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  • 2020-08-25 (xsd:date)
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  • Covid-19: Non, l'Allemagne et l'Angleterre ne prévoient pas de confiner "automatiquement" les enfants sans leurs parents (fr)
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  • Des publications Facebook prétendent que lorsqu'un enfant est infecté par le virus du Covid-19 en Allemagne ou en Angleterre, il est "automatiquement confiné en zone quarantaine", sans que la permission d'un tuteur ne soit nécessaire, et en gardant secret le lieu de son transfert. C'est faux. En Allemagne comme en Angleterre, toute action concernant un enfant potentiellement porteur du virus doit se faire en présence d'un parent ou d'un tuteur légal, et la quarantaine est censée se dérouler, si possible, à domicile. "Allemagne et Angleterre... si on décelle un cas de gamin positif Covid, votre gamin sera automatiquement confiné en zone quarantaine et sans besoin de l'accords des parents et sans obligation de vous dire où il se trouve", avance une publication partagée des centaines de fois sur Facebook depuis le 14 août.  Capture d'écran prise sur Facebook le 24/08/20 Capture d'écran prise sur Facebook le 24/08/20"C'est en cours en Allemagne et Angleterre, des parents auraient reçu des courriers des écoles prévenant des nouvelles directives liés à la rentrée (SIC)", poursuit l'auteur de cette publication, qui renvoie vers une vidéo Youtube du compte "Georgia Info".  Capture d'écran prise sur Youtube le 20/08/20Dans la vidéo de 7 minutes, une femme alerte sur le fait que le Covid-19 serait désormais "un motif" pour retirer les enfants à leur famille en Angleterre et en Allemagne : "Les parents commencent à s’inquiéter parce qu’ils reçoivent des lettres de l’école de leurs enfants qui leur précisent que s’il y a un cas suspect de Covid-19 sur leur enfant, il sera placé à l’isolement dans un centre de quarantaine, sans l’autorisation de ses parents (...) Est-ce que ça ne va pas arriver en France?", s'interroge la Youtubeuse.Alerte d'une association en AllemagneLa vidéo, visionnée 94 000 fois depuis le 13 août, cite comme source un article du journal allemand Die Welt, intitulé "Quarantaines liées au coronavirus – les autorités sanitaires menacent 'd'isoler' les enfants dans des foyers", publié le 6 août.Il revient sur une polémique déclenchée par l'envoi de courriers par les autorités sanitaires d'au moins deux districts allemands, à des parents d'enfants suspectés d'avoir été contaminés par le virus, en citant notamment l'association "Familien in der Krise".Le 29 juillet, cette dernière a en effet évoqué dans un communiqué le cas d’une crèche à Dreieich, près de Francfort, où les 60 enfants et éducateurs ont été placés en quarantaine après qu'un père, puis son enfant, ont été testés positif au nouveau coronavirus.Les personnes concernées ont reçu une lettre des services sanitaires du district d'Offenbach les informant qu'elles étaient contraintes à une quarantaine. Cet isolement devait cependant se faire à domicile, et non en "zone quarantaine", contrairement à ce qu'avance la publication Facebook.L'association a publié un exemplaire de cette lettre en masquant le nom du destinataire : Capture d'écran prise le 21/08/20Le courrier demande aux parents de faire en sorte que l'enfant potentiellement infecté évite "tout contact avec les autres membres de la famille en assurant une séparation dans le temps et dans l'espace (pas de repas commun, si possible faire en sorte qu'il se tienne dans une pièce séparée​)". Il avertit qu’une violation de ces mesures d'isolement est passible d'une "amende allant jusqu'à 4.000 euros" et, en cas de récidive, jusqu'à 2 ans de prison.La lettre ajoute enfin que "si nécessaire, l’isolement obligatoire peut être ordonné dans un hôpital". Diane Siegloch, cofondatrice de l'association "Familien in der Krise", a qualifié l'obligation d'isoler un enfant au sein du foyer de "cruauté psychique" qui "contredit le principe de la protection et du soin des enfants".  "Les services sanitaires auraient pu écrire que les contacts 'devaient être limités dans la mesure du possible'", estime pour sa part Ulrike Stroh, l'une des fondatrices de l'association, interrogée par l'AFP le 24 août, et qui déplore "énormément d'anxiété" causée chez les parents."Une quarantaine est déjà une situation très lourde pour les familles et en particulier pour les enfants", a également fustigé le président de l'association fédérale pour la protection de l'enfance, Heinz Hilgers, jugeant ces mesures "disproportionnées et inacceptables". Les autorités écartent l'idée d'un enfant seul en quarantaineLe 31 juillet, le district d'Offenbach a répondu à ces critiques. Il confirme l'envoi des lettres, en précisant que les services sanitaires sont tenus d'informer formellement par courrier les personnes soumises à une quarantaine.Le district précise également que les situations familiales sont bien prises en compte et qu'il "ne s'agit absolument pas de séparer complètement des enfants de leurs parents ou de leurs frères et sœurs, mais si possible de trouver ensemble des alternatives au déroulement de la vie quotidienne".Il donne l'exemple suivant : "une mère de deux enfants, dont l'un est en quarantaine, peut bien sûr leur lire une histoire le soir à tous les deux. On peut toutefois se poser la question de savoir si les deux enfants doivent vraiment se blottir l'un contre l'autre pendant la lecture".Une situation similaire s'est produite à Bruchsal, dans le district de Karlsruhe, après qu'une enseignante d'école primaire a été testée positive au virus du Covid-19. Les parents de deux classes ont reçu des lettres informant de la mise en quarantaine de leur enfant avec des dispositions similaires à celles du district d'Offenbach.Les autorités sanitaires de Karlsruhe se sont, là-aussi, défendues en expliquant qu'il est "évident que des mesures d'isolement chez les enfants sont dépendantes de l'âge, du degré d'évolution et des besoins de l'enfant", et qu'il est "bien sûr plus simple de réduire les contacts avec un adolescent de 16 ans qu'avec un enfant de 6 ans".Interrogé par l'AFP le 24 août, Martin Zawichowski, porte-parole du district de Karlsruhe a par ailleurs réfuté les rumeurs assurant qu'un enfant puisse être envoyé seul en quarantaine à l'hôpital : "Si une telle décision devait être prise, l'enfant ne serait jamais isolé seul mais avec l'un de ses parents", explique-t-il, rappellant que "l'autorisation d'un juge est nécessaire" dans ce cas de figure. Le district a également précisé dans son communiqué qu'une "telle mesure coercitive est réservée aux cas extrêmes" ou de récidive. "Ce n'est absolument pas l'objectif". Dans la loi, il s'agit d'un cas de dernier recours", abonde Ursula Luh, porte-parole du district d'Offenbach, également contactée par l'AFP.Par ailleurs, les portes-paroles des deux districts assurent, à la date du 24 août, ne jamais avoir utilisé ce recours pour des cas de non respect de quarantaine.L'association "Familien in der Krise" a salué le 7 août le fait que les deux districts aient reconnu des formulations "ambiguës". Elle dit considérer "la quarantaine à domicile comme un moyen raisonnable et approprié de prévenir la propagation du Covid-19" tout en exigeant "la prise en compte des besoins spéciaux des enfants et la proportionnalité dans la mise en œuvre des mesures".Une lettre de la Commissaire à l'enfance en AngleterreQuant aux rumeurs concernant les quarantaines d'enfants seuls en Angleterre, elles semblent prendre leur source dans l'adoption du Coronavirus Act.Le parlement britannique a adopté en mars 2020 cette loi qui étend les pouvoirs des autorités pour faire face à la pandémie de Covid-19. L'annexe 21 du texte confère aux agents de la santé publique, aux gendarmes et aux agents de l'immigration des pouvoirs spéciaux relatifs aux "personnes potentiellement infectieuses", incluant les enfants.Au moment où la loi a été adoptée, puis à nouveau en août, -à la suite de publications qui s'inquiétaient de dérives possibles sur les réseaux sociaux-, la commissaire à l'enfance Anne Longfield a demandé des clarifications sur ces nouveaux pouvoirs au gouvernement dans une lettre."La loi introduit également de nouveaux pouvoirs permettant de détenir des enfants pour des raisons de santé publique pour une durée allant jusqu'à quatorze jours. Je reconnais que cela peut être nécessaire pour prévenir la propagation de la maladie, mais je suis préoccupée par le fait que la loi permette de le faire sans le consentement d'une personne responsable de l'enfant, et exige seulement que des 'mesures raisonnables' soient prises pour informer la personne responsable de la détention", a écrit la commissaire à l'enfance.La vidéo Youtube de "Georgia Info" ainsi que des publications (1, 2) d'internautes anglais s'appuient sur cette lettre pour expliquer que le Coronavirus Act permettrait désormais de "retirer votre enfant de l'école, de le tester, ou/et de le détenir pendant 14 jours sans même vous informer, il faut simplement prévenir un professeur".  Capture d'écran prise sur Facebook le 20/08/20Mais en réponse à cette lettre, le ministère de l'Éducation (DfE) et le ministère de la Santé et des Affaires sociales (DHSC) ont déclaré le 12 août qu'il "n'est pas vrai que les agents de santé publique ont le pouvoir de dépister et tester sans la présence d'un parent ou d'un tuteur". Ils rappellent que ce pouvoir, ainsi que celui "d'isoler / détenir ne peut être exercé qu'en présence d'une personne responsable de l'enfant". Le paragraphe 18 de l'annexe 21 du Coronavirus Act précise en effet que, lors de toute action concernant un enfant suspecté d'être contagieux, celui-ci doit être accompagné d'un parent ou d'un tuteur légal. Capture d'écran prise le 20/08/20 d'une section de l'annexe 21 du Coronavirus ActToutefois, dans le cas"extrêmement rare où l'enfant n'a pas de parent, de tuteur ou de responsable légal", il est précisé qu'un officier de santé publique peut alors "décider quel est l'adulte le plus approprié" pour être présent lors d'un dépistage.  Nicolas Clapham, professeur à l'Université de Surrey, a par ailleurs précisé à l'AFP le 14 août que "les directives actuelles du gouvernement consistent à s'isoler et à se faire tester en cas de suspicion plutôt qu'à faire appel à l'action de la police dans de tels cas".L'AFP avait déjà vérifié en avril des rumeurs similaires prétendant que les enfants infectés par le virus pourraient être transportés à l'hôpital sans la permission de leurs parents au Canada et aux Etats-Unis. Retrouvez ici la liste des vérifications sur le nouveau coronavirus effectuées par l'AFP.Edit du 25/08/2020: Modifie la légende de la photo de Une (fr)
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