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  • 2020-11-30 (xsd:date)
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  • Le discours de ce docteur canadien sur le Covid-19 contient de fausses informations (fr)
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  • Des publications Facebook sur le discours d’un médecin canadien qualifiant la pandémie liée au Covid-19 de "canular" auprès du conseil municipal d’Edmonton ont été partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux depuis le 13 novembre 2020. Les fausses affirmations de Roger Hodkinson, notamment sur la présumée inefficacité des masques et de la distanciation physique pour endiguer la progression de la pandémie, ont été vivement critiquées par les autorités canadiennes et des experts médicaux, interrogés par l’AFP.L’une de ces publications, dont la vidéo a été partagée plus de 6.500 fois, partage des extraits de ce discours: "En gros, il y a une hystérie publique totalement infondée conduite par les médias et les politiciens… C'est scandaleux! C'est le plus grand canular de tous les temps perpétré sur un public insouciant… C'est de la politique qui joue au docteur et c'est un jeu très dangereux". Capture d'écran prise sur Facebook le 2 décembre 2020D’autres exemples en anglais peuvent être trouvés ici, ici, ici et ici. Le discours s’est rapidement propagé hors des frontières canadiennes, notamment en Pologne, en Croatie, en Serbie et en Afrique du Sud. Il a également été partagé par le député indépendant de l’Ontario Randy Hillier sur Facebook et sur Instagram.M. Hodkinson commence son discours (en anglais), prononcé le 13 novembre 2020 à l'occasion d’audiences publiques sur la proposition de la ville d'étendre son règlement sur le port du masque, en reconnaissant que "ce que je m’apprête à dire est dans un langage cru et direct. C'est à contre-courant".Il poursuit en estimant qu’il y a "une hystérie publique totalement infondée, encouragée par les médias et les politiciens. C'est scandaleux. C'est le plus grand canular jamais perpétré".L'Alberta, province de l’Ouest du Canada, qui compte le plus grand nombre de cas actifs de Covid-19 du pays (plus de 16.000 début décembre sur les 66.000 cas actifs que compte le Canada), a déclaré l'état d’urgence le 24 novembre et annoncé de nouvelles restrictions, parmi lesquelles l’interdiction des rassemblements à l'intérieur. La province connaît un pic de contaminations depuis septembre.Les affirmations de M. Hodkinson ont été rejetées par les autorités sanitaires canadiennes et des experts médicaux, interrogés par l'AFP.La province "respecte les qualifications du Dr Hodkinson en tant que médecin mais n'est pas d'accord avec son évaluation du Covid-19 et ne prend pas conseil auprès de lui en ce qui concerne la réponse du gouvernement à la pandémie", a déclaré Steve Buick, porte-parole du ministère provincial de la santé dans un courriel à l'AFP.Il a ajouté que le ministère et le gouvernement "continuent de s'appuyer sur les conseils du Dr Deena Hinshaw", en charge de la stratégie provinciale face au Covid-19.Hodkinson a critiqué la gestion de Mme Hinshaw et a demandé que la province soit rouverte.Alberta Health Services, l’organisme gérant le système de santé provincial, a tweeté (en anglais) que M. Hodkinson "n'a aucune affiliation officielle" avec les autorités sanitaires et a plutôt exhorté le public à suivre les directives provinciales.L'association médicale de l'Alberta a tweeté (en anglais) que "la Section des médecins de laboratoire de l'Alberta ne partage pas les opinions de l'individu en question". Le groupe a ajouté qu'il "approuve l'utilisation de masques, le lavage des mains et la distanciation physique ainsi que toutes les autres mesures de santé publique visant à prévenir la propagation de Covid-19".Le Collège royal, où Hodkinson a été certifié, a également pris ses distances par rapport aux déclarations de Hodkinson."Le Collège royal soutient fermement toutes les recommandations en matière de santé publique données par l'administrateur en chef de la santé publique du Canada, y compris les recommandations de pratiquer la distanciation physique et de porter des masques pour aider à prévenir la transmission de Covid-19", a déclaré l’institution dans un communiqué (en anglais).Contacté par l’AFP, M. Hodkinson a confirmé qu’il était bien la personne ayant prononcé ce discours au téléphone auprès du conseil municipal d’Edmonton, et a affirmé: “Je maintiens catégoriquement mes déclarations”.Son discours contient plusieurs informations fausses ou non prouvées, que l’AFP va examiner une à une:Affirmation 1: “Il ne faut y voir rien d’autre qu'une mauvaise saison de grippe", affirme Hodkinson. C'est faux, si l'on se base sur une comparaison des taux de mortalité.La grippe est liée à des maladies respiratoires qui tuent jusqu’à 650.000 personnes dans le monde chaque année, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Canada, elle tue environ 3.500 personnes chaque année.En comparaison, le Covid-19 a déjà tué près de 1,5 million de personnes dans le monde, dont plus de 12.000 au Canada.Davinder Sidhu, président de la Section des médecins de laboratoire de l'Alberta, a expliqué à l’AFP par téléphone que "c'est plus qu'une simple grippe, c'est un nouveau virus que notre système immunitaire n'a jamais rencontré auparavant".Il a ajouté que "nous ne comprenons pas assez bien comment le système immunitaire des gens va réagir à ce virus, et souvent les dommages sont causés par notre réponse immunitaire à celui-ci".M. Sidhu dirige actuellement à Calgary une étude basée au Canada visant à déterminer si le plasma de convalescence, prélevé sur des personnes ayant guéri du Covid-19, pourrait aider d'autres personnes infectées."La grippe a fait l'objet de plus de cent ans d'étude", contrairement au nouveau coronavirus, a-t-il précisé.L’AFP a abordé de fausses affirmations selon lesquelles le Covid-19 ne serait pas plus dangereux que la grippe ici et ici.Affirmation 2: "Les masques sont totalement inutiles, il n'y a aucune preuve de leur efficacité", affirme également Hodkinson, ajoutant que "la distanciation sociale est également inutile car le Covid est répandu par des aérosols qui parcourent environ 30 mètres avant d'atterrir".Dire que ces mesures sont inutiles est faux.Une analyse financée par l'OMS et publiée le 27 juin 2020 dans The Lancet a passé en revue 172 études menées dans 16 pays sur l'efficacité des équipements de protection et de la distanciation physique. Les auteurs ont conclu que "les politiques actuelles de distanciation physique d'au moins 1 m sont associées à une forte réduction des infections, et des distances de 2 m pourraient être plus efficaces".De plus, "l'utilisation du masque pourrait entraîner une forte réduction du risque d'infection", précise l'étude.La plupart des autorités sanitaires basent leurs décisions en matière de santé sur les lignes directrices de l'OMS, que l'on peut trouver ici.Santé Canada recommande l'utilisation de masques pour prévenir la propagation du Covid-19, et une distanciation physique de deux mètres, ainsi que le lavage des mains, entre autres. La province de l’Alberta recommande également le port d'un masque, une distanciation physique de deux mètres, le lavage des mains et la réduction des rassemblements sociaux.M. Sidhu, qui dirige l'étude sur le Covid-19 à Calgary, réfute l'affirmation de Hodkinson sur les masques. "Cela serait sensé si les particules de virus n'étaient pas également attachées à des gouttelettes d'eau, qui sont en fait ce qui est retenu par la plupart des masques, empêchant la propagation de la maladie", a-t-il déclaré.Les aérosols, auxquels Hodkinson fait référence, sont des gouttelettes microscopiques émises lors de la respiration et de la parole. Plus petites que les gouttelettes émises lors d'une toux ou d'un éternuement, qui tombent rapidement au sol, elles peuvent rester plus longtemps en suspension dans l'air et se propager plus loin.Suite à une lettre ouverte de professionnels de la santé, l’OMS a reconnu que le virus peut se propager de cette manière.“La transmission par aérosols peut se produire dans des contextes spécifiques, en particulier dans des espaces intérieurs, bondés et insuffisamment ventilés où une ou plusieurs personnes infectées passent de longs moments avec d’autres personnes, comme les restaurants, les salles de chorale, les cours de fitness, les boîtes de nuit, les bureaux ou les lieux de culte", précise l’organisation.Une étude publiée dans Scientific Reports en septembre 2020 a montré que les masques sont efficaces pour réduire les émissions d'aérosols. Selon celle-ci, "les masques chirurgicaux et les respirateurs KN95 (équivalent du FFP2 européen, ndlr) non ventilés, même sans test d'ajustement, réduisent les taux d'émission de particules de 90 % et 74 % en moyenne respectivement pendant la parole et la toux, par rapport à l'absence de masque, ce qui corrobore leur efficacité à réduire les émissions".L’AFP a abordé de nombreuses fausses informations sur le masque ici.Affirmation 3: "Des résultats de tests positifs ne signifient pas... une infection clinique, ça alimente simplement une hystérie collective et tous les tests devraient cesser, sauf si vous vous présentez à l'hôpital avec des problèmes respiratoires", affirme Hodkinson, qui dit être le président d'une société de l’Etat américain de Caroline du Nord qui vend des tests Covid-19.Barry Pakes, professeur à l'Ecole de Santé publique Dalla Lana de l'Université de Toronto, a rejeté cette affirmation et a souligné l’importance des tests de dépistage.“Un test positif, sauf s'il s'agit d'un rare faux positif, indique la possibilité à la fois de la maladie et de la transmission de l'infection”, a-t-il expliqué dans un courriel à l'AFP.Les tests PCR par prélèvement nasal ou buccal ont un taux de faux positifs (indiquant qu’une personne est positive au Covid-19 même si elle ne l’est pas) proche de zéro, selon un article (en anglais) comparant les différents types de tests disponibles sur la plateforme Harvard Health Publishing. Ces rares faux positifs éventuels sont principalement dus à une contamination de l'échantillon ou à d'autres problèmes liés au laboratoire, selon cette même source.Toute personne présentant des symptômes, ainsi que les personnes qui ont été en contact avec des personnes malades et celles à haut risque devraient toutes être testées, selon M. Pakes."Nous devrions absolument tester toutes les personnes susceptibles d'être infectées afin de pouvoir retracer efficacement les contacts, afin que les gens puissent s'isoler et diminuer la transmission, et afin que nous puissions mieux comprendre où nous en sommes dans la pandémie et comment y réagir", a-t-il déclaré.Santé Canada recommande le dépistage comme moyen de "de trouver et d’isoler les personnes atteintes de la COVID-19 afin de prévenir la transmission de la maladie et les éclosions" (clusters) et "de connaître le nombre de personnes infectées, ce qui nous aide à comprendre le degré de risque dans une collectivité", entre autres. L'agence fédérale explique la précision des tests et la signification des résultats ici.L’AFP a abordé de nombreuses fausses informations sur les tests de dépistage du Covid-19 ici.Affirmation 4: "Tout ce qu'il faut faire, c'est protéger les personnes vulnérables et leur donner à tous, dans les maisons de retraite qui sont sous votre contrôle, 3.000 à 5.000 unités internationales de vitamine D chaque jour, dont il a été démontré qu'elle réduit radicalement la probabilité d'infection", affirme M. Hodkinson.Cette affirmation est trompeuse, dans le sens où il n’existe pas de consensus scientifique sur l'efficacité de la vitamine D contre le Covid-19. Des recherches sont en cours, mais les carences en vitamine D ont été associées à un risque de mortalité accru parmi des personnes atteintes du Covid-19 dans une étude publiée dans Scientifics Reports."Une carence en vitamine D augmente sensiblement le risque d'avoir une maladie grave après une infection par le SRAS Cov-2. L'intensité de la réponse inflammatoire est également plus élevée chez les patients du Covid-19 souffrant d'une carence en vitamine D. Tout cela se traduit par une morbidité et une mortalité accrues chez les patients Covid-19 présentant  une carence en vitamine D", concluent les auteurs, qui recommandent ensuite "l'administration de suppléments de vitamine D aux populations à risque pour le Covid-19".Une étude publiée dans The Lancet établit des recommandations pour des apports quotidiens en vitamine D largement inférieurs à ceux suggérés par Hodkinson.  Les auteurs suggèrent une fourchette allant de 400 unités internationales au Royaume-Uni à 600-800 unités internationales aux États-Unis, principalement pour ses bienfaits pour les os et les muscles.Une autre étude, publiée dans Clinical Medicine, avertit qu'il “existe un potentiel de toxicité de la vitamine D. Par conséquent, il faut prendre plus que le complément quotidien habituel uniquement sous surveillance médicale. L'efficacité des suppléments de vitamine D dans la prévention des infections aiguës des voies respiratoires a été mieux démontrée avec la prise chronique de faibles doses, plutôt qu'avec l'administration bolus de fortes doses".“La vitamine D a été associée à une protection contre les infections graves, mais son efficacité présumée comme prophylactique est loin d'être fondée sur des preuves”, estime M. Pakes, de l’Université de Toronto.M. Pakes, ainsi que M. Sidhu, qui dirige l’étude à Calgary, estiment tous deux que davantage de recherches doivent être faites pour pouvoir tirer une conclusion.L’AFP a abordé plusieurs fausses informations sur de présumés remèdes contre le Covid-19 ici. (fr)
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