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La dame en photo serait, selon la légende de la publication Facebook, "une veuve très riche", en quête d'"un bon ami". Le message avec cette image a été partagé plus de 11.000 fois sur ce réseau social depuis début juillet. Attention: il s’agit d'une tentative d'arnaque. Cette photo a été détournée; elle montre en réalité une Britannique qui traque les arnaqueurs pullulant sur les sites de rencontres en ligne et cherchent à escroquer les femmes esseulées."Je n'ai aucun enfant. Je suis juste veuve mais très riche. Je n'ai besoin que d'un bon ami de ce groupe", lit-on sur la publication mise en ligne le 2 juillet 2022. "Je promets de vous traiter comme mon propre enfant .... je suis en ligne maintenant", énonce ce message associé à l'image d'une septuagénaire souriante, assise sur un fauteuil, un ordinateur portable sur les genoux. "Salut, je suis intéressé", écrit un internaute. "Bonjour Madame! Au plaisir de vous connaitre! Impatient de vous écrire", réagit un autre. "Mama je suis célibataire, je t’aime moi, Namour", commente un autre encore. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 15 juillet 2022Cette publication redirige vers un numéro sur WhatsApp. Une recherche sur Facebook permet de retrouver plusieurs autres publications toutes aussi virales avec le même message, cette fois associé à l'image d’autres femmes âgées (1, 2, 3...). En procédant à une recherche de la photo associée à la première publication sur le moteur de recherches Yandex, on la retrouve dans des articles en anglais (1, 2) publiés en 2020. Selon un article du quotidien britannique Daily Mail, la femme prise en photo s'appelle en réalité Suzanne Parker. Âgée de 71 ans à l'époque de cette interview, elle racontait sa traque des hommes qui escroquent les femmes âgées et célibataires sur les sites de rencontres en ligne - et comment elle avait elle-même été victime de ce type d'arnaques. La photo utilisée par les publications que nous vérifions a été prise par Jake McPherson pour South West News Service (SWNS), une agence de presse britannique.L'AFP a pu retrouver une interview que Suzanne Parker a accordée à SWNS, mise en ligne le 4 mars 2020 sur leur chaîne Youtube, où elle porte exactement la même tenue que celle visible dans l'image virale - une robe léopard accompagnée de boucles d'oreilles en forme de longues spirales métalliques. Capture d'écran d'une photo prise sur Facebook, réalisée le 15 juillet 2022 Capture d'écran d'une vidéo YouTube, réalisée le 15 juillet 2022 Dans cette vidéo, Suzanne Parker explique comment elle parvient à démasquer les escrocs se faisant passer pour des veufs éplorés, sans enfant et en quête d'amour. Elle constate que les arnaqueurs se dévoilent généralement lorsqu'elle leur demande des preuves par appels vidéos, comme avec cet homme qui disait participer à une conférence sur l’immobilier dans un hôtel dont il n’a pas finalement jamais pu donner le nom. Elle disait en mars 2020 avoir dénoncé "douze potentiels escrocs" et fait suspendre 72 profils sur un site de rencontres où elle s'était inscrite cinq mois auparavant. Dans une autre interview accordée à l'émission matinale de la chaîne de télévision britannique ITV, Suzanne Parker raconte s'être inscrite sur des sites de rencontre après la mort de son mari en 2003. Au fil des années, elle est devenue une "chasseuse d'escrocs" qui, dit-elle, se présentent très souvent comme "conseillers financiers", "chirurgiens orthopédiques" ou encore "entrepreneurs en bâtiment". "Ils ont souvent une belle photo de profil, parfois avec un animal de compagnie", note-t-elle dans cet entretien. "Ils essayent d'avoir votre contact Whatsapp ou votre adresse email pour vous arnaquer rapidement, et disent souvent 'je t'aime' très vite", analyse-t-elle encore, de manière à tirer profit le plus vite possible de la solitude de leur victime.L'AFP a tenté par plusieurs moyens de joindre Suzanne Parker, sans succès.Par ailleurs, aucune "Fondation Powell pour les moins privilégiés", du nom de la page Facebook qui utilise la photo de Suzanne Parker et dont nous vérifions la publication, ne semble exister ailleurs sur Internet selon les recherches de l'AFP.Cette page Facebook a été créée le 2 juillet 2022 et ne compte que quatre publications: deux avec la photo de Suzanne Parker et deux autres avec le portrait d'une autre femme, avec exactement la même légende.
(fr)
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