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  • 2022-07-25 (xsd:date)
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  • Non, ces chiffres britanniques ne prouvent pas que les vaccins sont inefficaces (fr)
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  • Selon des publications partagées plus de 1.000 fois sur Twitter et Facebook depuis mi-juillet, des chiffres officiels au Royaume-Uni montreraient l'inefficacité des vaccins puisque les morts du Covid sont très majoritairement vaccinés, et même triplement vaccinés. En réalité, si en chiffres absolus, les vaccinés sont bien majoritaires parmi les décès liés au Covid, c'est parce que la proportion des personnes vaccinées est largement supérieure à celle des non-vaccinés dans la population. Or, même vaccinés, les plus âgés et les plus fragiles restent les plus à risque de décéder du Covid. Pour évaluer l'efficacité des vaccins, il faut utiliser des groupes de population comparables, comme l'ont expliqué de nombreux experts ces derniers mois. Même si leur efficacité diminuent avec le temps et parfois avec les variants successifs, les vaccins sont toujours considérés comme sûrs et efficaces contre les formes graves."Un rapport du gouvernement britannique admet que 90% des décès dus au Covid depuis avril sont survenus parmi les personnes triplement vaccinées", affirment plusieurs publications partagées sur Twitter et Facebook (ici, ici ou ici), sous-entendant que les vaccins sont donc inutiles, voire dangereux. Capture d'écran Twitter prise le 21 juillet 2022"Les chiffres officiels publiés par le gouvernement britannique prouvent que l'on ment au public britannique sur l'efficacité des injections de Covid-19", peut-on lire dans des articles de blogs (1, 2, 3, 4, 5) reprenant l'information. "On meurt plus en étant vaccinés", commente un internaute. Capture d'écran Twitter prise le 21 juillet 2022Les articles en français sont une traduction d'un texte publié sur le site The Exposé UK, qui a déjà fait l'objet de plusieurs articles de vérification de la part de l'AFP sur la vaccination anti-Covid (1, 2, 3) et notamment sur les chiffres officiels britanniques. Capture d'écran de l'article de blog posté par le site The Exposé UK, prise le 21 juillet 2022 Capture d'écran de l'article de blog posté sur le site Réseau International, prise le 21 juillet 2022  The Exposé pointe qu'entre avril et mai 2022, 4.935 décès liés au Covid-19 ont été enregistrés : 4.647 chez des personnes vaccinées au moins une fois, dont 4.216 étaient triplement vaccinées, contre 288 chez des personnes non-vaccinées.A partir de ces chiffres, l'auteur de l'article a calculé des pourcentages : 4.647 personnes vaccinées (au moins une dose) décédées représentent 94% des décès du Covid sur la période. Sur ces 4.647 personnes, 90% avaient reçu au moins une dose de rappel (4.216 personnes). De ces pourcentages, il a créé un graphique, qui représente la proportion de vaccinés parmi les décès du Covid. Il cite comme source l'Office for National Statistics, l'agence nationale chargée des statistiques au Royaume-Uni. Capture d'écran prise le 21 juillet 2021Il présente comme "choquante" et "effrayante" la proportion de vaccinés dans les décès, et fait le commentaire suivant : "Les chiffres publiés discrètement révèlent que la population vaccinée dans son ensemble a représenté un pourcentage choquant de 94% de tous les décès dus au Covid-19 en avril et mai 2022, les non-vaccinés ne représentant que 6% de tous les décès dus au Covid-19. Mais la statistique la plus effrayante est que 90% des décès parmi les vaccinés concernaient des personnes ayant reçu au moins trois doses, alors que seulement 50% de la population anglaises a reçu trois doses."Si l'on cumule les décès Covid tous statuts confondus sur avril et mai, on retrouve bien les chiffres absolus utilisés pour calculer ces pourcentages. On les retrouve dans un document publié par l'ONS le 6 juillet 2022, portant sur la mortalité en Angleterre, entre le 1er janvier 2021 et le 31 mai 2022. Sous formes de tableaux, l'ONS publie le nombre de décès liés au Covid-19 selon les statuts vaccinaux. Pour y accéder, il faut télécharger le dernier tableau de statistiques disponible en cliquant sur ce bouton, puis se rendre sur le tableau numéro 1. Capture d'écran du site ons.gov.uk, prise le 25/07/2022Sont détaillés non seulement le nombre de doses mais aussi le délai entre l'injection et le décès, un critère important puisque la première dose met au moins 15 jours à être efficace et surtout que l'efficacité du vaccin s'atténue avec le temps. Capture d'écran du dernier rapport publié par l'Office National des Statistiques britannique, prise le 21 juillet 2022.A noter que ces chiffres ne concernent donc pas l'ensemble du Royaume-Uni (qui comprend aussi l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord), une nuance omise dans les publications que nous examinons. Mais quoi qu'il en soit, comme nous allons le voir ci-dessous, ces chiffres ne prouvent pas l'inefficacité des vaccins anti-Covid-19.Les vaccinés beaucoup plus nombreux que les non-vaccinésEn effet, déduire de ces données que les personnes vaccinées meurent davantage du Covid-19 que les personnes non-vaccinées est inexact, car cela repose sur une comparaison entre des populations de taille différente, et qui ont des caractéristiques d'âge et d'état de santé différentes.En Angleterre, selon le dernier point hebdomadaire publié par l'agence sanitaire britannique, le 7 juillet 2022, 70% de la population de plus de 5 ans, soit plus de 44 millions de personnes, avait reçu au moins une dose de vaccin anti-Covid, 66% en ayant reçu au moins deux, et 52% au moins trois doses (page 65).Ces chiffres varient fortement selon les tranches d'âge : plus de 95% des personnes de plus de 80 ans ayant reçu au moins une dose de vaccin contre moins de 10% des 5-12 ans. Capture d'écran du point hebdomadaire du 7 juillet publié par l'agence sanitaire britannique, prise le 21 juillet 2022Ainsi, si une grande proportion de la population anglaise a été vaccinée, en particulier les personnes âgées et les plus vulnérables, il n'est pas surprenant que les décès interviennent majoritairement chez cette population vaccinée, plus nombreuse, plutôt que dans la population non-vaccinée. En Angleterre, toujours selon le même document , 52% de la population âgée de plus de 5 ans a reçu au moins trois doses de vaccin anti-Covid-19. Ce chiffre s'envole à 90% chez les plus de 70 ans mais chute à 33% pour les personnes âgées entre 18 et 20 ans. La population âgée de plus de 70 ans, particulièrement à risque de développer une forme grave du Covid-19, est donc sur-représentée parmi les personnes qui ont reçu au moins trois doses de vaccin.En effet, seul 9,7% des personnes de plus de 70 ans n'ont pas reçu au moins trois doses de vaccins et seulement 5,7% n'en ont reçu aucune.Ainsi, il est logique que les triplement vaccinés soient plus nombreux que les non-vaccinés dans les chiffres des décès liés au Covid-19.Depuis le début des campagnes de vaccination fin 2020, de nombreuses fausses allégations se sont basé sur le même schéma : en comparant les décès chez les vaccinés et les non-vaccinés sans tenir compte des différences entre ces groupes. Interrogé par l'AFP le 12 juillet 2021 sur des publications trompeuses similaires, Public Health England (devenu depuis UK Health Security Agency) déclarait déjà à propos de ses chiffres que "les données doivent être interprétées en prenant en compte la couverture vaccinale très élevée dans la population britannique. Même avec un vaccin hautement efficace, il est attendu qu'une forte proportion des cas [de décès] survienne chez des personnes vaccinées, simplement parce qu'une plus forte proportion de la population est vaccinée". Dans le même article, Paul Hunter, professeur de médecine à l'Université d'East Anglia (est de l'Angleterre) expliquait le raisonnement."Si l'on considère - de manière purement théorique - que l'infection tue 100 personnes sur 10.000 (soit 1%) chez les non-immunisés contractant le Covid-19 et seulement 5 personnes sur 10.000 (soit 0,05%) chez les personnes immunisées infectées, on arrive à 250 morts sur 25.000 dans le groupe des non-vaccinés et 487,5 morts sur 975.000 dans le groupe des vaccinés."Mais, souligne-t-il, "sans vaccination, 10.000 personnes mourraient" sur l'échantillon d'un million.Le 27 juin 2021, deux statisticiens de l'université de Cambridge et de la Société royale de statistiques publiaient déjà dans le quotidien britannique The Guardian, une tribune intitulée : "Pourquoi la plupart des personnes qui meurent désormais du Covid en Angleterre ont été vaccinées"."Ne pensez pas qu'il s'agit d'un mauvais signal, c'est exactement ce qui était attendu", prévenaient déjà David Spiegelhalter et Anthony Masters.De plus, le document publié par l'ONS précise lui-même qu'il "convient d'être prudent lors de la comparaison des taux et des chiffres de la mortalité, car les caractéristiques des personnes appartenant aux différents groupes de statuts vaccinaux comme l'état de santé, peuvent différer, notamment en raison de la priorité donnée au vaccin pour les personnes plus vulnérables".En d'autres termes : non seulement les groupes comparés n'ont pas la même taille mais, en plus, ce sont les plus vulnérables qui ont d'abord été vaccinés. Ils sont donc aussi ceux qui sont le plus à risque de faire une forme grave voire de décéder, malgré le vaccin.C'est la même chose aujourd'hui, avec les doses de rappel qui se concentrent sur les populations les plus fragiles. Là encore, cela explique qu'une large part de décès se trouvent parmi des triplement vaccinés.Au Royaume-Uni, la dose de rappel a été ouverte aux plus de 50 ans et aux personnes immunodéprimées le 20 septembre 2021, élargie aux plus de 40 ans le 22 novembre, et à tous les adultes mi-décembre 2021. La quatrième dose est, elle, disponible pour les personnes de plus de 75 ans et les personnes immunodéprimées, depuis le 21 mars 2022.En France, la 2ème dose de rappel est possible dès trois mois après le 1er rappel pour les plus fragiles (plus de 60 ans, résidents en Ehpad, sévèrement immunodéprimés). Certaines personnes de moins de 60 ans sont aussi éligibles : les personnes âgées de 18 à 60 ans identifiés comme étant à risque de forme grave de Covid-19, les femmes enceintes, dès le 1er trimestre de grossesse, et les personnes vivant dans l’entourage ou au contact régulier de personnes vulnérables ou immunodéprimées. Utiliser le taux de mortalité standardisé sur l'âgeSuite aux allégations trompeuses circulant sur le sujet en juillet 2022, Sarah Caul, responsable de l'analyse de la mortalité pour l'ONS, est revenue sur ces informations trompeuses dans une série de tweets. Elle répondait à un graphique trompeur de The Exposé reprenant les chiffres comparant les décès chez les personnes vaccinées et non-vaccinées.You may have seen this chart showing that more people vaccinated are dying with COVID mentioned on the death certificate compared to those unvaccinated. However it doesn’t show the full picture. (2/6) pic.twitter.com/jo4smNQ2DY — Sarah Caul (@SarahCaul_ONS) July 14, 2022 The number and characteristics of those who are vaccinated and unvaccinated are different, are we need to take these into account when looking at the number of deaths for each group (3/6) — Sarah Caul (@SarahCaul_ONS) July 14, 2022   "Le nombre et les caractéristiques de ceux qui sont vaccinés et non vaccinés sont différents, (et) nous devons en tenir compte lorsque nous examinons le nombre de décès pour chaque groupe", dit-elle notamment.Elle publie d'ailleurs un graphique utilisant le taux de mortalité standardisés selon l'âge. L'utilisation de taux de mortalité standardisés permet de chiffrer les décès indépendamment des différences dues à l'âge.Using age-standardised mortality rates, which takes into account the size and age structure of the groups. Those vaccinated had a significantly lower rate of death involving COVID-19 for both males and females in April and May (4/6) pic.twitter.com/z9UYtFl0bB — Sarah Caul (@SarahCaul_ONS) July 14, 2022 Elle montre ainsi que "les personnes vaccinées présentaient un taux de mortalité lié au Covid-19 significativement plus faible, tant chez les hommes que chez les femmes, en avril et en mai. En résumé, les chiffres sont corrects mais ne disent pas tout", conclue-t-elle.En France, la Haute Autorité de Santé a rappelé le 10 janvier 2022 que la vaccination était jugée efficace à plus de 90% pour réduire les formes graves de Covid-19, hospitalisation ou décès. Une efficacité qui s'érode toutefois avec le temps et face aux variants successifs, en particulier Omicron, d'où la nécessité des doses de rappel.Selon la dernière étude menée par le groupement d'Intérêt Scientifique ANSM-Cnam, EPI-PHARE, et publiée le 7 juillet dernier, l'efficacité de la troisième dose pour réduire le risque d'hospitalisation due au Covid-19, dans une période prédominée par les deux variants Delta et Omicron, est estimée à 83%. Tout en restant élevée, la protection s'érode néanmoins après trois à quatre mois, pour atteindre 72%.27 juillet 2022 Ajoute mot manquant dans le titre (fr)
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