ce communiqué qu'au Ghana, les enseignants stagiaires sont "principalement envoyés dans les écoles où l'on constate une pénurie d'enseignants confirmés, ce qui n'est pas le cas d'Asokore Mampong".Enfin, toutes les écoles gérées par le GES sont dirigées par des hommes à part une, note toujours ce texte. Cette dernière a à sa tête une femme âgée qui partira à la retraite en 2023 - rendant une partie des affirmations relayées par les publications Facebook matériellement impossibles. Communiqué de presse du Service de l'éducation du GhanaArticle erroné Un démenti repris par Dzunu Jonathan, président de l'Association des enseignants stagiaires du Ghana (TTAG), qui confirme à l'AFP que "cette histoire est complètement fausse" et "qu'aucun de [leurs] membres n'a commis un tel acte".Il accuse également un "prétendu journaliste ou blogueur [qui l']a par la suite appelé pour s'excuser, disant s'être trompé sur les faits" d'être à l'origine de l'infox - tout comme le GES, qui explique dans son communiqué avoir publié "en réaction" à un article intitulé "Un enseignant en stage d'enseignement féconde 24 filles, la directrice et quatre enseignantes" publié par le site Voltawebpage.com. Bien que l'article en question ne soit plus disponible sur le site de ce média, on peut retrouver sa version archivée en ligne. Capture d'écran d'un article de Voltawebpage.com, réalisée le 20 juin 2022L'article, publié le 3 juin, affirme en effet "que Voltawebpage.com confirme" cette rumeur et assure même que "le commandement de la police municipale d'Asokore Mampong aurait arrêté ledit stagiaire après qu'un rapport leur ait été transmis". Ce que la directrice des affaires publiques de la police ghanéenne Grace Ansah-Akrofi a démenti le 14 juin auprès de l'AFP: selon elle, "aucune plainte n'a été déposée jusqu'à présent concernant cette nouvelle".Voltawebpage.com a par la suite supprimé son article et s'est excusé le lendemain - 4 juin - de cette "gaffe"."La direction de Voltawebpage.com a retiré l'article en question et souhaite présenter des excuses sans réserve à la Direction de l'éducation municipale, aux enseignants et aux stagiaires ainsi qu'à tous nos chers lecteurs pour la gaffe commise", conclut cette publication après avoir reconnu son erreur et apporté des précisions quant aux vérifications effectuées."Nous espérons procéder à davantage de vérifications et de recoupements pour les futurs articles avant de les mettre sous presse", s'est finalement engagé le site.Contacté le 16 juin, le blogueur à l'origine de cet article - qui se trouve être un professeur stagiaire -, Obed Sieve, a raconté à l'AFP la genèse de cette fausse information:"J'ai été informé par un autre collègue enseignant stagiaire de la région qu'un professeur particulier aurait couché avec des élèves et certaines enseignantes. Pour être honnête, il s'agit de rumeurs qui circulent depuis longtemps. Pour y mettre un terme, j'ai décidé de faire un reportage et j'ai estimé que cet enseignant avait peut-être couché avec 24 élèves", a-t-il tenté de se justifier. Tout en avouant ne pas avoir "croisé les sources de manière vérifier cette histoire" car il n'avait "pas les ressources pour le faire en [se] rendant dans cette région". Il a enfin renouvelé ces excuses: "Je suis vraiment désolé. J'ai supprimé l'article du blog lorsque les réactions ont commencé et que j'ai vu la déclaration du Ghana Education Service expliquant que ce n'était pas vrai. J'espérais seulement sensibiliser les gens aux allégations de professeurs couchant avec leurs élèves". Et d'ajouter qu'il avait "appris [sa] leçon" et ne souhaitait plus "continuer à tenir son blog après cet incident". Malgré ce mea culpa, Dzunu Jonathan, le président du TTAG, a confié à l'AFP que cette histoire "avait énormément coûté" aux enseignants stagiaires ghanéens car elle a "terni [leur] image" et les a "ridiculisés". L'association qu'il préside prendra la décision de poursuivre ou non l'auteur de ces propos "dans les prochaines semaines".Grossesses adolescentes au GhanaEntre 2016 et 2020, 555.575 grossesses adolescentes ont été recensées au Ghana, selon les chiffres du ministère de la Santé cité par ce rapport de 2022 de l'organisation pour l'éducation Africa Education Watch, dont 109.865 en 2020 uniquement. Malgré une réduction du nombre de grossesses adolescentes depuis 2016 dans le pays selon les données des services de santé publiées dans plusieurs médias locaux (1, 2), en 2020, près de 30% des décrochages scolaires recensés  étaient liés à ces grossesses selon Africa Education Watch. Depuis 2018, le gouvernement ghanéen a mis en place en partenariat notamment avec l'Unicef une politique de réinsertion pour les jeunes filles enceintes et les mères scolarisées. En 2021 est venue s'ajouter à cette effort la campagne "Back to school" (BTS) dans le cadre du plan d'action du gouvernement face à la pandémie de Covid-19 dans le domaine de l'éducation. "Cependant," note Africa Education Watch dans ce même rapport, "des obstacles tels que le manque de personnel, l'inadéquation du financement et de sa durabilité, l'absence d'un cadre politique pour le soutien matériel, le déficit  d'infrastructures et le manque de synergie dans les approches des différentes parties prenantes (...) continuent d'entraver l'efficacité de la campagne [BTS]." (fr)
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