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  • 2021-03-22 (xsd:date)
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  • Non, il n'y a pas 800 lits de réanimation en moins en Ile-de-France depuis mars 2020 (fr)
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  • De nombreuses publications affirment que le nombre de lits en réanimation en Ile-de-France aurait chuté à 1.700 aujourd'hui contre 2.500 en mars 2020. Ce chiffre est toutefois faux, selon les autorités sanitaires, et repose sur une interprétation erronée d'un article du Canard enchaîné, même si la baisse du nombre de lits hospitaliers en France est bien réelle ces dernières années. Le 18 mars, le Premier ministre Jean Castex s'apprête à annoncer notamment le reconfinement de l'Ile-de-France quand plusieurs publications Facebook relayent un chiffre choc: le nombre de lits en réanimation dans la région, l'une des plus touchées par l'épidémie, serait passé de 2.500 en mars 2020 à 1.700 aujourd'hui. Capture d'écran Facebook Capture d'écran FacebookCes lits étant indispensables pour accueillir les malades les plus graves du Covid-19 placés en coma artificiel, l'annonce d'une telle baisse en pleine vague épidémique devient virale et fait bondir de nombreux internautes. L'affirmation semble par ailleurs crédible: elle fait écho à des plans d'économie et à des fermetures de lits bien réels dans l'hôpital public ces dernières années et s'appuie sur un article du Canard Enchaîné, qui serait paru la veille."Cette question est une bombe! Le Canard enchaîné révèle que le nombre de lits de réanimation est passé de 2.500 en mars 2020 à 1.700 aujourd'hui. La question est donc: pourquoi le gouvernement a-t-il délibérément laissé baisser le nombre de lits", affirme ainsi un post partagé plus de 1.300 fois depuis le 18 mars.Une autre publication partagée plus de 4.400 fois, mais postée elle le 1er février, en conclut même que 800 lits de réanimation auraient donc été fermés depuis un an en Ile-de-France. Capture d'écran FacebookCes chiffres sont toutefois erronés, assure à l'AFP l'Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France, chargée de mettre en oeuvre la politique de santé dans la région, et ne correspondent pas non plus aux données récemment collectées par la Cour des comptes dans son rapport annuel.Titré "Des lits fantômes pour soigner le Covid", l'article du Canard enchaîné sur lequel se basent l'ensemble de ces posts n'a par ailleurs pas été publié le 17 mars mais le 21 octobre 2020, alors que la France connaissait sa deuxième vague de l'épidémie, qui a fait au total plus de 92.300 morts dans le pays.Dans le détail, son propos diffère du très bref résumé qui en est fait sur Facebook, où l'article est par ailleurs souvent tronqué pour ne pas y faire figurer sa date de publication quand il n'est tout simplement pas lisible."En Ile-de-France, l'un des territoires les plus touchés par l'épidémie de coronavirus, l'agence régionale de santé (ARS) a fait ses comptes et ils ne sont pas brillants: en cas d'aggravation majeure de la crise sanitaire, il serait impossible aux hôpitaux d'accueillir simultanément plus de 1.700 patients Covid en soins critiques. Ce qui représente 30% de moins qu'en mars et en avril où les disponibilités avaient très péniblement atteint les 2.500 places", écrivent notamment les deux auteurs de l'article. L'article, qui met en doute la promesse de l'exécutif de pouvoir doubler les capacités de réanimation en France, n'évoque toutefois jamais la fermeture de 800 lits et, en toute logique, ne se réfère pas à la situation actuelle."C'est le problème d'un article qui est réutilisé six mois après et qui ressort par la magie des réseaux sociaux comme si c’était une info actuelle", indique-t-on au Canard Enchaîné, joint lundi 22 mars par l'AFP.Au-delà de cette chronologie erronée, l'ARS affirme elle que les chiffres évoqués sur Facebook sont tout simplement faux.En temps normal, il y a environ 1.150 lits de réanimation ouverts en Ile-de-France qui sont notamment destinés à des patients ayant fait un infarctus ou à des blessés graves après un accident de voiture, explique l'agence régionale jointe par l'AFP le 19 mars.Pour rappel, un lit en réanimation suppose la réunion de trois éléments: des équipements (notamment un respirateur), des médicaments pour placer le patient en coma artificiel et des personnels de santé spécifiques (anesthésiste-réanimateur et infirmières spécialisées).En mars-avril 2020, au plus fort de la première vague épidémique en Ile-de-France, leur nombre avait été porté à environ 2.700, selon l'ARS, au prix d'une réorganisation à marche forcée : 80% des activités médicales et chirurgicales avaient alors été déprogrammées pour libérer de la place pour les patients Covid.A l'heure actuelle, un réaménagement de moins grande ampleur est en cours pour libérer des lits de réanimation Covid en Ile-de-France. Le 8 mars, l'ARS a ainsi donné "l'ordre ferme" aux hôpitaux et cliniques franciliens de déprogrammer 40% de leurs activités. Résultat: le nombre de lits en réanimation a été porté actuellement à environ 1.350-1.400 en Ile-de-France, selon l'ARS. Selon les données officielles arrêtées au 21 mars, 1.295 malades du Covid-19 étaient hospitalisés en réanimation dans la région."Il y a toujours autant de lits et il n'y a eu aucune place de supprimée. Le différentiel entre le nombre de lits actuels et celui du pic de la première vague tient au fait qu'on avait alors déprogrammé 80% de l’activité hospitalière non-Covid pour libérer de la place. Or pour l’instant, nous avons demandé à déprogrammer moitié moins d’activité hospitalière pour ne pas affecter les autres soins", résume Didier Jaffre, directeur de l’offre de soin à l’ARS Ile-de-France. Si ce chiffre de 800 fermetures de lits est trompeur, la situation reste toutefois extrêmement tendue dans les services de réanimation en France.Reçus le 17 mars par le chef de l'Etat, les représentants du Conseil national professionnel de médecine intensive réanimation ont alerté sur "l'afflux de patients qui menace de dépasser les capacités d’accueil" comme "au plus fort de la crise en avril 2020", évoquant notamment le manque de lits dans les Pays de la Loire ou en Bretagne.Selon leur communiqué, ces professionnels ont également mis en garde Emmanuel Macron contre les conséquences du "sous-effectif chronique" en réanimation, tant chez les médecins que chez les infirmiers.Les carences sur le secteur de la réanimation ont également été pointées par la Cour des comptes dans son rapport annuel 2021 publié le 18 mars. Avec 5.433 lits dédiés à la réanimation sur l'ensemble du territoire (chiffre arrêté au 31 décembre 2019), "le nombre de lits par habitant effectivement disponibles pour la réanimation de patients atteints de la covid 19 en France (soit 20 pour 100 000 habitants) s'est ainsi révélé très significativement inférieur à celui de l’Allemagne (33,9)", note la Cour, appelant à "repenser" le modèle actuel "après la crise".La Cour, comme les professionnels, s'inquiète par ailleurs des conséquences d'une déprogrammation des activités médicales aussi massive que lors de la première vague. "L'impact à long terme en matière de santé publique des déprogrammations intervenues durant l’épidémie de covid 19 reste aujourd'hui inconnu et potentiellement considérable : son étude est indispensable et devra être engagée", insiste la Cour des comptes.Plus généralement, la situation reste tendue dans l'ensemble du secteur hospitalier, frappé par des plans d'économies de 9 milliards d'euros depuis 2005, selon la Fédération hospitalière de France.  Manifestation des personnels de santé à Paris le 15 décembre 2020. (AFP / Ludovic Marin)Au cours des 20 dernières années, près de 100.000 lits d'hospitalisation générale ont ainsi été supprimés dans les 3.042 hôpitaux et cliniques français comme le rappelait l'AFP en mai 2020.A l'issue des concertations du "Ségur de la Santé" qui se sont conclues en juillet 2020, le gouvernement s'est notamment engagé à débloquer 50 millions d'euros par an pour financer la réouverture de 4.000 lits en France, mais son plan n'a pas entièrement convaincu les personnels de santé. (fr)
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