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Une vidéo publiée sur YouTube le 8 janvier et massivement visionnée depuis prétend dénoncer le "spectacle des fausses vaccinations" contre le Covid-19 et d'autres maladies comme la grippe. Sur fond musical, plusieurs clips montrant des soignants et des personnalités en train de se faire vacciner se succèdent, avec des images censées prouver que ces vaccinations sont "simulées". Or la majorité des images utilisées dans cette vidéo sont sorties de leur contexte, manipulées, ou tout simplement fausses.Sur les accords de la chanson "Eye of the Tiger" du groupe américain Survivor, des clips vidéos se succèdent sur un rythme soutenu. A l'écran: des soignants et des personnalités en train de se faire vacciner, à l’image de la vice-présidente élue des Etats-Unis Kamala Harris ou de Nancy Pelosi, présidente de la Chambre des représentants américaine.Une mise en scène? Selon les internautes qui la partagent, cette vidéo prouve qu'il s'agit bien d'un "spectacle des fausses vaccinations" contre le Covid-19 et d'autres maladies comme la grippe saisonnière: les aiguilles des seringues ne s'enfoncent pas dans la peau, le capuchon reste sur les aiguilles, les pistons sont immobiles… Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 11 janvier 2021Visionnée plus de 44.000 fois sur YouTube depuis sa mise en ligne le 8 janvier, la vidéo a également cumulé près de 1.000 partages sur Facebook (1, 2, 3). Elle a également circulé sur les réseaux sociaux hispanophones et avait été vérifiée à cette occasion par l'AFP en espagnol. Ces images ont commencé à circuler alors que les campagnes de vaccination contre la maladie de Covid-19 débutent dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l'Argentine et le Chili. L'AFP a vérifié les faits énoncés dans cette vidéo et retrouvé la trace des images censées montrer des "vaccins simulés": tous ces éléments sont soit faux, soit manipulés, soit sortis de leur contexte.1. Le vaccin de Pfizer "made in China"L'une des premières images de la vidéo montre une photo d'un produit sur lequel figure un logo de l'entreprise américaine de pharmaceutique Pfizer. Sur l'étiquette, il est écrit "Vaccin contre le coronavirus COVID-19, vaporisateur en cartouche". Un texte apparaît alors, ainsi qu'une flèche, pointant vers l'inscription "Made in China" dans le coin inférieur droit de la boîte du produit. Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 11 janvier 2021En réalité, Pfizer n'est pas à l'origine de ce produit : la photo a été manipulée. Premier indice qui permet de détecter cette manipulation, le slogan inscrit en petites lettres bleues sous le logo de Pfizer : "Makers of the boner pill" ("Par les créateurs de la pilule érectile"). Une allusion ironique à un célèbre produit du laboratoire américain créé pour traiter les dysfonctionnements érectiles: le Viagra. Or l'entreprise n'utilise pas un tel slogan dans sa stratégie de communication.Contacté par l'AFP, un porte-parole de Pfizer a confirmé par courriel que l'image "montrait un produit qui n'existe pas". Celui-ci ressemble en revanche beaucoup à une cartouche e-liquide pour cigarette électronique. Des cartouches de recharge pour les e-cigarettes, aussi appelées clearomiseurs, pris ici en photo le 5 mars 2013. (AFP / Kenzo Tribouillard)De plus, il est écrit "Dose unique" sur le paquet du produit pris en photo. Or le 9 novembre 2020, Pfizer a expliqué que le vaccin qu'il produit s'administre en deux doses. La vaccination n'est effectuée que lorsque les deux injections ont été réalisées.Le vaccin Pfizer BioNTech a été approuvé au Royaume-Uni le 2 décembre 2020 et par l'Agence européenne des médicaments le 21 décembre dans l'Union européenne. Ce vaccin ne se vaporise pas : il est contenu par un flacon dans lequel se trouvent plusieurs doses. Ce liquide doit être dilué avant l'injection. De plus, selon le site web de l'entreprise américaine, le vaccin est fabriqué aux États-Unis et en Belgique, et non en Chine comme le prétend la vidéo virale. 2. La ministre de la Santé de l'Ontario, au CanadaQuelques instants plus tard apparaît à l'écran une femme qui semble recevoir un vaccin… mais avec une seringue sans aiguille. Une recherche d'images inversée sur le moteur de recherches Google avec une capture d'écran de cette séquence permet d'identifier la ministre de la Santé de la province d'Ontario, au Canada: Christine Elliott. La ministre se faisait alors vacciner contre la grippe dans le cadre d'une campagne de vaccination, le 30 octobre 2019. Prise sous un autre angle mais montrant la même scène, cette vidéo prise par l'agence Canadian Press et reprise notamment par CTV News montre clairement que la ministre reçoit bel et bien une injection dans le bras droit. Capture d'écran d'une vidéo virale (à droite) et du site de CTV News (à gauche), réalisées le 8 janvier 2021Une photo prise d'un autre angle encore et publiée par la chaîne pharmaceutique qui détient l'enseigne dans laquelle la ministre s'est fait vacciner prouve aussi qu'une injection a bien eu lieu lors de cette vaccination. Capture d'écran d'une publication Facebook et montage grossissant par l'AFP, réalisés le 8 janvier 2021La seringue utilisée pour cette injection est très similaire aux seringues de sécurité, conçues pour réduire les risques de contamination et éviter les contacts directs entre l'usager et le prélèvement sanguin. Dans la vidéo de démonstration ci-dessous, on aperçoit le même capuchon de sécurité rose, qui reste sur la seringue même lors de l'injection. Ce type de seringue a été utilisé lors de la vaccination de plusieurs personnalités, comme celle du vice-président américain Mike Pence. 3. Vaccination en IsraëlLe passage suivant dans la vidéo montre un homme en train de se faire vacciner "sans aiguille ni produit" dans la seringue, selon les mots en espagnol ("no lleva aguja no lleva carga") qui apparaissent à l'écran. Capture d'écran d'une vidéo Facebook prise le 5 janvier 2021L'AFP avait déjà analysé cette vidéo dans un article en portugais: cette séquence a été raccourcie et sortie de son contexte. Dans ce passage, le chef israélien du conseil régional du Mevoot Hermon, Beni Ben Muvchar, fait semblant de recevoir le vaccin pour filmer un message de remerciement à destination des soignants… qui venaient de le vacciner. Le portail d'informations Rotter.net a publié la vidéo complète de la séquence. Dans ce clip d'une minute et une dizaine de secondes, la même infirmière que celle de la vidéo virale vaccine le fonctionnaire israélien en appuyant bien cette fois sur le piston de la seringue, dotée d'une aiguille."La vidéo qui a circulé est seulement un extrait", souligne Rotter.net. "Ben Muvchat a été vacciné face aux caméras mais il lui a été demandé de reprendre une photo pour mentionner "Clalit", l'un des services de santé de l'Etat israélien." L'intéressé a également publié la séquence complète sur Facebook. "A tous ceux que cela intéresse, j'ai été vacciné hier contre le coronavirus. J'ai accepté de dire quelques mots pour Clalit khlytt et la vidéo est devenue virale", a-t-il commenté en partageant la vidéo complète de l'événement.4. Le maire de LondresA la 59e seconde de la vidéo virale, une photo d'un homme recevant le vaccin apparaît. Or sur cette image, le bouchon de sécurité semble toujours protéger le bout de la seringue. Capture d'écran d'une vidéo Facebook, réalisée le 6 janvier 2021.Une recherche d'images inversée avec une capture d'écran de la vidéo conduit à une photo publiée sur Twitter le 28 septembre 2020 par le maire de Londres, Sadiq Khan. "Nous entrons dans la saison de la grippe", avertissait alors l'élu. "Si vous ou l'une de vos connaissances avez droit à un vaccin grippal, rappelez-vous que vous pouvez l'obtenir gratuitement dans votre pharmacie, ou chez votre généraliste."L'AFP n'a pas été en mesure de retrouver d'autres images de la vaccination de Sadiq Khan. Un porte-parole de l'édile a néanmoins déclaré au site de vérification britannique FullFact que "le maire [avait] reçu son vaccin contre la grippe dans une pharmacie le lundi [28 septembre 2020]. La photo a été prise juste avant l'injection, c'est pourquoi le bouchon est encore visible sur l'aiguille". Sur l'image qu'il partage, Sadiq Khan remonte la manche gauche de sa chemise. Le maire de Londres a pour habitude de partager une photo prise lors de sa vaccination contre la grippe - il l'avait déjà fait en 2016, 2017 et 2018. 5 et 6. Aiguilles rétractablesPlusieurs séquences de la vidéo virale montrent des aiguilles qui "disparaissent", selon les internautes qui la partagent, une fois introduites dans le bras de la personne vaccinée. Captures d'écran d'une vidéo Facebook, réalisées le 8 janvier 2021Le premier extrait qui prétend que les aiguilles sont en réalité rétractables provient d'une émission de la chaîne britannique BBC. Sur son site web, elle explique que "cette vidéo a été diffusée [le 16 décembre 2020] par la BBC". Elle précise que "les images sont authentiques et montrent comment des professionnels de la santé utilisent une seringue de sécurité, qui a la particularité d'avoir une aiguille qui se rétracte à l'intérieur du dispositif juste après l'injection".La chaîne souligne que ce type de seringues "a été largement utilisé pendant plus d'une décennie" car elles "protègent le personnel médical et les patients d'éventuelles lésions ou infections".La deuxième séquence concernant les aiguilles rétractables dans la vidéo virale a été tournée à Puerto Rico. Une recherche d'images inversée permet de retrouver le clip original, publié par le site d'informations Noticentro. A 1 minute et 35 secondes dans cette vidéo, l'on peut voir clairement l'aiguille rentrer dans le bras du patient. Lorsqu'elle en sort, on la voit se rétracter à l'intérieur de la seringue. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a recommandé d'utiliser ces "seringues rétractables" depuis cinq ans au moins. Dans son analyse de ce type de seringues, le Groupe d'étude sur le risque d'exposition des soignants (GERES) explique que ce système permet que "l'aiguille se rétracte immédiatement dans le corps de la seringue une fois l'injection achevée, par une simple pression sur le piston".Dans la vidéo ci-dessous, un fabricant de ces seringues démontre comment l'aiguille "disparaît" en se rétractant dans la seringue à la fin de son utilisation. 7. L'infirmier du TexasDans d'autres extraits de la vidéo, si l'aiguille apparaît clairement à l'écran, la personne qui la manie n'est pas filmée en train d'appuyer sur le piston de la seringue. Capture d'écran d'une vidéo Facebook, réalisée le 7 janvier 2021 A 1 minute et 20 secondes, un homme semble se faire vacciner. Derrière lui sur le mur, le logo du centre médical universitaire d'El Paso, un hôpital public situé au Texas. Une recherche combinant le nom de l'endroit à "vaccination" sur Google permet de retrouver un article qui signale que, contrairement à d'autres soignants vaccinés le 15 décembre 2020 contre le Covid-19, l'infirmier qui apparaît dans la vidéo n'a pas reçu la dose complète de vaccin. Le 16 décembre 2020, l'université a précisé dans un communiqué que l'infirmier visible dans la vidéo virale avait été vacciné une seconde fois le même jour, avant que la polémique n'enfle."L'infirmier reviendra dans trois semaines pour recevoir sa seconde dose", note également l'institution, accolant à ce texte une photo du second vaccin reçu par le soignant. 8. La vaccination de Kamala HarrisA 1 minute et 46 secondes, la vice-présidente élue des Etats-Unis Kamala Harris apparaît à l'écran en train de se faire vacciner contre le Covid-19. La scène se passe le 29 décembre 2020. Dans l'extrait vite devenu viral, il est difficile de distinguer l'aiguille de la seringue qui sert à vacciner la politicienne.Or dans une vidéo de meilleure qualité tournée par l'agence de presse américaine AP lors de la scène et republiée notamment par le Los Angeles Times, la seringue et l'aiguille utilisées pour vacciner Kamala Harris sont clairement visibles. Capture d'écran d'une vidéo YouTube réalisée le 7 janvier 2021Capture d'écran d'une vidéo YouTube (zoom AFP), réalisée le 7 janvier 20219. Vaccination à Buenos AiresUne autre séquence commençant à 2 minutes et 34 secondes montre une vaccination où il n'y a "pas de seringue", selon les internautes qui partagent la vidéo. Dans le coin inférieur gauche, on peut lire le nom de Macarena Barrios, femme de ménage travaillant à l'hôpital provincial Isidoro Iriarte de Quilmes à Buenos Aires. Mme Barrios a été vaccinée avec une dose du vaccin Sputnik V le 29 décembre 2020.Il est vrai que dans la séquence virale, l'aiguille n'est pas visible ; mais dans cette autre vidéo prise d'un autre angle, elle apparaît clairement. Captures d'écran d'une vidéo sur Facebook et d'une vidéo publiée sur le site Suburbano Digital, réalisées le 7 janvier 202110. Vaccination d'Anthony FauciLa vidéo virale met également en cause Anthony Fauci, le directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) aux Etats-Unis, qui s'est fait vacciner lui aussi contre le Covid-19. La "preuve" avancée par les internautes qui partagent ces images: le médecin se toucherait le bras droit en évoquant l'injection dans une interview peu après avoir été vacciné alors qu'il a été vacciné dans le bras gauche. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 5 janvier 2021Le 22 décembre 2020, Anthony Fauci a reçu le vaccin du laboratoire Moderna, développé conjointement avec le NIAID lors d'un événement organisé par les Instituts américains de la santé, les institutions gouvernementales en charge de la recherche biomédicale aux Etats-Unis. Trois autres fonctionnaires ainsi que six soignants ont également été vaccinés ce jour-là, comme le montrent les images de la chaîne de télévision nationale CNN.L'extrait viral provient d'une interview de la chaîne CBSN, un jour après la que M. Fauci a été vacciné. Le médecin y explique avoir bien dormi et n'avoir senti qu'une légère gêne à l'endroit de la piqûre en se touchant le bras droit. L'AFP n'a pas pu expliquer pourquoi le médecin se touche le bras droit en faisant cette déclaration, mais rien ne permet d'en déduire qu'il n'a pas été vacciné. De fait, sa vaccination a été filmée et prise en photo, comme le montrent les images ci-dessous. Anthony Fauci se prépare à recevoir la première dose du vaccin Moderna à Washington, le 22 décembre 2020 (Patrick Semansky / Pool / AFP)11. Vacciné tout habillé ?A 3 minutes et 14 secondes apparaît une photo d'une infirmière gantée, penchée sur un homme masqué visiblement en train de se faire vacciner. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 5 janvier 2021Le texte qui y est apposé ironise : "[Le vaccin] est tellement efficace… que tu peux même le recevoir sur tes vêtements".Une recherche d'images inversée permet de retrouver l'origine de cette image: elle a été prise au Royaume-Uni, au Northern General Hospital dans la ville de Sheffield le 8 décembre 2020, comme l'ont rapporté le Yorkshire Times et le Sun. L'homme qui apparaît sur la photo s'appelle Anthony Moore et à 82 ans, il est le premier homme à avoir été vacciné contre le Covid-19 dans le comté du Yorkshire du Sud.L'hôpital a publié dès le jour de la vaccination un communiqué citant Anthony Moore, qui expliquait que se faire vacciner parmi les premiers était comme "gagner au loto". Sur Twitter et sur Facebook, l'institution a publié d'autres photos du patient avec son carnet de vaccination. This week we were proud to have become one of the first NHS Trusts in the country to provide the #COVID19Vaccine to patients aged 80 and over as part of the biggest mass vaccination programme in NHS history Read more: https://t.co/Kn7jjDi70N pic.twitter.com/sxXMISLuCs — Sheffield Hospitals (@SheffieldHosp) December 11, 202Kirsten Major, directrice exécutive du Sheffield Teaching Hospitals NHS Foundation Trust, a déclaré à l'AFP que la vaccination d'Anthony Moore n'avait pas été "mise en scène":" elle raconte qu'elle-même était présente et que le "flacon vide qui contenait le vaccin a été conservé pour qu'il soit confié aux archives de la ville".La directrice de communication de l'institution Julie Phelan a quant à elle précisé à l'AFP que la photo virale avait été prise avant qu'Anthony Moore soit vacciné, tandis que l'infirmière lui expliquait où elle injecterait le vaccin. La chaîne ITV, qui a couvert le début de la campagne de vaccination britannique, a publié une autre photographie prise lors de la vaccination de M. Moore. Ce dernier a également témoigné avec certains de ses voisins également vaccinés dans cet article. Capture d'écran d'une publication Facebook réalisée le 7 janvier 202112. La vaccination de Nancy PelosiA 3 minutes et 22 secondes, une capture d'écran d'un article en français au sujet de la vaccination de la présidente de la Chambre des représentants aux Etats-Unis Nancy Pelosi apparaît. Selon la vidéo, elle a fait semblant de se vacciner: la preuve étant que le capuchon était encore présent sur la seringue. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 5 janvier 2021Or Mme Pelosi a bien été vaccinée contre le Covid-19 le 18 décembre dernier. La "tapa" (capuchon) sur lequel une flèche pointe dans la vidéo est en réalité un morceau de l'aiguille situé juste au-dessus de la douille. Le photographe Ken Cedeno a capturé la vaccination de Nancy Pelosi: dans l'une de ces images, on distingue bien l'aiguille découverte, sans "capuchon". La présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi en train d'être vaccinée contre le Covid-19, le 18 décembre 2020 à Washington (Ken Cedeno / POOL / AFP) Détail de l'aiguille pendant la vaccination de Nancy Pelosi, tiré de la photo de Ken Cedeno ci-dessus13. Cristina Kirchner vaccinée en 2013"Nouvel épisode du 'vaccin sans aiguille'", ironise la vidéo à 3 minutes et 28 secondes en montrant une photo de la vice-présidente argentine Cristina Kirchner en train de se faire vacciner. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 5 janvier 2021Une recherche d'images inversée permet de réaliser que cette image date de 2013. Elle a été publiée par Mme Kirchner elle-même sur Twitter en mars 2013 lors de la campagne de vaccination contre la grippe. Hoy, recibiendo la vacuna antigripal, gratuita, de la Campaña Nacional de Vacunación que empezamos el martes pasado. pic.twitter.com/m6O4jYqKhU — Cristina Kirchner (@CFKArgentina) March 22, 201Plusieurs médias argentins (1, 2) avaient couvert la vaccination de l'ex-présidente.La vidéo prétend que l'aiguille, peu visible sur la photo, était tout simplement absente lors de la vaccination de Cristina Kirchner. C'est faux: l'auteur de la photo, le photographe Victor Bugge, déclare que l'aiguille était en réalité déjà dans le bras de la politicienne lorsque celle-ci a été prise.Victor Bugge est le photographe officiel de la Maison rose, le siège du pouvoir exécutif argentin, depuis 1978. "J'étais présent, et je peux confirmer que [Cristina Kirchner] a bien été vaccinée", a-t-il dit à l'AFP. "Ce n'est pas la première fois que je la photographie en train de se faire vacciner", souligne-t-il encore. Selon lui, la présence du médecin et de l'infirmière de la Maison rose hors champ prouve l'authenticité de la scène. "De plus, de nombreuses autres personnes en ont profité pour se faire vacciner à cette occasion", conclut-il. 14. Un cadre de Pfizer/BioNTech qui refuse d'être vacciné ?A 3 minutes et 35 secondes, une capture d'écran d'un article du média argentin Clarín apparaît dans la vidéo. Selon son titre, "Albert Bourla, PDG de Pfizer, refuse son propre vaccin". Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 5 janvier 2021A l'origine, le PDG de Pfizer a abordé ce sujet lors d'une interview avec la chaîne de télé CNBC le 14 décembre 2020. Il avait alors rassuré quant à la sûreté du vaccin produit par Pfizer/BioNTech et souligné que plusieurs autorités sanitaires dans le monde avaient autorisé sa mise sur le marché. Pour autant, il avait expliqué que ni lui ni ses collaborateurs ne se vaccineraient immédiatement, ne faisant pas partie des personnes les plus vulnérables."J'ai 59 ans, je suis en bonne santé, ce qui fait que je ne fais pas partie des gens qui doivent se vacciner aujourd'hui", détaillait Albert Bourla dans cet entretien. Avant d'ajouter qu'il ne souhaitait pas "passer devant" les personnes prioritaires en ce qui concerne l'accès au vaccin. "Dès que je le pourrai, je le ferai", avait-il conclu. 15. "Vaccin par bluetooth"A 3 minutes et 41 secondes, une vidéo de très mauvaise qualité semblant montrer quelqu'un en train de se faire vacciner est décrite par les auteurs de ce clip comme un "vaccin par Bluetooth". L'aiguille de la seringue, encore une fois, n'est pas visible sur les images. Capture d'écran d'une vidéo Facebook prise le 5 janvier 2021Une version plus longue de cette vidéo, disponible sur Facebook, permet de distinguer d'autres détails, dont un bandeau sur lequel est inscrit en allemand la légende: "radicalisation des opposants à la vaccination" et le logo de la chaîne de télévision allemande Welt. L'AFP a été en mesure de retrouver la vidéo originale, publiée par cette chaîne le 11 décembre 2020. A la 20e seconde, la voix-off commente: "L'immunisation contre le Covid-19 commence ici, dans ces centres de vaccination. Le ministre fédéral de la Santé [allemand, Jens] Spahn, espère que la première injection puisse être réalisée d'ici janvier, comme démontré lors de cet essai."Ces exercices ont eu lieu dans des centres de vaccination de plusieurs villes allemandes, comme Essen, Stuttgart ou Hanau. Un porte-parole de Welt a par ailleurs confirmé à l'AFP que cette vidéo montrait une vaccination-test et que le reportage avait été tourné à Darmstadt, le 5 décembre, "lors d'un test logistique pour la vaccination contre le Covid-19". Dans un communiqué publié le même jour, la ville de Darmstadt a déclaré que ces essais avaient été "couronnés de succès". Le maire Jochen Partsch a quant à lui expliqué que le test réalisé ce jour-là "se devait d'être le plus réaliste possible" pour vérifier que le processus de vaccination et la taille des différents espaces pour accueillir les patients étaient adéquats.Dans la séquence virale, la seringue qui mime l'injection n'est en effet pas équipée d'une aiguille, puisqu'il s'agit d'une simulation. Lorsque ce reportage a été tourné le 5 décembre dernier, aucun vaccin contre le Covid-19 n'était encore disponible en Allemagne. Les campagnes de vaccination massive dans l'Union européenne ont commencé le 27 décembre. L'Allemagne, quant à elle, a démarré un jour plus tôt. 16. Vaccin antigrippal en AustralieA 3 minutes et 50 secondes, une femme présentée comme "la Première ministre d'Australie" semble ne pas réellement se faire vacciner: pour prouver cela, la vidéo rejoue la scène au ralenti et entoure de bleu le capuchon qui se trouve encore sur l'aiguille. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 12 janvier 2021.Or cette séquence est fausse: tout d'abord, le Premier ministre australien est un homme du nom de Scott Morrison. Ensuite, une recherche d'images inversée permet d'identifier la femme prise en vidéo: il s'agit d'Annastacia Palaszczuk, Première ministre de l'Etat australien de Queensland (nord-est). Déjà vérifiée par l'AFP, la séquence virale a été prise en avril 2020 et montre la Première ministre se faire vacciner contre la grippe. Annastacia Palaszczuk a par la suite publié deux tweets le 27 avril 2020, l'un avec une photo et l'autre avec une vidéo, pour encourager ses constituants à se faire vacciner.Cette séquence a été filmée par la chaîne de télévision australienne 7news. Sur Facebook elle a publié la version complète de cette vidéo dans laquelle on aperçoit la femme politique et au moins deux photographes devant elle. Dans cette version originale, une infirmière injecte rapidement le vaccin à Annastacia Palaszczuk qui s'exclame: "Wow, c'était rapide !" La Première ministre se réinstalle ensuite pour simuler la vaccination, de manière à ce que les caméras puissent la filmer. Lors de cette simulation, la seringue est bien équipée d'un capuchon de protection. Captures d'écran d'une publication Facebook réalisées le 5 janvier 2021.17. Banque d'imagesEn conclusion de cette longue vidéo virale, cinq images apparaissent à l'écran simultanément, surmontée du mot "ACTOR" (acteur). Sur ces photos, on voit la même personne en train de faire un test PCR, allongée dans un lit d'hôpital, occupée à consoler un enfant et semblant lire une étude médicale. Capture d'écran d'une vidéo Facebook réalisée le 7 janvier 2021En montrant cette succession d'images, le montage prétend dénoncer que la pandémie de Covid-19 est une invention. Or une recherche d'images inversée permet de retrouver l'origine des cinq photos; elles appartiennent toutes à la banque d'images américaine Shutterstock. Capture d'écran du site Shutterstock, réalisée le 6 janvier 2021Comme l'a déjà démontré l'AFP, la série de clichés apparaît dans la rubrique "Images" de ce site, dédiée aux "projets créatifs", et non dans la section "Editorial" qui contient des "photos d'actualité, de sport, de divertissement et des archives". Aucune de ces photos n'est datée ou géolocalisée, une pratique commune pour les photos issues de banques d'images. Il s'agit d'images libres de droit utilisables à l'envi pour des campagnes publicitaires, fictionnelles ou d'autres opérations de communication. Pour conclure, cette vidéo très virale qui vise à dénoncer "le spectacle des fausses vaccinations" est en réalité composée de 17 séquences prises au hasard des campagnes de vaccination contre la grippe ces dernières années et contre le Covid-19 plus récemment. Toutes ont été sorties de leur contexte, manipulées ou tout simplement détournées.
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