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Un visuel partagé plusieurs milliers de fois sur Facebook depuis le 18 octobre affirme que "le RSA dépasse désormais le Smic". Faux, selon le service statistique du ministère des Solidarités et de la Santé et ATD Quart Monde. Interrogée par l'AFP, l'association explique que "l'écart est d'en moyenne 700 euros entre un RSA et un Smic" une fois les prestations sociales prises en compte."Faite (sic) des gosses et restez au chaud, c'est plus rentable", écrit l'auteur de la publication partagée après l'annonce du versement d'une "aide exceptionnelle" de 150 euros – et de 100 euros supplémentaires par enfant, dans la limite de 450 euros au total – aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), alors que la crise liée au Covid-19 fait basculer dans la pauvreté de nombreux ménages. Capture d'écran Facebook prise le 19/10/2020Ce visuel a été partagé le même jour sur six pages Facebook distinctes en l'espace de deux minutes (entre 8H58 et 9H00), selon l'outil de mesure d'audience CrowdTangle. Capture d'écran du site apps.crowdtangle.com prise le 19/10/2020En réalité, le RSA ne "dépasse" pas "désormais" le Smic, même en ajoutant, sur un mois donné, la prime exceptionnelle annoncée la semaine dernière par Emmanuel Macron.Fin 2020, une personne seule sans enfant et qui ne touche pas d'aides au logement peut percevoir 564,78 euros au titre du RSA. Le Smic s'élève lui à 1.219 euros net.Voici deux tableaux de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques du ministère des Solidarités et de la Santé) comparant les revenus disponibles (qui prennent en compte, entre autres, les revenus d'activités et les prestations sociales) des allocataires du RSA (à gauche) à ceux des personnes rémunérées au Smic (à droite). Capture d'écran du site drees.solidarites-sante.gouv.fr prise le 20/10/2020 Capture d'écran du site drees.solidarites-sante.gouv.fr prise le 20/10/2020 Les voici ici (pages 53 et 54), dans le panorama 2020 de la Drees sur les minima sociaux et les prestations sociales.Selon ces tableaux, une personne seule avec trois enfants rémunérée au Smic peut percevoir 2.599 euros, grâce notamment aux allocations logement et aux allocations familiales. Avec le même nombre d'enfants, une personne seule au RSA peut percevoir jusqu'à 1.837 euros par mois.Soit un différentiel de 762 euros – un montant supérieur à l'aide exceptionnelle (plafonnée à 450 euros et versée une seule fois) à destination des bénéficiaires du RSA."Quelle que soit sa situation familiale, une personne ne percevant pas de revenus d’activité a un niveau de vie inférieur à celui d’une personne travaillant au Smic", conclut la Drees (p.56)."Dans aucun cas de figure, on ne peut gagner plus. L'écart est d'en moyenne 700 euros entre un RSA et un Smic, et de 300 euros entre un RSA et un demi-Smic", abonde Jean-Christophe Sarrot, responsable du réseau Emploi de l'association ATD Quart Monde et co-auteur du livre En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, qui démonte dans un chapitre l'idée fausse selon laquelle "on peut gagner plus avec le RSA qu'avec le Smic"."Une personne seule avec trois enfants qui touche le Smic a droit à pas mal d'aides sociales, c'est cela qu'on oublie parfois. Elle a la prime d'activité, l'aide au logement, l'aide à la mutuelle éventuellement, les réductions d'impôts... Tout cela se rajoute au Smic", explique-t-il."Avec la personne au RSA, l'erreur classique qu'on fait c'est qu'au RSA on rajoute les allocations familiales alors qu'elles sont comprises dedans [le montant du RSA est déduit d'autant], alors que la personne au Smic elle touche le Smic plus la prime d'activité, plus une partie d'aide au logement aussi et d'aide à la mutuelle...", ajoute M. Sarrot, qui précise que "les frais de garde d'enfants" et les frais de transports – notamment pour les salariés utilisant un "véhicule personnel" – peuvent toutefois venir réduire l'écart de revenu disponible entre un salarié au Smic et un bénéficiaire du RSA."Le débat porte souvent sur le fait que le surplus de revenu quand on est au Smic compense ou non les dépenses supplémentaires induites par le fait de travailler (garde d’enfants, transport,…) ou la perte de certaines aides locales ou de droits connexes (transport gratuit, tarif à la cantine, CSS,…). Là, cela dépend de la situation des gens", indique de son côté la Drees.Selon les derniers chiffres officiels, la France comptait 9,3 millions de pauvres en 2018 et ils pourraient être un million supplémentaire du fait de la crise, ont avancé certaines associations, même si cette estimation n'a rien d'officiel. Quelques indices émergent toutefois : selon une étude publiée mercredi 14 octobre par l'Insee, le confinement a entraîné l'appauvrissement d'un quart des ménages, mais l'effet a été encore plus néfaste pour les familles qui comptaient déjà parmi les plus démunies.
(fr)
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