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Des publications virales sur les réseaux sociaux en République démocratique du Congo assurent que le fils de l’homme d'affaires et responsable politique Moïse Katumbi, Champion Katumbi, a été élu député en Zambie. Ces posts, qui dénoncent les liens supposés de la famille Katumbi avec des pays extérieurs à la RDC, sont en réalité mensongers: Champion Katumbi ne figure pas sur la liste des députés publiée sur le site de l’Assemblée nationale zambienne et n’a jamais été élu dans ce pays. Contacté par l’AFP, le directeur de cabinet de Moise Katumbi précise que “ni le fils, ni le père n’ont la nationalité zambienne”.“Le fils de Katumbi est député en Zambie”, assure une publication partagée plusieurs centaines de fois depuis le début du mois d’avril sur Facebook et Twitter en République démocratique du Congo (RDC). En ligne de mire: Champion Katumbi, fils de Moïse Katumbi, richissime homme d'affaires et responsable politique congolais. “Félicitations au fils de Moïse Katumbi”, feint de se réjouir l’auteur de la publication, qui met ensuite en cause dans un message décousu les origines de ce fils “né d’une mère rwandaise” et qui aurait “la nationalité zambienne”, et s’interroge sur la légitimité de la famille Katumbi à participer à la vie politique congolaise.“Quand quelqu’un choisit la nationalité de l’un de ses parents et est loyal à cette nationalité, on ne peut que l’encourager”, écrit cet internaute. Mais “là où le bas blesse, c’est avec ceux qui le jour prétendent être d’une nationalité (congolaise par exemple), et la nuit servent loyalement une autre”, ajoute-t-il.La publication s’accompagne d’un photomontage montrant Champion Katumbi en chemise à carreaux, ainsi que son père Moïse Katumbi et sa mère Carine Katumbi. On y voit aussi une capture d’écran d’un tweet annonçant son élection à l’Assemblée nationale zambienne, ainsi que le drapeau zambien. Capture d'écran d'une page Facebook trompeuse, réalisée le 14 avril 2021Ni le père ni le fils n’ont la nationalité zambienneMoïse Katumbi, né en 1964 dans l’Est de la RDC d’une mère congolaise et d’un père grec de confession juive ayant choisi de fuir durant les années 1930 l’emprise de l’Italie fasciste sur la Méditerranée, a fait fortune dans le secteur des mines et de la pêche, via plusieurs sociétés.Propriétaire du Tout Puissant Mazembe, un club de football sacré cinq fois champion d’Afrique, il a été gouverneur de la province du Katanga (Est de la RDC) entre 2007 et 2015 et est marié à une Belge d’origine rwandaise, Carine Katumbi. L’un de leurs fils, Champion Katumbi, est lui aussi actif dans le monde des affaires, notamment dans le secteur minier.Contrairement à ce qu’affirment les publications virales sur Facebook, ni Moïse Katumbi ni son fils Champion n’ont toutefois la nationalité zambienne, ni même des origines dans ce pays d'Afrique australe, voisin de la RDC.“Champion Katumbi est un homme d’affaires qui travaille entre la RDC, l’Afrique du Sud et la Zambie”. Mais “ni le fils, ni le père n’ont la nationalité zambienne”, a assuré le directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi, Olivier Kamikatu, contacté le 13 avril par l’AFP.Dire qu’il est actif dans la politique zambienne est “totalement mensonger”, a-t-il insisté.Aucune trace de Champion Katumbi au parlement zambienComme l’a démontré Congo Check dans un article de vérification, Champion Katumbi n’a dès lors jamais été élu à l’Assemblée nationale zambienne: pour se présenter à une élection dans ce pays, il faut en effet être “Zambien de naissance” ou “descendants de Zambien”, comme l’indique le site de la Commission électorale zambienne.L’AFP n’a par ailleurs retrouvé aucune trace de Champion Katumbi dans le trombinoscope officiel du parlement zambien, qui présente l’ensemble des députés de ce pays.Les élections générales ont lieu tous les cinq ans en Zambie. Les dernières datent de 2016 et les prochaines auront lieu le 12 août 2021, tel qu’annoncé sur le site de la commission électorale. Capture d’écran du calendrier des élections générales publié sur le site de la Commission électorale zambienneRecomposition politique en RDCCette fausse information circule dans un contexte de recomposition politique en RDC, alors que le président Félix Tshisekedi a mis fin début décembre à la coalition qu'il formait avec son prédécesseur Joseph Kabila depuis sa victoire à l’élection présidentielle de décembre 2018, et mis sur pied une nouvelle majorité.Dans le cadre de cette nouvelle majorité, qui revendique 391 députés sur 500, le président a rallié à sa cause de nombreux parlementaires jusque-là affiliés au FCC de M. Kabila, mais aussi des proches de Moïse Katumbi, qui s’est lui-même progressivement rapproché du pouvoir en place.Ancien allié du président Kabila passé à l'opposition en 2015, Moïse Katumbi a vécu en exil entre 2016 et 2019, en pleine tourmente judiciaire après une condamnation à trois ans de prison dans une affaire de spoliation immobilière dont il nie tout fondement. Ce dossier, qui lui faisait risquer la prison, a été qualifié de “mascarade" par l’église catholique.Après avoir tenté en vain de rentrer en RDC durant l’été 2018 afin de participer à l’élection présidentielle, il a fini par revenir en mai 2019, après l’annulation de sa condamnation. En décembre de cette même année, il a lancé son propre parti, Ensemble pour la République, confirmant ses ambitions pour l’élection présidentielle de 2023.
(fr)
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