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  • 2022-04-07 (xsd:date)
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  • Cette photo ne montre pas un bombardement récent au Yémen, elle date de 2015 (fr)
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  • La photo d'une explosion qui aurait eu lieu récemment au Yémen a été partagée plusieurs milliers de fois depuis la mi-mars sur les réseaux sociaux. Mais cette image ne date pas de 2022 : elle montre une attaque aérienne survenue le 20 avril 2015.A grandes enjambées, un homme tente de fuir une explosion survenue en plein jour et qui apparaît en arrière-plan, derrière lui : cette photo d'une déflagration au Yémen a été partagée sur Facebook au moins 300 fois depuis la mi-mars. "Cette photo n’arrive pas d’Ukraine mais du Yémen, mais tout le monde s’en …", est-il écrit sur cette page Facebook, dressant un parallèle avec l'invasion russe de l'Ukraine. Capture d'écran de Twitter effectuée le 6 avril 2022La même prise de vue a été partagée plusieurs milliers de fois au total sur Facebook (1), Twitter (1, 2, 3) et  LinkedIn dans des publications désignant là aussi une attaque au Yémen, sans pour autant la dater. La photo est également virale en allemand, en grec, en roumain, en hongrois et en bulgare.Le Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, est plongé depuis 2014 dans une guerre opposant les forces progouvernementales aux rebelles Houthis qui contrôlent une grande partie du Nord, notamment la capitale Sanaa. La guerre a fait selon l'ONU 380.000 morts, dont une grande majorité en raison des conséquences indirectes des combats, comme le manque d'eau potable, la faim et la maladie, et des millions de déplacés.Une photo déjà partagée en 2015Une recherche d'image inversée effectuée par l'AFP a permis de remonter à un tweet du 20 avril 2015. La photo de cette explosion se trouve donc en ligne depuis près de sept ans - au moins.En recherchant sur Internet les traces d'une explosion en avril 2015 dans la capitale du Yémen, Sanaa, l'AFP a pu identifier un article du quotidien Le Monde publié ce même jour, le 20 avril 2015, et qui s'appuie sur des dépêches des agences Reuters et AP. De nombreux médias anglophones (1, 2, 3) ont rendu compte de cet événement. L'AFP a publié une dépêche sur l'attaque aérienne du 20 avril 2015 et écrivait : "Au moins 28 civils ont été tués lundi par de spectaculaires explosions ayant suivi deux raids de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite contre un dépôt de missiles à Sanaa, au 27e jour du conflit au Yémen. Plus de 300 personnes ont été blessées dans ces explosions décrites par des habitants comme les plus violentes dans la capitale depuis le début des frappes lancées pour empêcher des rebelles chiites et leurs alliés de contrôler l'ensemble du Yémen.""La base touchée se trouve à Fajj Attan, une colline surplombant le sud de Sanaa.", affirmait l'AFP à l'instar du Monde.En juillet 2014, les Houthis, s'estimant marginalisés, avaient lancé une offensive depuis leur fief de Saada, au nord du Yémen. Soutenus par l'Iran, les Houthis sont issus du zaïdisme, branche du chiisme qui représente plus de 30% de la population. Majoritaires dans le Nord, les zaïdites sont minoritaires à l'échelle nationale.S'alliant à des unités fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, les Houthis étaient entrés en septembre 2014 dans Sanaa et s'étaient emparés du siège du gouvernement avant de prendre la ville portuaire de Hodeida (ouest) sur la mer Rouge et de progresser vers le centre du pays.En janvier 2015, ils s'étaient emparés du palais présidentiel à Sanaa et avaient encerclé la résidence du président Abd Rabbo Mansour Hadi, qui avait fui vers Aden (sud). Le 26 mars suivant, une coalition menée par l'Arabie saoudite, avait lancé une opération aérienne pour bloquer l'avancée des rebelles, Washington fournissant un soutien logistique et de renseignement.Une photo prise à Sanaa, au YémenPour identifier l'endroit exact de la prise de vue, l'AFP s'est penchée sur plusieurs détails de l'image. Sur cette photo se trouvent un relief (cercle 1), des inscriptions en arabe (cercle 2) ainsi qu'une fenêtre arrondie (cercle 3). Eléments saillants de l'image mis en évidence par l'AFP   L'AFP a utilisé ces éléments pour rechercher sur Google Earth l'emplacement du relief et a pu localiser le lieu exact de la prise de vue. Capture d'écran de Google Earth effectuée le 15 mars 2022, paroi rocheuse identifiée par l'AFP Capture d'écran de Google Earth effectuée le 15 mars 2022, inscriptions et fenêtres identifiées par l'AFP  Sur la photo de gauche, le versant de la colline est entouré, tandis que sur la photo de droite apparaît l'endroit avec les inscriptions (cercle 2). Le cercle 3 correspond au bâtiment où se situe la fenêtre en question. Comparaison entre l'image partagée (à gauche) et la photo publiée sur Google Earth (à droite)Une photo prise à cet endroit et accessible sur Google Earth permet d'identifier le bâtiment avec la fenêtre à une intersection. Une comparaison de cette photo (à droite) avec l'image d'origine (à gauche) démontre qu'il s'agit du même lieu. Sur les deux clichés, on peut en effet distinguer la fenêtre (cercle 1), un panneau publicitaire (cercle 2) ainsi qu'un boîtier électrique (cercle 3).L'emplacement de la prise de vue est également reconnaissable sur une vue satellite. Capture d'écran de l'emplacement de la prise de vue effectuée le 15 mars sur Google EarthL'explosion vue sous un autre angleL'AFP a de plus identifié une vidéo publiée sur YouTube le 20 avril 2015 et repartagée ensuite par des médias internationaux comme Euronews et Al Jazeera pour rendre compte de l'attaque à Sanaa. Capture d'écran d'une vidéo YouTube effectuée le 15 mars dont la date a été entourée par l'AFPLa forme similaire du panache de fumée libéré lors de l'explosion ainsi que la taille de la boule de feu suggèrent qu'il s'agit de la même explosion, mais vue sous un angle différent. La fumée qui s'élève vers le ciel (entourée par le cercle 1) sur la vidéo à gauche correspond à la fumée visible sur l'image de droite partagée sur les réseaux sociaux. Cette ressemblance se retrouve aussi dans une photo de l'attaque prise par l'agence Reuters et utilisée par la BBC. Capture d'écran d'une vidéo YouTube avec deux éléments entourés par l'AFP Image partagée sur les réseaux sociaux, avec des éléments entourés par l'AFP  En décembre 2020, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU avait qualifié la guerre au Yémen de "pire crise humanitaire du monde".Depuis 2015, la coalition menée par l'Arabie saoudite a effectué plus de 24.000 frappes aériennes, selon des données recueillies par l'organisation indépendante Yemen Data Project. Des frappes qui auraient causé la mort d'environ 9 000 civils.D'après des estimations des Nations unies, le bilan humain s'élevait à 377.000 morts à la fin de l'année 2021 en raison des conséquences directes ou indirectes de la guerre.En octobre 2021, sous la pression de l'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, l'ONU a mis fin à son mandat et cessé de surveiller les éventuelles violations des droits humains par les protagonistes du conflit. En conséquence, le nombre de civils blessés ou tués par la guerre civile au Yémen a presque doublé dans les quatre mois qui ont suivi le retrait de l'ONU : 1 535 civils ont été tués ou blessés durant cette période, rapporte une ONG dans une dépêche de l'AFP de février 2022.Sur les 31,9 millions d'habitants du Yémen, 23,4 millions ont besoin d'aide humanitaire, dont 12,9 millions de manière urgente, a rapporté l'ONU en mars. Selon l'Unicef, 13 millions d'enfants sont à dénombrer parmi ces personnes dans le besoin. Le nombre de personnes nécessitant une aide alimentaire devrait atteindre 19 millions au deuxième semestre 2022, prédisent l'Unicef, l'Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture et le Programme alimentaire mondial. (fr)
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