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"Les non-vaccinés ne sont pas admis dans les hôpitaux surchargés", prétend une publication partagée plus de 10.000 fois sur Facebook en Côte d'Ivoire et dans plusieurs pays européens depuis le 28 décembre 2021. Cette affirmation circule alors qu'une cinquième vague de Covid-19 déferle dans plusieurs pays, alimentée par le variant Omicron. Attention: les personnes non-vaccinées contre le Covid-19 sont en réalité bien admises dans les hôpitaux des pays où cette publication est devenue virale.Sur la photo, le célèbre inspecteur Columbo, héros de la série télévisée américaine éponyme, se tient le front, l'air perplexe. Derrière lui, on aperçoit le ministre de la Santé français Olivier Véran, sourire aux lèvres. Une phrase entourée d'un halo blanc se trouve sur ce montage:"Si les non-vaccinés ne sont pas admis dans les hôpitaux surchargés... alors qui surcharge les hôpitaux ?" Capture d'écran d'une publication Facebook, réalisée le 18 janvier 2021Cette publication partagée plus de 10.000 fois depuis le 28 décembre sur Facebook circule en Côte d'Ivoire, d'où vient son autrice selon son profil Facebook, mais aussi plus récemment en France, en Belgique et en Suisse.Elle a commencé à se répandre sur les réseaux sociaux dans ces différents pays en pleine cinquième vague de Covid-19 alimentée par le variant Omicron. La publication continue de circuler mi-janvier alors que cette vague semble avoir atteint son pic dans plusieurs pays européens et africains.En France, cette fausse affirmation se propage alors que le projet de loi transformant l'actuel pass sanitaire en pass vaccinal a été définitivement adopté le 16 janvier. La veille, ce pass a donné lieu à de nouvelles manifestations dans le pays, moins importantes que lors de la forte mobilisation du samedi précédent. Les personnes non-vaccinées contre le Covid-19 admises dans les hôpitauxAttention: l'affirmation relayée par cette image virale est fausse. Aucun des pays dans lesquels elle circule n'a pour politique de refuser les personnes qui ne sont pas vaccinées contre le Covid-19 dans ses hôpitaux. Côte d'Ivoire "Officieusement mais aussi officiellement, en ce qui concerne des usagers [non-vaccinés] qui seraient refoulés des hôpitaux, il n'en est rien", a déclaré la direction de la communication du ministère de la Santé ivoirien à l'AFP le 18 janvier. "Ce qui peut porter à confusion", admet cette source, "c'est que la population a la possibilité de faire des tests antigéniques contre la Covid-19 dans tous les hôpitaux de Côte d'Ivoire si [elle sent] des signes" d'infection. Mais les personnes non-vaccinées testées positives peuvent bien être admises à l'hôpital. "Celui qui a été déclaré positif peut aller dans un hôpital se faire soigner", et ne se fait pas refouler comme l'affirme la publication virale, assure le ministère de la Santé.Belgique En Belgique, "les non-vaccinés et vaccinés sont traités de manière égale", a expliqué le 14 janvier à l'AFP le service presse de l'Institut scientifique de santé publique Sciensano. Il pointe d'ailleurs que dans son rapport épidémiologique hebdomadaire, "les vaccinés et non-vaccinés sont représentés dans la surveillance hospitalière, ce qui prouve bien que les uns et les autres sont pris en charge". On retrouve en effet dans la dernière version de ce bulletin datée du 14 janvier un tableau (page 29) montrant la moyenne journalière et l'incidence cumulée sur 14 jours pour le nombre d’hospitalisations, par statut vaccinal et par groupe d'âge, pour la période du 27 décembre 2021 au 9 janvier 2022. Capture d'écran du bulletin hebdomadaire de l'Institut Sciensano, réalisée le 18 janvier 2021France Les personnes non-vaccinées contre le Covid-19 sont également prises en charge dans les hôpitaux français: pour preuve, une note de la direction de la Recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du 14 janvier donne la répartition de la population, des tests PCR, des entrées hospitalières et des décès selon le statut vaccinal pour les personnes de 20 ans et plus (page 22). Capture d'écran d'une note de la Drees, réalisée le 18 janvier 2021De plus, un communiqué de la Drees soulignait déjà le 7 janvier qu'entre le 29 novembre et le 26 décembre, en soins critiques, 56% des admissions concernaient ainsi des personnes non-vaccinées, alors que celles-ci ne représentent que 8% de la population française parmi les 20 ans et plus.L'AFP a analysé ces données de la DREES, et a pu, sur une moyenne de sept jours portant du 20 au 26 décembre et pour les 60 ans et plus établir une répartition moyenne, selon le statut vaccinal, du nombre de tests positifs, d'hospitalisations, et d'entrées en soins critiques liés au Covid-19. Part des tests positifs au Covid-19, hospitalisations et entrées en soins critiques, selon le schéma vaccinal, parmi les 60 ans et plus du 20 au 26 décembre 2021, selon les données de la Drees (Direction de la recherche, des études de l'évaluation et des statistiques) (AFP / Kenan AUGEARD, Sabrina BLANCHARD)Suisse L'Office fédéral de la santé publique suisse recense également le statut vaccinal de toutes les personnes hospitalisées dans le pays, prouvant, de la même manière que la France et la Belgique, que les personnes qui ne sont pas vaccinées contre le Covid-19 sont néanmoins admises en tant que patients dans les hôpitaux suisses.Ci-dessous, on peut ainsi suivre l'évolution dans le temps des hospitalisations confirmées en laboratoire selon le statut vaccinal en Suisse et au Liechtenstein. Capture d'écran du site de l'Office fédéral de la santé publique suisse, réalisée le 18 janvier 2021Dans les hôpitaux, des situations différentes en fonction des paysLa publication virale prétend que les hôpitaux sont "surchargés" - sans préciser ce que ce terme recouvre ou à quels pays cette affirmation est censée s'appliquer. Or la situation diffère entre les quatre pays où circule cette photo virale. Côte d'Ivoire Les hôpitaux ivoiriens ne sont pas "surchargés en termes d'urgence", a déclaré le 18 janvier la direction de la communication du ministère de la Santé de Côte d'Ivoire à l'AFP, même si elle souligne une hausse des hospitalisations "en décembre" en raison des cas de grippe saisonnière. Mais pas au point "de ne pas avoir de capacité" ou de "manquer de lits", précise encore le ministère.La Côte d'Ivoire recense en tout cas un nombre d'infections détectées en baisse, selon les données régulièrement publiées par le ministère de la Santé et de l'hygiène publique sur sa page Facebook.Belgique Dans son dernier bulletin épidémiologique du 18 janvier (page 1) l'Institut Sciensano en Belgique recense quant à lui une augmentation du nombre de cas de Covid-19 confirmés admis à l'hôpital. Globalement, le taux d'occupation des lits des hôpitaux progressent (+18% entre le 10 et le 17 janvier) mais le nombre de lits occupés en soins intensifs diminue (-10% sur la même période). Capture d'écran du bulletin épidémiologique de l'Institut Sciensano, réalisée le 18 janvier 2021France En France, la situation à l'hôpital, en particulier dans les services de soins critiques, qui accueillent les malades les plus gravement atteints, est un motif d'optimisme quant à l'évolution de l'épidémie. "On voit que dans nos services de réanimation, la situation s'est stabilisée, la tension n'augmente plus", même s'"il faut évidemment rester vigilants", a jugé sur la chaîne télévisée CNews le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, le 18 janvier. Ces derniers jours, le nombre de malades du Covid en soins critiques est stable, autour de 3.900. C'est moins que lors des pics de la première, deuxième puis troisième vagues (7.000, 5.000 et 6.000). C'est vraisemblablement lié aux caractéristiques d'Omicron, jugent les spécialistes. Évolution en France du nombre de nouveaux cas, hospitalisations, entrées en soins critiques et décès, totaux et tendances pour ces quatre indicateurs, au 17 janvierCe variant est plus transmissible que Delta, mais semble occasionner moins de formes graves de la maladie (sans qu'on sache à quel point c'est dû à ses caractéristiques ou au fait que la population est déjà en partie immunisée par la vaccination ou de précédentes infections).Conséquence: Omicron sature moins les réanimations, puisqu'il provoque des formes moins graves, tout en pesant lourdement sur les lits d'hôpitaux en général (quelque 25.000 malades du Covid sont actuellement hospitalisés au total).Suisse Quant à la Suisse, l'évolution de la capacité hospitalière totale semble indiquer une relative stagnation depuis fin décembre du nombre de lits occupés au total. Selon les dernières données de l'Office fédérale de la santé publique, un peu plus de 23% des lits disponibles étaient vides au 17 janvier, comme le montre ce graphique visualisant l'évolution de la capacité hospitalière totale en Suisse entre le 21 décembre 2020 et le 17 janvier. Capture d'écran du site de l'Office fédéral de la santé publique suisse, réalisée le 18 janvier 2021
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