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"En France", "aux Etats-Unis", "en Allemagne"....La photo d'un hélicoptère aspergeant une éolienne de glycol est diffusée dans des publications partagées plusieurs dizaines de milliers de fois. Cette photo montre une opération réalisée en Suède, il y a plusieurs années, par une entreprise qui explique avoir aspergé de l'eau sur les pales. "Vive la France!", ironise un internaute. "Une éolienne, c'est un machin bourré de matériaux non recyclables qui fait un bruit d'enfer, qui déchiquète les oiseaux et que l'on dégivre en hiver avec du glycol (ultra toxique pour les nappes phréatiques) pulvérisé à partir...d'un hélicoptère! Bravo les écolos...", peut-on lire dans la publication partagée plus de 20.000 fois en 15 jours sur Facebook. Capture d'écran Facebook prise le 7 juillet 2021La même affirmation a circulé dans plusieurs autres pays, comme ici en Allemagne ou ici aux Etats-Unis. Capture d'écran Facebook prise le 10 février 2021 Capture d'écran Facebook prise le 10 février 2021 C'est trois fois faux. Grâce à une recherche d'image inversée, on retrouve la même photo dans cette étude réalisée par des sociétés énergétiques suédoises de 2016 qui traitait d'un éventuel dégivrage d'urgence des éoliennes à l'aide d'eau chaude, et mentionne l'entreprise "Alpine Helicopter".On retrouve également la même photo en 2015 dans un article du média suédois nytenik.se, qui évoque une "nouvelle technologie prometteuse d'utilisation d'eau chaude pour éviter le givrage de pales d'éoliennes", testée à Boden, en Suède. Le média mentionne "Alpine Helicopter" dans le crédit de cette photo. Capture d'écran du site nyteknik, prise le 9 juillet 2021Nous avons appelé le directeur général de l'entreprise Alpine Helicopter. "Cette photo montre un de mes hélicoptères et a été prise il y a des années lors d'un projet d'essai de dégivrage avec de l'eau dans le nord de la Suède", a confirmé Mats Widgren.La photo ne peut donc pas montrer une tentative de dégivrage de pales d'éoliennes en France.Interrogé par l'AFP le 8 juillet 2021, le ministère de la Transition écologique n'avait pas connaissance d'une telle technique de dégivrage d'éolienne en France. Egalement contacté par l'AFP, le Syndicat des énergies renouvelables (SER), n'avait pas non plus connaissance de l'utilisation de ce procédé sur le territoire français, pointant le fait "qu’en France, les conditions sont bien moins extrêmes qu’en Suède, d’autant plus que l’éolien ne s’installe pas ou peu en montagne. Il s’agit donc d’une contrainte bien moins importante".Dans l'arrêté du 26 août 2011, "relatif aux installations de production d'électricité utilisant l'énergie mécanique du vent", il n'est jamais fait mention d'un type de liquide autorisé ou interdit pour dégivrer une pale d'éolienne. Il est revanche imposé à "chaque aérogénérateur (d'être) équipé d'un système permettant de détecter ou de déduire la formation de glace sur les pales"."En cas de formation importante de glace, l'aérogénérateur est mis à l'arrêt dans un délai maximal de 60 minutes", prévoit l'arrêté. Des éoliennes à Illiers-Combray, dans le centre de la France, le 10 février 2021 ( AFP / JEAN-FRANCOIS MONIER)Selon le SER, il existe toutefois des techniques de dégivrage dans certaines éoliennes, équipées de "pales chauffantes", comme "un système de soufflage d’air chaud à l’intérieur" de la pale ou encore un "système d’éléments chauffants composant directement la pale". "Dans le cas où les turbines ne sont pas équipées de ces systèmes (en particulier les turbines anciennes, ou situées dans des régions peu propices au gel en temps normal), les turbines peuvent être simplement arrêtées le temps que le givre fonde (remontée des températures, action du soleil)", note le syndicat. La question du dégivrage de pales d'éoliennes n'est pas nouvelle. En 2018, une entreprise lettone avançait l'idée d'utiliser des drones pour asperger les pales et accélérer le procédé.
(fr)
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