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S'opposant au projet de loi sur le pass vaccinal, la députée Martine Wonner a estimé que vacciner les enfants contre le Covid leur ferait courir des "risques inconsidérés" en soutenant que la base de pharmacovigilance américaine ferait état de "30.500 effets secondaires, 234 situations de handicap et 54 décès" chez les mineurs vaccinés. Mais l'interprétation faite par la députée est trompeuse, car ce système recense tous les effets signalés après la vaccination, sans qu'un lien de causalité avec les injections n'ait nécessairement été établi, mettent en garde les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui gèrent la plateforme. Ils ont indiqué à l'AFP qu'à ce stade, neuf décès ont été attribués à la vaccination anti-Covid aux Etats-Unis, tous avec le vaccin Janssen, non-autorisé pour les mineurs. Fermement opposée au projet de loi du gouvernement prévoyant de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal, la députée du Bas-Rhin Martine Wonner a vivement interpellé lors de l'examen du texte, le 3 janvier, le ministre de la santé Olivier Véran.Pour appuyer son argumentaire, Martine Wonner a cité des données du Vaccine Adverse Events Reporting System (VAERS), un programme américain de surveillance des vaccins géré conjointement par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) et l'Agence sanitaire américaine (FDA)."Y a-t-il un seul bénéfice à vacciner les enfants en France ? Je ne le crois pas", dit @MartineWonner. > "C'est prendre des risques inconsidérés chez cette tranche d'âge. L'intérêt supérieur de l'enfant s'impose !"#Covid#PasseVaccinal#DirectANpic.twitter.com/mTZToMRkEJ — LCP (@LCP) January 3, 2022 Capture d'écran prise sur Twitter le 04/01/2021"On sait que depuis le 22 décembre a commencé la vaccination des plus petits. Or je suis inquiète, parce que quand on regarde les pays qui ont commencé cette vaccination bien avant la France, il y a de quoi s'inquiéter. Je vous donne quelques chiffres rapportés dans l'équivalent américain du système français ANSM, le VAERS, en date du 1er décembre, on est déjà à un mois donc les chiffres ont encore augmenté : 30.500 effets indésirables graves rapportés sur la vaccination des enfants et des adolescents, 234 situations de handicap grave post-vaccinal, et surtout, surtout 54 décès. Voilà ce qui est noté de façon très officielle, très transparente, sur le site du VAERS", a-t-elle soutenu dans l'hémicycle.Alors que la vaccination a récemment été ouverte en France et dans plusieurs pays européens aux 5-11 ans, son intervention a fait le tour des réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions. S'appuyant sur les mêmes chiffres, une députée italienne, Sara Cunial, avait déjà expliqué devant le parlement italien le 16 décembre dernier, les dangers selon elle de la vaccination anti-Covid et accusé les autorités sanitaires de dissimuler des données officielles américaines sur les effets secondaires et les décès inhérents à l'injection.Pourtant, l'utilisation faite par les deux députées des données de la base de pharmacovigilance américaine est trompeuse, car le système ne fait que recueillir des signalements envoyés par des tiers et insiste sur le fait que ses rapports seuls ne suffisent pas à établir de lien entre les effets rapportés et la vaccination contre le Covid-19.Contactés par l'AFP le 4 janvier, les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), qui gèrent la plateforme VAERS, ont fait état de neufs décès attribués à la vaccination anti-Covid aux Etats-Unis, tous avec le vaccin Janssen, non-autorisé pour les mineurs.Comment fonctionne le VAERS?Le VAERS recense des signalements effectués par des tiers qui peuvent soumettre des rapports des effets secondaires de vaccins sur le site de la plateforme. Ces données brutes peuvent ainsi "contenir des informations incomplètes, inexactes, fortuites, ou invérifiables", prévient le VAERS dans un guide d’utilisation que tout internaute doit reconnaître avoir lu et compris avant de se servir de la plateforme.La plupart des rapports sont transmis le sont de manière volontaire, "ce qui signifie qu'ils sont sujets à des biais", ajoute le VAERS. N'importe quel Américain peut ainsi soumettre un rapport établissant des effets secondaires liés à un vaccin.En Virginie, le VAERS a par exemple été utilisé pour signaler la mort d'une fillette de deux ans, moins d'une semaine après avoir reçu une dose du vaccin de Pfizer-BioNTech, l'information devenant rapidement virale sur les réseaux sociaux. Pourtant, les CDC, contactés par l'AFP avaient expliqué que le signalement était "complètement falsifié" et avait donc fini par être retiré du VAERS.Lire aussi : Aux États-Unis, les anti-vax exploitent une base de données gouvernementaleLes Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui forment la principale agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, expliquent que "les fournisseurs de vaccins sont encouragés à signaler tout problème de santé cliniquement significatif survenu après une vaccination, qu'ils pensent ou non que le vaccin en est la cause". Pour cette raison, les CDC rappellent que certains événements indésirables signalés "peuvent être causés par la vaccination et d'autres peuvent être fortuits et non liés à la vaccination" mais que "ce n'est pas parce qu'un événement indésirable s'est produit après qu'une personne a reçu un vaccin que le vaccin a causé l'événement indésirable". Les CDC concluent que "le nombre de rapports ne peut à lui seul être interprété ou utilisé pour tirer des conclusions sur l'existence, la gravité, la fréquence ou les taux de problèmes associés aux vaccins. Les données du VAERS ne représentent pas toutes les informations connues sur la sécurité d'un vaccin et doivent être interprétées dans le contexte d'autres informations scientifiques".Afin de confirmer un lien de causalité avec la vaccination anti-Covid, les CDC ont insisté auprès de l'AFP sur le fait que "les rapports doivent être examinés et vérifiés en demandant des dossiers médicaux, des rapports d'autopsie, des certificats de décès, et souvent des entretiens avec les prestataires de soins de santé", rappelant encore une fois que "les rapports de décès ne signifient PAS que le vaccin a causé le décès". Capture d'écran prise sur le site de la VAERSQu'indique le VAERS sur les effets indésirables de la vaccination pour les enfants?Dans un rapport publié le 31 décembre et portant sur le vaccin Covid-19, les CDC analysent sur les signalements reçus concernant les enfants âgés de 5 à 11 ans aux Etats-Unis, entre le 3 novembre et le 19 décembre 2021. Sur cette période, le VAERS a recensé 4.249 "rapports d'événements indésirables" ayant touché les enfants de cette classe d'âge vaccinés avec Pfizer-BioNTech. Sur ces 4.249 signalements, 97,6 % concernaient des effets non-graves et 2,4 % des effets graves. Sur la même période de temps, deux décès ont été signalés dans le VAERS et étaient, au 31 décembre, en cours d'examen. "Ces décès sont survenus chez deux filles, âgées de 5 ans et 6 ans, qui avaient toutes deux des antécédents médicaux compliqués et étaient dans une santé fragile avant la vaccination", indiquent les CDC, qui ajoutent : "aucune des données ont suggéré une association causale entre la mort et la vaccination".Au total, le VAERS avait reçu, à la date du 24 décembre, 39 rapports de décès après le vaccin contre le Covid-19 chez des personnes âgées de 5 à 17 ans, ont indiqué les CDC à l'AFP, insistant sur le fait qu'il ne s'agissait en aucun cas de "cas confirmés".Aux Etats-Unis, confrontés à une cinquième vague de Covid-19 alimentée par le variant Omicron, près de 206 millions d'Américains, soit 62% de la population, sont pleinement vaccinés contre le Covid-19 selon les CDC, et 69 millions ont reçu une dose de rappel. L'évolution du nombre de cas de Covid-19 aux Etats-Unis à la date du 4 janvier"A ce stade, les seules morts liées aux vaccins sont neuf cas de thrombose-thrombocytopénie (TTS) survenues après des vaccinations aux Janssen", a poursuivi l'agence américaine. Or, aux Etats-Unis, les mineurs ne peuvent pas être immunisés contre le Covid avec le vaccin Janssen, non-autorisé pour cette catégorie d'âge. Capture d'écran prise le 05/01/2021 sur le site des CDCL'AFP a déjà consacré plusieurs article de vérification aux déclarations de Martine Wonner (1, 2, 3). Cette psychiatre de formation, mise au ban de LREM en mai 2020 après avoir voté contre le plan de déconfinement du gouvernement pour protester contre "l’absence d’une quelconque stratégie thérapeutique", s'est imposée comme égérie de la galaxie covido-sceptique à coup de sorties controversées.Elle avait notamment déjà fait valoir devant l'Assemblée que le port du masque ne "sert strictement à rien" ou que "l'hydroxychloroquine, l'azithromycine ou l'ivermectine" seraient des traitements éprouvés contre le Covid, des déclarations lui valant une plainte du Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), selon l’agence de presse médicale APM. Un projet de loi controverséFace au "raz-de-marée" du variant Omicron du Covid-19, le projet de loi prévoit de transformer le pass sanitaire en pass vaccinal pour accéder aux activités de loisirs, aux restaurants et bars, aux foires ou aux transports publics interrégionaux. Évolution du nombre de cas détectés sur 7 jours pour 100.000 personnes depuis début 2021 ( AFP / Sylvie HUSSON, Sophie RAMIS)Le gouvernement veut encore accentuer la pression sur les près de cinq millions de Français de 12 ans et plus non-vaccinés. Pour disposer d'un schéma vaccinal complet, il faudra, à partir du 15 février, effectuer sa dose de rappel quatre mois – et non plus jusqu'à sept mois – après sa deuxième dose, sachant qu'une infection équivaut toujours à une injection.Le pass sanitaire ne sera pas nécessaire au travail mais le gouvernement propose de sanctionner d'une amende administrative les entreprises ne jouant pas le jeu du télétravail.Le projet de loi prévoit aussi l'état d'urgence sanitaire jusqu'au 31 mars à La Réunion et en Martinique. Mais l'entrée en vigueur du pass vaccinal sera reportée en outre-mer où le taux de vaccination est plus faible.
(fr)
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