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  • 2020-09-04 (xsd:date)
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  • Le port du masque ne provoque pas de manque d’oxygène ni d’intoxication au CO2 (fr)
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  • Des publications partagées plusieurs milliers de fois depuis mai affirment que "le masque fait perdre 20% d’oxygène dans le sang" et "l’acidifie", à cause du "CO2 réinjecté à chaque inspiration". Ces affirmations sont fausses : bien utilisé, le masque de protection n’entraîne pas de manque d’oxygène et le CO2 n’est pas "réinjecté" dans le corps à chaque inspiration, selon l’Organisation mondiale de la Santé et les médecins interrogés par l’AFP. "Le masque fait perdre 20% d’oxygène dans le sang et l’acidifie, à cause du CO2 réinjecté à chaque inspiration." C’est ce qu’affirme cette publication partagée plus de 2 000 fois sur Facebook en France depuis le 19 août.  Capture d’écran réalisée le 4 septembre 2020 sur Facebook Cette publication, qui circule également en Belgique, est relayée sur Facebook depuis au moins le mois de mai. Elle circule également sur Twitter. Le masque n’entraîne pas de manque d’oxygène dangereux pour la santé"Une perte de 20% d’oxygène dans le sang, c’est énorme", souligne Jean-Luc Gala, chef de clinique à la clinique universitaire Saint-Luc à Bruxelles et spécialiste des maladies infectieuses, contacté par l’AFP le 4 septembre 2020: "Si vous perdez autant d’oxygène, vous allez directement à l’hôpital, en soins intensifs". Cette théorie très répandue, selon laquelle le port du masque diminuerait la quantité d’oxygène dont nous avons besoin pour vivre, voire provoquerait de l’hypoxie, c’est-à-dire un "manque d’oxygène au niveau des organes et des tissus", selon la définition de ce "manuel du secouriste ambulancier" disponible sur le site du Service Public fédéral belge, a déjà été fact-checkée par l’AFP. Elle est erronée. Dans sa rubrique "En finir avec les idées reçues", l’Organisation Mondiale de la Santé explique que le masque n’est pas dangereux pour la santé, s’il est porté correctement : "L’utilisation prolongée de masques médicaux peut être inconfortable, mais elle n’entraîne ni intoxication au CO2 ni manque d’oxygène. Au moment de porter un masque médical, veillez à ce qu’il soit correctement ajusté et qu’il soit suffisamment serré pour vous permettre de respirer normalement. Ne réutilisez pas un masque à usage unique et changez-le dès qu’il s’humidifie."Interrogé par l’AFP en mai pour l’article mentionné ci-dessus, Claudio Méndez, professeur de santé publique à l'université australe du Chili, excluait que l'utilisation d'un masque puisse générer une hypoxie, tant que le matériau permet à l'air de passer. "Jusqu'à présent, les masques N95 (équivalents des FFP2, ndlr) - ou les masques en tissu - ont été testés pour ne pas altérer les fonctions physiologiques des personnes", avait-il expliqué.Les masques FFP2 utilisés par les professionnels de santé "ne sont généralement pas portés plus de sept heures”. "C'est encore moins pour les masques chirurgicaux. Aucun de ces deux cas n'est susceptible de générer une hypoxie", avait insisté le Pr Méndez.Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), expliquait également à l’AFP en juillet qu’un masque ne pose aucun problème de manque d’oxygène pour les personnes en bonne santé : "Le masque n’est pas un circuit clos, il laisse passer l’oxygène", avait-il insisté. "Il peut éventuellement gêner la respiration d’une personne avec des problèmes cardiaques ou respiratoire ou en cas de grand effort. Il peut aussi y avoir une sensation d’inconfort qui provoque une impression d’étouffer, mais c’est psychologique."En France, l’article 2 du décret du 10 juillet 2020 rendant notamment obligatoire le port du masque dans les lieux clos précise ainsi que ne sont pas obligées de porter le masque les"personnes en situation de handicap munies d'un certificat médical justifiant de cette dérogation et qui mettent en œuvre les mesures sanitaires de nature à prévenir la propagation du virus." En Belgique, le site du gouvernement explique qu’un "écran facial" peut également être utilisé pour remplacer le masque, "s'il n'est pas possible de porter un masque buccal pour des raisons médicales". L’OMS a par ailleurs publié plusieurs infographies montrant comment "porter un masque (en tissu ou médical) en toute sécurité".  Infographie téléchargée sur le site de l’OMS le 4 septembre 2020Le masque n’entraîne pas d’intoxication du sang due au CO2 Le port du masque, qui n’entraîne pas de manque d’oxygène, n’empêche pas non plus d’évacuer le dioxyde de carbone, contrairement à ce qu’affirme cette publication, selon laquelle le masque "acidifie" le sang "à cause du CO2 réinjecté". "L’intoxication au CO2 acidifie effectivement le sang, mais le port du masque n’engendre absolument pas cette complication", explique Jean-Luc Gala."Le CO2 est un gaz très volatil qui passe très facilement à travers le masque", confirme Nathan Clumeck, membre de l’Académie royale de médecine de Belgique et spécialiste des maladies infectieuses, interrogé le 4 septembre 2020 par l’AFP.Une petite accumulation de CO2 ne provoquerait d’ailleurs pas de problèmes de santé, d’après le professeur Vinita Dubey, médecin hygiéniste à l'agence de santé publique de Toronto au Canada, interrogée en juin dans un autre article de l’AFP. "En général, un masque en tissu ne serre pas complètement le visage. L'air peut encore circuler autour du masque et à travers ses trous. L'utilisation prolongée du masque de protection, y compris le N95 - équivalent du FFP2 en France, ndlr-, n'a pas été reliée à des cas d'empoisonnement au dioxyde de carbone chez les personnes en bonne santé. Si du CO2 s'accumule dans le masque, c'est dans de petites quantités tolérables", expliquait-elle.Pour Yves Coppieters, "il faut être conscient que ce genre de masque est porté par des spécialistes de santé toute la journée et qu’il n’ont pas d’infections secondaires ni de problèmes de santé".Le masque est d’abord efficace pour protéger les autresMême non hermétique, le masque reste efficace, car il protège les autres de la projection de gouttelettes salivaires potentiellement contaminées. "Cela fonctionne si tout le monde en porte un, et dans ce cas, un masque très basique suffit, car un bout de tissu peut bloquer les projections", expliquait à l'AFP le Pr KK Cheng, spécialiste de santé publique à l'université de Birmingham (Angleterre), dans cette dépêche fin mars. "Ce n'est pas parfait, mais c'est beaucoup mieux que rien"."Beaucoup de gens pensent que porter un masque (grand public, ndlr) les protège de la contamination, alors que cela permet en fait de réduire les sources de transmission", ajoutait-il.Déconseillé par le gouvernement au début de l’épidémie et réservé aux soignants et aux malades du Covid-19, le masque a fait l’objet d’une volte-face des autorités gouvernementales et sanitaires, comme l’expliquait fin juillet cette dépêche de l’AFP. Les élèves qui sont rentrés à l’école cette semaine en Europe doivent pour beaucoup en porter un et le masque est désormais obligatoire dans les entreprises en France.Un rapport de la revue scientifique de la Royal Society au Royaume-Uni, mis à jour le 7 juillet 2020, conclut que "les preuves que les masques, y compris les masques en tissu, empêchent les risques de transmission et d’infection continuent de s’accumuler. (Cette affirmation) est basée sur des données d'observation et de modélisation chez l'homme, concernant l’efficacité des masques dans l’interception des gouttelettes et aérosols et sur des études contrôlées sur des animaux. Les preuves que les masques peuvent en plus protéger la personne qui le porte s’accumulent également."Dans ce document du 5 juin 2020, l’OMS rappelle que “le port du masque s’inscrit dans le cadre d’un ensemble de mesures anti-infectieuses propres à limiter la propagation de certaines affections respiratoires virales, dont la Covid-19 fait partie”, parmi lesquelles doivent aussi figurer “l’hygiène des mains, la distanciation physique et d’autres mesures de lutte anti-infectieuse”. (fr)
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