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Une publication partagée des centaines de fois sur Facebook depuis le 20 février affirme que l'Italie et l'Autriche ont levé l'obligation de porter un masque après la parution d'une étude allemande prouvant ses effets négatifs sur les enfants. C'est faux : le port du masque est encore obligatoire dans ces deux pays, y compris à l'école. Par ailleurs, l'étude allemande citée est une pré-publication dont il est impossible de tirer des conclusions scientifiques définitives."L'Italie et l'Autriche viennent de lever l'obligation des masques, des études prouvant non seulement leur inefficacité, mais surtout leur toxicité", peut-on lire dans la publication. (capture d'écran réalisée sur Facebook le 22 février 2021)La publication relaye également un lien vers ce qui est présenté comme une "étude allemande" listant les impacts négatifs du port du masque chez les enfants ainsi qu'un article de La Provence sur des cas d'endormissement dans une école du Vaucluse.Le port du masque bien obligatoire dans les deux paysLe port du masque est obligatoire partout en Italie, à l'exception du domicile, depuis le 8 octobre 2020, comme nous l'écrivions dans cette dépêche.Cette disposition est toujours en cours, prolongée régulièrement par des décrets du gouvernement italien.Comme le note actuellement le ministère de la Santé italien sur son site, "il est toujours recommandé d'avoir un masque sur soi".L'Autriche, qui avait imposée le port du masque en tissu dans l'espace public dès le 30 mars 2020, a de son côté renforcé ses restrictions le 25 janvier avec l'obligation de porter des masques FFP2, jugés plus protecteurs. Le masque FFP2 est obligatoire dans l'espace public en Autriche depuis le 25 janvier (AFP / Alex Halada)Les enfants italiens à compter de l'âge de 6 ans, comme les enfants autrichiens et français, sont obligés de porter un masque à l'école.L'OMS recommande le port du masque dans les écoles, affirmant le 20 janvier que les enfants de 12 ans et plus "devraient porter un masque au même titre que les adultes" tandis que les enseignants et le personnel scolaire "devraient porter un masque quant il ne peuvent pas être assurés de se trouver à au moins 1 mètre de distance dans les zones à fort taux de transmission".Une "étude allemande" sans valeur scientifiqueL'étude allemande utilisée dans la publication, listant de supposés effets négatifs du masque sur les enfants, a déjà fait l'objet d'un article de vérification de l'AFP le 9 février 2021.Présentés comme une "étude" sur le post Facebook, ces travaux universitaires sont en réalité au stade de la "pré-publication" : ils n'ont pas fait pas l'objet d'un examen par des pairs – étape essentielle de validation dans le monde scientifique – et ne sauraient dès lors être "considérés comme conclusifs", comme l'indique un avertissement en haut de la première page. (Capture d'écran du site researchsquare.com prise le 09 / 02 / 2021)C'est en se fondant sur les réponses à un questionnaire qu'ils ont établi et mis en ligne pendant six jours que cinq chercheurs de l'université Witten/Herdecke ont listé une série de 24 troubles relevés –sur la foi de simples déclarations – par des parents sur leurs enfants. Globalement, les résultats recueillis auprès de 17.854 parents sont à peu près fidèlement retranscrits par le post FacebookMais le post Facebook ne fait aucune mention des biais relevés par les chercheurs eux-mêmes, qui observent notamment que le questionnaire a été notamment relayé dans des forums "qui critiquent par principe les mesures de protection anti-corona prises par le gouvernement", au risque d'influer sur les réponses. (Capture d'écran du site researchsquare.com prise le 09 / 02 / 2021)"Il est très important pour nous que nos résultats ne conduisent pas les parents à développer une opinion fondamentalement négative sur le port du masque chez les enfants", soulignent les chercheurs, qui admettent que les enfants souffrant du port du masque demeurent un phénomène "relativement limité et non-représentatif".Le port obligatoire du masque à l'école n'a pas été appliqué assez longtemps en évaluer l'éventuel impact sanitaire, a affirmé le 8 février à l'AFP le Pr Romain Basmaci, urgentiste en pédiatrie à l'Hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine) et secrétaire général de la Société française de pédiatrie (SFP)."Les données ne sont pas assez solides pour pouvoir trancher", précise-t-il, tout en assurant ne pas avoir eu, à ce stade, de remontées d'informations significatives sur des effets sanitaires liés au port du masque."Autant on a vu (pendant les confinements, ndlr) une augmentation des signalements, des maltraitances, des troubles psychiatriques etc., autant on n'a pas vu augmenter des consultations pour des problèmes liés au masque", ajoute-il, indiquant toutefois que "ça ne veut pas dire que ça existe ou que ça n'existe pas".Selon une foire aux questions actualisée le 18 août 2020, l'équivalent américain de la SFP, l'American Academy of Pediatrics, se montre plus affirmatif : le port du masque n'altérerait pas la capacité des enfants "à se concentrer ou à apprendre à l'école" et n'affecterait pas leur développement pulmonaire ou leur système immunitaire.Enquête en cours dans le VaucluseLe troisième élément de la publication, une coupure de presse du journal La Provence, relate des cas de fatigue et d'endormissements début février chez des élèves de l'école Jean Moulin, dans la ville de Pernes-les-Fontaines (Vaucluse).La presse locale a largement couvert ces événements - France Bleu Vaucluse, France 3, La Provence - sans y faire, à ce stade, un quelconque lien avec le port du masque.Dans un communiqué du 11 février, diffusé sur Facebook, la préfecture du Vaucluse a annoncé le lancement d'"investigations approfondies", pilotées par Santé Publique France, pour déterminer les causes encore inconnues de ce phénomène.Point de situation sur l’école primaire Jean Moulin à Pernes-les-Fontaines : maintien de la suspension de l’accueil des... Publiée par Préfet de Vaucluse sur Jeudi 11 février 2021L'école est fermée actuellement."Un point de situation sera réalisé au cours de la semaine du 1er mars afin d’envisager les modalités de reprise de l’accueil des élèves dans de bonnes conditions", note la préfecture dans son communiqué.
(fr)
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