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  • 2022-03-04 (xsd:date)
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  • Attention, ces photos ne montrent pas le nouveau missile russe surnommé "Satan 2" (fr)
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  • Une semaine après l'invasion de l'Ukraine par la Russie, plusieurs publications avec des photos de missiles circulent sur Facebook en Afrique et prétendent montrer "Satan 2", une "redoutable arme nucléaire" russe capable de "piétiner l'Ukraine". Attention: ces images ne montrent pas le missile RS-28 Sarmat surnommé "Satan 2", qui n'a pas encore été mis en service, mais deux missiles russes plus anciens. "Le plus puissant missile nucléaire de la Russie"; une "redoutable arme" qui permettrait à Moscou de "piétiner l'Ukraine"...Alors que l'armée russe occupe la plus grande centrale nucléaire ukrainienne, où des bombardements ont fait craindre une catastrophe, des internautes partagent d'impressionnantes images d'armement accompagnées de ces commentaires. Selon eux, ces photos montrent le missile russe RS-28 Sarmat surnommé "Satan 2", un tout nouveau missile développé par la Russie "qui lui donnerait la capacité de détruire des pays comme la France en quelques secondes". Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 3 mars 2022Ces images ont été partagées près de 80.000 fois sur Facebook en Côte d'Ivoire et en République démocratique du Congo depuis le 25 février, au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie (1, 2, 3, 4). Attention cependant: les images qui circulent sur Facebook ne montrent pas le tout dernier missile développé par la Russie, qui existe bel et bien mais n'a pas été encore mis en service selon l'agence russe TASS, mais des modèles plus anciens. Comme le "Satan 2" cependant, ces missiles balistiques ont été conçus pour pouvoir transporter des ogives nucléaires.RT-2PM2 TopolUne recherche d'image inversée sur le moteur de recherche Google permet de retrouver la première image, celle montrant un missile kaki de trois quart transporté par un véhicule militaire, en tête d'un article publié en février 2017 par le magazine américain The National Interest intitulé "Le 'train de la mort' des missiles nucléaires russes arrive en 2019". Capture d'écran du site du National Interest, réalisée le 3 mars 2022Selon l'article, la photo montre en réalité un missile Topol, dont le nom exact est RT-2PM2. On la retrouve sur le site de Wikimedia Commons, une médiathèque en ligne de contenus sous license libre appartenant à l'organisation qui héberge Wikipedia, mise en ligne en mars 2012 par son auteur, Vitaly V. Kuzmin. Selon le site du photographe, elle a été prise lors de la première répétition à Alabino (région de Moscou) de la parade du jour de la Victoire, la parade annuelle des troupes armées russes. Capture d'écran de Wikimedia Commons, réalisée le 3 mars 2022Les missiles russes Topol, utilisés par les forces armées depuis 1997, sont des missiles balistiques intercontinentaux à propergol solide d'une portée de 11.000 km, selon la base de données "Missile Threat" établie par le thinktank américain Center for Strategic and International Studies. Capture du site Missile Threat, réalisée le 3 mars 2022 (traduction automatique par Google Translate)R-36 "Satan"La deuxième image que nous vérifions, celle montrant un missile noir couché sur une étendue d'herbe, ne montre pas non plus le tout nouveau missile russe, mais un modèle plus ancien de "Satan". On la retrouve grâce à une recherche d'image inversée sur Tineye sur une banque d'images, Deposit Photos avec la légende "SS Rocket 18. 'Satan' au musée". On voit la même bague de guidage à l'avant (en bleu), les quatre même rectangles sur le flanc du missile (en vert), ainsi que la tuyère grise (le conduit permettant de transformer l'énergie thermique en énergie cinétique, en rouge) à l'arrière du dispositif. Capture d'écran d'une photo sur Facebook, réalisée le 4 mars 2022 Capture d'écran d'une photo sur le site Deposit Photos, réalisée le 4 mars 2022  En cherchant ces termes en anglais sur Google, on tombe alors sur le guide de voyage Lonely Planet qui évoque le Museum of Strategic Missile Forces, dans le centre de l'Ukraine. Sur Google Maps, on aperçoit le même missile que dans les publications virales, installé dans l'herbe. Capture d'écran de Google Maps, réalisée le 4 mars 2022D'autres images, photos comme vidéos, de ce missile sont disponibles sur le site d'une agence de tourisme ukrainienne.Contacté par l'AFP le 3 mars, Pavel Korsun, un agent de voyage employé par cette entreprise, a confirmé que l'image que nous vérifions a bien été prise à l'endroit où le missile est disposé. Sans pouvoir préciser quel était le modèle exact de ce missile R-36, il a également confirmé à l'AFP qu'il ne s'agissait pas du Satan 2 mais bien d'un modèle antérieur. Selon "Missile Threat", les missiles R-36 ont à ce jour été retirés du marché ou sont en voie de l'être. Capture d'écran du site Missile Threat, traduite automatiquement par Google Translate, réalisée le 4 mars 2022RS-28 "Satan 2""Satan 2" - un surnom attribué par les analystes de l'Otan, comme l'indique cette base de données tenue par un scientifique américain spécialiste du nucléaire - n'a quant à lui pas encore été mis en service, a déclaré le 28 février à l'AFP Guy Martin, le rédacteur-en-chef du site sud-africain defenceWeb spécialisé dans les domaines de la défense et de la sécurité. "Le RS-28 Sarmart/SS-X-30/Satan II ne peut pas détruire toute vie sur Terre", a poursuivi cet expert, démentant ainsi une théorie reprise par les publications virales partageant ces photos en anglais. Ce missile pourrait néanmoins réduire à néant un petit pays, ajoute-t-il, puisqu'il est capable de transporter une dizaine d'ogives nucléaires.Conçu pour la Russie par le bureau d'études Makeyev, le RS-28 est un "missile balistique intercontinental avancé (ICBM) conçu pour échapper aux défenses ennemies, les tromper ou les déborder, mais il n'est pas à l'abri des mesures prises pour éventuellement le contrer", poursuit Guy Martin. Capture d'écran du RS-28 Sarmat sur le site Missile Threat, réalisée le 1er mars 2022A date du 1er mars 2022 cependant, cette arme n'a pas encore été mise en service et devrait, selon l'agence russe d'Etat TASS, être opérationnelle vers la fin de l'année 2022.Avec environ 900.000 hommes en service actif, l'armée russe est équipée d’armes dernier cri telles que les systèmes antiaériens S-400 et les missiles de croisière Kalibr.Elle dispose aussi de fusées hypersoniques vantées comme "invincibles" par Vladimir Poutine car capables de surpasser le bouclier antimissile américain installé en Europe orientale et honni des Russes.Reconstruites après des années de sous-financement et de corruption, les forces russes n’ont plus rien à voir avec celles en haillons qui peinaient à contrer les rebelles en Tchétchénie dans les années 1990."Les efforts de modernisation au cours des dix dernières années ont été nécessaires pour la survie même de l’armée russe", soulignait pour l'AFP mi-février l’expert militaire Vassili Kachine de la Haute école d’économie de Moscou. "Il a fallu changer une grande partie de équipements, reconstruire l’armée (…) et cela a été fait en un temps record."Par ailleurs, l’AFP a déjà publié de nombreux articles de vérification sur des publications en lien avec le conflit entre la Russie et l'Ukraine (1, 2, 3...). Le point sur la guerre en UkraineL'armée russe occupe le 4 mars la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporojie (sud), la plus grande d'Europe, où des bombardements dans la nuit ont fait craindre une catastrophe.Des tirs de chars russes contre la centrale ont mis le feu à un bâtiment consacré aux formations et à un laboratoire, mais aucune fuite radioactive n'a été constatée, ont indiqué les autorités ukrainiennes.L'Ukraine dispose de quinze réacteurs dans quatre centrales et de plusieurs autres sites. Celui de Tchernobyl, lieu de la pire catastrophe nucléaire de l'histoire en 1986, est tombé aux mains des troupes russes le 24 février, premier jour de l'attaque russe contre l'Ukraine.Une explosion dans ce contexte serait "la fin de tout", "la fin de l'Europe", et conduirait à "l'évacuation" du continent, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans une vidéo publiée le 4 mars au matin. Carte du sud-est de l'Ukraine situant les villes de Kherson et de Berdiansk, sous contrôle russe, la centrale de Zaporojie, que les forces russes occupent, et la ville de Marioupol, cible de bombardements russes et de combats, ainsi que les zones de contrôle russe au 3 mars à 20h GMT ( AFP / Sophie RAMIS, Jean-Michel CORNU, Kenan AUGEARD)Par ailleurs, selon les Ukrainiens, les combats se poursuivaient le 4 mars à Tcherniguiv, au nord de Kiev où des frappes russes ont fait 33 morts la veille dans une zone résidentielle.Le 3 mars, les Russes ont pris le contrôle de Kherson, une ville de 290.000 habitants, proche de la Crimée. Quant au port stratégique de Marioupol, au sud-est, où le maire accusait ce même jour les forces russes de vouloir instaurer "un blocus", les autorités régionales indiquaient ne disposer d'"aucune communication".Plus de 1,2 million de personnes ont déjà fui le pays, selon l'ONU. Carte d'Europe des flux de réfugiés ukrainiens vers les autres pays européens, au 4 mars à 11h GMT, d'après le HCR ( AFP / Sabrina BLANCHARD, Gal ROMA, Cléa PECULIER) (fr)
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