PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2022-02-03 (xsd:date)
?:headline
  • Cette vidéo d'un bébé qui ressuscite au contact de sa mère est en réalité une pub thaïlandaise (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Une vidéo extrêmement virale en Côte d'Ivoire visionnée plus de 2,1 millions de fois depuis février 2021 prétend montrer un "miracle": un bébé mort-né ressusciterait une fois dans les bras de sa mère. L'occasion pour les internautes de s'extasier devant l'apparente magie de "l'amour maternel". Attention: cette vidéo est tirée d'une pub thaïlandaise pour une marque de soins pour bébés. Si certains nourrissons nés dans des conditions critiques peuvent être ressuscités, cela ne peut arriver dans une situation comme celle visible dans la vidéo, selon une spécialiste consultée par l'AFP.Deux parents sont penchés au-dessus d'une couveuse, où sont allongés deux bébés. L'un s'agite et tend ses bras vers sa mère, l'autre ne bouge pas. Sur un fond de musique dramatique, la mère, le visage baigné de larmes, prend délicatement l'enfant immobile et le serre contre elle. Soudain, sa main bouge imperceptiblement. Le père et la mère, jusque-là éplorés, explosent de joie, tandis que l'équipe médicale se réjouit à l'arrière-plan. Selon la page Facebook, c'est un "miracle de Dieu" survenu après la demande de la "maman [...] au docteur de lui permettre d'embrasser son bébé mort une dernière fois".  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 31 janvier 2021Sous cette vidéo visionnée plus de 2,1 millions de fois et partagée près de 40.000 fois depuis le 1er février 2021, les commentaires louant les bienfaits divins s'accumulent - aucun d'entre eux ne mentionne, a pu constater l'AFP,  qu'il s'agit là d'une vidéo promotionnelle et non d'une situation réelle. Pub thaïlandaise pour des soins pour bébésPourtant, ce clip est tiré d'une publicité thaïlandaise pour une marque de soins pour bébés. Par ailleurs, elle met en scène une situation qui n'est absolument pas plausible dans la réalité, selon une spécialiste consultée par l'AFP.D'abord, l'origine de la vidéo: une recherche d'images inversée sur le moteur de recherches Yandex permet de remonter au site roumain BoomViral, qui lui dédie un article en 2016 intitulé "DO YOU DOUBT A MOTHER’S INSTINCT? THIS TOUCHING COMMERCIAL WILL TEACH YOU A SECRET!" ("Vous doutez de l'instinct maternel? Cette pub émouvante va vous révéler un secret!"). L'article, très élogieux envers cette publicité qui selon son auteur "illustre parfaitement le pouvoir de l'instinct maternel", contient la vidéo complète de la publicité, hébergée sur YouTube.  Dans la vidéo virale que nous vérifions, la fin de la pub a été coupée: quelques mots en thaïlandais apparaissent normalement à l'écran à la fin du clip originel, "instinct maternel", puis "merveilles de la nature". S'affiche ensuite le nom d'une marque  thaïlandaise de soins pour bébés, Babi Mild.  Capture d'écran d'une vidéo YouTube, réalisée le 31 janvier 2022Par ailleurs, comme l'explique Amy Wise, docteure et maître de conférences et directrice du département d'obstétrique et de gynécologie de l'université sud-africaine de Witwatersrand à l'AFP le 2 février, si un bébé était réellement mort-né (mais potentiellement ressuscitable), "il faudrait immédiatement le réanimer avec de l'oxygène, une compression thoracique et de l'adrénaline"."La réanimation devrait avoir lieu immédiatement après la naissance du bébé", ajoute-t-elle, tandis que celui visible dans la vidéo "est manifestement né et a été déplacé dans une chambre après sa naissance", ce qui fait que bien trop de temps se serait écoulé pour pouvoir le ramener à la vie.Certains nourrissons peuvent également naître et se retrouver en apnée - c'est-à-dire arrêter de respirer pour un bref instant -, avant de recommencer à respirer après une intervention médicale. "Mais dans ce cas, l'enfant n'est pas [considéré] mort, il a juste arrêté de respirer un moment", note cette spécialiste.La vidéo, clairement mise en scène - filmée de plusieurs angles, agrémentée d'une musique dramatique visant à émouvoir les spectateurs -, induit ainsi en erreur de nombreux internautes, dont on peut lire les réactions dans les commentaires sur Facebook."Je comprends pourquoi les gens veulent croire en ce genre de choses", ajoute Amy Wise, mais un bébé aussi "pâle" et ne montrant "aucun signe de vie" que celui dans la vidéo ne peut pas revenir à la vie au simple contact de sa mère.Les mortinaissances, un fardeau mondialDans le monde, une naissance sur 72 est une mortinaissance, comme le rappelle l'Unicef. Soit une toutes les 16 secondes dans le monde, détaille encore l'Organisation mondiale de la santé.La majorité d'entre elles ont lieu en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud, et près de la moitié (42%) sont recensées sur le continent africain, selon un rapport de 2020 de l'Unicef (en anglais).  Capture d'écran d'une carte intitulée "Des différences substantielles d'une région à l'autre", issue d'un rapport de l'Unicef, réalisée le 31 janvier 2021Le risque de mortinatalité est "plus de sept fois plus élevé dans les pays à faible revenu" que dans ceux à revenu élevé, poursuit l'organisation sur son site - un écart qui s'explique en grande partie par les différences de qualité des systèmes de santé et d'accès aux soins.La plupart de ces mortinaissances pourrait en effet être évitée "grâce à des soins de qualité prodigués pendant la grossesse et au moment de la naissance". Néanmoins, souligne Amy Wise, de l'université de Witwatersrand, "il n'existe pas une solution unique à ce problème".Pour minimiser les risques pendant la grossesse, elle conseille notamment aux personnes enceintes d'essayer d'avoir une alimentation aussi "saine et équilibrée" que possible ("beaucoup de légumes, des protéines") et d'éviter toute substance dangereuse pour la santé ("pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogues d'aucune sorte").Cette spécialiste met également en garde contre le pica - un trouble du comportement alimentaire qui s'observe notamment chez les personnes enceintes -, qui se manifeste par des envies de consommer des substances non comestibles comme du sable.Une envie "dont il ne faut pas avoir honte" et qui traduit simplement une "carence en fer", rassure-t-elle: mais il faut à tout prix éviter d'y céder, car on peut ingérer par erreur des "oeufs et des vers" présents dans le sable et nocifs pour la santé. Situation aggravée par la pandémie de Covid-19Par ailleurs, la situation sanitaire mondiale inquiète les spécialistes: en mars 2021, plusieurs chercheurs tiraient déjà la sonnette d'alarme dans la revue médicale de référence The Lancet. En consultant et en synthétisant 40 études scientifiques, ces scientifiques ont conclu que "la situation des mères et des fœtus dans le monde s'est détériorée pendant la pandémie de COVID-19, avec une augmentation des décès maternels, des mortinaissances, des grossesses extra-utérines rompues et des dépressions maternelles", soulignant que "certains résultats montrent des disparités considérables entre les milieux à hauts revenus et ceux à faibles revenus".Les personnes enceintes infectées par le Covid-19 semblent en effet plus susceptibles d'être touchées par des mortinaissances, selon une étude du Center for Disease Control and Prevention américain de novembre 2021.La pandémie a également perturbé les systèmes de santé à travers le monde, ce qui risque de faire grimper la mortalité infantile dans les pays à moyen et faible revenus - comme c'est le cas au Nigeria selon une étude publiée en octobre 2021 ou en Afrique du Sud, selon des chiffres publiés par le South African Medical Research Council début 2021. (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url