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  • 2022-05-19 (xsd:date)
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  • Non, ces documents ne prouvent pas que neuf femmes enceintes sur dix vaccinées perdent leur bébé (fr)
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  • Plusieurs publications, partagées plusieurs milliers de fois en une semaine et en plusieurs langues, affirment que des "documents confidentiels de Pfizer" montreraient que neuf femmes enceintes sur dix vaccinées contre le Covid-19 ont "perdu leur bébé". Mais ces rapports, publiés par l'autorité américaine du médicament (FDA), ne font pas mention de dangers présumés des vaccins pour les femmes enceintes, et les chiffres qu'ils présentent ont été mal interprétés et sortis de leur contexte."Les documents confidentiels de Pfizer que la FDA a été contraint de publier sur décision de justice ont révélé que 82 % à 97 % des femmes qui ont été exposées par erreur à l'injection d'ARNm Covid-19 ont fait une fausse couche ou ont dû assister au décès de leur nouveau-né lors de l'accouchement", affirment des auteurs de billets de blogs ou de tweets en français. L'affirmation a également largement circulé en espagnol sur Twitter et Facebook (1, 2, 3, 4). Certaines de ces publications font référence à un article de "The Exposé", un site qui a déjà fait l'objet de plusieurs articles de vérification durant la pandémie de Covid-19 (1, 2).Ces affirmations font partie des nombreuses allégations apparues à la faveur de prétendues "révélations" sur la dangerosité du vaccin anti-Covid, issues des "Pfizer documents".Ces documents de Pfizer, sont progressivement rendus publics par la FDA ("Food and Drug Administration"), l'agence du médicament américaine. Ils sont liés à l'autorisation par cette dernière du vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19: l'entreprise pharmaceutique a - comme c'est l'usage - assorti sa demande d'autorisation de milliers de pages de données et d'informations sur les essais qu'elle avait mené sur l'efficacité et la sûreté de son produit. Ainsi que d'autres après l'autorisation car elle continue de fournir des données de surveillance "post-autorisation".Les "Pfizer documents" sont consultables sur le site d'une organisation non-gouvernementale nommée "Public Health and Medical Professionals for Transparency" (PHMPT), dont l'objectif affiché est de les rendre publics. On y trouve, au 19 mai 2022, "238 documents" téléchargeables, publiés entre le 17 novembre 2021 et le 2 mai 2022.Pour cela, l'organisation s'appuie sur le "Freedom of Information Act", la loi américaine sur la liberté d'accès à l'information qui oblige les agences fédérales américaines à transmettre à tous ceux qui en font la demande leurs documents. Dans un premier temps, la FDA - qui n'a pas contesté son obligation de rendre publique cette documentation - avait proposé de les publier au rythme de 500 pages par mois, expliquant avoir besoin de temps pour cette opération d'envergure inédite pour elle. Mais le groupe PHMPTavait demandé un rythme bien plus rapide et un juge texan a décidé début janvier 2022 que FDA devait publier ces documents à raison de "plus de 12.000 pages" avant le 31 janvier 2022 puis "55.000 pages tous les 30 jours", à partir du 1er mars.A chaque fournée de "Pfizer documents" publiés, ces allégations trompeuses ressurgissent bien que la plupart aient déjà été réfutées par de nombreux scientifiques du monde entier et fait l'objet de quantités d'articles de vérification.Que disent ces documents ?L'article de "The Exposé", cité comme source, comprend des captures d'écran de documents en anglais. Ils évoquent la "grossesse" et la "lactation", et des "évaluations de cas après avoir obtenu une autorisation". En faisant une recherche par mot-clé, on retrouve un document de Pfizer intitulé "Cumulative analysis of post-authorisation adverse event reports for pf-07302048 (bnt162b2) received as of 28-Feb-2021". Comprendre : une analyse d'événements rapportés pour le vaccin Pfizer après qu'il a obtenu son autorisation, avant le 28 février 2021. Il rapporte des effets indésirables signalés chez les personnes ayant reçu le vaccin Pfizer entre le 11 décembre 2020 et le 28 février 2021.La page 5 du document avertit immédiatement le lecteur : ce rapport fait état d'événements indésirables signalés, et non pas de la probabilité que ces événements se produisent dans la population vaccinée. Et le laboratoire continue page 6, en précisant que le fait de répertorier ces signalements "n'indique pas nécessairement qu'un événement indésirable a été causé par le médicament (le vaccin Pfizer, NDLR), l'événement peut plutôt être dû à une maladie sous-jacente ou à un autre facteur, comme les antécédents médicaux ou un traitement concomitant". Par ailleurs, la partie du document de Pfizer mentionnée (consultable page 12) n'indique pas que ces femmes enceintes ont été "exposées par erreur" au vaccin contre le Covid-19, comme le prétendent les publications qui nous intéressent, mais plutôt à quel moment ou à quel trimestre de leur grossesse elles ont été vaccinées. Sur la même page du document, on peut lire qu'à la date du 28 février 2021, un total de 42.086 personnes ayant reçu le vaccin Pfizer ont signalé des effets indésirables au cours de cette étude. Parmi elles, 270 ont déclaré être enceintes.Pour 238 de ces cas, les femmes n'ont pas déclaré l'issue de leur grossesse. Cinq autres grossesse étaient en attente d'informations, et une a été enregistrée comme "normale". En outre, 23 fausses couches, deux naissances prématurées avec décès néonatal, deux fausses couches avec décès intra-utérin et une fausse couche avec décès néonatal ont été signalées. Ce qui ne signifie pas qu'un lien avec la vaccination a été établi.Ainsi, sur les 270 femmes enceintes prises en compte dans cette étude, 10,37 % ont signalé une fausse couche, un décès à la naissance ou un décès néonatal.Et malheureusement, la fréquence des fausses couches "est assez courante, de l'ordre de 10 à 20 % selon l'âge", a déclaré le 26 février 2022 le Dr. Tom Shimabukuro, de l'équipe de sécurité des vaccins des CDCs américains. M. Shimabukuro présentait alors un rapport sur la sécurité du vaccin contre le Covid-19 pendant la grossesse, lors d'une réunion du comité consultatif sur les vaccins de la FDA.Comment "The Exposé" aboutit à une proportion de "neuf femmes sur dix" qui auraient perdu leur enfant ? Il choisit de se baser uniquement sur les 29 cas dans lesquels une issue de grossesse a été rapportée. Sur la base de ce chiffre, elle calcule le pourcentage des 28 cas de fausse couche, de mort intra-utérine ou néonatale, et c'est comme à que la publication arrive à un chiffre autour de 90%., considérant que les 238 cas pour lesquels il n'y avait pas eu de retour n'entraient pas dans le calcul. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), "en date de février 2022, plus de 198 000 femmes enceintes avaient été suivies aux États-Unis après avoir été vaccinées contre la COVID-19, pour la plupart avec des vaccins à ARN messager"."Les études publiées à la lumière de ce système de suivi et d’autres bases de données étasuniennes portant sur l’innocuité des vaccins n’établissent aucun lien entre la vaccination et les issues défavorables de la grossesse", souligne l'OMS, rappelant que "de nombreuses études indiquent que les femmes enceintes infectées par la COVID-19 risquent davantage de développer des formes graves de la maladie" et que "les bénéfices de la vaccination pendant la grossesse l’emportent sur les risques éventuels". En France, au printemps 2021, le Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale a recommandé l'élargissement de la vaccination aux femmes enceintes.On peut consulter ici le dossier de l'ANSM sur les vaccins contre le Covid et les femmes enceintes. "A ce jour, aucun signal n'a été identifié chez les femmes enceintes et allaitantes avec l'ensemble des vaccins contre le Covid-19 disponibles en France", est-il clairement indiqué. Capture d'écran du site de l'ANSM faite le 10 mai 2022Une étude, publiée en mars 2022 et portant sur 97.590 personnes dans l'Ontario, au Canada, a estimé que la vaccination contre le Covid-19 pendant la grossesse "n'était pas associée de manière significative à un risque accru d'événements défavorables du péripartum (fin de la grossesse et accouchement)", notamment une hémorragie, une césarienne ou une admission dans une unité de soins intensifs néonatals.L'AFP a déjà consacré plusieurs articles de vérification sur des allégations concernant les femmes enceintes et le vaccin contre le Covid (1 , 2). (fr)
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