?:reviewBody
|
-
Le Forum économique mondial (WEF) n'a pas publiquement appelé à "abattre des millions de chats et de chiens de compagnie pour lutter contre le changement climatique", contrairement à ce qu'affirme un article en anglais relayé plusieurs milliers de fois sur internet en décembre. L'AFP n'a retrouvé aucune trace d'une telle initiative, démentie également par un porte-parole du WEF. L'article erroné cite par ailleurs Bloomberg et CNN en affirmant que ces médias relaient ledit appel à tuer les animaux, mais ce n'est pas le cas."Dans cet article ils disent que le WEF veut abattre des millions de chats et de chiens de compagnie pour lutter contre le changement climatique", affirment des internautes, relayant le lien ou une capture d'écran d'un article en anglais publié par le site NewsPunch.Depuis mi-décembre, cette affirmation a été partagée plusieurs centaines de fois en français sur Facebook, Twitter et Telegram. Des publications similaires ont été relayées plusieurs milliers de fois en anglais. Certains internautes traduisent le contenu de l'article, affirmant que "le Forum économique mondial a récemment lancé une nouvelle initiative controversée", consistant à "introduire une politique internationale qui obligerait la majorité des propriétaires d'animaux de compagnie à euthanasier leurs animaux". L'image d'illustration de l'article montre Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial de Davos (en anglais World Economic Forum, WEF). Capture d'écran réalisée sur Twitter le 15/12/2022Le WEF est une organisation internationale non-gouvernementale qui accueille tous les ans à Davos, en Suisse, des rencontres entre responsables politiques, dirigeants d'entreprises et acteurs de l'économie mondiale. Klaus Schwab, son fondateur et président exécutif, est au cœur de nombreuses fausses informations, l'accusant par exemple d'avoir prédit la pandémie de Covid-19 ou de vouloir "implanter des puces" dans la population.Le WEF a relayé ces dernières années plusieurs articles ou vidéos sur l'empreinte carbone engendrée par la nourriture pour chiens et chats domestiques. Mais l'AFP n'a trouvé aucune trace d'une quelconque initiative publique ou déclaration visant à encourager les propriétaires d'animaux domestiques à les "abattre" et un porte-parole a démenti cette affirmation auprès de l'AFP. Par ailleurs, les articles cités par NewsPunch à l'appui de ses allégations n'appellent pas non plus les propriétaires à tuer leurs animaux.Le WEF n'a pas publiquement appelé à abattre des millions d'animaux de compagnieNewsPunch est le nouveau nom du site YourNewswire dont plusieurs articles ont déjà été vérifiés par l'AFP, ici ou ici par exemple."Le Forum économique mondial appelle désormais à l'abattage de millions de chats et de chiens dans le monde afin de réduire 'l'empreinte carbone' qu'ils produisent en mangeant de la viande", affirme l'article erroné, qui écrit plus loin que "cette politique a été accueillie avec indignation par les groupes de défense des droits des animaux et les propriétaires d'animaux de compagnie". D'après NewsPunch, malgré ces supposées critiques, "le WEF maintient que cette mesure est nécessaire car il estime que la réduction du nombre d'animaux de compagnie dans le monde contribuera à réduire le réchauffement climatique et d'autres problèmes environnementaux causés par la surpopulation". Une recherche sur Google ne donne pourtant aucun résultat permettant d'affirmer que le Forum économique mondial a appelé à abattre des millions de chats et chiens, ou que des groupes de défense des droits des animaux ont réagi à ladite annonce.L'article partage également une vidéo d'une chaîne intitulée The People's Voice, liée à NewsPunch, qui relaie des affirmations similaires. Sur la miniature de la vidéo, on voit la capture d'écran d'un prétendu tweet du WEF, qui aurait écrit: "Eliminer la possession d'animaux de compagnie réduira les dangereuses empreintes carbone qui contribuent au changement climatique". Une recherche sur le compte Twitter du Forum de Davos ne donne aucune occurrence de ce tweet ou d'un tweet similaire. On peut, grâce à l'outil Wayback Machine, effectuer une recherche du compte tel qu'il se présentait le jour de la publication de l'article de NewsPunch et de la vidéo de The People's Voice, le 9 décembre, ou les jours précédents (par exemple, le 8). On ne trouve aucun tweet appelant à "éliminer" les animaux de compagnie.Une recherche similaire sur le compte Facebook du WEF ne renvoie vers aucune publication appelant à "abattre" les animaux de compagnie. En octobre 2021, le WEF a publié une vidéo dédiée à l'impact positif des animaux de compagnie sur la santé mentale de leurs propriétaires pendant la pandémie. En août 2019, une autre vidéo a été diffusée sur le compte Facebook du Forum, relayant les travaux d'experts et d'entreprises pour produire de la nourriture à base d'insectes pour les animaux de compagnie, dans un souci de réduire la production de viande très polluante. Sur le site du WEF, les articles les plus récents concernant l'impact environnemental des animaux de compagnie ont été publiés en 2017, 2019 et 2020. Ils expliquent que la prise de conscience de l'impact climatique de la production de viande peut pousser certaines entreprises et les propriétaires à revoir le régime de leurs chiens et de leurs chats, en diminuant leurs portions ou en privilégiant des alternatives végétariennes à certains repas. Aucun de ces articles n'évoque l'idée "d'abattre" ces animaux.Contacté le 13 décembre 2022, un porte-parole du Forum économique mondial a confirmé à l'AFP que cette information était "fausse". "Le WEF n'a jamais fait une telle déclaration" ou pris une telle initiative, a-t-il déclaré. Des articles qui n'appellent pas à tuer les animaux et ne citent pas le WEFL'article de NewsPunch affirme aussi que le WEF a "ordonné" aux médias de "commencer à pousser le récit", citant deux articles de Bloomberg et CNN. Celui de l'agence Bloomberg, cité par un site d'extrême droite à 1'19 dans la vidéo de The People's Voice, a été publié en mars 2022. Cet article (sous paywall - l'AFP a eu accès à son entièreté) ne parle pas du changement climatique, mais de l'inflation aux Etats-Unis. L'auteur y aborde, dans un court paragraphe, le coût de la prise en charge médicale des animaux de compagnie, expliquant notamment que "les chercheurs ne recommandent pas la chimiothérapie pour animaux de compagnie - qui peut coûter jusqu'à 10 000 dollars - pour des raisons éthiques", liées à l'utilisation d'un traitement aux effets secondaires douloureux et au risque pour les animaux de passer le reste de leurs vies souffrants.Le deuxième article, publié en septembre 2022 par la chaîne américaine CNN, détaille l'empreinte carbone engendrée par la nourriture destinée aux chats et chiens, en citant une étude de 2017.CNN explique que "les animaux de compagnie ont un impact positif mesurable sur notre santé physique et notre bien-être mental" et donne des conseils pour les citoyens désireux de diminuer leur impact climatique: "En règle générale, les grands animaux de compagnie ont un impact climatique plus important que les petits, principalement parce qu'ils ont besoin de plus de nourriture. Vous pouvez donc envisager des races ou des espèces plus petites si vous cherchez à minimiser votre impact sur la planète. L'empreinte carbone d'un chihuahua sera beaucoup plus faible que celle d'un saint-bernard, par exemple". Aucun de ces deux articles ne cite le Forum économique mondial ou ne conseille aux propriétaires d'animaux de compagnie de "les abattre". "Ne paniquez pas. Faire vos adieux à vos meilleurs amis n'est pas la solution", dit d'ailleurs CNN dans son article.NewsPunch recycle en réalité un autre article, publié sur son site le 26 novembre 2022, dans lequel l'auteur assurait que "les activistes du climat appellent désormais à l'abattage de millions de chiens dans le monde afin de réduire 'l'empreinte carbone' qu'ils produisent en mangeant de la viande" - une affirmation très proche de celle relayée dans les publications que nous vérifions, et là encore basée sur l'article de CNN.Cette fausse affirmation avait alors été fact-checkée par plusieurs sites de vérification comme ceux de USA Today et de l'Associated Press ainsi que par PolitiFact, qui a discuté avec plusieurs organisations de défense des droits des animaux ainsi qu'avec l'auteur de l'étude citée par CNN, qui ont jugé ces affirmations "ridicules". 20 décembre 2022 avec coquille corrigée au 2e paragraphe avant le premier intertitre19 décembre 2022 Précise que la chaîne de vidéos "The People's Voice" dont il est question est liée au site NewsPunch; retire la mention de la TV internet du même nom développée en 2013-2014 par le théoricien britannique du complot David Icke
(fr)
|