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Une photographie montrant une femme sans voile et marchant en lisant et à contresens à travers une foule d'autres femmes portant une burqa a été partagée plus d'un millier de fois sur les réseaux sociaux en cinq jours sur les réseaux sociaux. Elle serait l'oeuvre, selon plusieurs personnes, "de l'artiste afghane Shamsia Hassani, enseignante à l'université de Kaboul", en Afghanistan, où la prise de pouvoir des talibans fait craindre un retour en arrière brutal des droits des femmes. Mais le cliché est en réalité issu d'une campagne publicitaire de 2018, dans un magazine tchèque. Shamsia Hassani a nié elle-même en être l'auteure."Cette photo est l'œuvre de l'artiste Afghane Shamsia Hassani âgée de 33 ans, elle est enseignante à l'université de Kaboul. Si nous la partageons, c'est pour lui donner la voix ainsi qu'à toutes les femmes Afghanes qui vivent l'enfer", écrivent les internautes partageant la photographie. Capture d'écran Facebook prise le 16 septembre 2021Ces publications circulent dans un contexte de crainte pour les droits des femmes afghanes.Les talibans ont annoncé début septembre leur gouvernement, marqué par la présence de nombreux caciques de leur régime fondamentaliste des années 90. Ils se sont engagés à gouverner de façon moins brutale et rigoriste que lors de leur premier règne entre 1996 et 2001, lorsque les femmes ne pouvaient pas travailler ou étudier.Mais ils ont également violemment réprimé, puis interdit, des manifestations organisées dans plusieurs grandes villes du pays, auxquelles participaient de nombreuses femmes réclamant notamment de pouvoir continuer à travailler pour nourrir leurs familles. L'image qui nous intéresse a également circulé accompagnée de légendes similaires dans d'autres langues, comme l'espagnol, le portugais, ou l'anglais.Grâce à une recherche d'image inversée avec le moteur TinEye, on retrouve ce cliché sur une page web tchèque, datant de juillet 2018. Vous pouvez consulter notre vidéo explicative pour plus de détails sur cette technique.L'illustration faisait partie d'une campagne publicitaire pour le magazine Reporter, produite par l'agence de publicité Y&R.On remarque d'ailleurs que dans la photo d'origine, la femme qui marche lit un exemplaire d'un magazine tchèque, remplacé par un livre à la couverture rouge dans les clichés qui accompagnent les publications aujourd'hui.Outre cette photographie, la campagne publicitaire comportait également une image d'un soldat marchant à rebours d'un peloton, et un manifestant faisant de même dans un cortège. Les deux personnages lisent le même magazine que la femme. Une recherche par mots-clés sur Google comportant les noms du magazine et de l'agence nous ont conduit à un site spécialisé dans les campagnes de publicité. L'illustration est alors accompagnée du titre "questionnement du radicalisme", le nom de l'artiste "JPavel Hejny" apparaît également. Capture d'écran du site adsoftheworld.com, prise le 16 septembre 2021En se rendant sur la page Facebook de l'artiste en question, on retrouve un post avec la même illustration, qui le félicite pour avoir remporté un prix. Enfin, l'artiste Shamsia Hassani a elle-même nié que cette illustration était l'une de ses créations. "Je sais qu'ils voulaient me soutenir, moi et mes œuvres, mais assurez-vous de mentionner le véritable artiste", a-t-elle écrit.Recently I noticed that hundreds of social media users shared this image as my artwork on their profiles/ pages, but this is not my artwork. I know that they wanted to support me and my art but please make sure to give the credit to the real artist. pic.twitter.com/MGRf5776cB — Shamsia Hassani (@ShamsiaHassani) September 13, 2021
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