?:reviewBody
|
-
Les autorités australiennes auraient "admis" que des personnes vaccinées contre le Covid sont décédées des suites d'une myocardite induite par l'injection. C'est en tout cas ce que veut faire croire une vidéo partagée plusieurs milliers de fois en trois semaines sur différents réseaux sociaux. Mais ces images ont été tronquées à partir d'une vidéo plus longue, dans laquelle le responsable des autorités de santé d'un Etat australien évoque des myocardites chez des malades atteint du Covid-19, et non provoquées par la vaccination. "Le responsable australien de la santé admet maintenant que les vaccinés meurent de myocardite", prétendent les auteurs de plusieurs tweets et publications Facebook. La vidéo a également été partagée avec la même légende en anglais. L'homme à l'écran est John Gerrard, le responsable santé de l'Etat australien du Queensland. Il s'exprime lors d'une conférence de presse le 14 janvier 2022. Voici ce qu'il déclare dans l'extrait, raccourci, qui accompagne les publications qui nous intéressent : "Oui, cela nous inquiète quand il y a des décès à domicile. Dans les quelques rapports que j'ai vus, on voit des cas de personnes qui développent une maladie courte, et des décès soudains. Et nous avons communiqué plus tôt à propos de ces cas". "Ca a été rapporté ailleurs en Australie, et à travers le monde, des myocardites, que j'ai déjà mentionnées par le passé. Mais nous gardons évidemment un oeil attentif, particulièrement lorsqu'il y a des décès, nous enquêtons sur ces cas, particulièrement lorsque quelqu'un décède chez lui". Capture d'écran Twitter, prise le 21/03/2022Mais les déclarations de John Gerrard ont été détournées. Il parlait de myocardites chez des personnes atteintes du Covid-19, et non pas causées par la vaccination. Une recherche par mots-clés nous montre assez rapidement que le clip est en réalité extrait d'une conférence de presse sensiblement plus longue. On la retrouve notamment publiée sur YouTube par la première ministre du Queensland, Annastacia Palaszczuk, le 14 janvier. John Gerrard répond à une journaliste qui lui demande : "Parmi les décès (Covid) rapportés dans le Queensland, est-ce que la majorité intervient à la maison, à l'hôpital, ou dans les structures d'aide aux personnes âgées ?". Elle n'évoque pas la vaccination. "C'est un mélange de tout ça", répond-il. La journaliste le relance "est-ce que vous êtes inquiet à propos des décès à domicile" ? Il répond alors : "Oui, cela nous inquiète quand il y a des décès à domicile. Dans les quelques rapports que j'ai vus, on voit des cas de personnes qui développent une maladie courte, et des décès soudains. Et nous avons communiqué plus tôt à propos de ces cas". Il ne mentionne à aucun moment des décès chez des personnes vaccinées liées à des myocardites. Le responsable santé avait en revanche bien mentionné des cas de décès liés à des myocardites chez des patients atteints du Covid-19, lors d'une conférence de presse le 8 janvier. Il les qualifiait alors de "causes les plus courantes dans les décès soudains de jeunes personnes en relation avec une infection par le virus dans le coeur". Un effet secondaire rareContactés par l'AFP, les services de santé du Queensland ont fermement démenti l'affirmation selon laquelle John Gerrard aurait "admis" que des personnes vaccinées mourraient à cause de myocardites. "La déclaration du Dr. John Gerrard était une réponse à une journaliste qui l'interrogeait sur des patients décédés du Covid-19 à leur domicile", a répondu un porte-parole. "Elle ne faisait pas référence à des personnes décédées des suites d'une vaccination contre le Covid-19". L'agence nationale australienne de sécurité des médicaments (TGA), qui surveille la sécurité des campagnes de vaccination, a expliqué n'avoir par enregistré de décès lié à un vaccin par le Covid-19 qui aurait induit une myocardite, en date du 10 mars. "L'agence n'a pas enregistré de cas de myocardite mortelle qui serait une conséquence probable d'une vaccination contre le Covid-19", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la TGA.Dans son dernier rapport, en date du 17 mars 2022, la TGA qualifie les myocardites d'effet secondaire "très rare" après une vaccination contre le Covid-19, "le plus souvent temporaire, et disparaissant en quelques jours", concernant environ 1 à 2 cas sur 100.000 personnes qui ont reçu le Pfizer ou le Moderna, mais plus courant après une deuxième dose chez les garçons de 12-17 ans (11 et 16 cas pour 100.000 personnes avec le Pfizer et le Moderna) et chez les hommes de moins de 30 ans (7 et 16 cas pour 100.000 personnes avec le Pfizer et le Moderna). Elle ne fait pas état de cas répertorié de décès lié à une myocardite induite par une vaccination contre le Covid-19.
(fr)
|