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  • 2022-05-30 (xsd:date)
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  • Cette vidéo montrant une altercation en Côte d'Ivoire entre des soldats français et des Ivoiriens date de 2004 (fr)
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  • Une vidéo vue plus d'un million de fois sur Facebook a fait vivement réagir les internautes: elle semble montrer l'armée française assurant un contrôle routier qui dégénère en Côte d'Ivoire. Si des soldats français sont effectivement présents sur le territoire ivoirien, cette publication est trompeuse car les images datent de 2004. Elles montrent un contrôle effectué au lendemain du bombardement d'un camp militaire français et de manifestations au cours desquelles des soldats français ont fait usage de leurs armes à feu. Cette vidéo, qui resurgit près de deux décennies après avoir été filmée, a été partagée sur les réseaux dans un contexte d'opposition grandissante à la France en Afrique francophone.La vidéo est partagée avec la légende : "ICI, C'EST LA CÔTE D'IVOIRE, CE N'EST PAS LA FRANCE! QUELLE HUMILIATION ! QUELLE INTIMIDATION !"La vidéo, qui dure 2 minutes et 10 secondes, montre un contrôle routier effectué par des militaires français sur un pont. La voix du narrateur commente : "Les Français contrôlent toutes les voitures. Nous assistons à une scène qui illustre les tensions entre les civils ivoiriens et les militaires. Un mot de travers, et ça dégénère..." S'ensuit une altercation entre plusieurs personnes et des soldats français. Une femme s'exclame : "Ici, c'est pas votre pays !".  Capture d'écran réalisée sur Facebook le 27 mai 2022La vidéo, qui a été mise en ligne en février, continue d'être partagée plusieurs mois plus tard.Dans les commentaires, de nombreux internautes s'indignent de voir des soldats français faisant apparemment du maintien de l'ordre. D'autres mettent en doute la date à laquelle elle a été tournée.  Capture d'écran de commentaires sur la publication Facebook, réalisée le 27 mai 2022En examinant la vidéo, nous avons pu constater qu'elle avait été filmée à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, plus précisément sur le pont Général de Gaulle avec le quartier de Treichville en fond.Plusieurs immeubles de Treichville sont reconnaissables, ainsi que les grilles vertes typiques du pont en question. Capture d'écran de la vidéo partagée sur Facebook, réalisée le 27 mai 2022 Capture d'écran de Google Maps, réalisée le 27 mai 2022  Cependant, cette vidéo n'est pas récente. La qualité des images est un premier indice. Mais pour en retrouver l'origine, nous avons utilisé l'outil de vérification InVID-WeVerify pour effectuer des recherches d'image inversée sur des captures de la vidéo.Cela nous a mené vers une longue vidéo publiée en 2004 sur la plateforme Dailymotion. Elle est intitulée "Extrait 90 minutes Côte d'Ivoire novembre 2004".A 6 minutes et 47 secondes, nous retrouvons la même séquence que celle publiée sur Facebook.  La vidéo est un long extrait de 50 minutes d'un reportage réalisé en Côte d'Ivoire en 2004 et diffusé dans l'émission "90 Minutes" sur la chaine de télévision française Canal+. Le logo de l'émission est visible à plusieurs reprises, et vers la fin de la vidéo, on y aperçoit le présentateur de "90 Minutes", Paul Moreira.  Capture d'écran du reportage publié sur Dailymotion, réalisée le 27 mai 2022D'autres éléments qui prouvent le caractère ancien de cette vidéo nous ont été communiqués par l'Etat-major des armées français. Ils portent notamment sur l'équipement des soldats qui assurent le contrôle routier. "Nous vous confirmons l’ancienneté de cette vidéo. Vous pouvez le constater notamment grâce aux équipements des militaires français", indique l'Etat-major des armées français.Il explique que "les treillis F2 ne sont plus portés en opérations depuis 2014" et "les gilets pare-balle sont d’ancienne génération. Ce modèle a depuis été remplacé par les CIRAS, les Tigre puis les structures modulaires balistiques".Crise ivoirienne de 2004L'Etat-major des armées français confirme que "cette scène a été filmée dans le contexte de crise grave que connaissait alors la Côte d’Ivoire".En visionnant ce reportage de Canal+, dont l'extrait est faussement présenté comme étant récent, on comprend que cette scène a été filmée en novembre 2004, dans un contexte particulièrement tendu.Ce reportage ainsi que d'autres réalisés à l'époque rappellent que le 6 novembre 2004, au troisième jour d'une opération lancée par l'armée ivoirienne pour reprendre le contrôle de la côte nord aux forces rebelles dirigées par Guillaume Soro, l'armée de l'air bombarde une base française à Bouaké, ville du centre du pays. Neufs personnes sont mortes dont 8 soldats français et un ressortissant américain. En représailles, Paris avait détruit le jour même l'ensemble de l'aviation militaire ivoirienne, ruinant son offensive en cours et déclenchant une crise militaro-diplomatique inédite entre la France et la Côte d'Ivoire. Dans les jours qui avaient suivi, de violentes manifestations anti-françaises avaient secoué le sud du pays, dont Abidjan. Du jour au lendemain, des milliers d'expatriés avaient regagné la France en catastrophe, encadrés par les troupes françaises déployées dans le pays.La nuit du 6 au 7 novembre 2004 sera marquée par l'usage de la force des soldats français, dont des tirs sur des ponts d'Abidjan.C'est au lendemain de cette nuit mouvementée que le checkpoint français aperçu dans la vidéo a été installé sur le pont Général de Gaulle.Si la crise s'est apaisée au bout de quelques semaines, elle est restée longtemps un contentieux entre la France et la Côte d'Ivoire. Les principaux accusés dans le bombardement de la base française à Bouaké sont restés introuvables mais ont été jugés en leur absence par la cour d'assises de Paris en avril 2021 et condamnés à la prison à perpétuité. Présence militaire françaiseLa France maintient aujourd'hui une présence militaire en Côte d’Ivoire dans le cadre de sa coopération avec ce pays d’Afrique de l’Ouest. L'Etat-major des armées français précise que "les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) ont été créées le 1er janvier 2015"."L’existence de forces françaises stationnées sur le sol ivoirien s’inscrit dans la continuité de l’accord de partenariat de défense de 2012 qui scelle une relation ancienne entre la France et la Côte d’Ivoire. Elles constituent, avec les forces françaises stationnées à Djibouti, l’une des deux bases opérationnelles avancées en Afrique", explique l'Etat-major des armées français."Les 900 militaires des FFCI constituent une réserve d’intervention en Afrique centrale et de l’ouest. Ils sont chargés de soutenir les opérations dans la zone et de conduire les activités de partenariat militaire opérationnel avec la République de Côte d’Ivoire", poursuit l'Etat-major des armées français.Parmi les missions de cette force présente en Côte d'Ivoire figure certes la formation mais nullement les contrôles routiers. (fr)
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