PropertyValue
?:author
?:datePublished
  • 2020-05-12 (xsd:date)
?:headline
  • Attention, cette prétendue "fuite audio" d'une "soignante de l'hôpital Georges-Pompidou" contient plusieurs fausses affirmations (fr)
?:inLanguage
?:itemReviewed
?:reviewBody
  • Un enregistrement audio anonyme, partagé plus de 60 000 fois sur Facebook depuis le 3 mai, prétend dénoncer "la gestion criminelle de la crise du Covid-19" en France. Présenté comme "une fuite audio" d'une conversation avec une soignante de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris, il contient au moins sept affirmations fausses ou trompeuses au sujet du Covid-19, en se basant sur des événements exagérés ou dénaturés.  Publié le 3 mai sur la page Facebook Netizen Souljah, cet enregistrement est présenté comme "une fuite audio qu'un contact a partagé du personnel hospitalier de Paris". Une femme, qui se dit soignante de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris (XVe), entend y dévoiler la réalité "au sujet de la gestion criminelle de la crise du Covid19" en France.  Capture d'écran de la publication Facebook prise le 12 mai 2020Cette conversation audio anonyme, qui dure un peu plus de 13 minutes, a été repostée quelques heures plus tard par le "média citoyen" Vécu, et partagée au total plus de 60 000 fois sur Facebook. Elle a été diffusée dans une multitude de groupes, suscitant des commentaires à la fois inquiets et scandalisés des internautes.Relayé par la chaîne Youtube MAD le 3 mai, cet enregistrement a connu une forte audience en cumulant près de 350 000 vues.  L'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) ne "peut pas garantir que cette personne ne travaille pas à l'AP-HP", dont cet hôpital fait partie, "mais en tout cas, les équipes de Georges-Pompidou n'ont pas reconnu cette voix", a répondu la direction de la communication, interrogée par l’AFP le 7 mai. Elle qualifie les propos tenus dans l'audio de "complètement incohérents". L’AFP a recensé une série d’affirmations fausses, trompeuses ou infondées à propos de l’épidémie dans cet enregistrement, reposant la plupart du temps sur des évènements exagérés ou déformés :1. "Injecter du Rivotril à un patient de 70 ans sous prétexte qu'on n'a pas assez de places en réa, ça s'appelle de l’euthanasie" Faux. Administrer du Rivotril n’entraîne pas la mort, et l'euthanasie reste interdite en France.Ce médicament est délivré dans le cadre de soins palliatifs, destinés à "soulager la douleur, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade", rappelle la Société française de soins palliatifs.Comme l'expliquait le Pr Guérin du CHU de Nice, cité dans un communiqué de la Société française de gériatrie et de gérontologie (SFGG), le Rivotril sert à "soulager la souffrance [d'un patient] en le plaçant dans une sédation lorsque la détresse respiratoire devient insupportable", et cela dans certaines conditions uniquement.  Un soignant tient la main d'un malade du Covid-19 à Bergame (Italie) le 3 avril 2020 (AFP / Piero Cruciatti)Sur les réseaux sociaux, de nombreuses publications affirment que le gouvernement a autorisé "l'euthanasie" des personnes âgées atteintes par le Covid-19. Or les décrets du 28 mars puis du 11 mai sont simplement venus autoriser les médecins à prescrire ce sédatif aux malades en fin de vie, notamment parce qu'il peut remplacer l'Hypnovel (midazolam) dont les stocks ont connu des tensions. À lire sur le blog de l'AFP Factuel : Covid-19 : non, le gouvernement n'a pas autorisé l'euthanasie des personnes âgées2. "On a sollicité [Emmanuel Macron] pour ouvrir certaines cliniques privées sur Paris qui sont fermées, qui n’ont personne. Ils nous disent : ramenez-nous les patients [...] on a des places en réa. Mais Macron [ne] veut pas" Trompeur. La répartition des patients revient aux Agences régionales de santé (ARS), et si les cliniques privées ont été relativement peu sollicitées au début de l’épidémie, un rééquilibrage s'est opéré à partir du mois d'avril.  Dans le cadre du plan blanc, déclenché vendredi 6 mars en France, 4000 lits en réanimation et soins critiques ont été libérés par les établissements de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), et 500 autres ont été mis à disposition par les établissements de soins à but non lucratif, réunis au sein de la Fehap. Après avoir déprogrammé 100 000 opérations non-urgentes pour libérer ces lits, les hôpitaux privés ont en effet déploré un certain manque de sollicitation au début de la crise. "Dans plusieurs régions y compris parmi les plus touchées, des lits de réanimation et de soins critiques libérés dans les cliniques restent vides ou sous-occupés", regrettait la FHP le 22 mars dans un communiqué. Traditionnellement, les agences régionales de santé (ARS), chargées de piloter la répartition des patients dans les établissements hospitaliers, privilégient en effet les structures publiques, qui disposent d'un service d'urgences et qui accueillent un siège du Samu. Mais après ce retard à l’allumage, un rééquilibrage s'est finalement opéré : dès le 3 avril, le président de la FHP Lamine Gharbi précisait dans une tribune que "les lits de réanimation des établissements privés [étaient] largement utilisés et que leurs capacités [avaient] été doublées voire triplées" dans les territoires en tension. Contacté le 7 mai par l’AFP, Benjamin Azogui, directeur de la communication de la FHP, précise que les "les cliniques franciliennes ont pris en charge 26% des patients Covid-19 en réanimation", permettant selon lui "d'absorber les premières vagues de l’épidémie".3. "Sortez la chloroquine, l'azithromycine, la charge virale au bout de dix jours, on la voit quasiment plus !" Une efficacité qui reste encore à prouver. Le Pr Didier Raoult affirme au travers de plusieurs études que cette bithérapie fait disparaître la charge virale, mais ces affirmations sont très critiquées au sein de la communauté scientifique. Dans sa dernière étude, dévoilée le 9 avril, 1061 patients positifs au Covid-19, ont reçu pendant "au moins trois jours" le traitement à l'hydroxychloroquine associée à l'azithromycine. Didier Raoult affirme que plus de neuf individus sur dix (91,7%) n'avaient plus de charge virale après dix jours - autrement dit, qu'on ne trouvait plus de coronavirus dans leurs prélèvements. Cependant, de nombreux scientifiques ont fait valoir qu'en raison de la manière dont l'étude était réalisée, rien ne permettait de déduire que le traitement permettait d'éviter "l'aggravation des symptômes et empêche[r] la persistance du virus et la contagiosité dans la plupart des cas" - des critiques résumées dans cette dépêche de l’AFP. Ils pointent notamment l'absence de groupe témoin de patients recevant un placebo, ou le fait que 95% des patients de l'étude étaient en bonne santé, et donc très susceptibles de guérir spontanément du Covid-19."Malheureusement, en l'absence de bras comparatif (groupe témoin recevant un placebo), c'est extrêmement difficile de savoir si le traitement est efficace ou pas", explique Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du conseil scientifique.Alors que l'usage de l'hydroxychloroquine donne lieu à un débat mondial, qui a dépassé le monde médical pour s'engager sur le terrain politique, une vaste partie de la communauté scientifique et des organisations sanitaires appelle à attendre une validation rigoureuse, mettant en garde contre les risques possibles pour les patients, notamment cardiaques.4. "J’ai des collègues qui sont décédés aussi : des médecins, des infirmières, des aides-soignants"Faux. Si on déplore des décès de soignants dus au Covid-19 en France, il n'y en a pas eu en revanche à l'hôpital Georges-Pompidou.Contactée le 7 mai, la direction de la communication de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) confirme “qu'aucun soignant n'est décédé" dans cet établissement parisien. Un autre chiffre évoqué dans l'enregistrement est celui des décès dans cet hôpital, qui serait autour de "1 000 et quelque" patients. "C'est complètement faux", dément également l’AP-HP, "il y a eu moins d'une centaine de décès dans cet établissement". Applaudissements devant l'hôpital européen Georges Pompidou à Paris le 15 avril. Martin Bureau / AFP5. "M. Lévy, directeur général de l’INSERM, est en train de travailler sur ses molécules qui vont valoir des milliards"Faux. Yves Lévy, président de l’INSERM entre 2014 et 2018, n’est plus à la tête de l’institution depuis le 2 janvier 2019. C’est l'ancien président de l'Université Paris-Saclay, Gilles Bloch, qui lui a succédé à ce poste. M. Lévy, qui est le mari de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Buzyn, avait dû renoncer à briguer un nouveau mandat en raison d'accusations de conflit d'intérêts.  6. "Ils veulent obliger les gens à se vacciner [...] ceux qui ne seront pas vaccinés ne pourront pas voyager, se déplacer"Infondé. Il s'agit d'une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux, mais il n'existe à ce jour ni vaccin contre le Covid-19, ni décision en ce sens prise par les autorités. Depuis la mi-avril, plusieurs articles s’appuient sur un site, Schengen visa info, pour affirmer que les tests et la vaccination contre le Covid-19 conditionneront l’obtention d’un visa pour entrer et séjourner dans l’Espace Schengen. Si de nombreuses recherches sont en cours en Chine, aux États-Unis et en Europe, aucun vaccin contre le Covid-19 n’existe encore à ce jour. De plus, Schengen visa info n'a rien d'un site "officiel". Un représentant de l’Union Européenne, Guillaume Chartrain, a démenti cette information sur Twitter : "Attention le site schengen visa info est un site commercial habitué aux rumeurs et fausses informations! Non, aucun test lié au covid 19 n’est demandé pour la demande de #visa #schengen et aucun officiel européen n’a communiqué avec ce site". Attention le site schengen visa info est un site commercial habitué aux rumeurs et fausses informations! Non, aucun test lié au covid 19 n’est demandé pour la demande de #visa #schengen et aucun officiel européen n’a communiqué avec ce site. pic.twitter.com/dzW2wjw1q4 — Guillaume Chartrain (@GuillaumeUERDC) April 15, 2020Les restrictions aux frontières de la France avec les pays de l’espace européen (Union européenne, espace Schengen, Royaume-Uni) sont "prolongées jusqu’au 15 juin au moins", et les frontières avec les pays non-européens "resteront fermées jusqu'à nouvel ordre", a annoncé le 7 mai le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner lors d'une conférence de presse.  La fermeture des frontières extérieures de l’UE est en vigueur jusqu'au 15 mai, mais la Commission européenne souhaite qu'elle soit reconduite jusqu'à la mi-juin. Elle préconise d'abord une réouverture progressive des frontières intérieures entre les différents Etats membres, puis, "dans un deuxième temps", celle des frontières avec le reste du monde.  Frontière entre la France et la Suisse à Collex, le 15 avril. Fabrice COFFRINI / AFP7. "Il y a quand même un séquençage Sida dans ce virus" Infondé. Cette affirmation reprend une thèse extrêmement controversée au sein du monde scientifique, développée notamment par le Pr Luc Montagnier. Selon ce prix Nobel de Médecine habitué des polémiques, le virus SARS-CoV-2 serait issu d'un tentative de fabrication d'un vaccin contre le virus du sida. C'est la présence d'éléments du VIH dans le génome du virus qui, selon lui, en attesterait.  Cette affirmation figurait également dans une prépublication scientifique mise en ligne le 31 janvier sur le site BioRxiv, et vivement critiquée par la communauté scientifique avant d’en être retirée.  D’après le virologue Etienne Simon-Lorière, responsable de la structure génomique évolutive des virus ARN à l'Institut Pasteur, il s'agit d'une théorie "aberrant[e]" : "Ce sont des morceaux du génome qui ressemblent en fait à plein de séquences dans le matériel génétique de bactéries, de virus et de plantes [...] cela n'a pas de sens", détaillait le virologue auprès de l'AFP le 17 avril.8. "Pourquoi ne pas délivrer de masques au grand public ? Il y en a plein chez les grossistes, les pharmaciens ont leurs tuyaux, ils peuvent en commander comme ils veulent [...] mais on leur interdit de vendre des masques"Avec la pénurie en France, le gouvernement a interdit la vente de masques respiratoires et chirurgicaux aux particuliers en pharmacie avec le décret du 3 mars. Ces masques réquisitionnés étaient ainsi réservés et distribués auprès du personnel soignant."On était au masque près. On les comptait un par un, pour en donner 18 par semaine aux médecins, 6 aux kinés, etc", résumait le 30 avril Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) auprès de l'AFP.Plusieurs médias comme France 2 ou le site d'information Reflets affirment toutefois que le décret du 23 mars, qui a remplacé le texte initial du 3 mars, n’interdisait pas aux pharmaciens d’officine de vendre au grand public les masques importés.Si l'on se penche sur ce décret, l’article 12 confirme que les masques respiratoires et chirurgicaux produits en France sont réquisitionnés dans le cadre de l'état d’urgence sanitaire. Or il précise aussi que les réquisitions "ne sont applicables qu'aux stocks de masques déjà présents sur le territoire national et aux masques produits sur celui-ci" - et non pas sur les stocks importés, tant qu'ils restent inférieurs à 5 millions de masques et qu'ils ne sont pas explicitement réquisitionnés.La Direction générale de la santé (DGS), interrogée le 11 mai par l'AFP, confirme en effet qu’il n’était "théoriquement pas interdit de délivrer des masques sanitaires sur prescription médicale, ou [de] vendre des masques sanitaires aux particuliers, s'ils n'avaient pas fait l'objet de réquisitions à l'importation ou si les pharmaciens disposaient d'anciens stocks". De nombreux pharmaciens estiment que cet élément n'a pas été suffisamment clarifié par le gouvernement, nourrissant de fait une grande confusion. Dans un article publié par Checknews le 20 avril, Philippe Besset, président de la fédération des pharmaciens d'officine (FSPF), qualifiait de "flou total" la marche à suivre pour la vente de ces masques importés : "Le cœur de mon problème, c'est le décret du 23 mars. Ce décret, de fait, autorise les importations de masques, qui sont de plus en plus nombreux à arriver sur le territoire français. Mais à partir de là, qu'en fait-on ?". Pharmacie parisienne, le 15 mars 2020 - JOEL SAGET / AFPEn effet, cet élément vient contredire la "doctrine officielle" du gouvernement, qui a affirmé à de nombreuses reprises depuis le mois de mars que les Français ne pouvaient pas acheter de masques en pharmacie. Les autorités ont "recommandé la délivrance de ces masques sanitaires aux soignants plutôt qu'aux particuliers", confirme la DGS à l'AFP le 11 mai. S'en tenant aux recommandations officielles, les représentants des pharmaciens leur ont donc recommandé "de réserver ces masques de protection aux professionnels éligibles (professionnels de santé et aidants)", comme on peut le lire dans une lettre de la FSPF du 21 avril, "les stocks de masques médicaux étant encore trop faibles".Cette confusion a pu toutefois empêcher certains grossistes de vendre aux pharmacies des stocks qu'ils avaient importés, comme le montre un reportage diffusé le 7 mai sur France 2. D’après le site Reflets, cité par France 2, "des milliers de pharmaciens auraient renoncé à commander des masques, par crainte injustifiée d'être hors-la-loi".Depuis le début du mois de mai, les pharmacies ont recommencé à vendre des masques chirurgicaux à usage unique, hors stock d'État. Ces masques sont aussi en vente dans les enseignes de la grande distribution alimentaire depuis le 4 mai. EDIT le 13/05 pour précision, il y a au moins "7 affirmations fausses ou trompeuses" et non pas 8 (fr)
?:reviewRating
rdf:type
?:url