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Selon une publication partagée plus de 10.000 fois sur Facebook depuis novembre 2018 et toujours virale en mars 2022, boire une infusion d’aubergines sauvages guérirait "les kystes, les myomes, et déboucherait les trompes". Mais des experts contactés par l’AFP alertent sur le risque de cette soi-disant recette et préviennent que ces maladies, notamment les kystes et les myomes, doivent être traitées "au cas par cas". "Prendre 5 à 10 fruits et faire bouillir dans 1,5 litre d'eau pendant 10 minutes. Fermenter pendant 3 jours. Se purger une seule fois": telle est la recette miracle proposée par l'auteur d'une publication virale. Trois images montrant des aubergines vertes accompagnent le texte. Cette préparation permettrait de guérir les kystes, les myomes (des tumeurs bénignes) et aussi de "se débarrasser du gros ventre". Le même message, particulièrement viral au Cameroun, est repris dans d’autres publications (1) et des sites d’informations en ligne (1,2). Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 mars 2022Cette publication a suscité des centaines de commentaires, principalement, sans surprise vu le sujet, de la part de femmes. Plusieurs, parmi elles, disent avoir essayé cette recette "malgré la douleur" provoquée et d’autres promettent de la tenter.Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) intitulé "Relever le défi de la santé de la femme en Afrique", les myomes utérins "font partie des problèmes gynécologiques et obstétriques prévalent" sur le continent. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 16 mars 2022Cependant, Xavier Aubriot, chercheur en biodiversité et évolution des plantes, prévient qu’aucune des espèces d’aubergines présentées en photos dans la publication n’est "sauvage". "Toutes les plantes présentées sur la publication sont cultivées", explique-t-il. Il reconnait "l'aubergine asiatique, verte et ronde, l'aubergine pois et l’aubergine africaine". Capture d’un fichier PDF envoyé à l’AFP le 9 mars 2022 par M. Aubriot.M. Aubriot, qui enseigne la botanique à l’université Paris-Sud, en France, constate que "toutes ces espèces ont de multiples propriétés curatives supposées dans tous les pays où elles sont cultivées”. Il avertit néanmoins qu’il y a "très peu d'études sur la validité scientifique des utilisations des plantes dans les médecines traditionnelles, que ce soit au niveau de l'efficacité du traitement ou de leur innocuité". Une opinion que partage Danielle Hassoun, gynécologue-obstétricienne travaillant également en région parisienne. Concernant des prétendues vertus des aubergines sur les maladies gynécologiques comme les kystes ovariens et les myomes utérins, elle affirme qu’"aucune étude scientifique n’a montré quoi que ce soit de ce genre avec les aubergines.". Cela peut-il avoir un effet pour lutter contre un "gros ventre", comme le prétend la publication? "On peut imaginer que des légumes fermentés sont peut-être laxatifs", répond la médecin, sceptique.Dr Abdoulaye Diop, gynécologue-obstétricien et échographiste en service à la clinique Nest à Dakar au Sénégal, se désole, lui, de "l’imagination des gens pour proposer des méthodes de traitement gynécologiques. C’est hallucinant ! Il s’agit encore de pratiques ni fondées ni prouvées et parfois même dangereuses”, déplore-t-il avant de marteler que "non, les aubergines sauvages ne traitent aucune pathologie gynécologique". Olivier Escuder, expert en botanique travaillant par ailleurs pour la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), se dit dubitatif sur l'efficacité supposée des aubergines fermentées sur les maladies mentionnées sur la publication sur Facebook. Il explique qu'étant donné "la description donnée des effets de cette plante, je pense même qu'elle est d'emploi hautement risqué, car provoquant des diarrhées violentes qui, pour certaines personnes, pourraient avoir des conséquences très graves (déshydratation, chez les enfants en bas âge, les personnes âgées, les femmes enceintes".Comment soigner kystes, myomes et trompes bouchées ? Les spécialistes contactés par l’AFP alertent que les myomes, les kystes et autres pathologies gynécologiques se traitent "au cas par cas". En effet, "tout dépend de la nature des pathologies mais en général soit on ne fait rien soit c’est plutôt de l’ordre de la chirurgie-opération chirurgicale", souligne Dr Danielle Hasson. Ainsi, pour se "débarrasser" des kystes et myomes (fibromes), Dr Abdoulaye Diop suggère de savoir d’abord de quel type il s’agit, car il énumère deux types de kystes : "les kystes fonctionnels, qui ne nécessitent pas de traitement et les kystes organiques qui sont souvent opérés". Il énonce "8 types de fibromes: seuls 3 d'entre eux nécessitent un traitement. Le reste ne pose aucun problème”. Concernant les trompes bouchées, Dr Diop prescrit, pour s'en débarrasser, de connaître d'abord "la cause de l’obstruction (les infections dans 80% des cas). Et le débouchage se fait soit par la chirurgie soit par une radiographie appelée +HSG sélective+".Dans tous les cas, laissent entendre les médecins sollicités par l’AFP, "il faut se référer à un professionnel de la santé". Car, conclut Olivier Escuder, "il faut se méfier de toutes ces recettes lancées sur les réseaux sociaux qui prétendent soigner miraculeusement un symptôme".
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