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  • 2022-09-07 (xsd:date)
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  • La polygamie n'est pas obligatoire en Erythrée contrairement à ce qu'affirme cette vidéo (fr)
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  • Selon une vidéo très virale sur Facebook en Afrique de l'Ouest, la polygamie aurait été rendue légalement obligatoire en Erythrée. "Quiconque refusera de s'y conformer obtiendra un billet aller simple pour la prison centrale d'Asmara", capitale de ce pays d'Afrique de l'Est, assure l'extrait. C'est faux et cette intox circulant depuis au moins 2016 a été déjà vérifiée deux fois par l'AFP. Le ministre de l'Information érythréen a de nouveau démenti l'existence d'une telle loi ainsi qu'une quelconque intention de faire passer une telle législation. En Erythrée, "la polygamie est désormais obligatoire à partir du mois de juin tous les hommes sans exception devront épouser jusqu'à trois femmes", affirme une vidéo du média Gabon24 partagée plus de 4.000 fois sur Facebook en Afrique de l'Ouest  (1, 2, 3...) depuis le 14 juin.  Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 6 septembreUne infox récurrenteL'affirmation relayée par ces publications est complètement fausse: la polygamie n'est pas obligatoire en Erythrée. "Rien n'a changé [à ce sujet en Erythrée] et aucune loi [ne prévoit] de rendre la polygamie 'obligatoire' dans le pays", a réagi le ministre de l'Information érythréen Yemane G. Meskel contacté par l'AFP le 7 septembre, tout en se demandant "qui fait renaître cette rumeur".C'est la troisième fois que ce ministre dément cette allégation auprès de l'AFP: il s'agit en effet d'une infox qui remonte à 2016 que nous avions déjà vérifiée dans deux articles (en 2021 et en 2019). Sa première apparition sur les réseaux sociaux remonte plus précisément à janvier 2016:  selon un article de la BBC, elle avait été diffusée par le site de divertissement kényan "Crazy Monday", dans un article depuis supprimé.La rumeur avait été reprise dans la foulée par des sites au Nigeria, en Afrique du Sud, au Bénin, au Kenya, et largement commentée sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook. En parallèle, une photo retouchée d’un bus surchargé d’hommes se précipitant vers l’Erythrée était devenue virale, partagée par des internautes amusés par cette rumeur.Ces réactions, mais aussi les critiques émises à l’encontre de l'Erythrée, avaient poussé Yemane G. Meskel à s’exprimer publiquement sur le sujet dès cette époque. Dans ce tweet du 27 janvier 2016, il avait qualifié cette histoire de "ridicule, inventée et sans intérêt".Media frenzy to parrot this ludicrous, fabricated & trite story of the Mufti's presumed religious decree on mandatory polygamy is appalling — Yemane G. Meskel (@hawelti) January 27, 2016 Le site kényan Crazy Monday avait publié une correction en 2016, expliquant que son article sur la polygamie obligatoire en Érythrée était une plaisanterie.L'extrait qui recommence à circuler sur les réseaux sociaux depuis juin et que nous vérifions est quant à lui tiré d'une vidéo mise en ligne le 25 mai 2019 par la page Facebook Gabon24. Cette dernière avait été reprise quelques jours plus tard par des pages très suivies comme Mali Kanu, qui comptabilisait déjà à l'époque plus d'un million d'abonnés."Monsieur, vous devez épouser jusqu’à trois femmes ! Madame, vous devez accepter d’avoir jusqu’à trois co-épouses. Ce ne sont pas des suggestions. Votre avis ne compte pas ! Vous vous exécutez ou vous filez tout droit en prison...", entend-on à l’entame de ce reportage titré "Érythrée : la polygamie devient une obligation".Contactée via plusieurs canaux, Gabon24 n'avait pas répondu aux sollicitations de l'AFP à date du 7 septembre.On ne trouve aujourd'hui aucune trace de cette vidéo, ni sur la chaîne YouTube de Gabon24, ni sur ses divers réseaux sociaux (Facebook, Twitter ou Instagram).Néanmoins, contrairement aux commentaires figurant sous les précédentes itérations de cette infox, ceux postés par les internautes sous l'extrait que nous vérifions sont souvent négatifs: certains relèvent qu'il s'agit d'une rumeur sans fondement ("je suis érythréen. C'est pas vrai"), tandis que d'autres s'expriment contre cette pratique ("Cela se passe uniquement dans les pays où la femme n'a pas droit de regard sur sa propre vie").  Capture d'écran de commentaires sur Facebook, réalisée le 6 septembre 2022Afrique de l'Ouest: polygamie courante mais en diminutionLa polygamie, qui désigne un régime matrimonial dans lequel une personne - généralement un homme, dans la pratique - est liée au même moment à plusieurs conjoints, est principalement répandue en Afrique et au Moyen-Orient, comme le montre cette carte du think-tank Pew Research Center, établie dans le cadre d’une recherche sur la polygamie dans le monde entre 2010 et 2018.  Carte intitulée “vivre dans des ménages polygames est rare dans plusieurs endroits”. En orange, apparaissent les pays où la polygamie est la plus répandue. Capture d’écran sur le site Pew Research Center, prise le 21 janvier 2021Selon ce centre de recherche américain, le nombre de foyers polygames est supérieur à 30% dans certains pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Mali (34%) et le Burkina Faso (36%). Au niveau mondial, en revanche, le pourcentage de foyers polygames ne dépasse pas  les 1,5%.L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) note quand à elle que "la polygamie a diminué au cours des dix dernières années mais reste courante en Afrique de l’Ouest", principalement "en milieu rural", où elle est reconnue par le droit coutumier voire par la loi civile.Plusieurs pays, comme le Sénégal, la Mauritanie ou le Tchad, reconnaissent officiellement les mariages polygames, qui y ont un caractère légal. Dans d’autres pays, comme la Côte d’Ivoire, la Guinée ou le Ghana, épouser plusieurs femmes est en principe "interdit par la loi civile, mais répandu en pratique".  Capture d’écran du site de l’OCDE, réalisée le 25 janvier 2021Début 2022, lors de l'examen d'un rapport présenté par le Sénégal au titre de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, l'Organisation des Nations unies a quant à elle jugé que la polygamie constituait une discrimination pour les femmes. (fr)
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