PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2022-12-29 (xsd:date)
?:headline
  • Non, cette étude ne montre pas une augmentation de la mortalité infantile due à la vaccination anti-Covid (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • D'après une étude menée par des chercheurs de l'Inserm et publiée dans le journal The Lancet Regional Health Europe en mars 2022, la mortalité infantile, c'est-à-dire le nombre de décès d'enfants de moins d'un an, a augmenté de 7% entre 2012 et 2019. Sur les réseaux sociaux, une capture d'écran d'un article de RMC sur le sujet est utilisée pour attribuer cette augmentation à la vaccination contre le Covid-19. C'est faux : cette étude repose sur des données observées avant la pandémie, et donc avant l'introduction des vaccins contre le Covid-19. Surtout, à ce jour, la vaccination contre le Covid-19 n'est ouverte, en France, qu'aux enfants de plus de 5 ans."La mortalité infantile augmente à cause du vaccin anti Covid qui est un poison", affirment des internautes dans des publications vues près de 8.000 fois sur Telegram et partagées plus de 1.000 fois sur Twitter (1, 2) depuis le 26 décembre. En photo, ils joignent la capture d'écran d'un tweet de RMC partageant un article intitulé : "Pour une raison indéterminée, la mortalité infantile augmente en France". Capture d'écran d'une publication sur Twitter réalisée le 28/12/2022 Capture d'écran d'une publication sur Twitter réalisée le 28/12/2022  "Pour une raison indéterminée", "Ils ne comprennent pas ou ils nous prennent pour des cons", commentent des internautes sur Facebook et sur Twitter, suivi de commentaires sur la prétendue implication des vaccins contre le Covid-19 dans cette hausse, comme on peut le voir ci-dessous. Extrait des commentaires publiés sous les publications mentionnées ci-dessusCependant, l'article de RMC relaie une étude portant sur des données observées entre 2012 et 2019, avant le début de la pandémie de Covid-19, et cette hausse ne peut donc pas être attribuée à la vaccination contre le Covid-19, qui n'est d'ailleurs, à ce jour, ouverte qu'aux enfants de plus de 5 ans.La mortalité infantile a augmenté de 7% entre 2012 et 2019La publication Twitter partagée en capture d'écran a été publiée par RMC le 3 mai 2022. Pour une raison indéterminée, la mortalité infantile augmente en France https://t.co/THMdw3jBST — RMC (@RMCInfo) May 3, 2022 On y retrouve le lien de l'article en entier, disponible ici.Dès les premières lignes, l'article mentionne une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les résultats de cette étude, que vous pouvez retrouver ici (en français) ou ici (en anglais), ont été publiés dans le journal The Lancet Regional Health Europe.Dans le cadre de cette étude, des chercheurs et chercheuses de l'Inserm, de l'Université de Paris, de l'AP-HP et du CHU de Nantes, en collaboration avec des équipes de l'Université de Californie, ont analysé les données d'état civil de l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) entre 2001 et 2019.Leurs résultats font apparaître qu'au cours de cette période d'étude, 53.077 décès de nourrissons de moins d'un an ont été enregistrés parmi les 14.622.096 naissances vivantes, soit un taux de mortalité infantile moyen de 3,63 pour 1.000 (4,00 chez les garçons, 3,25 chez les filles).Près d'un quart des décès (24,4%) sont survenus au cours du premier jour de vie et la moitié (47,8%) au cours de la période néonatale précoce, soit au cours de la première semaine suivant la naissance.Surtout, le taux de mortalité infantile, c'est à dire le nombre de décès d'enfants de moins d'un an, a fortement diminué de 2001 à 2005, puis de façon plus lente de 2005 à 2012, avant de remonter. La mortalité infantile est ainsi passée de 3,32 en 2012 à 3,56 décès pour 1.000 naissances vivantes en 2019, soit une augmentation de 7%. Graphique de l'évolution du taux de mortalité infantile entre 2001 et 2019 d'après l'INSERM ( INSERM)"Il n'y aucun rapport entre cette augmentation et la vaccination contre le Covid-19 puisque les données s'arrêtent à 2019", confirme Jean-Christophe Rozé, coauteur de l'étude et président de la Société française néonatalogie, joint par l'AFP le 28 décembre 2022."On a bien vu sur les réseaux sociaux que certaines personnes associent les résultats de notre étude - l'augmentation de la mortalité infantile - et les vaccins contre le Covid-19, mais ce n'est pas du tout le cas. La période d'augmentation observée se situe entre 2012 et 2019, bien avant la crise sanitaire", abonde à son tour Martin Chalumeau, pédiatre et épidémiologiste ayant supervisé l'étude, interrogé par l'AFP le 27 décembre 2022.Pour rappel, la première Française a été vaccinée le 27 décembre 2020. "Surtout, les premières données provisoires dont nous disposons ne montrent pas non plus de hausse de la mortalité infantile depuis le début de la crise sanitaire ou depuis l'arrivée des vaccins", ajoute l'épidémiologiste, citant l'INSEE. Pour tenter d'analyser l'augmentation observée jusqu'en 2019, les auteurs de l'étude avancent quelques hypothèses, mais ne peuvent donner d'explication car ils n'ont "pas eu accès aux causes des décès", détaille Martin Chalumeau. C'est pourquoi RMC évoque une "raison indéterminée".Les auteurs rappellent tout de même que les principaux facteurs de risque de décès précoces sont liés à la prématurité et à la présence d'anomalies congénitales, facteurs eux-mêmes affectés par la santé maternelle avant et pendant la grossesse, mais aussi par le contexte socio-économique, comme on peut le lire dans cette dépêche de l'AFP publiée en mars 2022 ."Par rapport à la Suède ou la Finlande, il y a chaque année 1.200 décès de plus d'enfants de moins d'un an en France, soit 12.000 morts en 10 ans. L'équivalent de 40 écoles maternelles", alerte Martin Chalumeau, qui appelle les pouvoirs publics à s'emparer du sujet.Un rapport alarmant de Santé publique France sur la santé périnataleFin septembre 2022, Santé publique France a publié pour la première fois un rapport décrivant l'état de la santé périnatale en France, soulignant une évolution "préoccupante" de certains indicateurs, en dix ans, notamment en Outre-mer.Parmi les constats les plus inquiétants, l'augmentation de la mortalité néonatale (entre 0 et 27 jours de vie) en métropole, passant de 1,6 décès pour 1.000 naissances en 2010 à 1,8 pour 1.000 en 2019. "Des travaux sont en cours pour mieux comprendre les causes de cette mortalité", avait relevé Nolwenn Régnault, responsable de l'unité périnatale de Santé publique France, dans cette dépêche. La situation peut en tout cas progresser, selon elle, "de nombreux pays présentant de meilleurs résultats". Une mère tient le pied de son nouveau-né, le 7 juillet 2018 à l'hôpital de Nantes. ( AFP / LOIC VENANCE)La parution, début octobre, de l’enquête périnatale nationale coordonnée par l'Inserm et Santé publique France et réalisée tous les cinq ans met en exergue d'autres tendances également qualifiées de "préoccupantes" de la santé maternelle.Par exemple, le report des naissances à des âges maternels plus élevés -observé depuis plusieurs décennies- qui se poursuit : une femme sur quatre qui accouche en France, pas forcément pour la première fois, a plus de 35 ans.Cette tendance à un âge croissant de la maternité inquiète car les risques pour la mère et l'enfant augmentent de manière sensible avec l'âge des femmes, peut-on lire dans cet article de l'AFP.Selon l'enquête, la précarité des mères s'aggrave aussi. La part des accouchements couverts par l'assurance maladie recule (de 96,8% en 2010 à 96% en 2019), contrairement à ceux pris en charge par l'aide médicale de l'État (AME, 1,6% en 2010; 2,5% en 2019). La proportion de sans-abris parmi les femmes qui accouchent s'accroît, particulièrement en Île-de-France (0,58% en 2015 et 2,28% en 2019).L'augmentation du surpoids et de l'obésité des futures mères est également jugée "préoccupante" : en 2021, 23% des femmes étaient en surpoids contre 19,9% en 2016 et plus de 14% étaient obèses en 2021 contre 11,8% en 2016."Les indicateurs concernant les femmes se dégradent car ce sont des facteurs souvent associés à des complications au cours de la grossesse", a relevé Camille Le Ray, gynécologue-obstétricienne, épidémiologiste à l'Inserm, lors d'un point presse.Et si les femmes enceintes fument moins qu'il y a vingt ans, la France reste l'un des pays européens ayant la plus forte prévalence de tabagisme maternel en Europe (16,2% des femmes fumaient au 3e trimestre en 2016).Côté établissements de santé, la France métropolitaine a perdu des maternités : elle en comptait 456 en 2021 (et 6 maisons de naissance), contre 497 en 2016. Une infirmière aide une femme enceinte durant la pandémie de Covid-19 à la maternité de l'hôpital Diaconesses à Paris le 17 novembre 2020. ( AFP / MARTIN BUREAU)La vaccination des femmes enceintes recommandéeDepuis le printemps 2021, le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a recommandé l'élargissement de la vaccination aux femmes enceintes. On peut consulter ici le dossier de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) sur les vaccins contre le Covid et les femmes enceintes. "A ce jour, aucun signal n'a été identifié chez les femmes enceintes et allaitantes avec l'ensemble des vaccins contre le Covid-19 disponibles en France", est-il indiqué. Capture d'écran de l'avis de l'ANSM sur les vaccins contre l'Covid-19 pour les femmes enceintes, réalisée le 29/12/2022"Il est clair qu'une femme enceinte doit se faire vacciner contre le Covid-19. Les vaccins permettent de les protéger et il n'y a vraiment aucun lien entre l'introduction des vaccins et le taux de mortalité infantile", estime Jean-Christophe Rozé.Une méta-analyse de 23 études publiée le 10 mai 2022, conclut que "la vaccination avec des vaccins à ARNm contre le Covid-19 pendant la grossesse semble être sûre et est associée à une réduction des morts à la naissance". La vaccination anti-Covid n'est pas ouverte aux nourrissonsEn France, la vaccination a été élargie dans un premier temps, le 15 décembre 2021, sur la base du volontariat, aux 5-11 ans à risques et ayant des proches vulnérables.La vaccination de tous les enfants de 5 à 11 ans a, elle, été ouverte le 22 décembre 2022. A ce jour, elle n'est pas ouverte aux enfants de moins d'un an.Cependant, selon les données du ministère de la Santé, à peine 5% des enfants de cinq à onze ans sont vaccinés en France. Graphique du ministère de la Santé montrant la proportion de personnes dans chaque classe d’âge ayant reçu au moins une dose ou ayant un schéma vaccinal complet. ( Santé Publique France)Depuis le 19 décembre 2022, la Haute autorité de santé (HAS) "recommande d'élargir dès aujourd'hui la vaccination contre la Covid-19 aux enfants âgés de 6 mois à 4 ans révolus à risque de forme grave de la maladie et de décès".C'est la première fois qu'un vaccin anti-Covid -seul celui de Pfizer/BioNTech est concerné- est approuvé en France pour les bébés. Les avis de la HAS sont théoriquement consultatifs, mais le ministère de la Santé les suit presque systématiquement.La recommandation des autorités sanitaires françaises est toutefois beaucoup plus resserrée que l'avis donné par leurs homologues européennes voici quelques semaines.Celles-ci avaient recommandé le vaccin de Pfizer/BioNTech pour l'ensemble des bébés de six mois à quatre ans, jugeant que les bénéfices l'emportaient sur les risques. Elles avaient également recommandé un autre vaccin, celui de Moderna, pour l'ensemble des bébés de six mois à cinq ans.Ces avis allaient dans le sens des décisions prises aux Etats-Unis où, depuis plusieurs mois, tous les bébés de plus de six mois peuvent être vaccinés contre le Covid.Les autorités françaises, elles, n'ont, pour l'heure, autorisé que le vaccin Pfizer/BioNTech. Surtout, comme l'ont déjà décidé d'autres pays européens comme l'Allemagne et les Pays-Bas, elles limitent son usage à certaines catégories de bébés : essentiellement, ceux qui courent des risques de complications graves.Cela comprend "les enfants qui ont une de ces comorbidités : les cardiopathies congénitales, les maladies hépatiques chroniques, les maladies cardiaques et respiratoires chroniques (y compris l'asthme sévère nécessitant un traitement continu), les maladies neurologiques, l'immunodéficience primitive ou induite par médicaments, l'obésité, le diabète, les hémopathies malignes, la drépanocytose et la trisomie 21", énumère la HAS.A cela s'ajoutent les cas de "cancer récent, maladie rénale chronique ou handicap neurologique".La vaccination est aussi recommandée aux bébés dont l'entourage est à risque de faire une forme grave du Covid. Un enfant reçoit le vaccin Moderna contre le Covid-19 au Temple Beth Shalom à Needham, Massachusetts, le 21 juin 2022. ( AFP / JOSEPH PREZIOSO)Le Covid représente d'abord un risque important pour les plus âgés. Mais les cas graves et les décès existent également chez les enfants, en particulier quand ils sont à risque de formes graves.Pour justifier l'ouverture de la vaccination à certains bébés, la HAS a justement estimé que c'était d'abord surtout sur les plus petits que se concentraient les formes graves de Covid chez les enfants.Selon les dernières données disponibles en France, "les moins d'un an représentaient 70% des hospitalisations des 0-17 ans et 84% des admissions en soins critiques", souligne l'autorité de santé.Elle juge convaincantes les données d'efficacité disponibles sur le vaccin Pfizer/BioNTech chez les moins de quatre ans, tout en soulignant que le risque d'effet secondaire grave n'apparaît pas avéré."Aucun décès, aucun cas de myocardite ou de péricardite n’a été rapporté dans les différentes études menées", note la HAS. Si les parents concernés décident de vacciner leur bébé, ce sera avec une version différente du vaccin que celles utilisées pour les adultes ou les enfants plus âgés.Il s'agit d'un vaccin moins dosé et qui se donne en trois injections, au lieu de deux. Le premier intervalle doit durer trois semaines, le second au moins huit. Photo qui montre des seringues contenant des doses du vaccin Pfizer-BioNtech Covid-19 dans un centre de vaccination militaire à Brest, dans l'ouest de la France, le 11 mai 2021, dans le cadre d'une campagne de vaccination contre le coronavirus. ( AFP / FRED TANNEAU)En France, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) écrit au 28 novembre dans son dernier rapport global sur le suivi des cas d'effets indésirables, disponible sur cette page : "Concernant les cas de décès déclarés, les éléments transmis n''indiquent pas un rôle potentiel du vaccin. Ces événements continueront de faire l'objet d'une surveillance spécifique."Jusqu'à présent, selon les données des agences officielles mondiales, la pandémie de Covid a causé la mort de 6,6 millions de personnes, dont plus d'un million aux Etats-Unis.La désinformation au sujet des vaccins anti-Covid est récurrente sur les réseaux sociaux, en France notamment, et consiste souvent à laisser entendre qu'il y a un lien de causalité entre vaccination et décès, en interprétant de façon erronée les données de pharmacovigilance des autorités sanitaires.L'AFP a consacré de très nombreux articles de vérification à ce sujet, comme ici par exemple.Comme expliqué par les différentes autorités de santé depuis le début des campagnes de vaccination, les données figurant dans les bases de pharmacovigilance destinées à surveiller de potentiels effets indésirables des vaccins ne supposent pas de lien entre le décès et l'injection. Seule une analyse médicale approfondie peut établir un lien, le cas échéant. (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url