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  • 2021-12-01 (xsd:date)
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  • Dans les hôpitaux de Liège, une tension saisonnière encore aggravée par la pandémie (fr)
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  • Dans une vidéo partagée plus de 2 000 fois sur Facebook en moins d'une semaine, un pompier liégeois affirme qu'il n'y a "personne" dans les hôpitaux, avant de déclarer que "les chiffres sont manipulés" car "chaque année à la même période les hôpitaux sont saturés", cette année pas davantage que les années précédentes. L'AFP a contacté les hôpitaux de la province de Liège: tous ont décrit une situation incomparable avec les années pré-pandémie. Si à l'approche de l'hiver, la situation se tend dans les hôpitaux, celle-ci est aggravée cette année par le Covid-19 qui force les hôpitaux à prendre des mesures extraordinaires, comme le report des soins non urgents.Dans une vidéo partagée plus de 2 000 fois sur Facebook depuis le 25 novembre 2021, un homme portant l'uniforme des pompiers de Liège déclare: "On se fout de nous, depuis deux ans... Nous on le voit avec les ambulances, on le voit dans les hôpitaux, il y a personne". Quelques secondes plus tard, interrogé sur la saturation des hôpitaux, il ajoute: "les chiffres sont manipulés (...) certes il y a du monde dans les hôpitaux, mais comme chaque année. Nous ça fait 10 ou 15 ans qu'on est pompiers et chaque année à la même période les hôpitaux sont saturés".Il appelle ensuite à une revalorisation des salaires du personnel soignant. Capture d'écran réalisée le 01/12/2021 sur FacebookCette vidéo a été publiée le 25 novembre 2021 sur la page Facebook de Kairos. Ce média en ligne, dont le micro apparaît dans la vidéo, se décrit comme "un journal anti-productiviste et indépendant" et se montre très critique vis-à-vis des mesures sanitaires et de la vaccination contre le Covid. La vidéo a été publiée dès le 24 novembre sur le site de Kairos. S'il est difficile de savoir exactement quand cette vidéo a été tournée, certains indices laissent à penser qu'elle aurait pu être faite lors de la manifestation contre le Covid Safe Ticket (l'équivalent du pass sanitaire en Belgique), qui a réuni 35 000 personnes à Bruxelles le 21 novembre.En effet, on observe derrière le pompier un bâtiment sur lequel est écrit "Loi 62". Il s'agit du nom d'un immeuble de bureaux à Bruxelles, qui se situe 62 rue de la Loi. On peut retrouver sur Google Street View l'emplacement exact où le pompier est interviewé dans la vidéo.De plus, on aperçoit derrière le pompier des manifestants, dont une femme tenant une pancarte mettant côte à côte le QR code du pass sanitaire et une croix gammée.Enfin, l'AFP n'a pas retrouvé d'occurrence de cette vidéo avant le 21 novembre. Ce pompier parle donc de la situation de novembre 2021 dans les hôpitaux de Liège.Interrogés par l'AFP, ceux-ci ont démenti ses propos. Si tous les hôpitaux n'ont pas nécessairement plus de patients que durant les années pré-pandémie à la même période de l'année, le Covid-19 a fortement augmenté la charge de travail du personnel, dans un contexte de fatigue générale après plusieurs vagues de coronavirus. De plus, les hôpitaux ont dû reprogrammer des opérations face à l'afflux de patients atteints du Covid-19, une réorganisation très spécifique à cette pandémie.Depuis le début de la pandémie de Covid-19, l'AFP a déjà vérifié à plusieurs reprises des affirmations concernant la situation hospitalière à Liège, ici et ici par exemple.Dans les hôpitaux de Liège, une situation aggravée par le CovidL'AFP a contacté plusieurs hôpitaux de la province de Liège, qui font actuellement face à une nouvelle vague d'hospitalisations. Selon le dernier bulletin épidémiologique de l'Institut de Santé publique Sciensano, 37% des lits en soins intensifs dans la province de Liège étaient occupés par des patients Covid le 30 novembre 2021."Les soins intensifs sont débordés", a déclaré le 30 novembre 2021 à l'AFP Antoine Gruseline, porte-parole du CHR de la Citadelle. "On a 16 patients Covid et 25 patients avec d'autres pathologies. On en est à jouer à Tetris: tous les jours, il y a une réunion entre les soins intensifs, les urgences et le bloc opératoire pour voir comment on peut déplacer des gens". La situation est régulièrement tendue en période hivernale dans cet hôpital situé à Liège, mais le Covid-19 aggrave nettement la situation: "Un patient Covid prend plus ou moins deux fois plus d'infirmiers qu'un patient infecté par la grippe", a relevé Antoine Gruselin. "Parallèlement, le monde tourne, donc on a aussi toutes les autres pathologies: grippes, bronchiolites, accidents dus au verglas … comme en période 'hors Covid'". Par ailleurs, l'hôpital fait face à une pénurie de personnel, indique le porte-parole: il manque "50 personnes en soins infirmiers pour que l'hôpital fonctionne correctement. Sur le reste (des effectifs), on est à un taux d'absentéisme de 15%". Ce déficit est multi-factoriel mais s'explique en partie par des démissions dues à la fatigue après deux ans de pandémie de Covid ainsi que par des absences liées à des cas de Covid chez les soignants ou dans leur entourage.Ces éléments ajoutent une forte pression sur l'hôpital. Avant le Covid, a indiqué Antoine Gruselin, l'hôpital disposait de 42 lits en soins intensifs, de 6 lits de soins intermédiaires et de très peu de lits fermés. Actuellement, "on a 7 lits en soins intensifs fermés et 32 lits ouverts, dont la moitié sont pris par des patients Covid. On est donc à quasi saturation permanente", a indiqué Antoine Gruselin. Une situation extraordinaire par rapport aux années pré-pandémie, a-t-il affirmé.La situation est similaire au CHU de Liège où, au 29 novembre 2021, 113 patients atteints du Covid et 4 suspectés de l'être étaient hospitalisés."La période de début d’hiver est traditionnellement une période compliquée dans les hôpitaux", a commenté Louis Maraite, directeur de la communication du CHU. "Les patients Covid viennent s’y ajouter avec le lot de complications pour l’organisation des autres soins. Pour rappel, un patient Covid reste jusqu’à trois fois plus longtemps qu’un patient normal en USI (unité de soins intensifs, ndlr) et nécessite beaucoup plus de soins. Nous avons donc dû déprogrammer des interventions 'non urgentes', qui sont pourtant toujours urgentes pour les patients". "Nous avons 18 patients Covid dans nos unités USI qui comportent 59 lits. Ce sont des lits qui ne peuvent pas être utilisés pour des opérations cardiaques et autres urgences", a-t-il ajouté.Christine Meurisse, infectiologue au CHU de Liège, a également décrit une situation bien plus compliquée depuis le début de la pandémie:"même quand il y a des patients hospitalisés pour grippe, vous en avez une dizaine par jour, au pic de l'épidémie et tous services confondus - vous n'en avez pas 113 (le nombre de patients hospitalisés pour Covid au CHU, ndlr)", a-t-elle expliqué, ajoutant que "dire que (la situation) est identique à une épidémie hivernale est erroné".Même avant les directives des autorités sanitaires, le CHU avait déjà commencé à déprogrammer des opérations afin de pouvoir faire face à l'afflux de patients. Avant le Covid, il était "extrêmement rare de devoir reporter des opérations à cause de viroses hivernales", a indiqué Christine Meurisse.La situation au CHU de Liège n'est pas encore catastrophique, estime cependant Louis Maraite: "la vaccination protège contre les cas graves et mortels de la maladie. Sans la vaccination, nos soins intensifs seraient saturés et l'hôpital se retrouverait dans une situation encore plus grave qu’en deuxième vague, où nous avions dû transférer des patients vers l’Allemagne et la France". La deuxième vague de la pandémie en Belgique a eu lieu à la même époque de l'année, en novembre 2020. Manifestation du personnel soignant devant l'hôpital MontLégia, à Liège, le 29 octobre 2020, alors que le pays fait face à une deuxième vague d'infections au Covid-19. ( AFP / JOHN THYS)Au CHR de Verviers, toujours dans la province de Liège, les équipes ont également dû reprogrammer certaines opérations . "Aujourd'hui, nous avons 39 patients hospitalisés pour Covid, dont 8 en soins intensifs", a indiqué Nicolas Vivier, responsable de la communication, interrogé le 1er décembre 2021.Dans cet hôpital de taille moyenne qui dispose de 15 lits de soins intensifs, "nous sommes déjà un peu plus que saturés", a commenté Nicolas Vivier. "Nous avons dû nous réorganiser. Une série de membres du personnel sont atteints du Covid et les équipes sont au bord de la rupture après deux ans de pandémie". De nombreuses opérations ont donc dû être reportées à la demande des autorités, "une directive hyper spécifique" au Covid, selon le porte-parole, qui ne se souvient pas d'avoir dû reporter des soins avant l'irruption de la pandémie, début 2020.A la Clinique André Renard, à Herstal, la chargée de communication Julie Missaire a décrit une situation de saturation pas inconnue, mais aggravée par la pandémie. "Nous vivons une saturation des hôpitaux qui n’est en effet pas neuve en période hivernale. Le Covid n’a fait qu’exacerber et aggraver une situation existante et latente depuis de trop nombreuses années, résultat d’une politique d’économie des soins de santé", a-t-elle déclaré le 1er décembre 2021.Quant à l'affirmation selon laquelle "il n'y a personne dans les hôpitaux", prononcée par le pompier au début de la vidéo, c'est "une insulte au personnel hospitalier qui vit cette situation anxiogène depuis bien trop longtemps", a commenté Julie Missaire.Au Centre hospitalier du Bois de l'Abbaye, la situation est plus tendue que durant les années pré-Covid, a indiqué le directeur médical Bernard Geurde. "Le nombre de patients hospitalisés n’est pas nécessairement supérieur cette année" mais "il y a une hausse de la charge de travail lorsqu’il y a une augmentation des patients Covid, comme c’est le cas pour le moment", estime-t-il.Cependant, a-t-il indiqué le 1er décembre 2021, la situation actuelle est meilleure que celle de décembre 2020, avec une trentaine de patients hospitalisés pour Covid contre une centaine à la même époque l'année dernière. "L'année passée, sans la vaccination, avec des chiffres de contaminations comparables à ceux que l’on connaît aujourd’hui, nous avions un nombre de patients hospitalisés pour Covid bien plus important", a indiqué Bernard Geurde.Enfin, au CHC MontLégia, à Liège, "la situation est super tendue", a commenté Catherine Marissiaux, responsable de la communication, interrogée le 30 novembre 2021, qui évoque "deux problèmes: le Covid, qui bloque la moitié des lits en soins intensifs et des lits d'hospitalisations fermés à cause d'un manque de personnel". Elle décrit des équipes épuisées et un absentéisme grandissant: "Après la première vague Covid, il a fallu rattraper tous les patients qu'on avait mis en attente. Le Covid a diminué, mais l'activité a continué à augmenter. Puis on a enchaîné avec une deuxième et une troisième vague Covid. Il y a une charge mentale terrible".Dans cet hôpital, au 30 novembre, 41 patients atteints du Covid étaient hospitalisés, dont 18 en soins intensifs.Des propos réfutés par les pompiers de Liège Contactés par l'AFP, les pompiers de Liège ont pris leurs distances par rapport aux affirmations trompeuses de leur collègue qui s'exprime dans la vidéo relayée sur Facebook. Celui-ci porte bien le pull des pompiers de Liège, a confirmé le colonel Scevenels, commandant de zone de l'Intercommunale d’incendie de Liège et environs (IILE), interrogé le 30 novembre 2021. Néanmoins, "ses propos ne sont pas le reflet de ce que pense la zone de secours. Ce sont des propos personnels", a-t-il déclaré."Les hôpitaux sont surchargés", a-t-il expliqué, évoquant "des situations d'urgence liées notamment à des accidents ou des grands brûlés, qui arrivent à l'hôpital et ne peuvent pas être pris en charge comme avant la pandémie".A l'heure actuelle, l'augmentation des hospitalisations dues au coronavirus inquiète les autorités belges. Le 30 novembre, plus de 3 000 lits d’hôpital dont 780 lits en unités de soins intensifs étaient occupés par des patients infectés par le Covid-19, selon le bulletin épidémiologique de Sciensano publié le 1er décembre 2021.Le comité consultatif gouvernemental qui surveille la situation hospitalière en Belgique, le HTSC, a demandé le 30 novembre aux hôpitaux de reporter de deux semaines tous les soins non urgents. Dès mi-novembre, ils s'étaient vu demander, à nouveau, de réserver la moitié des lits en soins intensifs aux patients Covid.2 décembre 2021 avec coquilles corrigées (fr)
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