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Des publications clament qu'une commission d'enquête parlementaire sur le Covid-19 a été constituée en Pologne en vue d'engager des poursuites contre des responsables politiques dans le cadre d'un procès qualifié de "Nuremberg 2.0". Cette affirmation est fausse et renvoie seulement à une simple conférence organisée à Varsovie à l'initiative d'un seul élu et en présence d'un avocat allemand propagateur d'infox. Le but de cette "commission d'enquête" créé par le Parlement polonais serait, selon ces publications, d'organiser un procès "Nuremberg 2.0" qui verrait comparaître des dirigeants accusés d'avoir profité de l'épidémie pour imposer des "expérimentations médicales" et une "dictature" sanitaire.Cette affirmation fait écho à de nombreuses autres publications qui tentent d'établir un parallèle entre les restrictions imposées par les gouvernements pour lutter contre l'épidémie et les crimes commis par les nazis, dont certains dignitaires ont été jugés à Nuremberg après-guerre.Partagée en masse dans des posts polonais et anglais, cette publication a été notamment reprise par le site France Soir, relais de nombreuses infox sur la pandémie, qui affirme que cette commission a commencé son enquête en novembre en présence d'un avocat allemand Reiner Fuellmich, lui aussi grand propagateur de désinformation. Capture d'écran Facebook.Cette affirmation est toutefois erronée : aucune commission d'enquête parlementaire n'a été créée sur le Covid-19, ont indiqué à l'AFP les services de la Chambre basse polonaise, et l'évènement auquel participait M. Fuellmich n'était un simple panel sans aucun pouvoir d'enquête.Contacté par l'AFP, le centre d'information (CIS) de la chambre haute, appelée la Diète, a indiqué qu'aucune commission d'enquête n'avait été créée au cours de l'actuelle législature, qui a commencé en 2019."La Diète de la neuvième législature, actuellement en cours, n'a pas créé de commission d'enquête", a indiqué le CIS à l'AFP dans un courriel daté du 14 janvier. "Deux commissions d'enquête, ont été actives au cours du 8e mandat de la Chambre (2015 - 2019) et leurs travaux sont déjà terminés", a-t-il ajouté. Le site internet de la Chambre confirme qu'aucune commission d'enquête n'est actuellement en cours.En Pologne, aux termes d'une loi de janvier 1999, une commission d'enquête parlementaire ne peut être constituée qu'à l'initiative d'au moins 46 députés qui doivent ensuite obtenir l'aval de la majorité absolue de la Chambre.Ce garde-fou tient au fait que la commission d'enquête dispose de pouvoirs étendus en Pologne: elle peut interroger des témoins conformément aux principes du code de procédure pénale et son travail peut aboutir à la comparution de personnes devant un "Tribunal d'État", qui a une dimension essentiellement politique plutôt que pénale. La conférence mentionnée dans le post est en réalité un simple "comité parlementaire" mis en place par un député sur "la fraude et les abus liés au Covid-19" et qui ne dispose d'aucun pouvoir de poursuite. Au cours de la législature actuelle, environ 200 de ces panels ont été mis en place sur une grande variété de sujets Ce comité a été formé à l'initiative d'un parlementaire de la Confédération, une coalition de partis défendant des positions nationalistes, conservatrices et anti-système et leurs initiateurs eux-mêmes soulignent que leur objectif n'est pas de mener une enquête mais de rassembler de la "documentation".Qui est Reiner Fuellmich ? Cet avocat qui affirme exercer en Allemagne et en Californie, a été plusieurs fois épinglé par l'AFP pour avoir propagé de fausses informations sur le Covid-19. Il s'est fait connaître en octobre 2020 lorsqu'il a publié une vidéo, vue un million de fois en une semaine, dans laquelle il prétendait dénoncer une "fraude corona" et des "crimes contre l'humanité". Cependant, plusieurs de ses affirmations étaient fausses ou exagérées.En juillet 2021, l'avocat avait réitéré des affirmations trompeuses similaires dans une nouvelle vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.Dès 2020, Reiner Fuellmich avait aussi annoncé vouloir lancer une "demande d'indemnisation pour les dommages liés au coronavirus" contre l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le virologue et conseiller du gouvernement allemand Christian Drosten, dont le protocole de détection du SARS-CoV-2 par des tests PCR a été utilisé par des laboratoires du monde entier pendant la pandémie.Les personnes souhaitant se joindre à cette "action collective" doivent verser à Reiner Fuellmich et à son équipe des "frais forfaitaires" d'au moins 800 euros, précise une page de son site internet dédiée à l'initiative.
(fr)
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