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  • 2021-12-16 (xsd:date)
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  • Attention, ces sacs à dos de migrants n'ont pas été exposés dans un musée italien (fr)
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  • Une publication partagée environ 7.000 fois sur Facebook depuis le 8 décembre prétend montrer "des sacs d’immigrés morts en mer placés dans un musée italien, sur l'île de Lampedusa". Au coeur de ce message viral: les drames de l'immigration clandestine. Mais si cette image montre bien des sacs à dos de migrants, ces objets ont en réalité été trouvés sur une autre route migratoire, entre le Mexique et les Etats-Unis. Et ils ne se trouvent pas dans un musée sur l'île sicilienne de Lampedusa: ils ont été exposés aux Etats-Unis.La photo montre des centaines de sacs tapissant un large pan de mur. Selon l'auteur de la publication, il s'agit de “sacs d'immigrés morts en mer, qui ont été recueillis et placés dans un musée italien, sur l'île de Lampedusa”.  Le message de ce post qui totalise près de 7.000 partages est repris par plusieurs publications en Afrique francophone (1,2,3,4…). Capture d'écran d’une publication Facebook, réalisée le 14 décembre 2021Dans les commentaires, beaucoup d'internautes partagent leur tristesse face aux drames qui se cachent derrière ces sacs. Certains incriminent les dirigeants africains ainsi que les marins italiens qui "entendent les cris des S.O.S mais ne font rien pour sauver" les migrants en danger. Capture d'écran réalisée sur Facebook, réalisée le 13 décembre 2021Les morts de la MéditerranéeCette publication interpelle vivement les internautes africains qui savent bien que des milliers de personnes sont mortes noyées dans la Méditerranée en espérant rejoindre l'Europe. Des migrants, notamment originaires d'Afrique subsaharienne, traversent cette mer à partir de la Libye ou de la Tunisie pour tenter d'atteindre l'île italienne de Lampedusa, située à seulement 140 kilomètres des cotes tunisiennes, espérant qu'elle deviendra leur porte d’entrée vers l’Occident.Selon des statistiques du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) au 14 novembre, 58.877 migrants sont parvenus à immigrer en Italie depuis le début de l'année, la plupart par la voie maritime. Et 1.319 migrants tentant de rejoindre surtout l'Italie, l'Espagne ou la Grèce, sont morts ou disparus en Méditerranée.Mi-novembre encore, dix cadavres de migrants ont été découverts à bord d'une embarcation de fortune bondée au large des côtes libyennes, selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF). Le navire de secours de l'ONG, le "Geo Barents", a secouru les 99 survivants.Une exposition à New YorkUne galerie avait été aménagée en 2019 à Lampedusa pour exposer les objets de migrants ayant échoué sur cette île italienne. Cependant, l’image qui circule sur les réseaux sociaux n’est pas liée aux migrants qui veulent rejoindre l’Europe, mais à ceux qui chercher à se rendre aux Etats-Unis.Nous avons effectué une recherche d’images inversée qui a mené à de nombreuses publications illustrées avec ce cliché, dont un article portant sur la "condition humaine à travers les arts et les sciences humaines". On y apprend que l'exposition montrant des centaines de sacs à dos de migrants était intitulée "State of Exception" (Etat d'exception). Une autre recherche avec les termes ""State of Exception" Exhibit" permet de retrouver la même image dans plusieurs publications à propos de l'exposition. Elle fait notamment partie d’une série de photos publiée sur le site de l’université du Michigan aux Etats-Unis, pour montrer l'inauguration, le 8 février 2017, de l'exposition. Capture d’écran d’une image de l’exposition “State of exception”, réalisée sur le site lsa.umich.eduL’AFP a contacté l’université du Michigan le 13 décembre 2021 pour avoir plus d'informations sur cette exposition. Selon Stephanie Harrell, chargée de la communication et du marketing de l'Institute for the Humanities de l’université du Michigan, l'exposition a notamment été présentée en février 2017 à la Parsons School of Design à New York. Une diffusion en direct a d’ailleurs été réalisée le 2 février 2017 sur le compte Facebook de la Parsons School of Design. "Ces images ont été fournies par une personne de la Parsons School of Design", explique Stephanie Harrell, démentant les publications Facebook qui évoquent des sacs exposés dans un musée italien. Elles sont "incorrectes", affirme-t-elle. Les sacs à dos exposés appartenaient à des migrants entrés aux États-Unis par le Mexique, précise Mme Harrell. "State of exception" est une exposition itinérante. Contactée par l'AFP, Amanda Krugliak, artiste-curatrice membre de ce projet, explique que la première présentation a eu lieu entre janvier et mars 2013 à la galerie de  l'Institute for the Humanities à l’université du Michigan. "Si vous regardez notre rapport annuel 2012-13, vous verrez quelques détails sur cette première exposition en 2013. Ensuite, State of Exception a été exposé à plusieurs autres endroits, y compris à Art Prize à Grand Rapids, Michigan en 2015 et à la New School de la Parsons School of Design", détaille Stephanie Harrell.Des centaines de sacs à dos laissés par des migrantsCette exposition a été créée par l'artiste-photographe Richard Barnes et l'artiste-curatrice Amanda Krugliak en collaboration avec l'anthropologue Jason De León, et comprend une installation de centaines de sacs à dos laissés par des migrants lors de leur traversée du désert de Sonora dans le sud de l'Arizona, de nombreux vêtements et des objets éphémères, ainsi que des photographies et vidéos prises par Richard Barnes le long de la frontière américano-mexicaine. Tous ces objets abandonnés par des migrants ont été rassemblés dans le cadre d’une recherche de l'anthropologue Jason De León de l'Université du Michigan, pour le concept "Undocumented Migration Project". Cette création artistique permet, selon sa présentation, de "s'interroger sur ce que l'avenir peut réserver aux milliers de personnes qui fuient la misère, la violence des cartels de la drogue et l'instabilité politique au sud des Etats-Unis".  La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis est l'une des principales routes migratoires du monde, empruntée par des migrants d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud, d'Haïti (etc) en quête d'une vie meilleure, loin de la pauvreté et de la violence, notamment des gangs de narcotrafiquants. Le nombre de migrants ayant pénétré clandestinement sur le sol américain depuis le Mexique a explosé ces douze derniers mois. Entre octobre 2020 et septembre 2021, les autorités américaines ont dénombré 1,7 million de migrants entrés clandestinement dans le pays, un record depuis que de telles statistiques sont recensées en 1960.Ainsi, plus de 200.000 migrants ont été appréhendés en juillet en tentant d'entrer illégalement aux Etats-Unis par le Mexique, un nombre "sans précédent", selon les autorités américaines. "La situation à la frontière est l'un des défis les plus complexes auquel nous sommes confrontés. Elle est complexe, évolutive et concerne des personnes vulnérables en pleine pandémie mondiale", a alors déclaré le ministre américain de la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas. En mai déjà, plus de 172.000 personnes entrées clandestinement sur le sol américain avaient été appréhendées par les gardes-frontières, soit 71% de plus qu'en février. Parmi elles, se trouvaient des mineurs isolés, dont le nombre avait doublé pour s'établir à 18.890 arrivées, un record historique, selon les données des services des douanes et des gardes-frontières (CPB). La hausse la plus importante concernait toutefois les migrants arrivés en famille, passés d'environ 20.000 en février à 53.823 en mars. (fr)
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