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Une vidéo, partagée plus de 13.000 fois sur Facebook en dix jours, montre un bus d'une compagnie de transport flamande en feu. L'auteur de la publication affirme qu'il s'agit d'un bus électrique. C'est faux: la compagnie a confirmé à l'AFP que ce bus, construit en 2008, dispose d'un moteur diesel. Il s'agit d'un modèle dont la première version électrique n'est apparue qu'en 2018. Par ailleurs, les moteurs électriques n'ont pas plus de risque d'exploser que des moteurs thermiques, ont expliqué deux experts à l'AFP.Sur la vidéo partagée plus de 13 000 fois depuis le 23 février 2022, un bus apparaît en feu, un épais nuage de fumée noire s'échappant du véhicule. Une inscription sur la vidéo, en néerlandais, indique qu'elle a été prise "à l'hôpital de Grammont" - Geraardsbergen en flamand - en Flandre."Les bus électriques, un grand pas pour l'écologie. Ça et les centrales électriques au gaz, on est en bonne voie", commente, ironiquement, l'auteur de la publication. Capture d'écran réalisée sur Facebook le 03/03/2022 L'incident, qui a eu lieu le 22 février 2022, a été rapporté dans plusieurs médias flamands, notamment par le quotidien Nieuwsblad, qui partage une photo similaire à la vidéo relayée dans cette publication. Selon ces médias, il n'a fait aucune victime, les passagers et le conducteur ayant pu sortir du bus à temps.Dans les commentaires, de nombreux internautes mettent en doute le fait que ce bus soit un véhicule électrique. Captures d'écran réalisées le 28/02/2022 sur FacebookLa compagnie De Lijn a confirmé qu'il s'agit d'un bus à moteur dieselLe bus qui prend feu dans cette vidéo appartient à la compagnie flamande De Lijn. Marco Demerling, porte-parole de la compagnie, a confirmé à l'AFP le 24 février 2022 que "le bus qui a pris feu à Grammont n'était pas un bus électrique", mais un bus à moteur diesel, dont la construction remonte à 2008, a-t-il indiqué.Sur son site, la compagnie indique que seuls 10 bus électriques De Lijn sont actuellement en circulation en Belgique: 5 à Louvain et 5 à Anvers.Dans les commentaires des publications Facebook que nous vérifions, plusieurs internautes relèvent le modèle du bus, affirmant qu'il s'agit d'un Mercedes Citaro.Ce modèle de bus urbains, lancé par Mercedes en 1998, est exploité par la compagnie De Lijn, comme on peut le voir ici et ici. Les véhicules apparaissant sur ces photos semblent correspondre en effet au modèle du bus qui a pris feu à Grammont et dont plusieurs photos ont été partagées par des médias flamands ici ou ici, comme on peut le voir sur la comparaison ci-dessous. Un bus de transport de la compagnie de De Lijn.Capture d'écran réalisée sur le site transbus.org, le 03/03/2022 Le bus qui a pris feu à Grammont. Capture d'écran réalisée sur le site du média flamand HLN, le 03/03/2022 La compagnie de bus De Lijn a confirmé à l'AFP le 2 mars 2022 que le bus en feu sur cette vidéo est bien un modèle Mercedes-Benz Citaro.Or, comme expliqué sur le site de Mercedes, le Mercedes-Benz eCitaro, entièrement électrique, n'a été construit qu'en 2018, dix ans après la construction du bus que nous voyons sur cette vidéo. Contactée par l'AFP, la police de Grammont n'a pas donné de détails sur les causes de l'explosion, l'enquête étant toujours en cours. Contactée, la municipalité de la ville n'a pas non plus répondu aux sollicitations de l'AFP.Rien ne prouve que les véhicules électriques ont plus de risque de prendre feu que les véhicules thermiquesL'AFP a interrogé Soens Steven, conseiller à la Fédération belge de l'automobile et du cycle (FEBIAC). "Plusieurs études indiquent que les véhicules électriques sont au moins aussi robustes que les véhicules 'classiques'" à moteur thermique, a-t-il indiqué le 28 février 2022. "Quand on parle d'une batterie ou d'un carburant diesel, on parle d'un réservoir d'énergie. Dans les deux cas, les principes derrière les véhicules sont différents, mais il s'agit toujours d'une source d'énergie intégrée dans le véhicule et qui représente un danger. Mais on ne peut pas dire qu'une source d'énergie est plus dangereuse que l'autre". Les moteurs électriques ou diesel présentent des risques similaires, a expliqué Soens Steven: pour faire avancer un véhicule, "que ce soit avec du carburant ou de l'énergie électrique, il faut les modifier dans des énergies de propulsion. En convertissant l'énergie, il y a souvent des pertes, sous forme de chaleur involontaire qui est la conséquence de la transformation d'énergie". Cette perte d'énergie, si elle n'est pas maîtrisée, peut entraîner un départ d'incendie.Dans le cas des véhicules électriques, plusieurs causes peuvent entraîner un problème de moteur, voire un incendie ou une explosion, a décrit Soens Steven: "il peut y avoir des problèmes dans l'assemblage de la batterie, par exemple dans le système de refroidissement - destiné à évacuer la chaleur à l'intérieur de la batterie. Il peut également y avoir des problèmes au niveau du câblage, par exemple un câble qui aurait frotté un autre élément et provoqué un court-circuit. Un problème dans le chargement de la batterie peut également provoquer un feu".Pour éviter d'éventuels problèmes, Soens Stevens conseille de "faire la même maintenance du véhicule électrique que d'un véhicule classique". En août 2020, des chercheurs suisses du laboratoire fédéral d'essai des matériaux et recherches (EMPA) ont étudié le risque d'incendie de véhicules électriques dans les infrastructures de circulation souterraine (tunnels ou parkings, par exemple) et conclu qu'"une voiture électrique en feu n'est pas plus dangereuse d'un point de vue thermique qu'une voiture en feu avec une propulsion conventionnelle".Pour Damien Ernst, professeur à l'université de Liège, "les études montrent qu'en termes d'incendie par million de kilomètres parcourus, les véhicules thermiques prennent davantage feu que les véhicules électriques", a-t-il déclaré le 28 février 2022, citant une étude publiée le 21 janvier 2022 sur le site de l'assureur américain AutoinsuranceEZ.A partir des données du Conseil national de la sécurité des transports (NTSB), la compagnie d'assurance a comparé le nombre d'incendies de véhicules électriques et de véhicules thermiques et a conclu que les véhicules électriques sont les moins susceptibles de prendre feu, avec un taux de 25 incendies pour 100 000 véhicules vendus, contre 3 474 pour les véhicules hybrides et 1 529 pour les véhicules à moteurs thermiques.Cependant, a nuancé Damien Ernst, cette proportion s'explique en partie par le fait que "les véhicules à essence et diesel sont en général plus vieux" et présentent donc davantage de risques d'incidents.Par ailleurs, les incendies de véhicules électriques "sont plus difficiles à éteindre, à cause de leurs batteries à lithium-ion" a ajouté Damien Ernst. Comme l'expliquait le président du syndicat libéral des pompiers de Bruxelles dans un article du média belge la Capitale, publié le 13 février 2022, "lorsqu'un élément de batterie lithium-ion d'une voiture électrique prend feu, l'arroser avec de l'eau ne permet que de refroidir l'ensemble, pas d'éteindre l'incendie. Après avoir éteint le véhicule, il doit être plongé dans un container, de fabrication artisanale, pendant au moins 72 heures".En Flandre, le gouvernement a adopté en novembre 2021 un plan climat, qui bannit l'achat de voitures neuves à carburant à partir de 2029.
(fr)
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