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"Il n'y a pas d'épidémie en France selon le réseau Sentinelles", assurent les auteurs de publications partagées plus d'un millier de fois sur Facebook en 48 heures. Pour appuyer leur affirmation, une carte prise sur le site du réseau de médecins chapeauté par l'Inserm et Sorbonne-Universités. Si cette carte est bien réelle, l'affirmation reste fausse, car Sentinelles ne fait remonter que des cas de Covid-19 vus en consultation de médecine générale et pas ceux repérés dans les centres pour personnes âgées ou les hôpitaux par exemple. Capture d'écran Facebook, prise le 13 août 2021"Qui ment ? les 1.300 médecins du réseau ou Olivier Véran ? Le taux d'incidence COV(ID) Sentinelles actuel est de 19 (sur 180) ! On est repassé sous le seuil d'alerte depuis...avril 2020!", peut-on lire sur la légende accompagnant la carte et une photo du ministre de la Santé. Problème: le réseau de médecins Sentinelles n'a pas pour objectif de faire remonter à Santé Publique France tous les cas de Covid-19 détectés. Il ne fait remonter que des cas détectés par des médecins généralistes. Il ne couvre donc pas du tout la totalité des cas, et le taux d'incidence présenté sur la carte ne peut donc pas être comparé à celui donné par les autorités sanitaires au niveau national."Ne sont pris en compte dans la surveillance Sentinelles de la COVID19 que les cas qui consultent un médecin généraliste Sentinelles pour une infection respiratoire aigüe et pour lesquels un résultat d'un test diagnostic positif (antigénique ou RT-PCR) nous a été communiqué. Sur ce principe, les données que nous publions ne concernent donc qu'une partie des cas de COVID-19 recensés en France métropolitaine", confirme le Réseau Sentinelles, contacté par l'AFP le 13 août 2021. Ainsi si un patient a été testé positif au Covid à l'hôpital par exemple, mais qu'il n'a pas été vu par un médecin généraliste, il ne figurera pas dans les remontées du réseau Sentinelles "d'autres sources de données permettent de compléter et d'élargir la surveillance de la COVID-19, comme les données hospitalières ou celles des laboratoires de ville", précise le réseau Sentinelles. Par ailleurs, le réseau n'a pas pour unique objectif de surveiller la pandémie de Covid. Il recense les cas de diverses infections respiratoires aigües (IRA) repérés par des médecins généralistes. Ces IRA sont "définies par l'apparition brutale de fièvre ou de sensation de fièvre et de signes respiratoires", poursuit Sentinelles. Les cas déclarés peuvent donc comprendre des cas de COVID-19, mais aussi de grippe ou d'autres autres virus respiratoires. C'est donc le taux d'incidence pour toutes ces infections respiratoires aigües qui est représenté sur la carte qui nous intéresse, pour la semaine du 26 juillet au 1er août. Le dernier point du réseau Sentinelles, pour la semaine du 2 au 8 août 2021, fait état de 75 cas d'IRA pour 100 000 habitants. "Ce taux d'incidence est bien en augmentation depuis la semaine 25 de l'année en cours et l'augmentation de l'activité est plus marquée depuis la semaine 28", détaille le réseau Sentinelles. Encore une fois, celui-ci est estimé à partir de remontées de cas de grippes, de virus respiratoires, de Covid-19, mais pas à partir de tous les cas recensés en France. Le réseau Sentinelles s'insère dans un dispositif plus large de surveillance de l'épidémie coordonné par Santé publique France. Sa "force (...) c'est la stabilité dans le temps et la notion [qu'il donne] des tendances", expliquait en février dernier à l'AFP Thomas Hanslik, responsable du réseau. "Dans l'absolu, on n'a pas la prétention d'être représentatif comme pourrait l'être un sondage". Au 1er janvier 2018, le réseau Sentinelles revendiquait sur son site 1.314 médecins généralistes libéraux (2,1% des médecins généralistes libéraux en France métropolitaine) et 116 pédiatres libéraux (4,3 % des pédiatres libéraux en France métropolitaine), tous volontaires. Dans la pyramide du système de surveillance coordonné par Santé publique France, le réseau Sentinelles est un des relais parmi d'autres de l'information venant du terrain. Capture d'écran faite le 16/02/2021 du point épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique FranceL'épidémie de Covid-19, poussée par le variant Delta plus contagieux, a continué de progresser en France mais globalement un peu moins vite que les semaines passées, a par ailleurs indiqué le 13 août Santé publique France, lors de son point hebdomadaire. Sur la semaine du 3 au 10 août, le taux d'incidence s'est établi au niveau national à 236 pour 100.000 habitants, soit une augmentation (+4%) plus modérée que les semaines précédentes. Le ralentissement global reste géographiquement très hétérogène, insiste Santé Publique France, avec une situation préoccupante aux Antilles françaises, notamment en Guadeloupe qui enregistre des taux d'incidence record (1.893 cas pour 100.000 habitants). L'AFP avait déjà consacré un article de vérification portant sur des affirmations semblables en février dernier.
(fr)
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