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  • 2021-06-29 (xsd:date)
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  • Nuremberg, vaccins inefficaces et effets secondaires : attention à cette publication (fr)
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  • Un "consultant" a assuré sur LCI que le vaccin Pfizer entraînait des effets secondaires dans "70%" des cas, serait inefficace et violerait le "code de Nuremberg". Ces affirmations s'appuient sur une lecture parcellaire d'un article scientifique, occultent le reflux de l'épidémie lié à la vaccination et établissent un parallèle très discutable avec les expérimentations médicales menées par les nazis.La séquence reprise sur Facebook réunit tous les éléments du clash télévisuel: intervenant en duplex sur LCI, un "consultant indépendant en affaires publiques" et cofondateur d'un collectif méconnu s'est retrouvé, samedi 26 juin, privé d'antenne après s'être opposé à une possible obligation vaccinale contre le Covid-19 au nom du "code de Nuremberg" et de l'interdiction des expérimentations médicales.Rémi Tell s'est ensuite octroyé une sorte de droit de réponse en publiant une courte vidéo, partagée plus de 2.000 fois sur Twitter, dans laquelle il crie à la censure et répète plusieurs affirmations mettant en doute l'efficacité des vaccins et leur fiabilité.Partagée plus de 600 fois depuis le 28 juin, une publication Facebook a compilé ces deux séquences, relayant ainsi des assertions sujettes à caution quand elles ne sont pas tout simplement fausses, selon les recherches de l'AFP. Le vaccin Pfizer provoque des effets secondaires dans "70%" des cas - Manque de contexteC'est ce qu'affirme Rémi Tell sur le plateau de LCI comme dans la vidéo qu'il a tournée lui-même. "On a injecté un vaccin en phase expérimentale à des dizaines de millions de personnes pour se rendre compte de deux choses: d'une part une prévalence d'effets secondaires qui est très inquiétante, plus de 70%, et d'autre part que ce vaccin ne protège pas du coronavirus", a affirmé sur LCI M. Tell, qui est, selon sa page LinkedIn, diplômé notamment de Sciences Po mais n'a aucune formation scientifique spécifique.Son collectif Peuple libre, opposé à la "dictature sanitaire", jouit d'une audience très modeste sur Facebook (655 abonnements au 29 juin) mais cela n'empêche pas M. Tell, éphémère "conseiller discours" de l'eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, d'avoir été invité sur LCI, France 24 ou Sud Radio pour discuter de l'épidémie ou du passe sanitaire. Dans la publication que nous examinons, M. Tell ne cite pas ses sources ni la nature des effets secondaires mais ce chiffre de 70% renvoie aux déclarations du professeur Didier Raoult, icône des "Covid-sceptiques", dans une vidéo publiée le 20 avril par son Institut hospitalo-universitaire (IHU) en maladies infectieuses de Marseille.Tout en affirmant que les "gens que ça rassure" pouvaient se faire vacciner, le Pr Raoult y assure que les effets secondaires des vaccins à ARN messager sont plus nombreux que prévu. "Il y a un travail qui vient de sortir dans Nature où il y a plus de 70% d'effets secondaires avec le Pfizer, on n'avait jamais vu ça avec un vaccin. C'est deux à trois plus que le vaccin contre la grippe", déclare-t-il.Comme l'avaient indiqué en avril nos confrères factcheckeurs de 20 Minutes, le professeur Raoult se réfère ici à un article publié mi-février sur le site de la revue scientifique Nature, qui fait notamment le point sur d'éventuels effets secondaires liés aux vaccins contre le Covid-19."Il ne fait aucun doute que les vaccins actuels sont efficaces et sûrs", indique d'emblée cet article qui reproduit ensuite un tableau établi en janvier dernier par les Centres américains de contrôle des maladies (CDC) dans lequel apparaît le fameux ordre de grandeur de 70%. Capture d'écran de l'article de Nature.Selon ces données recueillies auprès d'un million de personnes vaccinées aux Etats-Unis avec Pfizer, 68% d'entre elles ont ressenti une douleur à l'endroit de l'injection après la première dose et 75% après la seconde -- une réaction courante après la vaccination comme le rappelle le ministère français de la Santé dans une fiche consacrée au vaccin Pfizer. Capture d'écran du ministère de la Santé.Un autre passage de l'article de Nature renvoie à une étude des CDC affirmant que près de 75% des personnes vaccinées ont fait état, post-vaccination, d'une "réaction systémique" (fièvre, fatigue...) qui s'est , en majorité, avérée être "légère ou modérée" et dont la durée "médiane" est d'un jour. Comme l'affirme le Pr Raoult, ce taux de réaction est plus de deux fois plus important que celui observé après le vaccin contre la grippe saisonnière.Si le taux de 70% semble donc correspondre à des données scientifiques, il est toutefois trompeur de mentionner un nombre "inquiétant" d'effets secondaires sans préciser qu'ils sont, en grande majorité, jugés sans gravité et que leur durée est limitée.Le même article rappelle d'ailleurs qu'à la date de publication aucun décès n'avait été "directement attribué" à la vaccination contre le Covid.Une vaccination qui ne protège pas contre le coronavirus - TrompeurPour proclamer l'inefficacité des vaccins anti-Covid, M. Tell se fonde notamment sur le récent cluster apparu dans un Ehpad des Landes où 23 résidents, dont 21 doublement vaccinés, ont été contaminés par le variant Delta. Deux d'entre eux sont, depuis, décédés, selon un article de France Bleu Gascogne."On attend les résultats d'analyse sur ce sujet pour savoir si on est dans un échec vaccinal grave ou si on est face à des patients qui étaient très très fragiles et pour lesquels un Covid ou une grippe peut suffire à causer le décès", a expliqué Benoît Elleboode, directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine, dans un sujet diffusé le 27 juin sur LCI. Cela ne suffit toutefois pas à établir l'inefficacité des vaccins anti-Covid: dans les pays comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou la France, la campagne de vaccination massive déployée depuis décembre s'est accompagnée d'une chute drastique des cas de contamination et des hospitalisations. Plusieurs publications scientifiques ont récemment confirmé cette efficacité.Selon une étude, publiée par le New England Journal of Medecine le 24 février et réalisée auprès de 600.000 personnes en Israël, l'efficacité du vaccin Pfizer était de 62% après la première dose et 92% après la deuxième face aux formes sévères du Covid. Une autre étude menée auprès de 4 millions de Français a établi que les personnes de plus de 75 ans présentaient 9 fois moins de risques d'être hospitalisées quand elles sont vaccinées."Maintenant, dans la vie réelle, qu'on a des millions de personnes qui ont été vaccinées, on peut observer l'efficacité du vaccin sur les formes graves (...). On était sûr qu'il y avait une efficacité sur les formes sévères, et elle se vérifie", expliquait à l'AFP le 3 mai la présidente de la commission technique des vaccinations à la Haute autorité de santé, Elisabeth Bouvet.AFP Factuel a déjà vérifié des publications mettant en doute l'efficacité des vaccins contre les formes graves du Covid mais, comme le rappellent régulièrement les experts et les laboratoires pharmaceutiques eux-mêmes, la protection offerte par les vaccins virus n'est pas de 100% et n'empêche pas toujours les contaminations.La question de leur efficacité contre les variants reste par ailleurs ouverte. Repérées par le journaliste du Parisien Nicolas Berrod, de récentes données des autorités au Royaume-Uni, où les contaminations sont récemment reparties à la hausse, montrent toutefois que les personnes les plus touchées par ce rebond sont celles qui n'ont pas été vaccinées.Sur les quelque 92.000 personnes contaminées par le variant Delta au Royaume-Uni entre le 1er février et le 21 juin, plus de la moitié d'entre elles --53.822-- n'étaient pas du tout vaccinées tandis que 7.235 avaient reçu leurs deux doses. Un vaccin expérimental qui violerait le Code de Nuremberg - FauxSelon M. Tell, les vaccins seraient donc encore au stade expérimental et ne sauraient être rendus obligatoires, au nom du "code de Nuremberg"."Depuis le code de Nuremberg, qui été édicté après la Seconde Guerre mondiale, on a compris pendant la Seconde Guerre mondiale le danger que représentaient les expérimentations", a-t-il soutenu sur LCI avant que le présentateur ne coupe définitivement son micro."Le code de Nuremberg est une charte qui a été édictée après la Seconde guerre mondiale pour protéger l'humanité des conséquences néfastes de certaines expériences scientifiques, code qui est toujours en vigueur aujourd'hui", a-t-il ensuite affirmé dans la vidéo qu'il a lui-même tournée. "Chacun comprend en quoi le code de Nuremberg s'oppose à la vaccination obligatoire", clame-t-il ensuite.Ce qui est devenu, au fil des années, le "code de Nuremberg" est en réalité une série de principes listés par le tribunal de Nuremberg dans son verdict rendu en août 1947 contre 23 médecins et personnels administratifs jugés pour des expériences sur des détenus dans les camps nazis, notamment des enfants, qui consistaient notamment à étudier les réactions provoquées par le fait de verser de l'acide sur des plaies ouvertes ou à des stérilisations de force. Seize d'entre eux ont été condamnés, dont sept à la peine capitale. Photo d'une victime d'expérimentions nazies venue témoigner le 22 décembre 1946 au procès des médecins nazis. (Capture d'écran du site du Musée de l'Holocauste de Washington)Ces dix recommandations -- recueillir le "consentement volontaire" du patient ou s'assurer que l'expérience évite les "souffrances" et "atteintes, physiques et mentales, non nécessaires"-- ont infusé dans la pratique médicale mais n'ont jamais eu force de loi en France, où le cadre légal des recherches bio-médicales sur l'homme a commencé à être défini en 1988 par la loi Huriet-Sérusclat. Contrairement à ce qu'affirme M. Tell et ainsi que l'avait montré l'AFP dans un précédent article, le "code de Nuremberg" n'est ainsi pas "en vigueur" et n'empêche pas la vaccination obligatoire en France, qui a ainsi été étendue en octobre 2017 avec l'aval du Parlement. Onze vaccins sont ainsi, depuis janvier 2018, obligatoires pour les enfants, contre 3 auparavant, comme l'expliquait l'AFP ici.Surtout, selon les juristes interrogés lors de notre précédent article de vérification, les vaccins anti-Covid ne sauraient être assimilés à des expérimentations médicales. Les vaccins contre le Covid-19 autorisés en France ont tous suivi les étapes imposées à chaque traitement avant une mise sur le marché européen et hexagonal: une première phase pour évaluer l'éventuelle nocivité du produit, une deuxième pour le tester sur un nombre limité de malades et une troisième pour juger de l'intérêt thérapeutique auprès d'un échantillon plus étendu. Les résultats de la phase 3 des essais cliniques, qui se déroule sur des milliers de volontaires ont été communiqués (par exemple ici pour Moderna et ici pour Pfizer en décembre) mais peuvent être mis à jour et complétés ensuite, aux termes de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle accordée à ces vaccins. Une AMM conditionnelle permet aux développeurs du vaccin de soumettre des données supplémentaires (études nouvelles ou en cours) après le feu vert des autorités, contrairement à une AMM classique où la totalité des données doit être préalablement soumise. Dans le cadre de cette procédure d'urgence, qui a permis d'accélérer considérablement la mise à disposition des vaccins contre le Covid, l'Agence européenne des médicaments (AEM) a accordé des autorisations pour un an, renouvelables.Mais cela ne veut pas dire pour autant que les vaccins mis sur le marché n'ont pas été testés correctement. "L'AMM conditionnelle rassemble tous les verrous de contrôles d’une autorisation de mise sur le marché standard pour garantir un niveau élevé de sécurité pour les patients", précise l'Agence nationale du médicament (ANSM) sur son site. En délivrant une AMM conditionnelle, l'Agence européenne des médicaments (AEM) estime que la balance "bénéfice-risque" est respectée, c'est-à-dire que la protection offerte globalement contre le Covid-19 est beaucoup plus importante que les potentiels effets secondaires ou risques induits par le vaccin.L'AEM souligne ainsi que les vaccins contre le Covid-19 ne peuvent être autorisés en Europe que s'ils "satisfont à toutes les exigences de qualité, de sécurité et d'efficacité définies dans la législation pharmaceutique de l'Union européenne". Une fois toutes les données complémentaires fournies, l'AMM conditionnelle peut être transformée en AMM standard.Aujourd’hui, les vaccins autorisés font, comme tout nouveau produit médical, l'objet d'une phase de pharmacovigilance pour suivre les effets secondaires des vaccins aussi bien en France, par l'ANSM, qu'à l'échelle européenne, par l'AEM.Malgré des suspicions liées notamment à l'apparition de rares caillots sanguins après la vaccination à l'AstraZeneca, les autorités sanitaires répètent, à ce stade, que "le rapport bénéfice-risque du vaccin reste globalement positif". (fr)
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