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  • 2020-12-23 (xsd:date)
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  • Non, cette vidéo n’a pas de lien avec le mouvement séparatiste au Cameroun (fr)
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  • Une vidéo virale sur Facebook prétend montrer des milliers de jeunes recrues prêtes à rejoindre les rangs des séparatistes en Ambazonie, zone anglophone du Cameroun où sévit un conflit sanglant depuis 2017. C’est faux : cette vidéo a été filmée au Nigeria, où des activistes du mouvement séparatiste du "Peuple autochtone du Biafra" l’ont largement diffusée depuis le 13 décembre 2020.La séquence vidéo (supprimée) dure 4’16” et montre des centaines de jeunes hommes en civil, assis la tête entre les jambes. Ils sont encadrés par des hommes en uniforme, encagoulés pour certains. Dans cette vidéo, on entend une voix d’homme s’exprimant en pidgin camerounais (variante locale de l’anglais).En résumé, l’orateur dit que son message s’adresse à "La République", le nom donné par les séparatistes anglophones au gouvernement camerounais. "Nous sommes au Nigeria. Nous reviendrons pour la victoire. Ils disent que nous sommes tous morts ? Leur plan a échoué. Nous ne sommes pas morts. Personne n'aura de chance de survivre. On arrivera jusqu'à Yaoundé. Cette vidéo est pour dire au monde que nous les Ambazoniens nous sommes des milliers. On arrive. Nous n'abandonnons pas, nous ne baissons pas les armes, nous ne nous rendons pas", clame-t-il. Capture Facebook du post partagé au Cameroun, réalisée le 22 décembre 2020Cette vidéo est diffusée alors que des groupes armés sécessionnistes affrontent l'armée camerounaise depuis près de quatre ans. Les deux régions anglophones du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont en proie à un conflit qui oppose quasi-quotidiennement les forces de l'ordre à des séparatistes anglophones qui se réclament d'un État indépendant appelé l'Ambazonie.Le conflit a fait plus de 3.000 morts et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile selon des organisations internationales."DE NOUVELLES RECRUES PRÊTES AU COMBAT EN AMBAZONIE", écrit l’auteur de la publication partagée sur Facebook, en lettres capitales. Pourtant, cette vidéo n’a pas de lien avec le mouvement séparatiste camerounais.Une vidéo revendiquée par un mouvement indépendantiste nigérianL’AFP a effectué une recherche d’images inversée et a trouvé de nombreuses traces de la séquence vidéo partagée au Cameroun. Depuis le 13 décembre, elle apparaît, sans la voix off, dans de nombreux médias et comptes de propagande de l’un des mouvements indépendantistes nigérians pro-Biafra, appelé le "Peuple autochtone du Biafra" ou "Indigenous People of Biafra" -Ipop- en anglais. On la retrouve, dans une version plus nette, sur la page Facebook du leader du mouvement Ipop, Mazi Nnamdi Kanu, et partagé 10.000 fois depuis le 13 décembre. Capture sur la page Facebook du leader du mouvement séparatiste nigérian, Ipop, réalisée le 22 décembre 2020Il mentionne que cette vidéo montre "la réserve (de bénévoles) du camp 2 retenus pour compléter le corps principal en uniforme". Une légende abondamment relayée le jour même par des activistes Ipop (1,2,3,4,5,6…). Elle est intégrée dans des articles en ligne (1), des comptes Youtube (1,2…). Le groupe Ipop fait depuis peu la promotion de sa nouvelle armée : Eastern Security Network, qui, selon son leader, "constitue une réponse à l'insécurité et au terrorisme peul". "Indigenous People of Biafra" dont le drapeau est aux couleurs rouge-noir-vert, fait partie des mouvements indépendantistes émergents, revendiquant l’indépendance du Biafra, état sécessionniste situé dans le Sud-Est du Nigeria, riche de réserves pétrolières. Entre 1967 et 1970, cette "province rebelle" du Nigeria a été le théâtre d’une guerre civile et ethnique ayant fait plus d’un million de morts. Depuis les années 2000, de nouveaux groupes armés ont relancé les revendications indépendantistes pour le retour de la "République du Biafra". Dans un document sur les revendications sécessionnistes, RFI souligne que l’Ipop a été classé "organisation terroriste" par la Haute cour fédérale d’Abuja en septembre 2017.La vidéo qui circule au Cameroun n’a pas de lien avec le conflit qui sévit dans les régions anglophones du pays. La voix en off qu’on entend a été rajoutée. Le conflit séparatiste dans les régions anglophones du Cameroun est envenimé par les réseaux sociaux, où partisans des indépendantistes et soutiens du gouvernement multiplient les publications fausses ou trompeuses. (fr)
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