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"Tous les stocks d'ivermectine" auraient été "réquisitionnés par l'Etat", les soignants vaccinés auraient été envoyés depuis la métropole vers les Antilles "sans matériel" et le taux d'incidence en Martinique serait "loin derrière" les autres régions au 7 août, selon un "message téléphonique" d'une personne affirmant vivre en Martinique, totalisant plus de 25.000 partages sur Facebook depuis le 17 août. Ces affirmations sont fausses, ont expliqué à l'AFP l'Agence Régionale de Santé et la Préfecture de Martinique ainsi que des pharmaciens de l'île et la Direction générale de la santé."En Martinique en ce moment, les morts ne jonchent pas les rues", lance une personne disant vivre et travailler sur ce territoire ultramarin dans un message audio relayé sur Facebook depuis le 17 août, totalisant plusieurs dizaines de milliers de vues (ici, ici ou ici). La publication initiale, partagée plus de 17.000 fois, a depuis été supprimée. Capture d'écran Facebook, enregistrée le 26/08/2021 Capture d'écran Facebook, enregistrée le 26/08/2021 En un peu plus de trois minutes, la personne enchaîne plusieurs affirmations, dont au moins cinq sont fausses et trompeuses, sur la situation sanitaire en Martinique, où le confinement et le couvre-feu, en vigueur depuis le 30 juillet, ont été prolongés par le préfet jusqu'au 19 septembre et où la rentrée scolaire a été reportée au 13 septembre, en raison de la situation sanitaire estimée "très grave" par le gouvernement.Des soignants ont été envoyés depuis la métropole "sans aucun matériel" - Faux"Ils ont envoyé du personnel soignant vacciné de métropole sans aucun matériel alors que soi-disant nous manquons d'oxygène et de médicaments", affirme l'internaute dans son message vocal, ajoutant qu'"ici, nous avons tout le personnel soignant qu'il faut".Des renforts ont en effet été envoyés de métropole pour appuyer les soignants antillais. La Martinique a reçu "un appui militaire, un appui de la réserve sanitaire, (...) de l'ensemble des hôpitaux, à hauteur de 400 soignants" dont les arrivées se sont échelonnées depuis la mi-août, précisait à l'AFP le directeur de l'Agence Régionale de Santé (ARS) de la Martinique, Jérôme Viguier, le 20 août.Selon lui, ces renforts permettent aux hôpitaux de l'île de "tenir le coup". Il précise aussi que cet appui pourrait ne pas être suffisant : "on va encore avoir besoin de renforts", a-t-il affirmé le 20 août.Jean-François Bouet, médecin-urgentiste dans l'ouest de la France faisant partie des renforts envoyés à l'hôpital de Fort-de-France témoignait le 24 août auprès de l'AFP avoir, à son arrivée, "trouvé un service d'urgences complètement saturé, avec 60 patients sur des brancards". Outre le personnel, du matériel a bien été envoyé dans les Antilles françaises : 100 tonnes d'oxygène ont été livrées le 19 août en Martinique.Si l'île ne connaissait pas de pénurie d'oxygène à cette date, la livraison visait à "prévenir d'éventuelles tensions", avait indiqué le ministère des Outre-mer le 16 août."Nous avons reçu divers matériels de la France hexagonale : oxygène, matériels de conservation des corps, lits sans oublier les renforts humains", a confirmé à l'AFP la préfecture de Martinique le 23 août.La Direction Générale de la Santé (DGS) précise le 27 août à l'AFP que "des médicaments prioritaires de réanimation, des concentrateurs d’oxygène, des respirateurs, des dispositifs médicaux accompagnant l’armement de nouveaux lits et des petits équipements ont été acheminés et sont en cours d’acheminement" vers la Martinique, indiquant qu'un "avion-cargo a été affrété par le ministère des Solidarités et de la santé pour fournir la Guadeloupe et la Martinique en produits sanitaires". "Tous les stocks d'ivermectine ont été réquisitionnés par l'Etat" - Faux"Tous les stocks d’ivermectine ont été réquisitionnés par l’Etat, par le biais de la gendarmerie dans toutes les pharmacies, puisque les médecins ici commençaient à prescrire beaucoup d'ivermectine, d'azithromicyne et tout le protocole qui empêche les gens d'aller à l'hôpital", prétend le message vocal partagé sur Facebook.L'internaute ajoute que l'ivermectine serait, "depuis une semaine", stockée "au niveau -1 du CHU de Fort-de-France". Cette rumeur infondée, qui a également circulé en métropole, avait déjà fait l'objet d'un article de vérification de l'AFP le 23 août.Trois pharmacies de Fort-de-France ont démenti les "confiscations par l'Etat" de ce médicament à l'AFP le 23 août. Toutes notent cependant des "grosses demandes" pour l'ivermectine, et font état de "pénuries" ou "ruptures de stock chez les grossistes", rappelant que "sur une île, le stock n'est pas extensible".L'ARS de Martinique a également réfuté toute saisie du médicament auprès de l'AFP le 23 août, ajoutant que "même si on voulait réquisitionner l'ivermectine, nous n'avons pas ce pouvoir". La préfecture du territoire ultramarin abonde : "C'est une fake news que le préfet et le directeur général de l'ARS ont démenti à plusieurs reprises".La Direction générale de la santé a précisé à l'AFP le 23 août qu'"aucune mesure prise par les pouvoirs publics ne permet de fonder cette rumeur relative à la suppression de l'ivermectine en pharmacie".Par ailleurs, ni l'efficacité de l'ivermectine ni celle du "protocole" contre le Covid n'ont pour l'heure été scientifiquement démontrées, comme précisé dans ces articles (1, 2).Une "grosse épidémie de dengue" dont les morts sont mis "sur le compte du Covid" - Faux"Autre chose qu'on ne vous dit pas, c'est que nous avons une grosse épidémie de dengue actuellement, les gens meurent de la dengue, et ça on les met évidemment sur le compte du Covid", ajoute le message audio.Une épidémie de dengue a bien eu lieu en Martinique depuis 2019, mais elle a pris fin en avril 2021."Les comités de gestion de Martinique et de Guadeloupe ont officiellement déclaré la fin des épidémies de dengue sur ces deux territoires, respectivement le 29 avril et le 20 mai 2021", indique le point de surveillance de cette maladie en Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy publié en mai 2021 par Santé Publique France.Selon ce même document, plus de 33.000 cas de dengue ont été enregistrés au cours de l'épidémie en Martinique, dont 47 cas graves nécessitant des des hospitalisations en réanimation ou en soins intensifs et 17 décès.La Direction générale de la Santé a confirmé le 27 août à l'AFP qu'il "n'y a pas d'épidémie de dengue actuellement en Martinique".L'ARS de l'île, interrogée par l'AFP le 23 août, précise : "l'épidémie de dengue est terminée en Martinique, il n'y a actuellement que des cas sporadiques". En revanche, le dernier point épidémiologique du gouvernement datant du 19 août qualifiait la situation sanitaire lié au Covid-19 de "très critique en Martinique et en Guadeloupe". Selon le directeur de l'ARS de Martinique, l'île fait face à "une vague Delta d'une violence énorme".Jérôme Viguier rappelait le 20 août que la Martinique compte "plus d'une centaine de lits de soins critiques" et "presque 500 lits de médecine (...) et c'est encore à peine suffisant". La Martinique est la "dix-septième région de France en termes de mortalité" au 7 août - Faux et trompeur"Nous sommes la dix-septième région de France en termes de mortalité, chiffres au 7 août", "c'est-à-dire l'avant-dernière", avance l'internaute dans son message vocal.Selon les chiffres de la mortalité liée au Covid publiés par Santé Publique France, 222 décès liés au Covid ont été enregistrés en Martinique depuis le début de l'épidémie et jusqu'à la semaine du 2 au 8 août.Trois territoires, sur les dix-huit pour lesquelles des données sont mises en ligne, avaient enregistré moins de morts depuis le début de l'épidémie à cette date : la Corse, avec trois décès, le Guadeloupe avec 50 morts, et Mayotte avec 60 décès enregistrés.A l'autre bout du classement, les régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes présentaient plus de 10.290 décès liés au Covid à cette date.Cependant, la population d'Île de France dépasse les 12,2 millions d'habitants, alors que la Martinique est peuplée par environ 369.000 personnes, d'après les chiffres de l'Insee. Il semble donc peu pertinent de comparer le nombre total de décès sans le rapporter au nombre d'habitants."Le département a été relativement épargné en nombre de décès lors des trois premières vagues épidémiques (95 décès au total sur les premières vagues), ce qui explique la raison pour laquelle le territoire affiche un taux de décès global plus faible que les autres départements de France", abonde la DGS.Le point épidémiologique pour la Martinique au 6 août notait que "la transmission communautaire du variant Delta, en augmentation la semaine dernière, fait craindre une aggravation de la situation sanitaire dans les prochaines semaines alors que l’hôpital est déjà en forte tension".De plus, au cours des deux dernières semaines, plus de 160 décès liés au Covid ont été enregistrés en Martinique, selon les chiffres de Santé Publique France, faisant doubler le nombre de morts du Covid sur le territoire depuis le début de l'épidémie.Ainsi, jusqu'au 22 août, 405 décès liés au Covid ont été enregistrés en Martinique depuis le début de l'épidémie, en mars 2020."Sur 7 jours glissants, du 20 au 26 août, le taux de décès en Martinique est de 43 pour 100.000 habitants, supérieur au taux de décès de la France entière, inférieur à 5 pour 100.000 habitants", précise la DGS le 27 août. Le taux d'incidence en Martinique était "loin derrière la plupart des régions" au 7 août - Faux"Notre taux d’incidence est loin derrière la plupart des régions, Grand Est et cetera", affirme l'internaute, prétendant à nouveau s'appuyer sur les chiffres du 7 août.A cette date, le taux d'incidence, qui correspond au rapport entre le nombre de nouveaux cas et la population sur sept jours glissants était de 1.166 cas pour 100.000 habitants en Martinique, selon un communiqué de l'ARS et de la Préfecture.Ce taux était largement inférieur dans le Grand Est : selon le point hebdomadaire de l'ARS de cette région publié le 6 août, il s'élevait à 127,1 cas pour 100 000 habitants. Le taux moyen à l'échelle de la France était alors de 228,3.Le 25 août, le taux d'incidence du Covid-19 était de 1.148 cas pour 100.000 habitants en Martinique. En Guadeloupe, ce taux s'établissait à 1.885 cas pour 100.000 habitants. En moyenne en France, il était de 212 pour 100.000 habitants."Les indicateurs sont (enfin) à la baisse (...) mais la situation reste difficile en milieu hospitalier où le nombre de patients reste élevé", résume la préfecture de Martinique à l'AFP.La campagne de vaccination, qui a longtemps peiné à décoller sur l'île, a accéléré en juillet et en août. La 100.000ème injection de vaccin anti-Covid a été réalisée le 25 août en Martinique, où seulement 22,5% de la population de plus de 12 ans avait reçu deux doses de vaccin au 24 août.27 août 2021 Ajout de précisions de la Direction Générale de la Santé sur le matériel envoyé, l'épidémie de dengue et de Covid en Martinique.
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