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  • 2020-10-05 (xsd:date)
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  • Non, cette photo ne montre pas des opposants politiques en train de détruire une route en Guinée (fr)
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  • Des publications partagées plusieurs centaines de fois sur Facebook depuis le 30 septembre affirment diffuser des photos d’"émissaires" de Cellou Dalein Diallo, principal rival du chef de l’Etat guinéen Alpha Condé à l’élection présidentielle du 18 octobre, en train de détruire une route. Selon nos recherches, les photos partagées montrent en réalité des manifestants en Afrique du Sud qui protestaient en septembre contre les difficultés d'accès à l'eau et à l'électricité pour leurs communautés.Plusieurs publications circulant sur Facebook en Guinée ces derniers jours (1, 2, 3) dénoncent la "violence de la part de l'UFDG”, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée, dont le candidat Cellou Dalein Diallo sera le principal rival du président Alpha Condé à l’élection présidentielle du 18 octobre.Elles diffusent une photo montrant un homme en train de détruire une route à l’aide d’une pioche ou d’une masse. La chaussée, largement endommagée, est jonchée de plaques de goudron. "Cellou Dalein Diallo (président de l’UFDG, ndlr) envoie ses émissaires pour détruire les routes faites par le Président Alpha Condé en moyenne Guinée", accusent ces publications, dont la plus virale a été partagée plus de 300 fois en depuis le 30 septembre.  Capture d'écran d'une publication Facebook prise le 2 octobre 2020Cette image a été diffusée à moins de deux semaines de l'élection qui se tiendra le 18 octobre dans un contexte de vives tensions. Depuis un an, le pays est secoué par un mouvement de contestation contre un troisième mandat du président Alpha Condé, au pouvoir depuis 2010. Une recherche d’image inversée - procédé qui permet de retrouver les précédentes utilisations d’une image sur internet - fait apparaître que cette photo ne vient pas de Guinée, mais d’Afrique du Sud, où elle a circulé dès le 22 septembre.Habitants exaspérés en Afrique du Sud Plusieurs médias sud-africains l’ont notamment publiée dans des articles évoquant un mouvement de colère d’habitants de la commune de Pomeroy, dans la province du KwaZulu Natal (est du pays), qui ont bloqué et dégradé la route R33 pour protester contre les problèmes d'approvisionnement en eau et électricité qui durent depuis quatre ans (1, 2, 3, 4).Elle est apparue initialement sur les réseaux sociaux évoquant ces protestations.L’AFP a contacté le 2 octobre plusieurs internautes qui n’ont pas été en mesure de confirmer le lieu et les circonstances où elle a été prise ou n’ont pas répondu aux sollicitations.La plus ancienne occurrence de cette photo en ligne, trouvée sur Twitter par l'AFP, remonte à la matinée du 22 septembre.Le service des Transports de la province du KwaZulu-Natal a également relayé cette photo le 25 septembre sur sa page Facebook, accompagnée d'autres clichés, dans une publication condamnant "la destruction des infrastructures et les dommages matériels après que des habitants ont bloqué la R33 et creusé la route en signe de protestation". Capture d'écran d'une publication Facebook, prise le 2 octobre 2020Une porte-parole du service des transports du KwaZulu-Natal, Gugu Sisilana, a confirmé à l’AFP l’authenticité de cette image. “Oui il s’agit de la R33 à Pomeroy”, a-t-elle déclaré le 5 octobre.Toujours selon le service des Transports sur Facebook, trois suspects ont été arrêtés "pour violence publique". Deux jours après cette manifestation, un membre du conseil exécutif provincial en charge des questions de transports, Bheki Ntuli, s'est rendu à Pomeroy accompagnés de plusieurs autres représentants du conseil exécutif de la province, comme le montre une autre publication du ministère sur Facebook.  Capture d'écran d'une publication Facebook prise le 2 octobre 2020Des indices visuels concordantsEn parcourant sur Google Street View la R33 entre les localités de Pomeroy et Dundee, on tombe rapidement sur un lieu présentant plusieurs indices visuels concordants avec la photo virale. Et ce malgré des différences, probablement dues au fait que les vues disponibles sur Google Street View datent de mars 2010.La courbure de la route, la barrière au bord et les panneaux sont identiques. Des différences existent dans la végétation alentour et le marquage au sol qui a changé. Capture d'écran de Google Street View, prise le 2 octobre 2020 Capture d'écran d'une photo partagée via une publication Facebook prise le 2 octobre 2020 L’étude d’une des photos publiées par le ministère le 25 septembre, comparée à une vue en contre-champ de la capture Google Street View ci-dessus, confirme la localisation. On remarque en effet plusieurs correspondances dans la disposition des arbres aux formes caractéristiques (rectangles verts) et des rochers (rectangle rouge) à l'arrière-plan de l'image. Un panneau de signalisation (cercle bleu) est également reconnaissable sur les deux photographies. Capture d'écran d'une publication Facebook prise le 2 octobre 2020 Capture d'écran de Google Street View, prise le 2 octobre 2020 Tensions et "discours de haine" en GuinéeCette photo n’a donc aucun lien avec la campagne à l’élection présidentielle en Guinée, où les tensions se multiplient à l’approche du scrutin. Le 30 septembre, jour de diffusion des publications que nous vérifions, le gouvernement avait dénoncé le caillassage d’un convoi du Premier ministre et directeur de campagne d'Alpha Condé dans la région du Fouta-Djalon (qui fait partie de la Moyenne-Guinée), bastion du principal adversaire annoncé du président à l'élection, Cellou Dalein Diallo.L’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) s'est dit étranger aux incidents, s'ils sont confirmés, et a dénoncé une "manipulation".Quelques jours plus tôt, un jeune avait été tué par balles à Dalaba et des heurts avaient également fait une quinzaine de blessés à Faranah (centre).Une mission conjointe de l'ONU, de l'UA et de la Cédéao (Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest) a mis en garde le 3 octobre contre les "discours de haine à relent ethnique (...) susceptibles d'encourager les violences" durant la campagne pour l'élection présidentielle. La mission conjointe a annoncé le déploiement d’observateurs de la Cédéao et de l'Union africaine "afin de contribuer à une élection crédible et transparente" le 18 octobre. (fr)
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