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  • 2022-10-10 (xsd:date)
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  • Non, l'actuel président du Niger n'apparait pas dans cette vidéo comme un ancien rebelle malien (fr)
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  • Alors que les relations diplomatiques entre Niamey et Bamako sont notoirement tendues, un message viral sur les réseaux sociaux prétend, vidéo à l’appui, que l'actuel président du Niger serait un ex-rebelle ayant participé à des négociations de paix entre le gouvernement malien et des mouvements rebelles touareg en 1991. C’est faux, Mohamed Bazoum faisait partie de la délégation officielle du gouvernement nigérien présente lors de ces assises."Mohamed Bazoum est un membre du groupe rebelle du nord du Mali sous le régime d'Amadou Toumani Touré" affirme l’auteur d’un post publié le 26 septembre sur Facebook. “Dr Abdoulaye Maïga sait très bien de quoi il parle”, ajoute-t-il en faisant allusion à une cinglante diatribe du Premier ministre malien par intérim qui remettait en cause la nationalité nigérienne de Mohamed Bazoum lors de la 77e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New-York, fin septembre. Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 7 octobre 2022Dans son discours du 24 septembre à la tribune des Nations unies, Abdoulaye Maïga a notamment qualifié le président nigérien d’"étranger qui se réclame du Niger" (à partir de 5 minutes 56 secondes), dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre ces deux pays du Sahel durement frappés par des attaques jihadistes ces dernières années. Ces propos ont suscité une vive indignation au Niger.Le message traitant Mohamed Bazoum d’ex-rebelle sur les réseaux sociaux est relayé par bon nombre d'internautes (1,2,3…) avec quelques déclinaisons selon les publications : l’une d’elle affirme qu’après avoir participé aux assises de 1991 en vue de la réconciliation nationale au Mali, Mohamed Bazoum aurait "fui vers le Niger pour servir plusieurs chef d’Etat du Niger et d’Afrique dans des sales affaires". En saisissant les mots-clés "Bazoum, Mali, 1991" dans la barre de recherche de Facebook (section vidéos), on retrouve de nombreux autres posts publiés avec le même message et la même vidéo en 2021. Une version plus longue de la même vidéo a déjà été publiée en décembre 2019. Si l’actuel président nigérien était bien présent à la rencontre évoquée sur la vidéo virale, ce n'était pas en qualité d’ex-rebelle mais comme représentant de la délégation venue spécialement de Niamey pour y assister.Le Niger, présent à la rencontre de Mopti, au MaliMohamed Bazoum apparaît effectivement en arrière-plan sur la vidéo virale, à la 44ème seconde. Nous l’avons identifié à l’aide de l’outil de reconnaissance faciale Pimeyes. A gauche, une image du président nigérien, Mohamed Bazoum, obtenue après la reconnaissance faciale sur PimEyes.com le 6 octobre 2022 et à droite, une capture d’écran de la vidéo virale sur Facebook réalisée le 7 octobreUne recherche d'image inversée à l'aide de l'outil InVID-WeVerify n'a pas permis de remonter jusqu'à l'origine de la vidéo, mais la voix off du commentaire laisse supposer qu'il s'agit d'un ancien extrait du journal télévisé malien."C’est un reportage diffusé en 1991 au journal de l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali (ORTM) pendant la transition dirigée par Amadou Toumani Touré", ex-président malien décédé en 2020, a confirmé Idrissa Bally Sissoko, ancien directeur général de l'ORTM, contacté le 6 octobre 2022 par l’AFP. Il ajoute que la voix off sur la vidéo est celle du reporter Oumar Touré.L'évènement filmé est une rencontre baptisée "Conférence spéciale sur le Nord" qui a réuni fin 1991 à Mopti, une localité du centre du Mali, les autorités de transition maliennes et des représentants de mouvements rebelles touareg qui réclamaient la création d'un Etat indépendant de ceux formés après le départ du colon français en 1960.Comme expliqué dans cette dépêche de l’AFP du 18 décembre 1991, cette réunion ouverte le 16 décembre 1991, a permis d’apaiser les tensions et de négocier une trêve entre les belligérants.On retrouve dans la version longue de la vidéo virale, des déclarations mentionnées dans la dépêche de l’AFP ; comme cette citation de M. Zahabi Ould Sidi Mohamed qui conduisait alors la délégation rebelle des Mouvements et Fronts unifiés de l'Azawad (MFUA) : "Nous acceptons la main tendue" par le chef de l'Etat malien Amadou Toumani Touré pour mettre fin aux violences. A cette période, Mohamed Bazoum officiait comme Secrétaire d’Etat chargé des Affaires étrangères et de la Coopération au ministère nigérien des Affaires étrangères (de novembre 1991 à janvier 1993), tel que mentionné sur le site internet dudit ministère, et c'est en cette qualité qu'il s'est rendu à la conférence de Mopti.La rébellion touaregDes représentants nigériens y prenaient part, car, comme l’explique Souwaiba Ibrahim, juriste nigérienne et investie dans la lutte contre la désinformation, "le nord du Niger comme le nord du Mali, étaient le théâtre de ce qu’on a appelé la rébellion touareg". Elle a débuté en mai 1990 au Niger et s’est étendue au Mali à partir de juin 1990. Elle note par ailleurs que c’est à l’issue de la conférence nationale souveraine du Niger en 1991 que Mohamed Bazoum a été nommé au ministère des Affaires étrangères. "Donc, techniquement il n'était pas combattant rebelle durant cette période", ajoute Mme Ibrahim. La rencontre de Mopti "était sa première sortie officielle en tant que Secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération", selon Souwaiba Ibrahim. "Il a représenté le Premier ministre et était en compagnie du Commandant Seyni Garba. Vous remarquerez son compagnon de la délégation en tenue militaire nigérienne, clairement identifiable", poursuit-elle. Plusieurs rencontres similaires se sont tenues avant et après celle de Mopti, notamment en Algérie, pour mettre fin au conflit et parvenir à des accords de paix. Capture d'écran du site du ministère des Affaires étrangères nigérien, réalisée le 10 octobre 2022Pour Kalla Moutari, ancien ministre et membre fondateur du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS), dirigé par l'actuel président de la République, il est "absurde" de penser que M. Bazoum ait fait partie d'une délégation d'indépendantistes touareg. "Il n'est même pas touareg", souligne-t-il à l'AFP, et "personne ne l'a jamais soupçonné d'être d'origine malienne".Cette fausse rumeur a également été vérifiée par d’autres médias de fact-checking(1,2).Les tensions actuelles entre le Niger et le Mali suscitent de nombreuses fausses informations qui ont déjà fait l’objet de vérification par l’AFP comme ici. Les attaques du chef du gouvernement malien à l'ONU relayées par les réseaux sociaux répondaient notamment aux "propos injurieux" de Mohamed Bazoum, qui ne s'est pas privé de critiquer ouvertement à plusieurs reprises la junte arrivée au pouvoir à Bamako, à la faveur de deux coups d'Etat en 2020 et 2021."Il ne faut pas permettre que les militaires prennent le pouvoir parce qu'ils ont des déboires sur le front où ils devraient être et que les colonels deviennent des ministres ou des chefs d'État", avait notamment déclaré le président nigérien en juillet 2021, lors d'une conférence de presse à Paris. "Qui va faire la guerre à leur place ? Ce serait facile si chaque fois qu'une armée de nos pays a un échec sur le terrain, elle vient prendre le pouvoir ! C'est ce qui s'est passé par deux fois au Mali. (...) Ce ne sont pas des choses acceptables", avait-il ajouté. (fr)
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